R.A.P. a pour vocation de faire connaître les diverses
approches de la lutte antipublicitaire
sans pour autant adhérer à toutes les opinions et idées
d'actions formulées, dont elle laisse la responsabilité à
leurs auteurs.
Introduction :
Chers lecteurs,
Une conséquence de la publicité m'est apparue il y a une quinzaine
de jours environ. Ce fut une illumination, un flash soudain, l'exemple sous
mes yeux des ravages qu'elle peut engendrer.
Venons en au fait.
Après une « dure » (mais oh combien agréable !) journée
de travail consacrée à la lutte contre l'agression publicitaire,
je prends le bus, ligne 115, pour rentrer dans mes appartements. Comme tous
les soirs, je tâche de me faire une petite place entre le cabas de madame,
le sac de monsieur, le nez sous l'aisselle de ce jeune homme, pas trop loin
d'une barre me permettant une prise en cas de freinage brusque.
Arrêt « Mairie de Montreuil » où une marée humaine
attend l'arrivée du 115 :
Une vieille dame, après avoir difficilement atteint la sortie se trouve
face à cette vague de voyageurs, la plupart d'entre eux pénétrant
dans le bus par les portes arrière. (Pour ceux qui ne connaîtraient
pas les coutumes franciliennes, je précise que les portes arrière
sont normalement réservées à la descente, la montée
s'effectuant par l'avant.)
L'un d'eux, 45-50 ans, visage rougeaud, l'air jovial, l'allure du bon Français
d'en-bas pour reprendre une expression désormais commune, n'hésite
pas à la bousculer pour monter plus rapidement. La vieille dame ose à
juste titre le rappeler à l'ordre : « Vous pourriez laisser les
personnes descendre ! »
« Ben, je fais comme tout le monde » lui a-t-il répondu avec
un sourire béat, justifiant ainsi son incivilité.
Une fois passée l'irritation, qu'on ne peut s'empêcher de ressentir
face à tant de bêtise, ce petit fait en apparence anodin révèle
toute l'absurdité de notre société de consommation. «
Faire comme tout le monde », c'est bien le message qui nous est asséné
à longueur de journée, à coups de spots et d'images publicitaires.
Tout est justifiable, tout est permis du moment qu'on fait comme tout le monde.
Quelles qu'en soient les conséquences, pour votre porte-monnaie, pour
l'environnement, ou pour votre voisin, ne pensez qu'à vous en faisant
comme tout le monde !
Ceci ne doit pas nous faire oublier de remercier Stéphane qui a vaillamment
remplacé Samuel, notre administrateur de site, parti deux mois en voyage
de noces (félicitations !).
Notre système d'envoi de R.A.P.-à-Toile avait fait les frais d'une
attaque de pirates nous obligeant à envoyer le numéro 44 à
une ancienne liste de diffusion. Je peux adresser ce numéro à
quiconque m'en fera la demande.
Trois livres sont sortis ces derniers mois, que nous devons à des membres
ou à des proches de R.A.P. :
« De l'idéologie aujourd'hui », de François Brune
aux éditions Parangon (mars 2004), 12 euros.
« La désinformation par les mots », de Maurice Pergnier aux
éditions du Rocher (juin 2004)
« Casseurs de pub, un pavé dans la gueule de la pub » aux
éditions Parangon (juin 2004), 15 euros.
N'oubliez pas de stocker les prospectus reçus dans vos boîtes
aux lettres pour l'action nationale de déversement du 11 décembre
prochain.
Bonne lecture à tous.
1) TF1, VENDEUR DE TEMPS DE CERVEAU - d'après une
déclaration de Patrick Le Lay.
Patrick Le Lay, PDG de TF1, interrogé
parmi d'autres patrons dans un ouvrage paru cette année et intitulé
"Les dirigeants face au changement" (Editions du Huitième jour,
préfacé par Ernest-Antoine Seillière,
p. 92-93 - Paris 2004), livre sa conception de la télévision et
estime que le métier de TF1 est d'"aider Coca
Cola à vendre son produit".
"Il y a beaucoup de façons de parler de la télévision.
Mais dans une perspective « business », soyons réalistes
: à la base, le métier de TF1, c'est d'aider
Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit".
"Du temps de cerveau"
"Or pour qu'un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau
du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour
vocation de le rendre disponible: c'est-à-dire de le divertir, de le
détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons
à Coca-Cola, c'est du temps de cerveau humain disponible".
"Rien n'est plus difficile que d'obtenir cette disponibilité. C'est
là que se trouve le changement permanent. Il faut chercher en permanence
les programmes qui marchent, suivre les modes, surfer sur les tendances, dans
un contexte où l'information s'accélère, se multiplie et
se banalise".
"La télévision, c'est une activité sans mémoire.
Si l'on compare cette industrie à celle de l'automobile, par exemple,
pour un constructeur d'autos, le processus de création est bien plus
lent; et si son véhicule est un succès, il aura au moins le loisir
de le savourer. Nous, nous n'en aurons même pas le temps!"
"Tout se joue chaque jour, sur les chiffres d'audience. Nous sommes le
seul produit au monde où l'on « connaît » ses clients
à la seconde, après un délai de 24 heures."
Certaines personnes mal intentionnées ont déjà tenté
de répandre cette monstrueuse idée qui pourrait déstabiliser
la tranquilité moutonnière de notre civilisation du tube cathodique
:
Imprimer cette déclaration sur des affichettes ou des tracts et les diffuser
à la cantonade.
Utiliser de tous petits morceaux de bande adhésive (si possible repositionnable)
afin de l'apposer sur les téléviseurs en vente dans les supermarchés.
2) RÉVISION DU RLP À PARIS, explications sur
le règlement local de publicité - par F. Jourde.
La deuxième réunion pour la révision du RLP, Règlement
Local de Publicité, à Paris, a eu lieu à l'Hôtel
de Ville le mercredi 16 juin 2004 à partir de 9h00. Cette révision
devait résulter d'une série de sept réunions, de fréquence
à peu près mensuelle.
La première rencontre entre élus, afficheurs et représentants
des usagers, dont Michel Blain pour l'association « Paysages
de France » (à voix consultative seulement, cela va de
soi...) a eu lieu le jeudi 4 décembre 2003. Un tour de chauffe: les représentants
du système publicitaire ont bien évidemment demandé d'emblée
un assouplissement général du règlement, les usagers n'ont
pu que signaler le nombre considérable de dispositifs publicitaires en
infraction par rapport à un règlement local déjà
très permissif à leur égard.
