R.A.P. a pour vocation de faire connaître les diverses
approches de la lutte antipublicitaire
sans pour autant adhérer à toutes les opinions et idées
d'actions formulées, dont elle laisse la responsabilité à
leurs auteurs.
Introduction :
Bonjour à tous,
« C'est Noël ! », au moins vous ne pourrez pas dire que vous
avez été prévenus. C'est Noël donc et à moins
d'être aveugles, sourds et de ne pas lire Rap-à-Toile, vous le
savez tous et ce n'est pas parce que nous sommes des résistants à
l'agression publicitaires que nous devrions faire comme si cela n'existait pas.
Au contraire, l'agression publicitaire est plus que jamais présente dans
ces périodes de fêtes et d'achats inconsidérés, c'est
pourquoi ce numéro traite largement de l'actualité festive de
ce début d'hiver. Que cela ne vous empêche pas de passer une très
bonne fin d'année. Pour ma part, je retourne dans ma province natale
et ne serai de retour que le 6 janvier 2003. D'ici là, vous pouvez toujours
laisser des messages sur le répondeur ou par courrier électronique.
Certains croient que le Père-Noël se prête volontiers aux
jeux des
publicitaires qui s'évertuent à le mettre dans des situations
ubuesques
voire ridicules dans le seul but de vendre. Et cela était vrai pendant
longtemps.
Ce cher vieux bonhomme s'était laissé persuader que l'amour se
mesurait
au nombre de cadeaux offerts pendant les fêtes de fin d'année.
Il a découvert la supercherie en voyant les enfants de pays pauvres
remplacer ses lutins dans ses ateliers de fabrication de jouets.
Le Père-Noël a alors décidé de se rebeller contre
l'exploitation
commerciale de sa fête et de se mettre en grève.
VENEZ L'AIDER À PROUVER AU MONDE ENTIER QU'IL N'EST PAS QU'UN PANTIN
PUBLICITAIRE.
Jeudi 19 décembre à 18 h 30
sortie du métro Cour St Émilion, rue François Truffaut.
R.A.P.-Lyon fera samedi 21 décembre 2002 sa première action
Père Noël.
Pour l'occasion, les résistants Lyonnais ont écrit le texte ci-dessous
»
Le froid, l'humidité, la foule indifférente... les regards blasés,
consternés, mi-amusés ou, pire, transparents. Je me sens seul,
si seul
en cette veille de Noël.
Et pourtant, le père Noël c'est moi !
J'ai commencé ma carrière au moyen âge en tant que saint
Nicholas, puis
sous le pseudonyme de Santa Claus pour devenir le père Noël que
vous
connaissez, je représentais quelque chose d'humain, de chaleureux, de
réconfortant, de gentil, d'honnête, de surprenant voire même
de
convivial.
Aujourd'hui aussi, sauf que ce n'est plus si simple.
Noël s'est propagé à travers le monde mais s'est perdu au
fil du temps.
Il a fallu "coller" à l'époque, devenir "cool"
et "intéressant". Le
sourire ne suffit plus, les dents doivent être blanches, mon manteau a
pris la couleur d'une célèbre marque de boissons, je loue mon
image à
d'autres firmes pour rester dans les esprits.
De recherché, je suis devenu omniprésent.
Comment faire autrement ? ce qui est à la mode se démode, je suis
plus
qu'une mode pourtant. Les adultes ne voient plus en moi qu'une
résurgence ringarde de leur passé, les enfants voient avec intérêt
se
profiler ma silhouette. Alors je fais un effort et je tente de
correspondre à ce que sont les valeurs d'aujourd'hui: je porte des
chaussures de sports griffées pour l'autonomie, je me maquille parce
que
je le vaux bien, je suis sponsorisé par le crédit mutuel parce
qu'ensemble on est plus fort, je chatte sur le net pour le convivialité,
je mange des hamburgers pour la simplicité et je suis pro-nucléaire
pour
la chaleur.
Dur.
Dur de se voir dans un miroir quand on a vendu ses rêves.
Que suis-je devenu ? un support promotionnel, ciblé sur les 6-14 et les
18-30 au second degré par des équipes marketing de jeunes loups
inconscients.
Aujourd'hui est un jour spécial, des gamins des cités ignorées,
les
banlieues, m'ont coursé dans la rue. J'ai bien tenté de fuir,
mais mes
responsabilités m'ont rattrapé, les enfants aussi.
Ils m'ont demandé pourquoi.
Pourquoi tu es triste ?
Pourquoi tu n'y crois plus ?
Pourquoi vivre sans rêves ?
Pourquoi vendre n'importe quoi ?
Pourquoi participer à ça ?
Que penses-tu de la phrase: "Aujourd'hui on croit que ce qui ne se vend
pas n'a pas de valeur, alors que ça n'a pas de prix !" ?
Coincé, accablé de tant de mansuétude... je craque.
Je pleure, le Père Noël pleure.
Et je parle, du monde devenu fou, des gens toujours insatisfaits, des
enfants agressifs, des marchands avides, des irresponsables qui
acceptent de n'être que des consommateurs, de l'humanité qui la
perd,
justement, son humanité.
