R.A.P. a pour vocation de faire connaître les diverses
approches de la lutte antipublicitaire
sans pour autant adhérer à toutes les opinions et idées
d'actions formulées, dont elle laisse la responsabilité à
leurs auteurs.
Introduction :
Bonjour à tous,
Nombreux sont ceux qui se sont inquiétés de ne pas voir d'action
de
R.A.P. pour la « Journée sans achat ». Certains nous ont
appelés la
veille ou le matin même, nous ont laissé des messages (vocaux ou
électroniques) pour connaître le lieu de notre action, s'étonnant
de
n'obtenir aucune réponse de notre part. L'interrogation était
bien
légitime pour ceux qui nous connaissent depuis quelques années
car pas
une fois R.A.P. n'avait loupé ce rendez-vous. Que s'est-il donc passé
cette année ?
Lors de la réunion mensuelle de l'association, seulement deux personnes
ont affirmé pouvoir être présentes à cette action.
Face à cette faible
mobilisation, rien n'a été organisé à Paris. Tant
pis pour ceux qui nous
ont appelé à la dernière minute, ils auront compris qu'une
action se
prévoit à l'avance. Notons tout de même une bonne mobilisation
générale
pour cette journée avec un spectacle organisé par Casseurs de
Pub à
Strasbourg et une action à Lyon organisée par R.A.P.-Lyon.
Pour ne pas renouveler ce raté avec l'action père-noël, contactez-nous
dès aujourd'hui si vous souhaitez y participer.
Enfin, notre cher président Thomas Guéret a été
interviewé sur le site
du sauvageon (www.lesauvageon.org), n'hésitez pas à lire cet entretien
pour tout savoir sur R.A.P.
1) La publicité, un outil devenu fléau - Pourquoi
et comment lutter contre elle.
I - Quelques idées générales
(A) - Ce n¹est pas la publicité en tant que telle qui pose problème,
mais l¹agression publicitaire. Il faut bien avoir à l¹esprit
que
dénoncer « la publicité » (y compris dans le présent
exposé) constitue
un abus de langage.
(B) - La publicité, qui devait n¹être qu¹un outil économique,
est
devenue le décor de nos vies quotidiennes.
(C) - À force d¹être présente, la publicité
pénètre jusqu¹à notre vie
intérieure qu¹elle encombre de faux besoins et de fausses valeurs.
On
peut même parler d¹une véritable idéologie imposée,
ou plutôt insinuée,
par une authentique propagande.
(D) - Tous les défauts de la publicité peuvent être classés
dans deux
grandes catégories : violence et manipulation. Tout message ou procédé
publicitaire est plus ou moins violent, plus ou moins manipulateur. La
publicité idéale serait celle qui ne serait ni violente ni
manipulatrice. Il en est qui se rapprochent de cet idéal.
(E) - L¹imagerie publicitaire, toute d¹humour, de tendresse, de
charme et de gaieté, sème le doute dans les esprits, instaure
le soupçon
généralisé, noie peu à peu l¹ensemble de la
population dans une
indifférence inconsciente, source d¹égoïsme. Elle sème
la confusion et
anesthésie les consciences. Censément lumineuse et instructive,
elle
constitue, en réalité, une forme d¹obscurantisme.
(F) - Dans une civilisation productiviste, économiste, comme la
nôtre, il ne faut pas attendre du pouvoir politique, quel qu¹il soit
(de
droite ou de gauche), qu¹il réduise la place de la publicité.
C¹est de
la population que doit venir la réaction, au sens profond du terme.
(G) - Le citoyen peut beaucoup en matière de lutte antipublicitaire,
mais il risque aussi de gaspiller beaucoup de temps et d¹énergie
en
s¹attardant sur des fronts où la bataille est perdue d¹avance.
II - Quelques fronts de lutte
(H) - La voie publique : l¹affichage (ou publicité extérieure),
tel
qu¹il est pratiqué, constitue l¹agression majeure, dans la
mesure où il
touche tout le monde. Si la lutte antipublicitaire devait se dérouler
sur un seul front, ce serait celui-là.
(I) - Les boîtes aux lettres : une microagression, mais aussi
lancinante qu¹une nuée d¹insectes.
(J) - Les établissements scolaires : les jeunes sont méthodiquement
cernés par la publicité, au moyen d¹un matériel pédagogique
fourni par
les marques, d¹affiches apposées à l¹intérieur
des établissements ; ils
sont aussi accueillis à la sortie par d¹autres jeunes que les
industriels ont gratuitement habillés de leur marque pour qu¹ils
aillent
à leur tour contaminer les autres.
