echos30
R.A.P.-Échos n°30
DÉCEMBRE 2000
> Tous les numéros de R.A.P.-Échos
Dans ce numéro :
Pour Lire Pas Lu et Le Monde réel
La Journée sans achats
Ernst Lubitsch avec nous !
Un Concarnois indocile
Un pavé de culture dans la vitrine d'Halloween
Procès moralement indéfendable
Le métro de Lille s’ouvre à la publicité
Pour Lire Pas Lu et Le Monde réel
Ceux qui ont lu R.A.P.-Échos n° 29 comprendront que nous ne nous soyons pas
beaucoup étonnés de la sortie d'un article propublicitaire dans Le Monde daté
du 28 octobre 2000 au sujet du métro de Lille (voir p. 3, la lettre de Gérald
Bourbon). Cet article ne pouvait que nous confirmer dans notre analyse : "
Le Monde bascule " en effet toujours plus du côté des intérêts commerciaux
et publicitaires.
Dans le champ des relations parfois discutables qu'entretiennent les pouvoirs
politiques, financiers et médiatiques, rappelons que " Pas vu à la télé
", le court métrage documentaire de Pierre Carles, obstinément refusé d'antenne
par les chaînes françaises, avait dû faire l'objet d'un long métrage, "
Pas vu, pas pris ", pour obtenir sa diffusion en salle. Ce deuxième film
avait bénéficié du soutien de nombreux particuliers regroupés dans une association,
" Pour voir Pas vu ", qui seule avait permis sa sortie au cinéma.
Dans la lignée de ce travail, vient de sortir une revue dénommée Pour Lire
Pas Lu (P.L.P.L., voir Informations diverses, p. 4) dont le n° 1 est daté d'octobre
2000. Cette revue nous a été envoyée par sa rédaction qui a eu vent de notre
engagement critique à l'égard du Monde. P.L.P.L. consacre justement à ce journal
un dossier qui porte pour titre " Le Monde réel ". Du décapant pur
que ce dossier dont l'introduction donne le ton : " Le cœur de l'idéologie
dominante bat dans les colonnes du Monde comme sur les ondes de TF1. [...] Créé
en 1944 pour équilibrer le pouvoir de l'argent et des trusts, Le Monde rêve
à présent d'être coté en bourse. "
Outre le ton très iconoclaste et irrévérencieux dont chacun pourra se faire
une idée, P.L.P.L. relate l'apparition de liens inquiétants entre Le Monde et
trois empires commerciaux des médias : TF1 (chaîne télévisée du groupe Bouygues),
le groupe Lagardère (Matra-Hachette) et le groupe de Jean-Marie Messier (Vivendi).
Cette opinion doit nous permettre de compléter notre réflexion sur ce quotidien
dont nous attendons mieux et auquel nous souhaitons un prompt rétablissement
!
T.G.
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La Journée sans achats
Comme l'an dernier, R.A.P. a relayé la Journée sans achats avec l'organisation
d'une action en bas des gros magasins, boulevard Haussmann. Comme l'année
dernière, l'action a intéressé de nombreux journalistes de télévision
(M6, Canal Plus, France 3). Côté militants, un renforcement notable a
été observé grâce à une plus forte mobilisation au sein de R.A.P.
mais aussi au soutien en nombre de " Chiche ! ", fanions et déguisements
à l'appui, et aux annonces aimablement faites par Frédéric Beigbeder,
auteur très médiatique de 99 F, qui était également présent.
L'action a eu lieu sous la pluie mais a néanmoins été un grand succès.
Le grand gourou de notre secte imaginaire, " la Nouvelle Accro-Consologie
", exhortait ses quelque quarante fidèles à vénérer la publicité et
à consommer toujours plus au mépris des plus pauvres et de l'environnement.
Deux mille bons de non-achat ont été distribués aux passants venus faire
leurs courses en ce samedi après-midi commercial.
Lyon et Marseille ont également été le théâtre d'actions non-violentes,
des bons de non-achat ont été distribués à Toulouse.
T.G.
Ernst Lubitsch avec nous !