Je parle de MOI.
Car je suis cette humanité, je suis vous. Je matérialise vos centres
d'intérêts, je n'existe que parce que vous me faites exister. Et
aujourd'hui ce n'est plus une vie, c'est un suicide. Cette perspective
m'effraie, je ne voulais pas la voir en face, les enfants m'y ont
obligé.
Pourtant.
Aujourd'hui.
Le fait d'en parler, de mettre des mots sur des malaises, de partager
mes sentiments, me rend plus fort. Parce que partout des gens résistent,
vivent, rient, pleurent et s'épanouissent, je veux VIVRE.
Lorsque vous éteignez la télé et expérimentez vos
capacités physiques,
émotionnelles, lorsque vous privilégiez l'échange plutôt
que la
domination, lorsque votre regard brille d'ambition plutôt que de
convoitise?
Alors là, oui, je VIS.
Je redeviens ce que je n'ai jamais cessé d'être, un être
humain, un
philosophe, un poète,
un ami.
J-15, un cerf chantant les bienfaits d'un abonnement aux chaînes câblées
me rappelle qu'il est tant de penser à :
1) ne plus m'endormir devant la télé lorsqu'un cervidé
brame sa
dépendance publicitaire sous peine de devenir cardiaque
2)éteindre ma télé quand je sens que je m'endors afin d'éviter
une
dépense inutile d'énergie
3) tiens, c'est bientôt Noël, faudrait peut-être que je pense
à faire
des cadeaux, non ?
Ce 3ème point m'amène à une remarque des plus étonnante
bien que dénuée
de tout intérêt... un réflexe pavlovien peut être
déclenché par
l'intermédiaire (certes d'une cloche, à Pâques par exemple,
mais aussi)
d'un cerf, directement ou indirectement d'ailleurs.
Me voilà donc munie de mon sac à dos, sorte de hotte providentielle,
d'où sortiront les cadeaux tant désirés et mon argent du
mois... et
soudain, glacée par le froid, je cède... j'opte pour un magasin
tout en
un : les Galeries Farfouillettes.
A l'entrée du magasin, un vigile me regarde, un sourire narquois plaqué
sur le visage d'un air de dire « Bienvenue dans l'arène, petit
gladiateur des temps modernes ! » (c'est fou ce qu'un simple sourire
peut évoquer !...) et moi de lui répondre « Ave Caesar,
morituri te
salutant ! ».
Me voici donc dans les entrailles de la bête...
Mes pieds n'ont pas foulé le sol que déjà ma tête
bourdonne et résonne
de ce brouhaha incessant s'élevant de tous les étages, rayons,
cabines
d'essayage, cafés... oui, je suis définitivement bien entrée
dans
l'arène. Luttant contre l'envie de rebrousser chemin, j'avance...
Mon premier adversaire : une vendeuse liftée me vantant les mérites
d'une nouvelle crème de renommée mondiale à l'Alphabetatetragamma
quelque chose aux effets « miraculeux » pour mon petit être
si
perfectible. Merci, sans façon, le résultat ne me semble pas vraiment
probant... j'esquive.
Je décide alors d'agir méthodiquement, voyons, bifurquons vers
le rayon
homme... après avoir fait tomber 2 chapeaux, écrasé le
pied d'une
vieille dame en détresse, m'être confondue en excuse pendant près
de 2
minutes tout en dissertant sur « le monde qu'il y a dans ces magasins
à
cette période de l'année », poussé le chariot qui
masquait le « plan »
du magasin, je parviens enfin à entr'apercevoir le numéro de l'étage
où
je dois me rendre : c'est le 2ème. Je me faufile entre un petit garçon
en pleurs dans les bras de sa mère débordée, et une victime
de la mode
toute « enlunettée ». 2ème étage. En guise
de costumes-cravates, je me
retrouve face à un ours en peluche géant qu'une dizaine de gamins
maltraitent... soit, je me dirige vers une vendeuse qui m'indique avec
la chaleur d'une porte de prison, qu'exceptionnellement, le rayon se
trouve au 4ème étage. Arrivée sur les lieux, je manque
de glisser sur
une boule de Noël qui traînait là, mais réussis à
me rattraper grâce à
un mannequin endimanché, sous l'oeil réprobateur d'un caissier
à la mine
patibulaire. J'avance. Nonchalamment, je regarde le prix d'une chemise
bleue toute simple, et bondis en le découvrant en me demandant s'il
s'agit bien du prix en euros. Je continue mon périple, entre le 2ième
passé au 4ème, le 3ème au 5ème... puis, après
être rentrée dans le
Père-Noël, je déclare forfait en maudissant ces cerfs fanatiques
sans
qui je ne serais jamais venue ici. Me revoici au Rez-de-Chaussée. A ma
grande surprise, des caméras suivent les pérégrinations
d'un homme noyé
dans la foule, se battant entre les perches de son et les poignées de
mains. Enfin, accrochée à une branche du sapin géant trônant
en plein
milieu du magasin, je parviens à distinguer le personnage, petit
bonhomme brun et notable ministre médiatique « flânant »
à ses courses
de Noël. Non, décidément, ce n'est pas mon jour et indirectement,
pas
celui de mes proches qui, à cause de cerfs, du froid, d'une vendeuse
liftée, de 2 chapeaux, d'une vieille dame, d'un caddie, d'un ours en
peluche géant, d'une vendeuse psychorigide, d'une boule de Noël,
du
Père-Noël et d'un ministre (absurde, n'est-il pas ?), n'auront rien
dans
leurs petits souliers, enfin, une autre fois, dans un autre lieu dont le
nom ne sera pas placardé sur tous les murs, sous-sols et écrans
français, peut-être?
