R.A.P. a pour vocation de faire connaître les diverses
approches de la lutte antipublicitaire
sans pour autant adhérer à toutes les opinions et idées
d'actions formulées, dont elle laisse la responsabilité à
leurs auteurs.
Introduction :
Chers lecteurs,
L'impossible n'existe pas dans le monde de la publicité.
Après avoir envahi nos villes de panneaux plus hideux les uns que les
autres, inondé nos boîtes à lettres et nos boîtes
à mel de propositions pas vraiment décentes, nos télécopieurs
de suggestions en tout genre, nos écoles de distributeurs de boissons
et autres support, après avoir ensaché nos bus et métros
aux couleurs de diverses marques, c'est à présent nos cours d'eau
qui sont atteint par ce mal publicitaire. Un fabriquant de voitures n'a en effet
rien trouvé de mieux que de présenter sa nouvelle voiture en l'exposant
sur une sorte de radeau posé sur la Loire (photos disponibles sur demande).
Rappelons que la vallée de la Loire est maintenant classée au
Patrimoine mondial de l'Unesco, mais cela, nous le savons, ne pèse rien
sur la décision lorsqu'il s'agit de faire un « coup » publicitaire,
l'Himalaya n'a-t-il pas été repeint aux couleurs d'une marque
de boissons gazeuses ?
Il est plus que temps de réagir, à titre individuel ou collectif
à cette déferlante de messages commerciaux. Nous espérons
qu'une fois encore, ce numéro de R.A.P.-à-Toile, à défaut
de vous donner des solutions à tous les problèmes posés
par la publicité, vous aidera dans votre combat quotidien contre ce fléau
et permettra à la plupart d'entre vous d'appréhender un peu mieux
les enjeux de la propagande commerciale à laquelle nous sommes quotidiennement
soumis.
1) LE JEU « LES MASTERS DE L'ÉCONOMIE »
JUGÉ ILLÉGAL.
Une étape supplémentaire dans la lutte contre la marchandisation
de l'école vient d'être franchie. C'est en effet une grande victoire
que vient de remporter Gilbert Molinier (1), professeur de
philosophie au lycée Auguste Blanqui de Saint-Ouen.
Il avait déposé en 2000 un recours auprès du Tribunal administratif
afin d'annuler la décision prise par le proviseur du lycée où
il enseigne d'autoriser la banque « Crédit industriel et commercial
» à organiser un jeu-concours « Les Masters de l'économie
», déjà connu des lecteurs de R.A.P.-à-toile, dans
l'enceinte de son établissement. (Pour plus d'informations : http://www.molinier.org)
Le 1er juillet 2004, le tribunal administratif de Cergy-Pontoise a déclaré
illégale l'autorisation de ce jeu.
Extraits du jugement :
« Considérant que ce jeu n'a pu se dérouler dans l'établissement
sans l'accord au moins verbal du chef d'établissement ; que ce jeu qui
avait clairement des objectifs publicitaires et commerciaux pour la banque organisatrice
tombait sous le coup de la prohibition des initiatives de nature publicitaire,
commerciale, politique ou confessionnelle figurant au règlement intérieur
de l'établissement ; qu'il contrevenait également au principe
de neutralité de l'école rappelé par de nombreuses circulaires
et notes de service émanant du ministre de l'éducation nationale
; qu'enfin, son organisation aurait dû être autorisée par
le conseil d'administration de l'établissement, qui, aux termes de l'article
L. 421-4 du code de l'éducation, « règle, par ses délibérations,
les affaires de l'établissement » ; que, pour tous ces motifs,
la décision prise par le proviseur du lycée Auguste Blanqui d'autoriser
le déroulement de ce jeu dans l'établissement est illégale
et doit, donc, être annulée. »
Ce jugement vient confirmer ce que nous dénonçons depuis longtemps
: la violation du principe de neutralité scolaire !
Violation encouragée, faut-il le rappeler, par le " Code de bonne
conduite des interventions des entreprises en milieu scolaire ", circulaire
n°2001-053 du 28 mars 2001, publiée au BOEN n°14 du 5 avril 2001,
dont R.A.P., ATTAC et Casseurs de
Pub notamment demandent l'abrogation.
(1) Auteur de " La gestion des stocks lycéens- idéologies,
pratiques scolaires et interdit de penser " (L'Harmattan, 1999)
2) JOURNÉE NATIONALE DE DÉVERSEMENT DE PROSPECTUS
PUBLICITAIRES - LE 11 DÉCEMBRE 2004.
Le 11 décembre 2004, BAP, Chiche!,
Le CNIID, R.A.P. et de nombreuses autres associations
et individus, appellent à une nouvelle journée nationale de déversement
de prospectus publicitaires dans toutes les villes de France.
Dénonçons le scandale de ces 40 kg de prospectus déposés
chaque année dans chacune de nos boîtes aux lettres : gaspillage,
pollution et envahissement, dont nous payons les coûts de production -
dans le prix nos achats - et de traitement des déchets - dans le montant
de nos taxes locales.