Sans explication, le cycle avait été interrompu: la deuxième
réunion était initialement prévue pour janvier 2004. Il
est fort probable que les défenseurs de l'ordre publicitaire aient obtenu
un délai, dans un contexte médiatique défavorable à
leurs intérêts, au moment ou 62 individus non-violents étaient
assignés par la RATP et Métrobus
- filiale de Publicis concessionnaire de l'exploitation de
l'espace public géré par la RATP - pour avoir
barbouillé des affiches, et seulement des affiches, dans le métro.
Précisons au passage que les dommages et intérêts auxquels
ont été condamnés 9 de ces 62 individus le 28 avril sont
au profit de Métrobus S.A. et non de la RATP,
comme cela a été abusivement écrit partout: au total 16800
euros pour Métrobus S.A. (2500 euros par tête
pour six individus, 1800 euros in solidum pour trois autres) et 8 euros pour
l'établissement public RATP.
Précisons aussi que le domaine public du métro n'est soumis à
aucun règlement de publicité (sauf pour les usagers, auxquels
toute expression publique est interdite - lisez le règlement sur les
quais). Comme le précise Métrobus sur son site
internet, "tous les coups de pub sont permis !": pelliculage intégral
des stations, des rames, publicités au sol, au plafond, matraquage systématique
dans les couloirs, dans les moindres recoins où nos regards souhaiteraient
flâner un instant... L'absence de règlement institue de fait un
monopole d'expression de la publicité commerciale, au détriment
des activités gratuites ou à but non lucratif (arts plastiques,
poétiques, vie associative et politique locale) ou encore des petits
commerces de quartier, des nombreux petits musées et autres établissements
publics qui n'ont pas les moyens de se signaler, même discrètement,
dans le métro. Cette situation est-elle tenable dans une capitale culturelle
et politique comme Paris ?
Précisons enfin que le RLP de Paris déroge sur de nombreux points
à la loi nationale (loi 79-1150 du 29 décembre 1979 et ses divers
décrets d'application, code de l'environnement dans ses articles L.581-1
à L.581-45). Par exemple, la loi nationale interdit la présence
de toute publicité commerciale dans un rayon de 100 m autour d'un édifice
classé et dans son champ de visibilité. Si cette simple prescription
était respectée, il n'y aurait aucune publicité notamment
dans les 1er, 2e, 3e et 4e arrondissements qui font en totalité partie
du site inscrit de Paris. Mais le règlement local institue presque partout
des ZPR - Zones de publicité restreinte, longue vie à la novlangue
- qui permettent paradoxalement au mobilier urbain, aux panneaux géants
sur les palissades de chantier de défigurer notre cadre de vie et de
nous rappeler sans cesse à l'idéologie dominante de la consommation
forcenée, du tout-voiture et de l'aberrant « kat-kat » urbain.
A noter: les bâches, fresques publicitaires et autres valises géantes
d'une surface totale supérieure à 16 mètres carrés
sont dans tous les cas illégales, de même que les nombreux kiosques
à journaux qui arborent impunément plus de 6 mètres carrés
de publicité.
Laisserons-nous encore les afficheurs négocier de façon plus
ou moins occulte des conventions d'exploitation du domaine public qui nous lieront
à eux jusqu'en 2050 ? JCDecaux a déjà
obtenu de la Ville de Paris un monopole sur tous les obstacles urbains jusqu'en
2011... C'est signé, entériné, irréversible ! Laisserons-nous
nos élus accepter avec laxisme de nouveaux procédés publicitaires
audiovisuels, auditifs ou olfactifs ?
Aux armes non-violentes, citoyens ! Que ceux qui le souhaitent pratiquent à
titre individuel la désobéissance civile, dans un cadre de non-violence
clairement exprimé et assumé dans les confrontations avec les
forces de l'ordre anonyme, que les autres rejoignent les associations légalistes
Paysages de France et Résistance à l'agression
publicitaire. Tout individu ayant un minimum de conscience de la valeur
de nos espaces et services publics est concerné : les actions, de toutes
sortes, continueront jusqu'à ce que les élus, tant au niveau local
que national, aient pris les décisions législatives qui s'imposent.
3) LES ANTIPUB SONT-ILS ANTIDÉMOCRATIQUES : DÉBAT, échange
de courriels entre B. Delval et P. Mazy
NDLR : Le 20 avril 2004, Baptiste DELVAL nous faisait parvenir un courriel
dans lequel il nous fait part de son désaccord par rapport au combat
antipublicitaire, en faisant un superbe amalgame entre les associations légalistes
et les actions de barbouillages. Philippe Mazy, animateur de R.A.P.-Belgique,
a pris le temps de répondre à ses divers reproches. Cet échange
nous a paru suffisammment intéressant pour le reproduire ci-dessous.
Philippe Mazy ayant répondu dans le texte d'origine, nous avons encadré
ses propos entre deux lignes pour aider à la compréhension de
l'ensemble. Nous avons respecté l'orthographe authentique tout en parsemant
le texte de petits signes qui vous permettront de relever d'éventuelles
erreurs.
« En prévision de la semaine antipub, aux débats de laquelle
je ne pourrai malheureusement pas prendre part, je me permets de vous faire
parvenir ma modeste contribution aux questions de l'action antipub, du pouvoir
de la pub, et de la liberté de chacun. Le texte qui suit est issu de
mon blog personnel.
" En recouvrant cette expression citoyenne, la publicité prouvera
son caractère anti-démocratique "
Voilà ce qu'on pouvait lire sur une série de panneaux 4x3 de
la rue du Faubourg Saint-Antoine, pour peu qu'on en prenne la peine.
Je vous propose, en cette ère de haine anti-publicitaire (sic) exacerbée,
d'analyer (sic) un peu cette phrase qui, sous ses airs anodins, résume
assez bien le discours global des casseurs de pubs.
" En recouvrant cette expression citoyenne, la publicité prouvera
son caractère anti-démocratique "
Voilà les trois points essentiels de cette phrase.
Ce tag sauvage se vante donc d'être une expression citoyenne. Que penser
donc du fait que ce graffiti, sous ses airs de "bonne intention citoyenne",
porte atteinte à un bien privé ?