Noté dans un excellent film* de 1933 quelques savoureuses répliques -
déjà - antipublicitaires ! Excédée par son mari, ennuyeux et richissime
industriel, une blonde héroïne lui annonce son divorce en ces termes
:
" Écoute, Plunkett et Cie ! Va voir tes clients et fais-leur l'article.
Vends-leur ta camelote, mais pas moi. J'en ai assez [... ] d'être une
marque déposée mariée à un slogan. Ne leur dis pas que j'ai le hoquet.
Mais que j'ai la publiphobie et la colique de l'affiche. Des slogans, matin,
midi et soir ! Pas une parole humaine ne sort de toi... " Jean-Claude Oubbadia
*" Sérénade à trois ", d'Ernst Lubitsch (États-Unis, 1933). Version
originale sous-titrée diffusée sur France 3 le 18 janvier 1998 à 0 h
10.
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Un Concarnois indocile
Je n'aime pas du tout la publicité. Heureusement, elle n'est pas déposée
dans ma boîte aux lettres. Par contre, habitant en immeuble, je trouve
régulièrement de la propagande au-dessus du bloc boîtes aux lettres.
Il m'est arrivé de contacter les distributeurs pour me plaindre de la
publicité parasite déposée au-dessus des boîtes. J'ai aussi exprimé
mon désaccord à une distributrice du journal de petites annonces Bonjour
le pub.
En fin de semaine dernière (vers le 29 septembre 2000), il y avait
10 Petit Quimpérois et 7 Bonjour le pub au-dessus des boîtes aux lettres.
Or, sur les 10 familles de l'immeuble, 6 ont mis une inscription comme
quoi elles ne veulent pas de publicité. C'est pourquoi, lundi dernier
(2 octobre), j'ai balancé un paquet de publicités parasites devant la
porte du Petit Quimpérois et du Bonjour le pub avec une explication. La
réaction n'a pas tardé. Aujourd'hui mercredi (4 octobre), j'ai fait l'objet
de menaces, à mon domicile, de la part d'un facteur qui n'est pas celui
du quartier. " Si vous recommencez, ça va mal finir ", a-t-il indiqué.
Il m'a rabaissé plus bas que terre en critiquant ma supposée façon de
vivre. Nous ne nous connaissons pas. Il s'avère que c'est sa femme qui
distribue le Bonjour le pub et les autres publicités qui vont avec. Le
facteur a, en fait, profité de son statut pour entrer dans l'immeuble
grâce à son passe-partout. Du coup, il serait intéressant de vérifier
si oui ou non sa femme dispose, elle aussi, d'un passe-partout.
En tout cas, cette réaction violente montre que ce genre d'action n'est
pas toujours vaine, et j'ai l'intention d'aller en parler au bureau de
poste. Olivier Marc (Concarneau)
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Un pavé de culture dans la vitrine d'Halloween
Fin octobre 2000, Le Monde a publié des articles sur la manière dont
nous sommes envahis par un Halloween américano-commercial, et ces articles
sont surprenants, car ils reposent sur l'idée qu'il n'y aurait pas en
France de rites populaires pour célébrer la Toussaint, de sorte qu'il
nous faudrait aller chercher dans le folklore américain de quoi faire
une fête au milieu de ce trimestre.
Sommes-nous donc de ces " immémoriaux " (comme disait Segalen) qui
perdent toutes leurs traditions et renoncent à leur patrimoine ? Car le
folklore français est riche en rites populaires de la TOUSSAINT.
La fête celte de Samain combinée avec la fête chrétienne de la Toussaint
a donné lieu à des rites de lumières. La citrouille est une lanterne
: on vide la citrouille de sa chair, on découpe dans l'écorce deux yeux
et une bouche, et on met une chandelle à l'intérieur - ou, ensuite, plus
noblement, une bougie. Au cours du XIXe siècle, on a aussi utilisé des
oranges, et au XXe, des mandarines, plus faciles d'ailleurs à peler. Ces
lanternes de peau ou d'écorce s'appellent des " griche-dents ". Il est
très amusant pour les enfants d'en faire (cela demande une certaine adresse).