Parce que nous refusons notamment :
- Le gaspillage (d'énergie et des matières premières utilisées
pour des
prospectus souvent jetés sans même avoir été regardés)
- La pollution (accroissement du volume des déchets)
- Le mépris de notre liberté (notre refus de la publicité,
indiqué par un autocollant apposé sur notre boîte aux lettres,
est peu respecté)
Nous demandons aux pouvoirs publics :
- L'adoption d'une loi garantissant le respect des autocollants antipublicitaires
comme c'est déjà le cas au Portugal, en Allemagne, à Bruxelles,...
- La mise en place d'une taxe pour les distributeurs, leur faisant supporter
le coût réel du traitement des déchets engendrés.
Quelques chiffres :
- 110 millions d'euros par an en retraitement des prospectus
- 18 milliards d'imprimés sans adresse distribués chaque année
dans les boîtes aux lettres en France
- soit 1 million de tonnes dont 85% de publicité et 15 % de journaux
gratuits.
Source Ademe
Si 5 % des Français faisaient le choix de ne plus recevoir d'imprimés
publicitaires, ce seraient 40 000 tonnes de papier épargnées soit
4 fois le poids de la tour Eiffel.
Jusqu'au 11 décembre, diffusez l'information !
- Gardez tous les prospectus reçus
- Le 11 décembre, passez devant l'un des points de déversement
et déposez votre contribution
Si vous souhaitez organiser ou participer à un déversement dans
votre ville, prenez contact avec nous. Nous tenons à votre disposition
un protocole d'action, un argumentaire, une affiche, un tract, un modèle
de déclaration de manifestation,...
Renseignements : BAP : http://bap.propagande.org-
CNIID : 01 55 78 28 67 - R.A.P. : 01 43 28
39 21
L'association « Paysages de France » fait démonter
les enseignes en infraction d'un hôtel Formule 1.
Il aura fallu plus de trois ans pour que le Code de l'environnement soit enfin
pris en compte.
Aujourd'hui, l'association veut aller plus loin.
Les faits :
25 juin 2001 : « Paysages de France » entame des démarches
en vue de faire démonter ou mettre en conformité les enseignes
d'un hôtel Formule 1 situé dans la commune de Le Fontanil (Isère).
21 mars 2001 et 22 mai 2002 : « Paysages de France » saisit la
direction de Formule 1 (groupe ACCOR), pour un hôtel situé dans
la commune de Nemours (Seine-et-Marne). L'association ne recevra jamais de réponse.
22 août 2003 : la situation n'ayant pas évolué, notamment
en Isère, « Paysages de France » saisit le tribunal administratif
de Grenoble.
27 août 2004 : le dépôt de cette requête n'ayant pas,
non plus, fait évoluer la situation, l'association fait savoir qu'elle
évalue désormais ses dommages à 10 % du montant théorique
de l'astreinte due par le contrevenant depuis la démarche de l'association,
soit dix pour cent de 579 664, 80 euros.
30 août 2004 : le préfet de l'Isère prend un arrêté
donnant 15 jours au contrevenant pour se mettre en règle.
13 septembre 2004 : début du démontage. D'ores et déjà
tous les dispositifs sur toiture et l'inscription de l'enseigne scellée
au sol ont disparu.
Perspectives :
Compte tenu de l'impact des hôtels Formule 1 sur l'environnement, «
Paysages de France » estime qu'au-delà de la seule mise en conformité
des enseignes, une véritable réflexion doit être engagée
sur l'aspect architectural et l'insertion paysagère de ces constructions.
4) APPEL DU 18 JUIN 2004 DE L'OFM CONTRE LA CONCENTRATION ET LA MAINMISE FINANCIÈRE
SUR LES MÉDIAS.
NDLR : ATTENTION ! ATTENTION ! Dassault, Lagardère, Seillière,
Bouygues & compagnie ne veulent pas seulement beaucoup
d'argent, ils veulent être sûrs de pouvoir le conserver pour eux
seuls. Asphyxier les esprits pour museler la contestation fait donc partie de
leur programme et pour y parvenir, ils s'emparent actuellement de toute l'activité
culturelle nationale...
Ceci est à mettre en parallèle avec les agissements du Groupe
Clear Channel, dénoncés par nos amis belges (cf.
http://www.antipub.be)
Communiqué
L'Observatoire français des médias a lancé le 17 juin
au soir un "Appel du 18 juin contre la concentration et la mainmise financière
sur les médias".
Cet appel a reçu le soutien des syndicats de journalistes SNJ,
SNJ-CGT, CFDT Radio-Télé, des associations Action Critique Médias
(ACRIMED), Amis du Monde Diplomatique, Association des journalistes pour la
nature et l'écologie, Association des journalistes professionnels de
Belgique, ATTAC, Les Pénélopes, Les Pieds dans le Paf, Union des
familles laïques (UFAL).
Appel du 18 juin 2004
de l'Observatoire français des médias contre la concentration
et la mainmise financière sur les médias
Aujourd'hui, 18 juin 2004, est un triste jour pour l'indépendance des
moyens d'information, de communication et d'éducation.
La firme du fabricant d'armes Dassault est autorisée par l'Union européenne
à prendre le contrôle de 70 publications dont Le Figaro, L'Express
et un tiers de la presse quotidienne régionale, auparavant détenues
par le groupe Hersant.