Il s'attaque à un support proposé par une entreprise d'affichage,
ainsi qu'à l'affiche qui y est apposée par un annonceur ayant
payé pour ce service. L'afficheur et l'annonceur sont ici deux personnes
qui n'ont aucun lien direct avec l'Etat ou même la Ville Paris (sic),
et donc, ne peuvent être considérés comme un espace d'expression
public, gratuit et libre. La pub n'a pas pour vocation de permettre l'expression
de chacun*. (*tout comme elle n'a pas pour but ni pour effet de l'empêcher.)
Ainsi, cette "expression citoyenne" ne peut, a priori, et avant même
de prêter attention à la teneur de son message, être considérée
comme un acte civique, puisqu'il est hors-la-loi. Et je ne parlerai même
pas pour le moment de légitimité.
___________________________________________________________________________
PM - Nous ne contestons nullement l'atteinte à un bien privé.
Mais contrairement aux « taggers » qui respectent la pub qu'ils
apprécient et dont ils adoptent les méthodes, le militant dont
vous incriminez l'expression limite son champ d'action à l'affiche publicitaire.
Nous considérons qu'il s'agit bien ici d'une expression citoyenne car
cette action s'inscrit dans le cadre d'une lutte contre une oppression, son
but est politique. Lorsque la loi favorise exclusivement les puissants au détriment
du peuple, il est un temps où ce dernier se voit amené à
la contester et à l'enfreindre.
Par son pouvoir d'achat qui n'a aucun équivalent dans le champ citoyen,
les multinationales publicitaires s'emparent du moindre espace de « communication
» possible qu'elles revendront à prix d'or à ceux qui ont
les moyens de les louer. Ainsi le citoyen, ou même les associations de
citoyens, ne trouvent que difficilement de la place (légale) pour s'exprimer
sans devoir s'aquitter d'une « taxe à l'expression » tout
à fait prohibitive.
Si autrefois il était possible aux militants politiques de s'adresser
aux autres citoyens, notamment par voie d'affichage, dans le paysage actuel
c'est devenu quasiment impossible.
L'accès aux médias, qui appartiennent eux aussi à de grands
groupes financiers, dépend pour les militants du « spectacle »
qu'ils peuvent offrir. Si leur action est illégale il y a de forte chances
pour qu'un écho médiatique soit assuré. Telle est la triste
loi médiatique aujourd'hui.
Vous remarquerez à ce sujet qu'en dix ans d'existence une association
légaliste comme R.A.P. compte bien moins d'articles de presse que ceux
engendrés par deux ou trois actions de barbouillage illégal dans
le métro ; et ce n'est pas faute d'accomplir un important travail.
A moins de considérer que les minorités ont toujours tort, il
faut corriger la loi et permettre un accès plus équitable à
la communication.
Allons, Monsieur Delval, trouvez-vous sain pour une démocratie qu'une
partie de la population soit réduite au silence parce qu'une autre partie
- finalement assez minoritaire - s'est accaparé les moyens de faire tellement
de bruit qu'on n'entend plus qu'elle ?
Or, la partie de la population que la pub incommode est supérieure en
nombre, et de loin, à celle qui en vit.
Trouvez-vous vraiment sain qu'une entreprise quelconque puisse investir l'espace
public et y faire des dizaines de milliers de fois plus de bruit que tous les
citoyens réunis ?
Franchement, je ne trouve pas cela très sain et je m'étonne (que
dis-je, je suis littéralement scié !) de vous voir montrer du
doigt comme l'oeuvre d'inciviques hors-la-loi ce tout petit graffiti, au ton
poli, apposé sur l'un des centaines de millions d'écrans géants
qui « égayent » nos paysages à longueur d'années.
Non, Monsieur Delval, nous sommes tous embarqués sur la même galère
et des règles de bienséance élémentaires se doivent
d'être enfin appliquées. Nous en avons marre de ce tapage. Si nous
devions faire autant de bruit que les publicitaires, le monde en perdrait certainement
l'ouïe. Il est bien plus sage de baisser le volume afin qu'on puisse s'entendre.
« La manière dont est évoquée "la publicité"
dans ce tag est tout à fait révélatrice de l'image que
l'on essaie de faire passer de ce média. On essaie d'en faire une sorte
de Big Brother, de toute puissance (sic) malsaine qui veut nous agresser et
nuire à notre santé morale (je ne l'invente pas, bien d'autres
graffitis se font le relais de ce genre d'idées). " LA publicité"
n'existe pas en tant que telle, et les anti-pubs (sic) me donnent vraiment l'impression
de se battre contre des moulins. Leur véritable ennemi (s'il en est un),
est à chercher ailleurs que dans cette idée abstraite de force
publicitaire.
Qui veulent-ils dénoncer ?
L'afficheur qui envahit l'espace urbain ?
L'annonceur qui chercherait à nous vendre ce dont on ne veut pas ?
Le pubard qui a pondu une idée de merde ?
Ou le directeur artistique qui a réalisé l'annonce comme un pied
?
"LA publicité est un terme générique qui voudrait
dénoncer tous ceux-là à la fois, mais l'attaque est trop
systématique pour être justifiée.
PM - Loin de nous l'idée de « complot » ou d'orchestration
de la manipulation par tous les acteurs publicitaires réunis. Mais nous
remarquons une conjonction d'intérêts qui finalement aboutit au
même résultat. Il existe de nombreux points communs entre la plupart
des messages publicitaires. Les valeurs que prône la publicité
en général sont celles de leur principaux commanditaires, c'est-à-dire
les grandes transnationales. À leur service, la publicité est
devenue propagande, c'est-à-dire un bourrage de crâne (ou matraquage)
destiné à modifier en profondeur les comportements de nos contemporains.
Ce n'est pas juste nous vendre quelque chose que veulent ces multinationales,
c'est bien plus que ça : elles veulent façonner un « homme
nouveau » selon le modèle qui convient à leurs prospectives
et à leur soif inextinguible de croissance et d'argent.
Ces nouveaux dominants peuvent se permettre une diffusion massive de messages
normatifs (des centaines de millions de messages tout au long de l'année)
destinés à saper toutes les valeurs qui pourraient nuire à
leur buts, comme par exemple la solidarité.