(K) - Le cinéma : la publicité a largement pris la place du court
métrage qui, jusqu¹aux années 1970, précédait
le long métrage. Par
ailleurs, la publicité s¹insinue aujourd¹hui, presque systématiquement,
à l¹intérieur des films : les gens de cinéma (producteurs,
réalisateurs,
acteursS) touchent de grosses sommes pour glisser des marques dans le
décor, voire dans la bouche des personnages (publicité clandestine).
(L) - La télévision : ce n¹est pas un front de lutte, mais
plutôt une
très haute muraille de forteresse, lisse et inexpugnable, sur laquelle
on ne peut que glisser. La publicité n¹est pas un parasite de la
télévision, elle en est l¹apothéose. L¹outil
télévision était prédestiné
au matraquage et à la manipulation. La publicité, c¹est ce
que la
télévision sait faire de mieux.
III - Action civique (ce que chacun peut faire)
(1) - Si le facteur s¹obstine à déposer des prospectus
chez vous
malgré votre refus exprimé, redéposer ces prospectus dans
les boîtes
jaunes ou dans celles des bureaux de poste.
(2) - Ne jamais ouvrir un courrier publicitaire ; le renvoyer à
l¹expéditeur après avoir rayé votre nom et marqué
« refusé » (ou «
décédé », ou « NPAI ») sur l¹enveloppe.
(3) - Si votre immeuble est protégé par un code d¹accès
que des
distributeurs de prospectus violent régulièrement à l¹aide
d¹un
passe-partout, arrêter l¹un de ces distributeurs (en vous faisant
éventuellement aider par des voisins), appeler la police et porter
plainte contre son employeur et lui pour violation de domicile (cf.
jugement de la cour d¹appel de Versailles du 7 mai 2002, disponible
auprès des associations antipublicitaires).
(4) - Si votre journal préféré a l¹habitude de piéger
ses lecteurs en
insérant les placards publicitaires au milieu des articles, écrire
au
directeur pour lui demander de bien vouloir regrouper toute la publicité
à la fin du journal, pour que les lecteurs qui en ont besoin puissent
aller la consulter sans que les autres soient dérangés. S¹il
refuse ou
ne répond pas, réfléchir pour savoir si la gêne occasionnée
par ces
pièges publicitaires est plus ou moins importante que le besoin que vous
avez de l¹information contenue dans le journal, et prendre une décision
en conséquence.
(5) - Retourner les sacs en plastique que vous donnent les
commerçants à la caisse.
(6) - Si un barbouillage collectif et non-violent d¹affiches
publicitaires est organisé dans votre région, y emmener votre
famille,
vos amis, vos animaux, pour faire nombre aux yeux de la presse.
(7) - Si vous apprenez qu¹un barbouilleur d¹affiches non-violent
passe en procès loin de chez vous, manifester votre solidarité
en
écrivant à la presse, au gouvernement et à la justice que
vous
considérez son acte comme légitime.
(8) - Si vous êtes patient et « délateur » dans l¹âme,
faire tomber
les panneaux publicitaires par la voie légale, grâce à la
méthode «
Paysages de France » (c¹est amusant, voire passionnant, mais légèrement
absorbant).
(9) - Pour les parents, acheter à vos enfants du matériel scolaire
neutre, quitte à les inciter à le décorer suivant leur
propre
imagination (par exemple, recouvrir un classeur d¹un dessin fait de leur
main et le protéger par du plastique transparent).
(10) - Pour les professeurs, interdire aux élèves le matériel
publicitaire (en prévenant le chef d¹établissement avant
l¹été, pour
qu¹il prévienne à son tour les nouveaux parents d¹élève).
(11) - Au cinéma, ne pas se sentir obligé de regarder la publicité
avant
le film (les paupières, ça permet de fermer les yeux, les vertèbres
cervicales de baisser la tête, les doigts de se boucher les oreilles).
Si une publicité clandestine survient dans le film, selon les
circonstances, soit le faire remarquer à son voisin pour l¹instruire,
soit quitter la salle en protestant à haute voix.
(12) - Vérifier que l¹on ne porte aucune marque (aussi petite
soit-elle) à l¹extérieur de ses vêtements, et se moquer
(gentiment) des
gens que l¹on croise et qui n¹ont pas pris la même précaution.