Il ne s'agit pas de ces têtes de mort que maintenant on trouve comme décoration
des citrouilles ! Et la peau d'orange ou de mandarine, chauffée par la
petite bougie, dégage une bien bonne odeur.
La soirée de veille de la Toussaint est un moment où on fait des crêpes,
comme à la Chandeleur et au mardi gras. Mais il faut laisser une crêpe
pour les revenants, comme il faut laisser des tisons chauds dans la cheminée
pour qu'ils viennent la nuit s'y chauffer. Ne pas balayer ce soir-là :
on risquerait de blesser quelque fantôme avec le balai. Avec les crêpes,
on célèbre le soir du 31 octobre avec des pains-poires. C'est une pâtisserie
très simple : les dernières poires de l'année sont enrobées de pâte
et cuites au four. On a fait des pains-poires depuis les Vosges jusqu'à
la Provence (où la cité mythique de Pampérigouste, citée par Daudet,
en marque le souvenir).
La nuit du 31 octobre au 1er novembre est aussi celle où s'ouvre le
mystérieux royaume souterrain plein de trésors. Il y a une porte cachée
au fond des grottes ou dans les dolmens ; quand elle s'ouvre à l'heure
fatidique (généralement, à minuit), on peut entrer et remplir ses paumes
d'or ou de pierres précieuses. Mais malheur à ceux qui s'y laisseraient
surprendre par l'heure de fermeture de la porte (l'heure du lever du soleil,
ou le premier coup de cloche de la première messe de la Toussaint) : ils
resteraient enfermés sous terre, toute l'année, voire sept ans, ou même
cent ans.
Et le début de novembre est la date où commencent les nuits de feux
follets, de flambettes, de sorciers, de lubins et de lupins. Mais on peut
s'en défendre quand on a de la présence d'esprit. Un homme qu'un lutin
voulait entraîner dans une ronde fatale en lui criant " Tourne, tourne,
tourne " lui répondit " Je tourne, je retourne et je détourne ", ce qui
mit en fuite le lutin croyant que c'était " un mot magique au-delà de
son savoir ".
Nous n'avons donc pas de raison de tomber à plat ventre devant les
Américains. Il ne manque pas de gens chez nous qui restent français,
et debout. De plus, il est navrant qu'on aille, dans certaines écoles,
enseigner aux enfants à devenir des esclaves des ambitions économiques
américaines.
Il vaudrait mieux organiser pour eux une chasse au trésor en temps
limité, leur faire faire des griche-dents, leur apprendre nos contes,
et leur laisser comprendre le danger de tout soumettre à l'argent et aux
richesses, en oubliant le reste.
Anne Souriau (Versailles)
N.D.L.R. : en septembre ou octobre 2001, doit se dérouler à Paris
une manifestation contre Halloween ; si vous connaissez des personnes ou
institutions susceptibles d'être intéressées ou de se mobiliser, merci
de donner leurs coordonnées au siège de R.A.P.
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" Procès moralement indéfendable "
Réaction aux nouvelles du procès boîte aux lettres et au point
de vue d'un lecteur, publiés dans le dernier numéro.
" Le distributeur de prospectus sera jugé ! ", annoncez-vous. La belle
affaire ! Mais qui va être jugé ? On nous apprend qu'il s'agit d'un distributeur
de prospectus pour des pizzas. Le président de la société et le responsable
commercial ont certes été entendus par la police, mais seul ce dernier
a été mis en examen, la chose aboutissant d'ailleurs à un non-lieu.
Reste l'âne des " Animaux malades de la peste ", le distributeur !
J'habite dans le 20e arrondissement de Paris. Dans mon quartier, les
distributeurs de prospectus pour les pizzérias ou les entreprises de réparation
sont des Sri-lankais, des Tamouls, des pas bien blanchis. Bref, des pauvres,
payés à la tâche, rusant pour s'introduire dans les immeubles, harcelés
par les gardiens. Les chaînes de livraison de pizzas à domicile emploient
aussi des gamins en cyclomoteur, payés à la course, et qu'on voit prendre
des risques ahurissants pour effectuer les livraisons. Mais, franchement,
si je souhaitais mener une lutte exemplaire contre le groupe de pression
automobile et la délinquance routière, il ne me viendrait pas à l'idée
d'attaquer en justice ces livreurs de pizzas !