La pub prône principalement (presque exclusivement) des valeurs dégradantes,
celles qui autrefois étaient désignées comme les "sept
péchés capitaux": égoïsme, paresse, jalousie,
avidité, gourmandise, luxure, orgueil... valeurs qui ne peuvent que rendre
malheureux ceux et celles qui les adoptent.
Normal : le but des publicitaires est bien de nous rendre malheureux, car c'est
dans cet état que nous consommons le plus (recherche de compensations).
Une autre conséquence de l'adoption de ces valeurs est de nous isoler.
En effet, qui voudrait se lier d'amitié avec un hyper égoïste,
jaloux, envieux et paresseux ? La stratégie n'est pas neuve: diviser
pour régner a toujours été la tactique de base de tous
les dominants.
On peut donc remarquer que, si les publicitaires n'ont pas d'entente secrète
et ne planifient pas ensemble le conditionnement des esprits, leur action conjuguée
aboutit aux mêmes effets que la propagande diffusée dans les régimes
totalitaires : omniprésence du même type de discours à l'exclusion
des autres, pas d'espace prévu pour la contradiction, dissimulation des
buts réels (la propagande ne fonctionne que si elle n'est pas ressentie
comme telle), promotion massive d'une idéologie (croissance infinie,
individualisme, surconsommation, etc.), c'est-à-dire une action politique.
Par ailleurs, dans un régime qui voudrait rester démocratique,
personne ne trouverait anormal que s'exprime, notamment dans la rue, une contestation
du pouvoir en place. Or, aujourd'hui le pouvoir réel, c'est-à-dire
celui d'influer sur l'évolution de la société, semble appartenir
davantage aux transnationales qu'aux politiques bien trop souvent démissionnaires
et ayant, contrairement aux premiers, une vision à court terme (limitée
à la durée de leur mandat).
La pub étant le vecteur d'expression principal des nouveaux dominants,
il est normal d'exprimer la contestation à la source. C'est ainsi que
la publicité, détournée de son sens initial (celui de fournir
une information commerciale disponible et non imposée), est naturellement
devenue la cible de tous ceux qui veulent combattre la mise en place de la domination
néolibérale. La propagande étant une des armes de guerre
les plus efficace, quoi de plus normal que de tenter de la saboter, notamment
en diffusant une contre-propagande, là-où-ça-se-passe ?
« Je m'amuse beaucoup, enfin, quand j'apprends que la publicité
serait "anti-démocratique". Passons sur la faute d'orthographe
(on se dispensera du trait d'union). En gros, les individus qui diffusent ce
message prétendent que la communication publicitaire est de nature à
empêcher les citoyens (ou du moins, va à l'encontre du principe
selon lequel chacun est libre) d'exercer la souveraineté qui leur est
accordée par la doctrine politique en vigueur actuellement.
Je sais, ce n'est pas ce qu'ils veulent dire en premier lieu. Mettons nous
(sic) à leur portée (puisqu'eux (sic) le font avec difficulté),
et abordons le débat dans le sens où la publicité serait
un média qui vise à nuire à notre aptitude à penser,
exprimer nos idées et même agir. Pire, la pub voudrait nous manipuler,
pour diriger notre pensée, notre liberté d'expression et nos agissements.
Je citerai à ce titre Patrice Chevallier, directeur d'agence: "le
premier message de la publicité, c'est que c'est de la publicité.
[...] Le but préalablement annoncé de la publicité représente
son extrême difficulté, celle d'obtenir de la crédibilité.
Et il y a en même temps, dans cette finalité dévoilée,
une impossibilité de manipuler qui lui donne ses lettres de noblesse
au fur et à mesure que le monde de l'informtion (sic) perd de sa transparence.
Si je veux aujourd'hui manipuler, je n'utilise pas, et pour cause, la publicité,
mais les techniques de l'information [...]"
« Ainsi, pour prendre franchement parti, je dirai que les véritables
antidémocrates sont les antipubs, qui souhaiteraient qu'on interdise
aux annonceurs de communiquer sur leur(s) offre(s).
PM - Faux. Les antipubs ne veulent pas interdire aux annonceurs de communiquer,
ils veulent que la pub disparaisse de l'espace public où elle n'a rien
à faire et réintègre les espaces commerciaux où
elle pourrait être à sa place. Ils veulent que la pub soit une
information commerciale disponible et non plus imposée (à grande
échelle).
« Un peu d'histoire-fiction: il n'est pas difficile d'imaginer qu'un jour,
poussant à l'extrême leurs théories, les casseurs de pubs
s'en prennent à des personnes arborant de manière un peu trop
ostentatoire un sweat-shirt orné du logo Airness, un sac Louis Vuitton,
ou bien une poche en plastique venant de la Fnac. Car en effet, ces marques
nous sont imposées quotidiennement dans la rue, dans le métro,
au travail, par les gens qui nous entourent. Cette forme de communication n'est
pas à proprement parler agressive, elle n'est certes pas sollicitée,
mais ne nous enfermons pas dans un totalitarisme "no-logesque".
PM - Si les marques incitent les gens à porter leur uniforme, les antipubs
peuvent inciter à la créativité personnelle. Il n'y a pas
de totalitarisme dans ces objectifs-là. Nous n'irons jamais agresser
personne qui arbore un logo de marque.
« De la même sorte, cet immeuble dont l'architecture a mal vieilli,
ou bien qui est tout simplement laid, mais dont la vue m'est imposée
quotidiennement: vais-je aller le sacager (sic) ? le faire sauter ? ou bien,
si je suis plus modéré, vais-je aller en réclamer la destruction
auprès de son propriétaire ?
Cette racaille dont l'arrogance m'agace, cette vieille femme perruquée
avec son manteau de fourrure, cet homo qui roule des fesses et parle avec une
voix haut-perchée... m'en prendrai-je à eux sous prétexte
qu'ils envahissent mon espace et nuisent à ma tranquilité (sic)
?
PM - La comparaison ne semble pas très judicieuse. Un bâtiment,
ce n'est pas une ville uniforme, la vieille femme avec son manteau de fourrure,
il n'y en a que quelques-unes et je peux passer une année complète
sans en rencontrer. Par contre, si une multinationale fait une campagne arrogante
mettant en scène un « phénomène » que je trouve
déplaisant, je ne passerai pas une semaine sans devoir en subir des centaines
de reproductions. Voilà où est la « nuance ».