(13) - Utiliser les noms communs plutôt que les marques pour désigner
les objets quotidiens : « stylo à billeS ruban adhésifS
correcteur
(liquide)S papillon (adhésif)S cyclomoteurS voitureS prêt-à-mangerS
sodaS ».
(14) - Dresser la liste de ses besoins avant de faire ses courses, et
s¹'y tenir.
(15) - Quand un marchand de cuisines ou de fenêtres vous dérange
par
téléphone pour vous vendre sa camelote (si ce n¹était
pas de la
camelote, il n¹aurait pas besoin de vous déranger), accepter le
rendez-vous qu¹il vous propose. Quand il sonne à votre porte au
jour et
à l¹heure fixés, faire semblant de dormir. S¹il vous
rappelle plus tard,
lui expliquer que vous êtes amnésique et que vous avez oublié
le
rendez-vous. Entretemps, vous n¹avez plus besoin de sa cuisine, ce qui
est votre droit.
(16) - Boycotter la télévision, cette « bouche d¹aliénation
» (comme
on dit « bouche d¹aération »), en méditant ceci
: « On n¹a pas la
télévision, elle vous a. »
(17) - Signer les pétitions diffusées par R.A.P. (« Non
à la
publicité au cinéma, oui au court métrage », «
Pas de publicité dans ma
boîte aux lettres ») et Paysages de France (« On nous vole
nos paysages
! »).
IV - Action politique (ce que les pouvoirs publics peuvent faire)
(18) - Obliger les distributeurs de prospectus à respecter les
boîtes aux lettres des récalcitrants (comme en Allemagne, en Belgique,
aux Pays-Bas, au Portugal, en SuisseS).
(19) - Prélever une taxe sur la fabrication de prospectus afin que le
retraitement de ces déchets ne lèse pas le contribuable.
(20) - Inviter les associations antipublicitaires et de défense de
l¹environnement à participer, au même titre que les afficheurs,
à la
rédaction d¹une nouvelle loi réglementant les emplacements
des panneaux.
(21) - Consacrer plus d¹argent à l¹instruction publique pour
éviter que
les industriels ne fourguent leur matériel « gratuit » dans
les
établissements scolaires au risque d¹accentuer le caractère
naturellement moutonnier des jeunes. En cas d¹insuffisance budgétaire,
s¹abstenir, par exemple, de construire un énième sous-marin
nucléaire.
(22) - Télévision : rien. Ce génial outil de gouvernement
des âmes est
trop précieux pour la classe politique dans son ensemble, laquelle ne
fera rien pour en changer radicalement le fonctionnement.
Yvan Gradis
*Les idées répertoriées dans le présent document
n¹émanent pas toutes
des associations antipublicitaires. Seul Yvan Gradis en assume l¹entière
responsabilité.
Les fidèles de R.A.P. et Casseurs de Pub connaissent déjà
son nom, mais
connaissent-ils son travail ?
Laetitia Carton, administratrice de R.A.P. et relais de R.A.P.-Auvergne
est aussi une artiste plasticienne de talent. Son thème favori depuis
5
ans ? ... La dénonciation de l'omniprésence publicitaire et de
la
culture d'entreprise, ...évidemment.
L'espace d'art contemporain, rue du Montparnasse à Paris, accueille sa
dernière exposition « On est mieux quand on a tout », depuis
le 7
novembre jusqu'au 21 décembre 2002. C'est l'occasion pour Laetitia de
plonger ses visiteurs dans une atmosphère étouffante et inquiétante
créée par les messages publicitaires.
Deux salles composent cette exposition.
Dans la première, des vidéos, des lettres écrites à
des dirigeants de
multinationales et une collection de faire-part de mariages
d'entreprises.
Dans la seconde, rien. Rien que des mots ! Un mois et demi
d'enregistrement de messages publicitaires radios et télévisuels
sont la
matière première de cette pièce. Fidèlement, Laetitia
les a retranscrits
au feutre sur les murs, dans tous les coins, le plus haut que sa petite
taille le lui permettait, dévoilant ainsi une vision à sa mesure.
L'univers de cette artiste est drôle et désespéré.