Quant à l'affaire de la clé, J.-M. Baucry a raison de souligner que
tout militant associatif ou politique a opéré, opère ou opérera de
la sorte, et qu'il ne nous viendrait pas à l'idée de le lui reprocher.
Ce procès est une caricature. Se voulant exemplaire, il n'est qu'un
substitut : nos véritables adversaires sont les lessiviers, la grande
distribution, les trusts de l'agroalimentaire, le monde de la publicité
et des médias, et il y a peu de chances que ce procès les atteigne en
quoi que ce soit. S'attaquant au maillon le plus faible (et à quel point
!), ce procès est moralement indéfendable. Y.G., l'auteur de la plainte,
répond à J.-M.B. qu'il ne prendra aucune décision quant au retrait de
celle-ci sans tenir compte des 162 donateurs du procès. C'est légitime.
Aussi ce courrier s'adresse-t-il particulièrement à ces donateurs, ainsi
qu'à Y.G. lui-même.
Songez à ce que doit ressentir le distributeur qui a été piégé
de la sorte. Retirez votre plainte, soldez les comptes, et reversez le
reliquat aux associations, une fois les frais occasionnés remboursés.
L'argent sera bien mieux employé ailleurs. Quant à la société de distribution,
nous ne pouvons qu'espérer qu'elle se fera coincer un jour ou l'autre
par l'inspection du travail, par l'URSSAF ou par le fisc. Mais il ne faut
pas trop rêver... P. C. (Paris)
Votre dernière phrase à elle seule justifierait le procès ! Et votre
avant-dernière phrase résume votre attitude : vous " espérez ". Moi,
j'agis. Coup de griffe à part, je dois reconnaître une grande part de
vérité à votre réaction. Daignez croire que nous partageons votre souci
- nous le prouverons - d'impliquer l'employeur au moins autant que l'employé.
Y.G.
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Le métro de Lille s’ouvre à la publicité
Lettre adressée le 30 octobre 2000 par Gérald
Bourbon (Pontivy) à la Communauté urbaine de Lille.
S'étonner que la société Transpole, exploitante du métro de Lille,
et la Communauté urbaine de cette même ville aient pris la décision
de faire installer de la publicité dans le métro serait faire preuve
de naïveté.
Compte tenu de la tendance désormais bien établie qui consiste à
sacrifier l'espace public aux intérêts de l'argent, cette décision participe
tout naturellement de la logique imposée par la pensée unique, à savoir
la marchandisation et l'annexion du patrimoine national, résultat obligé
de la mondialisation telle qu'on nous l'offre en exemple.
Quatre interrogations
Faire croire comme une litanie que ce genre de décision a été prise
avec le soutien majoritaire d'une population que l'on a consultée peut
soulever certaines interrogations :
— Interrogation liée aux conditions dans lesquelles ce type de sondage
est quelquefois conduit :
Que vaut en effet l'avis d'une population gavée à n'en plus pouvoir
par une pression publicitaire omniprésente qui à force de conditionnement
réussit à faire ressentir son absence comme un manque intolérable ?
Quelles sont les chances qu'un fumeur de haschich s'oppose à la légalisation
de son addiction dans ce monde qui à bien des égards s'apparente au Meilleurs
des Mondes d'Aldous Huxley ou à 1984 de George Orwell ?
— Interrogation liée au présupposé selon lequel en l'occurrence
il suffirait qu'une majorité se dessine pour qu'on puisse décider de
passer outre à l'avis d'une minorité qui n'a pas voix au chapitre parce
qu'elle a le malheur de penser qu’une liberté de choix doit être offerte
à l'usager de la voie publique, comme elle l’est à l’usager d’espaces
qui ne sont pas des passages obligés (télévision, radio, journaux).
À ce propos, bien que ce sujet ne soit opportunément jamais abordé,
on ne voit pas très bien comment peuvent être conciliées les valeurs
démocratiques fondées sur le libre choix et celles de l'affichage publicitaire
toujours imposé par nature.