« Nous sommes chaque jour assaillis par des images et des bruits que nous
ne sollicitons pas, et la pub n'en constitue qu'une partie.
Certes, elle est très souvent laide, inintéressante, parfois réductrice...
Mais l'attitude et la démarche des antipubs pour moi se résument
en une phrase que l'on a répondu (sic) à cet article: "je
trouve que ma liberté est plus grande que la prétendue nécessité
de me vendre des jean's, du yaourt ou des vacances à grandes lapées
de colle et d'affiche. »
PM - L'illusion de la liberté fait partie du conditionnement. Cette prétendue
liberté se résume à bien peu de chose. Nos choix véritables
se limitent souvent au choix entre tel et tel produit, mais les choix fondamentaux
portant sur le type de société à venir sont de plus en
plus inaccessibles. La pub, en effet, nous baigne dans une illusion d'euphorie
et de gaieté, mais cet écran souriant et mielleux ne résiste
pas longtemps à l'analyse.
Derrière les affiches et les spots speedés, on trouve une autre
réalité bien moins onirique : conditions de travail lamentables,
des files de milliers de candidats pour le moindre poste de travail, des logements
au prix exorbitant, de la nourriture industrielle à des prix fous, des
déserts affectifs, des millions de solitudes, une grosse consommation
de drogues dures, une dévastation du patrimoine naturel, j'en passe et
des meilleures.
Ma liberté est grande, mais les contraintes deviennent insoutenables.
« Voilà où se trouve (sic) deux gros points du problème:
nous nous retrouvons tous dans une idée de souveraineté de nous-même
, le moi, je (sic) est devenu un art de vivre (qui finalement appartient surtout
à une nouvelle catégorie sociale, les comblés, qui constituent
pour l'essentiel le mouvement des antipubs).
« Deuxièmement, on confère (une fois de plus) à la
pub des vertus presque magiques (et même de magie noire) qui nous font
acheter, consommer, dépenser, dilapider... Je maintiens ma position sur
le fait que la pub ne nuit en rien à notre liberté d'acheter ou
pas. Du moins pas à la mienne, et il ne me semble pas que je sois supérieur
à la moyenne de nos concitoyens.
PM - Je connais peu de gens qui admettent être manipulés, c'est
bien trop humiliant. Pourtant la pub fonctionne, les annonceurs ont les yeux
braqués sur les chiffres. Si ça ne fonctionnait pas, ça
ce saurait !
Je connais aussi des consommateurs d'héroïne (et des fumeurs) qui
affirment avoir le contrôle sur leur consommation, mais en réalité
jamais il ne tentent de mettre leur croyance à l'épreuve. Essayez
de réduire votre consommation et nous en reparlerons. Mais peut-être
estimerez-vous cela inutile, car vous êtes sûr de vous.
« Je vous laisse chacun face à vos idées, votre conscience,
votre propre jugement. Toute cette littérature ne fera pas changer d'avis
les gentils antipubs, ne fera que conforter les idées de certains innocents
communicants, et sera approuvée ou réfutée par tous ceux
qui ont encore besoin de se faire leur propre avis. Je n'en demande pas plus.
*tout comme elle n'a pas pour but ni pour effet de l'empêcher.
Il est d'autres questions que j'aurais aimé prendre le temps de traiter,
tout comme la légitimité ou non de l'inculpation de 62 inculpé-e-s
antipubs, ou bien encore la question (certes différente) de l'abolition
des transports payants, mais il me semble que le texte qui précède
est déjà suffisament (sic) long et dense pour ne pas monopoliser
davantage votre énergie et votre attention.
Merci pour le temps que vous aurez bien voulu consacrer à la lecture
de ce message.
4) PALMARES DES EMISSIONS DE CARBONE HEBDOMADAIRES ou la promotion de la pollution
automobile par les grands hebdos - par RAGA (Résistance à l'Agression
Automobile).
(1) Densit de publicit automobile (pages de pub / nombre de pages total)
(2) Consommation moyenne (l/100 km cycle mixte)
(3) missions moyennes de CO2 (g/km)
Le secteur des transports est responsable d'environ un tiers des émissions
nationales de CO2 (principal gaz à effet de serre) d'origine humaine.
Ce secteur, en plus d'être le plus gros émetteur, est aussi celui
dont la croissance des émissions a été la plus rapide (+
21% en 12 ans) et 80% de l'augmentation annuelle des émissions de CO2
en 2003 lui est imputable.
La voiture individuelle, avec 45% des émissions du secteur est la première
responsable devant les poids lourds (21%).
Dans ce contexte il est totalement irresponsable et inacceptable de laisser
les constructeurs automobiles et leurs relais médiatiques faire une promotion
massive de véhicules massivement polluants ; sur les huit hebdomadaires
étudiés, sept consacrent de 2,5% à 8% de leurs pages à
la promotion automobile et la moyenne des émissions par hebdomadaire
s'étend de 175 à 215 gCO2/km alors même que l'ADEME a recensé
135 modèles de toutes tailles émettant moins de 120 g/km sur le
marché en 2003.
Sur les 38 réclames étudiées, 16 véhicules émettent
plus de 200g/km et 4 plus de 300g/km !
Marianne se distingue en ne faisant aucune promotion pour l'automobile.
En vertu du Code de l'Environnement (article L 224-1), la promotion de tels
véhicules émettant plus de 120gCO2/km représente une incitation
à la pollution et au gaspillage d'énergie qui doit être
interdite.
- Emissions de CO2
Paris Match arrive largement en tête des émissions de dioxyde
de carbone avec une moyenne de 276,3 g/km sur 7 publicités. Cette performance
est due à la promotion de véhicules particulièrement sales
dont la Mercedes Classe E (310g/km), le Subaru Forester (328g/km) et surtout
le Land Rover Dicovery3 qui présente le plus fort taux d?émissions
du palmarès avec 397g/km, ce qui est proche des 400g/km du G500 Mercedes,
véhicule le plus polluant du marché. Land Rover avec Audi sont
par ailleurs les seuls annonceurs du palmarès qui n'affichent pas leurs
consommations et émissions...
(ndlr : ont-ils plus honte des émissions de leurs voitures que d'enfreindre
la loi qui impose l'affichage de cette information sur les publicités
automobiles ?)