Avec une naïveté
désarmante elle semble nous dire toute l'absurdité de ce monde
publicitaire. Comme si elle hésitait entre le rire et une profonde
tristesse, elle nous laisse démunis face à son oeuvre. On a mal
aux
yeux, à l'estomac, à la tête ; le vertige nous envahit,
perte
d'équilibre, tête qui tourne. Mais on sourit, on jubile, et on
voudrait
que les publivores se rendent dans ce lieu pour qu'ils comprennent,
enfin, les effets de la publicité.
Nelly Ruscassié
Laetitia CARTON, « ON EST MIEUX QUAND ON A TOUT »,
jusqu'au 21 décembre 2002 à l'Espace d'art contemporain, 55, rue
du Montparnasse, 75014 Paris. Exposition ouverte du mardi au samedi de 12 h
à 19 h.
3) POURQUOI ET COMMENT L'ÉDUCATION INTÉRESSE-T-ELLE UN NOMBRE
CROISSANT D'ACTEURS PRIVÉS ?
Compte rendu de la conférence du 20 novembre 2002 sur le thème
«
Pourquoi et comment l'éducation intéresse-t-elle un nombre croissant
d'acteurs privés ?»
Lieu : Parc des expositions, porte de Versailles
Etaient présents :Régine TASSI d'ATTAC éducation
Jean-Claude DAIGNEY, directeur de l'Union nationale des
Maisons Familiales rurales
Bernard BELLOC de Conférence des Présidents
d'Universités de France
Guillaume DUVAL, rédacteur en chef adjoint de «
Alternatives Economiques » et médiateur de la conférence
1re intervention :
Régine Tassi (RT) Attac éducation
Les entreprises privées s'introduisent de façon insidieuse au
sein du
service public et plus particulièrement de l'éducation, portant
ainsi
atteinte au principe de neutralité cher au système démocratique
républicain ainsi qu'aux valeurs traditionnellement imparties à
l'Éducation nationale.
Les moyens employés par ces opérateurs privés pour infiltrer
cette
institution publique sont multiples et variés :
1- Tout d'abord par le biais de la publicité sous diverses formes :
a) sous couvert de journées thématiques (hygiène, environnement...)
dites de « sensibilisation » donnant lieu à de pseudo discours
pédagogiques dispensés par divers opérateurs privés
ayant un lien plus
ou moins évident avec le sujet (Hygiène dentaire : Colgate ; respect
de
l'environnement : Total Fina Elf (!) ; apprentissage du boursicotage :
Banque CIC...)
b) de par un contenu des ouvrages scolaires de plus en plus marchand
c) de par le financement de divers services type ramassage scolaire ou
constructions par diverses sociétés privées.
2- Par le biais de l'internet avec le système d'aide aux devoirs en
ligne (cf. « education.com du groupe Vivendi Universal) et des nouvelles
technologies permettant aux entreprises d'accroître considérablement
leurs profits
3- Par l'offre de cours à domicile par des sociétés privées
(cf.
Acadomia) aux moyens importants.
Cela implique que :
- le principe de neutralité est totalement inexistant puisque ces
sociétés, poursuivant des objectifs d'opérateurs privés
fondés sur le
profit, ne peuvent tenir un discours objectif et véhiculent par ailleurs
les valeurs d'une idéologie néolibérale
- le principe égalité des chances prôné par le système
républicain est
loin d'être respecté, seuls ceux qui en ont les moyens peuvent
bénéficier des nouvelles technologies au service de l'éducation
et/ou de
cours à domicile ou dans des établissements privés vers
lesquels tendent
de plus en plus à s'orienter certaines familles.
Ce constat traduit nécessairement un dysfonctionnement du système
éducatif français et une réelle menace à son encontre.
RT se pose alors la question des raisons d'une telle dérive, et en
dégage quatre facteurs :
1 - une perception utilitariste de l'éducation par les opérateurs
privés
due au fait que pour eux, l'éducation se résume à un marché
énorme
puisque représentant plus de 1000 milliards d'euros et autant de
possibilités d'enrichissement
2 - la question encore floue de l'AGCS (Accord Général sur le
Commerce
des Services ) tendant vers l'ouverture progressive des marchés publics
à la concurrence
3 - un désinvestissement significatif de l'Etat quant à l'insuffisance
des fonds impartis à l'éducation entraînant ainsi une collaboration
presque inévitable entre établissements publics et entreprises
privées,
le plus souvent sous forme de partenariats
4 - une régionalisation croissante avec comme corollaire une
redistribution des pouvoirs s'appuyant souvent sur la publicité et des
partenariats peu clairs avec les entreprises privées
Ces dérives sont préoccupantes pour l'avenir de la démocratie
(plus
d'égalité ni de neutralité...) tendant à se diriger
vers une pensée
unique.