— Interrogation liée à l’interprétation du sondage lui-même
:
Quel est le degré de fiabilité de l'analyse qu'en fait monsieur Frédéric
Roy dans un article du Monde daté du 28 octobre 2000, intitulé " Le métro
de Lille découvre les vertus de la publicité ", quand il indique : "
Mieux encore, près de la moitié des 702 personnes interrogées estiment
que non seulement la publicité n'est pas dérangeante, mais qu'elle est
distrayante et informative. "
Pourquoi en l'occurrence n'a-t-on pas retenu la formulation suivante
: " Pis encore, plus de la moitié des 702 personnes interrogées estiment
que non seulement la publicité est dérangeante mais qu'elle n'est ni
distrayante ni informative. " Formulation qui par la magie du verbe aboutirait
à une conclusion diamétralement opposée !
On aurait pu tout aussi bien citer le sondage de l'Union fédérale
des consommateurs de Gironde faisant apparaître que pour 87,6 % des sondés,
les panneaux publicitaires sont une nuisance pour le paysage, pour 72,9
% une nuisance pour l'environnement en général et pour 56 % ne sont pas
un bon moyen d'information du consommateur.
— Interrogation, enfin, liée à l’idéologie de plus en plus habilement
véhiculée selon laquelle un monde sans publicité est un monde triste
et laid. À qui fera-t-on croire que la nature n'est pas capable de proposer
des paysages autrement plus éblouissants que ces alignements de panneaux
publicitaires qui font que nos voisins britanniques n’hésitent même
plus à parler de " French disaster " quand ils évoquent le traitement
que nous infligeons à nos paysages?
O.P.A. sur l’espace public
Dans ce cas comme dans bien d'autres, on a peut-être à tort le désagréable
sentiment que les dés semblent pipés et que, confronté à l’impossibilité
de trouver des financements adéquats, on est amené, pour se dédouaner,
à justifier a posteriori une tentation à laquelle on n'a pas eu le courage
de résister.
Allons-nous être confrontés à un ras de marée ayant l'apparence
d'un raid profitant de notre passivité collective à opposer une " NONdialisation
" à la mondialisation? L'insidieuse transformation de la cité en support
publicitaire ? On préfère ne pas l'envisager.
En France, l'usager confronté aux 89 000 faces publicitaires des métros,
aux 20 000 faces publicitaires des gares, aux 59 000 faces des bus et aux
200 000 supports grand format des villes n'est peut-être pas encore totalement
lobotomisé au point de ne pas avoir constaté les dégâts environnementaux
colossaux qu'a induits l'orgie publicitaire à laquelle notre pays s'est
complaisamment soumis. Entrées de ville saccagées, zones commerciales
lunarisées, boulevards extérieurs défigurés. Un apartheid environnemental
touchant, bien entendu, très souvent les populations les plus démunies
(1).
Avec 11,7 % de la part du marché publicitaire, l'affichage dépasse
dans notre pays largement ce qui se pratique ailleurs dans le monde (2,6
% en Italie, 3,3 % aux États-Unis, 8,3 % en Allemagne, 8,4 % en Grande-Bretagne).
Dix mille panneaux en trop selon certains. Faut-il en rajouter (2) ?
À qui fera-t-on croire que les Franciliens qui sont exposés quotidiennement,
28 mn en moyenne, à l'affichage publicitaire se réjouissent de cette
honte qu'est devenu le métro parisien ?
Dès lors qu'ils sont publics, les paysages urbains sont des paysages
comme tous les autres et comme tous les autres ils doivent relever de la
loi Barnier du 2 février 1995, stipulant qu'ils font partie du patrimoine
de la nation.
Le métro de Lille ne fait pas exception à la règle, et les usagers
qui l'empruntent ont le droit de bénéficier d'un environnement non pollué
par la publicité. Il n'appartient pas à ceux qui apprécient la publicité
de l'imposer mais d'utiliser tous les moyens disponibles actuellement pour
pouvoir assouvir leur " passion " sans attenter à la liberté des autres
(radios, téléviseurs, ordinateurs, agendas électroniques avec oreillettes…).
Une loi " Evin " de la publicité doit donc impérativement être
élaborée pour que les droits de tous soient préservés.
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