Sur les six hebdomadaires étudiés, seuls Paris Match et Le Point
(avec la Volvo XC90 ; 309g/km) osent présenter des véhicules émettant
plus de 300 g de CO2 au kilomètre.
Cinq journaux présentent un taux d'émissions compris entre 190
et 215 g/km : Télérama, Le Nouvel Observateur, L'Express, Le Point
et Courrier International.
Enfin VSD se démarque avec un taux d'émissions moyen de 175 g/km
et aucun véhicule n'émettant plus de 200g de CO2 par kilomètre.
- Densité de publicité automobile
Mention spéciale pour le Nouvel Observateur qui n'offre pas moins de
douze pages de publicité automobile sur un total de 150 pages soit une
densité de 8%.
On trouve juste derrière Télérama avec huit pages dans
sa partie magazine (111 pages) soit 7,2% et bien sur Paris Match avec 9 pages
soit 6%.
Les quatre autres hebdomadaires se tiennent avec environ 3 à 4% de publicité
automobile, la moins grande densité étant obtenue par Le Point
avec 2,53%.
5) PROTÉGER LES ENFANTS DE LA PUBLICITÉ DANS LES ÉCOLES
- par les élèves de l'école primaire de Saint-Michel-de-Double.
Samedi 5 juin 2004, 16 élèves de l'école primaire de Saint-Michel-de-Double
(Dordogne) ont fait une proposition de loi « Visant à protéger
les enfants de la publicité dans les écoles », reproduite
ci-dessous, au 11e Parlement des Enfants. Le 24 mai 2004, ils s'étaient
déjà illustrés dans la lutte contre les agressions publicitaires
en froissant puis déversant, au pied d'un marronnier d'une place de Saint-Astier,
30 kg de prospectus collectés pendant trois mois dans leurs boîtes
aux lettres.
Exposé des motifs :
Mesdames, Messieurs,
Aujourd'hui la publicité est partout :
télévision ; radio ; journaux ; magazines ; affiches devant les
écoles ; internet ; cinéma.
Nous avons constaté qu'il y avait beaucoup de publicité pour les
enfants, notamment en période de Noël. En France, au moins 3 millions
d'enfants sont la cible de la publicité.
Or nous en craignons les conséquences sur la santé :
l'obésité ; l'alcoolisme ; le tabagisme
ainsi que sur l'environnement :
la destruction du paysage ; l'augmentation des déchets
Aussi, la publicité est créatrice d'inégalités entre
les enfants.
C'est pourquoi nous présentons ce projet de loi, afin de tenter de protéger
les enfants de la publicité dans les écoles.
Proposition de loi
Article 1er
Les activités pédagogiques effectuées dans la classe ou
hors de la classe (visites) ne doivent pas présenter le nom de l'entreprise.
Article 2
Les panneaux publicitaires ne doivent pas se trouver à moins de 300m
des écoles.
Article 3
Il est interdit de mettre des affiches publicitaires, ou portant le nom d'une
marque, dans la classe.
Article 4
La distribution d'échantillons ou de tracts publicitaires est interdite
à la sortie des écoles.
6) SUR LE FRONT DES BOÎTES AUX LETTRES
: Projet de loi déposé au 11e Parlement des Enfants, déversement
de prospectus et autocollant du Ministère de l'Écologie - par
Nelly Ruscassié
Juin fut un mois faste en matière de lutte contre les publicités
non désirées dans les boîtes aux lettres. Jugez-en vous-même
:
- Samedi 5 juin 2004, plusieurs militants antipublicitaires se sont réunis
devant la Mairie du XIXe pour déverser les prospectus reçus dans
leurs boîtes aux lettres les semaines précédant l'action.
Entre 14h et 17h, 2,5 à 3 tonnes de papier ont été entassées.
Des actions similaires ont eu lieu à Tours, Rouen, Amiens, Lille, Limoge.
Une nouvelle action nationale de déversement de prospectus est prévue
le 11 décembre 2004, à l'appel de R.A.P., Chiche,
BAP, le CNIID (Centre National d'Information
Indépendante sur les Déchets), Casseurs de Pub,
...
- Mercredi 16 juin 2004 : le Ministre de l'écologie, Serge Lepeltier,
a annoncé la création d'un autocollant stop publicité à
apposer sur sa boîte aux lettres dans le cadre de la semaine du développement
durable et de la réduction des déchets à la source. Un
million d'étiquettes vertes et blanches portant l'inscription «L'abus
de prospectus est dangereux pour ma planète... Merci d'épargner
ma boîte aux lettres» ont été imprimées. Cette
initiative est à saluer, même si on peut regretter le manque de
lisibilité de ces autocollants et l'absence de législation garantissant
le respect de notre refus de publicité par les distributeurs. Serge
Lepeltier a cependant précisé qu'en cas de non-respect
des autocollants, une loi pourrait être votée en 2005.
Promesse en l'air ou véritable engagement ? C'est à nous de concrétiser
ces paroles en dénonçant auprès du ministère concerné
tout dépôt de prospectus non désiré dans nos boîtes
aux lettres.
7) R.A.P. FÊTE LA MUSIQUE - Discours
de M. Blain à propos des afficheurs.
R.A.P. a tenu un stand lors de la fête de la musique
et a appelé tout musicien à venir jouer dans ce lieu et toute
personne à s'exprimer sur la publicité. Nous retranscrivons ci-dessous
le discours qu'à fait Michel Blain, responsable de « Paysages de
France » en Île-de-France, à cette occasion.
« La musique que nous fêtons ici ce soir est l'expression même
du respect : Respect des autres et de la diversité des cultures musicales.
Il y a pourtant des gens qui veulent uniformiser nos cultures et nos modes de
consommation : Ce sont les afficheurs !
Et pour parvenir à leurs fins, ils ne respectent rien !
Ils ne respectent pas nos campagnes : De nombreux dispositifs sont implantés
hors agglomération.
Ils ne respectent pas les Parcs Naturels Régionaux.
Ils ne respectent pas les monuments historiques ; on en a un exemple en ce moment
même devant la tour Saint Jacques
Ils ne respectent pas la dignité humaine : Les femmes ne sont que des
faire-valoir (femmes objets, nunuches ou fantasmes sexuels), les hommes à
leur tour ne sont pas oubliés.