Attac se constitue en observatoire et continue de se pencher sur cette
question de marchandisation de l'Éducation nationale tout en préconisant
la vigilance quant à ces diverses formes d'intrusion.
3e intervention :
Bernard Belloc (BB), Conférence des Présidents d'Université
En axant son intervention sur l'intrusion du secteur privé dans le
secondaire, plus particulièrement en matière de recherche et de
formation, BB s'attache d'abord à recadrer les 2 genres d'interventions
du secteur privé dans le public :
1 - le privé-partenaire (sponsoring d'événements...) Il
peut aboutir à
un certain équilibre par le biais d'une convention dont le contenu aura
préalablement été débattu par les deux secteurs.
2 - le privé-acteur. Il représente un vrai danger quant au respect
des
valeurs d'une éducation démocratique. En effet, les entreprises
poursuivent des objectifs d'acteurs privés (profit) avec tout ce que
cela implique de potentielles dérives.
Les raisons de l'intrusion croissante du secteur privé au sein de
l'école sont entre autres liées au fait que le service public
ne
tiendrait pas compte des nouvelles données relatives à la demande,
l'environnement et les technologies, et, en terme d'enseignement, ne
pourrait donc y pourvoir efficacement. De plus, cette nouvelle demande
est plus à même d'être satisfaite par le secteur privé
qui en est
généralement l'instigateur, comme c'est le cas par exemple pour
les
formations continues qui restent à 95 % assurées par des acteurs
privés
(une heure de formation par internet pour les enseignants, n'étant pas
considérée comme statutaire).
On en revient donc encore à une déficience du service public qui,
malgré
sa validité, manque cruellement de fonds, de structures, de méthodes
et
reste décidément obsolète.
Pour faire reculer l'intervention d'opérateurs privés, l'État
devrait :
1 - assurer une meilleure formation des maîtres aux nouvelles
technologies et aux secteurs de l'information et de la communication.
Ceci leur permettrait une connaissance et une compréhension de ce nouvel
environnement de plus en plus nécessaire et la formation des élèves
à un
esprit critique vis à vis de ce qui les entoure. Le service public
pourrait ainsi regagner une certaine crédibilité auprès
de ses acteurs,
détracteurs et concurrents...
2 - établir un contrôle interne efficace du service public quant
à son
aptitude à répondre aux nouvelles évolutions, au même
titre que le
secteur privé.
3 - définir plus clairement les objectifs à atteindre.
Tous ces points nécessiteraient bien sûr un investissement financier
conséquent de la part de l'État.
Le secteur public pourrait ainsi avoir une idée plus précise de
l'évolution du monde actuel, et devenir lui-même acteur de débats
le
concernant (cf.l'Accord Général sur le Commerce des Services...)
Le danger ne relèverait donc pas tant de l'intervention du privé
en
lui-même - son intervention pouvant s'avérer bénéfique
si contrôlée
(voire nécessaire dans le contexte actuel, l'éducation nationale
ne
disposant pas de moyens suffisants) - mais de la sclérose, de
l'obsolescence de l'Éducation nationale ainsi que de son absence
probante d'objectifs.
Interventions du public :
-« L'esprit critique s'acquiert au primaire et nullement au secondaire
»
-« Les avancées en matière médicale ne seraient
pas ce qu'elles sont
aujourd'hui s'il n'y avait pas une compétition dictée par la loi
du
marché (...) Le service privé avance là où le service
public fait
défaut, c'est certain. »
-« L'intervention d'acteurs privés n'est pas un mal. Elle permet
par
exemple de « ventiler » les cours et de sortir du cours magistral
ordinaire qui peut s'avérer lassant. »
-« Est-ce pour développer l'esprit critique des étudiants
que des
affiches publicitaires sont palcardées dans les universités ?
Où y
trouvent-ils leur intérêt ? »
Réponse de Bernard Bulloc : « Je n'ai pas d'opinion concernant
l'affichage publicitaire. »
BILAN :
Beaucoup de bruits pour rien...
La salle restera donc sur sa faim, ainsi en aura-t-on décidé.
Pas
d'alternatives laissées par l'économique Guillaume Duval, ayant
eu
cependant le mérite d'animer une table ronde totalement bancale. Ainsi,
le choix des intervenants semblait complètement arbitraire, à
l'exception de Régine Tassi dont l'intervention ne soulevait que
timidement et sans trop d'entrain les vraies dérives de tels procédés.