4) LA PUBLICITÉ VA-T-ELLE DÉSERTER LE « PETIT ROBINSON
» ?
Le 16 octobre dernier, avant même que 44 pétitionnaires du quartier
du «
Petit Robinson » dans la ville de l'Ha-les-Roses (94), ne protestent
auprès de leur maire contre l'implantation d'un disgracieux panneau
publicitaire (excusez le pléonasme ! ) le 20 novembre, des mesures
avaient déjà été prises par ce dernier en faveur
de ses administrés,
auprès de l'afficheur Dauphin et de la propriétaire de l'emplacement
du
panneau.
Mieux. Non content de « partager tout à fait leur démarche
» au point de
l'anticiper, Patrick Sève, le dit Maire, propose de prendre des mesures
sur le long terme, un « règlement local de publicité »
interdisant une
implantation anarchique de celle-ci.
De plus, ce même maire s'engage à rendre le paysage urbain plus
esthétique et fonctionnel de par la mise en place de travaux
d'aménagements à divers endroits de sa localité. Il se
propose entre
autre de masquer des palissades jugées inesthétiques (espérons
qu'il ne
s'agira pas d'un masque publicitaire !).
Et pour ceux qui penseraient que tout ceci n'est que paroles en l'air,
et que par ces temps hivernaux, un fonctionnaire municipal ne va pas
mettre son nez dehors, qu'ils se détrompent... M. le Maire est aussi
un
bon communicant et, accompagné de la présidente du comité
de quartier,
s'est rendu (avec son nez, dehors donc) 6 jours après dans ce quartier
à
la rencontre des commerçants afin de leur exposer ces divers projets.
Bref, que pourrait-on reprocher au roi Sève tenant tête à
un puissant
Dauphin ?... Le seul mécontentement auquel il aurait à faire face
serait
peut-être celui de ses administrés qui verront qui verront peut-être
augmenter leurs impôts si M. le Maire programme trop vite ses travaux.
Mais gageons qu'en bon gestionnaire, il évitera ce piège et montrera
qu'on peut ménager la qualité de vie de sa cité sans ruiner
ses
administrés, en limitant notamment l'impact de l'affichage publicitaire
On observe en ce moment une accélération très nette de
la pression
publicitaire qu'exercent les échoppes de vente de journaux et magazines.
Il s'agit notamment des kiosques qui sont équipés presque
systématiquement aujourd'hui de panneaux publicitaires rétro éclairés
à
la gloire de magazines dont les couvertures ne sont pas des exemples du
meilleur goût. De plus en plus nombreux sont ceux qui sont en plus
défilants et sollicitent encore plus gravement l'attention du badaud...
ou du conducteur ! A ce titre, la disposition des kiosque sur les
trottoirs en renforce énormément la visibilité pour les
automobilistes
et l'impact en terme de sécurité routière.
Cela ne s'arrête pas là : nombre de marchand de journaux disposant
de
magasins (par opposition aux kiosques disposés sur les trottoirs)
n'hésitent pas à s'armer d'un véritable arsenal d'agression
du passant :
ce sont des chevalets toujours plus nombreux et toujours plus grands,
des volets qu'on ouvre à la perpendiculaire sur le trottoir, et qui là
aussi grandissent sans cesse et viennent à flirter avec la taille des
affiches de type "sucettes" !
Au total, l'effet est désastreux : perspectives urbaines saccagées,
tranquillité de l'esprit perturbée, insécurité routière
croissante,
encombrement des trottoirs, ambiance hyper sexualisée et incitation à
la
violence n'éloignent-ils pas les marchands de journaux de l'idéal
d'humanisme qu'on pourrait attendre de ceux qui devraient avant tout
être les vecteur d'une presse libre qui serait le ferment de l'esprit
critique et de la démocratie ? Vous objecterez que là aussi, il
y a
beaucoup à redire. Qu'à cela ne tienne, nous pourrons parler de
la
presse à l'occasion d'un prochain numéro.
Toutes les informations que vous venez de lire sont publiques, nous vous invitons
à les transmettre à toute personne susceptible d'être intéressée
: faites circuler !.
Pour tout renseignement (envoi d'un exemplaire de R.A.P.-Échos, notre
publication papier, adhésion, etc.) merci de prendre contact avec :
R.A.P. (Résistance à l'agression publicitaire)
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