Ils ne respectent pas la décence la plus élémentaire en
déshabillant ostensiblement les femmes et les hommes.
Ils ne respectent pas la législation réglementant l'affichage
: contrairement à ce que l'on pourrait croire, on ne peut pas installer
des affiches n'importe où, n'importe comment. Les publicitaires n'en
ont cure. Notre association relève régulièrement des infractions
au code de l'environnement.
Ils ne respectent pas les mises en demeure des pouvoirs publics : De temps en
temps des fonctionnaires finissent sous la pression par rédiger des constats
d'infraction et des mises en demeure qui restent lettre morte.
Ils ne respectent pas les décisions de justice. On en a un exemple actuellement
à Levallois Perret où une publicité lumineuse condamnée
par le tribunal administratif est toujours en place !
Ils ne respectent pas les Règlements Locaux de Publicité : à
Charenton le Pont, à Sainte Geneviève des Bois et même à
Paris des dispositifs illégaux sont toujours en place.
Ils ne respectent pas la sécurité routière en implantant
leurs dispositifs de façon à détourner
l'attention des conducteurs.
Ils ne respectent pas les actuelles campagnes visant à économiser
l'énergie : les publicités de nos jours sont éclairées
et mobiles.
Ils ne respectent pas votre quartier (vous en avez des exemple ici)
Et il faudrait en plus que nous les respections ? »
8) POUR UNE VRAI LOI CONTRE LE SEXISME ET L'HOMOPHOBIE
- par F. Montreynaud
Le conseil des ministres a approuvé le 23 juin 2004 un projet de loi
contre les propos discriminatoires sexistes et homophobes. Quand cette loi sera
votée, les responsables de publicités sexistes pourront être
poursuivis pour provocation à la discrimination, à la haine et
à la violence sexiste et/ou homophobe.
On peut aussi espérer que l'autodiscipline et/ou la peur du gendarme
produiront enfin leurs effets, car les publicitaires auront toute liberté
pour exprimer leur inventivité à l'intérieur du nouveau
cadre posé par la loi.
Depuis que j'ai lancé, le 8 mars 1999, le mouvement des Chiennes
de garde contre les insultes sexistes, puis, en septembre 2000, La
Meute contre la publicité sexiste, des dizaines de milliers
de personnes ont signé les Manifestes demandant au gouvernement français
le vote d'une loi antisexiste.
Pour la première fois en cinq ans, une réponse concrète,
positive, mais partielle est apportée par les pouvoirs publics.
En effet, le projet de loi opère une distinction injustifiable entre
sexisme et homophobie. Seules la diffamation et les injures homophobes seront
pénalisées, mais pas celles qui sont uniquement sexistes.
La Meute demande que le législateur traite le sexisme
à l'égal de l'homophobie.
La Meute (4 054 membres à ce jour) s'associe au texte
par lequel l'association Chiennes de garde lance un appel au
gouvernement et aux élus « pour une vraie loi antisexiste, pour
une loi juste ». Cet appel a déjà été signé
par de nombreuses personnes et associations. Vous pouvez vous joindre à
elles à titre individuel en le signant sur le site http://chiennesdegarde.org/article.php3?id_article=323
J'ai cofondé l'association Chiennes de garde en septembre
1999 : celle-ci aura donc bientôt les cinq années d'existence qui
lui donneront la capacité de saisir la justice pour des discriminations
sexistes.
La Meute n'est pas une association, mais un réseau. En près de
quatre années, nos actions ont contribué à l'évolution
des mentalités.
Nous avons accompli un travail pédagogique en dialoguant avec des milliers
de personnes dans des lieux publics au sujet de publicités sexistes.
De nombreux médias ont rendu compte de nos manifestions dans la rue,
relayant nos analyses et nos demandes.
Nous sommes intervenus auprès d'annonceurs, nous avons obtenu le retrait
de publicités et la modification de campagnes. Nous constatons que les
annonceurs et les publicitaires ont pris acte de notre existence, mais que les
publicités sexistes continuent.
Si quelque chose a changé en France, à la fois dans l'opinion
publique et chez les responsables politiques, c'est en grande partie grâce
à nous. Restons vigilant-es ! Il faut maintenant faire aboutir notre
demande d'une loi juste, et poursuivre notre travail pédagogique jusqu'à
ce que l'esprit de la loi passe dans les faits. Pour obtenir le respect, ensemble,
continuons à dire NON à la publicité sexiste !
Avis ! Le service gouvernemental qui recueille les réclamations concernant
des publicités sexistes diffusées en France a changé de
localisation :
par téléphone : 01 55 55 49 50 (en laissant un message sur un
répondeur)
par courriel : pubsexiste at
cab.parite.gouv.fr
par la poste : Ministère de la Parité et de l'Égalité
professionnelle, 8, avenue de Ségur, 75007 Paris (précisez sur
l'enveloppe 'publicité sexiste')
Je vous invite à l'utiliser. Merci d'envoyer une copie de votre message
à La Meute, pour le site.
À bientôt ! Florence Montreynaud
La Meute contre la publicité sexiste
Maison des femmes, 163, rue de Charenton, 75012 Paris
site : http://lameute.org.free.fr
Pour vous joindre à un autre réseau féministe, qui organise
des actions dans d'autres domaines, signez le
Manifeste "Encore féministes !" sur le site http://encorefeministes.free.fr
9) SPONSORS ET PARIS-PLAGE : Intervention
de Charlotte Nenner au Conseil de Paris le 6 juillet 2004
NDLR : DE NOMBREUSES MARQUES CITEES DANS L'ARTICLE ONT ETE SUPPRIMEES ET REMPLACEES
ENTRE CROCHETS PAR [MARQUE DE TEL TYPE DE PRODUIT]
Intervention de Charlotte Nenner au Conseil de Paris le 6
juillet 2004
Le grand succès populaire de Paris-Plage est désormais incontestable.
C'est une belle illustration des bienfaits d'une ré appropriation des
voies sur berges de la Seine, abandonnées le reste de l'année,
sauf les dimanches, au tout-automobile. Nous nous réjouissons donc du
lancement de Paris Plage 2004 qui nous n'en doutons pas aura le même succès
que les précédentes éditions.