M. Bernard Belloc, bien qu'excellent orateur, n'a brassé que du vent
avec, et c'est à souligner, de très beaux effets de manche. Quant
à
l'intervention de M. Jean-Claude Daigney, malgré de fervents efforts
pour intéresser l'auditoire à une structure alternative «
ni publique,
ni privée » dont les tenants et aboutissants resteront à
jamais obscurs,
elle ne sera volontairement pas retranscrite dans « Rap à toile
». Bilan
: une militante peu motivée, un motivé inutile, et un inutile
grandiloquent... Peut-être préféreraient-ils débattre
de privé en privé.
4) LETTRE À MONSIEUR AILLAGON, MINISTRE DE LA CULTURE.
Monsieur Jean-Jacques Aillagon
Ministre de la Culture
Ministère de la Culture
3, rue de Valois
75001 Paris
le 16 novembre 2002
Monsieur le Ministre,
Dans son édition du 15 novembre 2002, le journal "Le Monde"
fait état
du rapport ayant pour but de bannir la violence à la télévision.
Ce
rapport élaboré par Mme Blandine Kriegel propose, entre autre,
de
modifier l'écriture de l'article 227-4 du code de procédure pénal
de
façon à le doter "d'une incrimination plus étroite
donc plus raisonnable
et plus applicable".
Si tel est le cas, il faudra nécessairement un certain temps avant que
les propositions faites par la mission d'évaluation aient force de loi.
Il restera ensuite à les faire appliquer?
On peut se demander pourquoi ce qui risque de devenir possible en
matière de violence à la télévision mais qui va
exiger un aménagement de
la loi, n'est pas encore possible en matière de publicité clandestine
alors que les textes qui la régissent sont déjà anciens.
Selon les termes de l'article 9 du décret 92-280 du 27 mars 1992
modifié par le décret 2001-1331 2001-12-28 art 2 JORF 29 décembre
2001
pris en application du°1 de l'article 27 de la loi n° 86-1067 du 30
septembre 1986 relatif aux obligations des éditeurs de services en
matière de publicité, de parrainage et de télé-achat
"La publicité
clandestine est interdite. Pour l'application de présent décret,
constitue une publicité clandestine la présentation verbale ou
visuelle
de marchandises ou d'un prestataire de services dans des programmes
lorsque cette présentation est faite dans un but publicitaire".
Le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel chargé de cette tâche
rappelle
régulièrement aux différentes chaînes que la publicité
clandestine est
interdite. Il leur demande de 'flouter' les marques qui apparaissent à
l'écran en dehors des plages prévues à cet effet et de
ne pas en citer
délibérément.
Pourriez-vous veiller à ce que la législation soit complètement
respectée et que le 'floutage' soit étendu aux images sportives
et en
particulier aux marques qui louent des emplacements autour des stades
et des terrains de sport entre autre ?
Compte tenu du débordement publicitaire auquel nous assistons dans ce
domaine, le floutage tel qu'il est pratiqué actuellement semble plus
relever d'une interprétation sélective de la loi que de son total
respect.
Cette liberté prise avec la législation inquiète le citoyen
que je suis.
Y aurait-il plusieurs types de publicité clandestine ? Une publicité
clandestine floutable et une autre non-floutable ? Aurais-je mal
interprété les textes la régissant ? Que deviendra le rapport
Kriegel
s'il est appliqué de la sorte ?
Comptant sur vos éclaircissements ou sur votre diligence à faire
appliquer la législation républicaine, je vous prie d'agréer,
Monsieur
le Ministre, l'expression de mes sentiments respectueux.
Du 14 au 22 décembre 2002
(pour le programme, voir ci-dessous)
Quoi de plus anodin qu'un enfant qui joue avec ses cadeaux de Noël ? Qui
ne s'est jamais extasié en voyant une petite fille déballer sa
Barbie,
ou un petit garçon découvrir son Action Man ?
Pourtant, ces situations ne sont en rien anodines, car les jouets dont
disposent les enfants influent sur leur vision du monde et les préparent
déjà à leur vie future.
Aujourd'hui, 80 % des tâches ménagères sont effectuées
par les femmes,
et 2 millions de femmes en France sont battues par leur conjoint. Dès
le
plus jeune âge, on conditionne les petits garçons à la violence
(armes,
gants de boxe...), à la technique (voitures, trains...), à la
science
(petit chimiste...), à la compétition (circuits auto, baby-foot...).
Les
petites filles sont quant à elles préparées à un
futur rôle de mère (on
les habitue à s'occuper de leurs poupées dès le plus jeune
âge), de
ménagères (par le biais des dînettes, d'aspirateurs miniatures...),
ou
d'objets de désir (panoplies de maquillage, poupées ultra-minces...).
On
apprend aux petits garçons à être dominants (par la force,
la technique,
la compétition) et aux petites filles à être dominées
: consignées aux
tâches ménagères, elles doivent toujours avoir une apparence
soignée
pour plaire aux garçons.
Les valeurs véhiculées par les jeux dits " masculins "
sont celles que
la société d'aujourd'hui met en avant (esprit d'aventure et de
compétition, penchant pour la technique, etc.), à la différence
des jeux
dits " féminins ".
Garçons et filles doivent se conformer à des normes imposées
et
socialement hiérarchisées : on apprend aux garçons la domination
et aux
filles la passivité et la soumission.
Si, heureusement, la société d'aujourd'hui n'est pas toujours
aussi
sombre que le suggère ce tableau - certaines femmes refusent de se
cantonner à un rôle de mère et d'épouse et tous les
hommes ne battent
pas leur compagne (même si quasiment tous ont eu des jeux guerriers dans
leur enfance) - c'est parce que des femmes et des hommes s'élèvent
contre ces modèles. Aujourd'hui les jouets et surtout la façon
dont ils
sont proposés aux enfants (et aux adultes) continuent à refléter
et à
encourager cette répartition sexiste des rôles entre des femmes
que l'on
désire dociles et soumises, et des hommes qui ne doivent trouver leur
identité qu'en tant qu'individus protecteurs et virils.
Contre les fantasmes sexistes des catalogues de jouets, refusons les
normes inégalitaires et n'offrons plus de cadeaux stéréotypés.
Proposons
un véritable choix à nos enfants : pour les filles comme pour
les
garçons, vive les jeux de coopération, les poupées et les
poupons (qui
ne soient ni anorexiques ni surmusclés), les jeux de construction et
d'éveil, les albums sans clichés sexistes !
Samedi 14 décembre - à partir de 19H
Restaurant de soutien à la campagne contre les jouets sexistes
Menu végétarien à 8 euros
La Rôtisserie, 4 rue Sainte-Marthe, 75010 Paris, M° Belleville
Jeudi 19 décembre - 19H15
Débat sur les jouets sexistes en présence de Serge Chaumier, sociologue
à l'université de Bourgogne
27 rue Saint Guillaume, 75007 Paris
M° Sèvres-Babylone, Rue du Bac ou Saint Germain
Amphithéâtre Chapsal
Samedi 21 décembre - 14H
Manifestation festive contre les jouets sexistes
RdV devant la Samaritaine
Sortie M° Pont Neuf
Dimanche 22 décembre - 13H30
Action festive contre les jouets sexistes
(venir habillé-e en couleurs vives)
RdV place du Châtelet, M° Châtelet
Et durant toute la campagne :
Distributions de catalogues antisexistes devant les magasins de jouets
(demandez-en aux associations organisatrices)
Nous avons été alertés par plusieurs adhérents
de l'apparition d'une
nouvelle forme de publicité. Quelques entrées de métro
parisien ont été
totalement recouvertes par d'énormes baches jaunes censées représenter
les téléphones mobiles d'une marque bien connue. Nous recherchons
tout
visuel et toute information complémentaire sur le sujet.
Toutes les informations que vous venez de lire sont publiques, nous vous invitons
à les transmettre à toute personne susceptible d'être intéressée
: faites circuler !.
Pour tout renseignement (envoi d'un exemplaire de R.A.P.-Échos, notre
publication papier, adhésion, etc.) merci de prendre contact avec :
R.A.P. (Résistance à l'agression publicitaire)
53, rue Jean-Moulin, 94300 Vincennes
tél. : 01 43 28 39 21 (tcp. : 01 58 64 02 93)
Adhésion : 15 euros
Adhésion petit budget : 7,50 euros
Abonnement à R.A.P.-Échos : 5 euros.
Notre permanente assure la permanence téléphonique lundi, mardi
et jeudi de 10 h à 13 h (on pourra également nous joindre en dehors
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