Néanmoins, nous nous inquiétons de la place grandissante des
partenaires-sponsors dans le financement de Paris Plage et sur les lieux mêmes
de la manifestation.
Les conventions passées avec 15 entreprises montrent combien le recours
aux sponsors est devenu non pas un apport complémentaire, mais bien le
principal et majeur apport financier de l'opération. L'apport des sponsors
est de 1 378 640 euros pour un bugdet de 1 590 170 euros, soit plus de 86% du
budget de Paris Plage.
Certains pourront bien évidemment se réjouir de voir l'argent
du contribuable ainsi « sauvegardé ». Mais il faut cesser
de considérer la publicité comme de l'argent facile, qui tombe
du ciel. La publicité, ce sont bien évidemment les consommateurs
qui la payent in fine.
Et l'importante participation d'entreprises au financement d'opérations
municipales ne va pas sans risques, ni sans contreparties, surtout avec une
telle proportion argent public / argent privé.
Premier risque : l'atteinte à l'indépendance
On se doute bien que la liberté de ton et les orientations peuvent être
influencées par les partenaires, qui peuvent devenir envahissants. Et
quelle capacité de critique et de distance pourrons-nous avoir vis-à-vis
de ces entreprises ? Si une d'entres elles s'illustre pour ses forts rejets
en gaz à effet de serre (un cimentier), ou si l'autre décide de
fermer brutalement un de ses magasins, mettant sur le carreau des dizaines d'employés
? Que dira la Ville ? Sans garde-fous et avec une part trop importante dans
le financement, l'indépendance de la ville est mise à mal.
Deuxième risque : l'envahissement publicitaire
Les sponsors s'imposent et les contreparties publicitaires sont de plus en plus
visibles. La place des logos à Paris Plage risque de transformer cette
belle fête en foire commerciale. C'est aussi une forme de privatisation
de l'espace public qui pose problème, surtout lorsqu'elle se déroule
au mépris des zones de publicité interdites.
Troisième risque : le fourvoiement d'un service public
en opération commerciale
Sans vigilance ni garde-fous, la publicité et les partenariats envahiront
petit à petit les services publics et même la sphère démocratique
: on risque de voir un jour « cet affichage municipal a été
réalisé avec l'aide de [nom d'une société d'affichage
publicitaire] », "Cette crèche a été réalisée
avec le concours de [marque de couche-culotte] », « Ce conseil de
Paris vous est offert part le dentifrice tartempion »,...
Cela vous paraît incroyable et impossible ?
Il faut être lucide et savoir réagir, car, de plus en plus les
limites du champs publicitaire sont franchies, comme on peut le voir avec la
publicité à l'école.
Ce phénomène ne concerne pas uniquement Paris Plage mais un grand
nombre d'opérations menées par la Ville. Derniers exemples en
date : la diffusion des matchs de l'Euro sur le Parvis de l'Hôtel de Ville,
sponsorisée par [marque de téléphonie mobile], avec un
écran géant diffusant de la pub toute la journée, l'apéritif
servi sur le parvis aux Parisiens le mois dernier grâce à [marque
de restauration rapide], des banderoles de soutien à la candidature de
Paris aux JO 2012 garnies de logos sur les frontons des mairies, les rubans
[marque de chaussures et vêtements de sport] pour les accréditations
du festival Paris-Cinéma ...
La Ville de Paris doit-elle continuer à s'engager dans cette voie au
risque de faire perdre leur âme auxdites manifestations, en les livrant
même partiellement à la loi du marketing et du marché ?
Il est important de réagir et de lancer enfin une réflexion d'ensemble
sur le recours au sponsoring par la Ville pour l'organisation d'évènements
et sur la place des partenaires au sein desdites manifestations
10) MÉFAITS PUBLICITAIRES : DÉMARCHAGE
TÉLÉPHONIQUE ET DÉRANGEMENT - par P. Dorison
Pour lutter contre le démarchage téléphonique (cuisines,
fenêtres, etc.) voici ce que je fais : je prends systématiquement
rendez-vous et quand la personne vient je lui dis (ou je lui laisse un mot si
je suis absent) : "vous m'avez dérangé, je vous ai dérangé,
nous sommes quittes !". À en juger par la réaction de mes
"invités" je touche là où ça fait mal
et je crois que si seulement 10% des personnes persécutées par
le démarchage téléphonique agissaient comme moi, ledit
démarchage ne serait plus rentable pour ses utilisateurs.
Si vous avez un moyen de promouvoir ma méthode (je dis ma méthode,
mais peut-être ne suis-je pas le seul à procéder ainsi)
allez-y. Plus ils se déplaceront pour rien, moins ils nous casseront
les pieds.
Merci de votre attention.
Toutes les informations que vous venez de lire sont publiques, nous vous invitons
à les transmettre à toute personne susceptible d'être intéressée
: faites circuler !
Pour tout renseignement (envoi d'un exemplaire de R.A.P.-Échos, notre
publication papier, adhésion, etc.) merci de prendre contact avec : R.A.P. (Résistance à l'agression publicitaire)
53, rue Jean-Moulin, 94300 Vincennes
tél. : 01 43 28 39 21 (tcp. : 01 58 64 02 93)
Adhésion : 15 euros
Adhésion petit budget : 7,50 euros
Abonnement à R.A.P.-Échos : 5 euros.
Notre permanente assure la permanence téléphonique lundi, mardi
et jeudi de 10 h à 13 h (on pourra également nous joindre en dehors
de ces horaires, sans certitude de présence toutefois).
Réunions mensuelles : calendrier au début de ce message, renseignements
supplémentaires au 01 43 28 39 21 ou à contact
at antipub.org.
Paysages de France
(association qui lutte notamment contre l'affichage publicitaire envahissant)
MNEI
5, place Bir-Hakeim, 38000 Grenoble
Tél. & tcp. 04 76 03 23 75 http://paysagesdefrance.free.fr
Le Publiphobe, association concurrente de R.A.P.
(diffusion d'une feuille sporadique par abonnement)
B.P. 20012, 94211 La Varenne-Saint-Hilaire Cedex
Tél. 01 41 81 69 17
Tcp. 01 42 83 45 01
R.A.P. Belgique
96, rue Le Lorrain, 1080 Bruxelles
Tél. 02 / 426 91 91 http://www.antipub.be
Brisons nos chaînes
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145, rue Amelot, 75011 PARIS.