Un autre fabricant d'armes, Lagardère, déjà à la
tête d'un empire dans la presse, l'édition, la distribution et
l'audiovisuel s'est emparé, il y a peu, du pôle édition
de Vivendi Universal, créant ainsi une situation de quasi monopole avec
l'assentiment du gouvernement français.
C'est finalement le holding financier Wendel, dont le président, Ernest-Antoine
Seillière, est aussi celui du MEDEF, qui vient de s'emparer d'Editis,
deuxième groupe français et éditeur d'une très grande
part des dictionnaires et des manuels scolaires.
L'association voulue par le gouvernement Raffarin entre TF1 et les chaînes
de télévision publiques en vue de créer CII, la Chaîne
d'Information Internationale, financée par des fonds publics mais dirigée
par le groupe de B.T.P. Bouygues, est en passe d'être acceptée
par la Commission de l'Union européenne.
Enfin, une nouvelle loi adoptée le 3 juin vient d'assouplir les règles
anti-concentration, notamment en ce qui concerne les autorisations d'émission
des télévisions régionales.
Sans cesse, le contrôle de quelques firmes sur le journalisme et la communication
parvient à s'étendre, sans susciter la
réaction appropriée de quelque autorité ou pouvoir.
Sans cesse, la stratégie de mainmise du pouvoir politique sur les moyens
d'information renforce les moyens de diffusion des doctrines les plus favorables
aux intérêts financiers.
La liberté d'expression est une composante essentielle des libertés
publiques.
Le droit à une information de qualité, à des conditions
de travail des journalistes conformes aux impératifs de leur métier
et à un traitement équilibré et honnête de l'actualité
et des débats publics est un combat que doivent soutenir les
démocraties.
Nous appelons à l'action de tous et à l'engagement des forces
politiques pour défendre le droit à une information libre et pluraliste.
--
Christian Pradié,
Secrétaire général adjoint.
Observatoire Français des Médias
3, avenue Stephen Pichon
75013 Paris
5) LE MODÈLE AMÉRICAIN - Les entreprises dans les écoles
américaines - par L. Urnaueur.
Informations tirées de Mike contre-attaque (éditions La Découverte)
de Michael Moore, journaliste, scénariste, acteur, producteur
et réalisateur, reconnu par ses pairs, puisqu'il vient de recevoir un
César (et a été très applaudi pendant la remise
du prix) et un Oscar (cérémonie pendant laquelle il s'est fait
particulièrement remarquer, après une bruyante diatribe contre
George W. Bush en pleine guerre d'Irak !?)
Aux Etats-Unis, quarante-quatre millions de personnes ont un niveau de lecture
et d'écriture tout juste équivalent à ceux d'un élève
de CM1.
Un Américain adulte consacre en moyenne 99 heures par an à la
lecture contre 1460 heures de télévision. (p. 107)
« Récemment, on a effectué un test de connaissance auprès
de 556 étudiants de niveau maîtrise de cinquante-cinq universités
américaines prestigieuses (donc y compris Harvard, Yale et Stanford).
Les questions posées étaient définies comme relevant du
« niveau bac » . Il y avait 34 questions. Ces étudiants d'élite
ne purent répondre correctement qu'à 53% des questions, et un
seul d'entre eux donna toutes les réponses.
40% des étudiants ne connaissaient pas les dates approximatives de la
guerre de Sécession, alors même qu'on leur donnait le choix entre
les réponses suivantes : a) entre 1750 et 1800 ; b) entre 1800 et 1850
; c) entre 1850 et 1900 ; d) entre 1900 et 1950 ; e) après1950.
Les deux questions qui ont obtenu les meilleures réponses étaient
: « Qui est Snoop Doggy Dog ? » (98% de bonnes réponses)
et « Qui sont Beavis et Butt-head ? » (99% de bonnes réponses)
» (p. 109)
« Quelle priorité accordons-nous à l'éducation dans
ce pays ? Oh, bien sûr, elle est sans doute budgétée quelque
part entre l'inspection du travail et l'hygiène alimentaire. Les individus
qui veillent quotidiennement à l'éducation de nos enfants gagnent
en moyenne 41 351 dollars par an. Un congressiste dont le seul souci est de
savoir quel représentant du lobby du tabac va l'inviter à dîner
ce soir gagne 145 000 dollars. »
« La pénurie de professeurs est si forte aux Etats-Unis que certains
districts scolaires doivent recruter des enseignants à l'étranger.
Tout récemment, à Chicago, on a dû embaucher des profs originaires
de vingt-huit pays différents, dont la Chine, la France et la Hongrie.
A New York, lors de la prochaine rentrée, sept mille enseignants seront
partis en retraite, et 60% de leurs remplaçants ne seront pas des professeurs
certifiés. » (p. 119)
Une nouvelle forme de partenariat avec l'entreprise ?
« D'après les chiffres recueillis par le Centre pour l'analyse
de l'intrusion commerciale dans le système éducatif (sic) (CACE),
la forme de prodigalité désintéressée [de l'argent
versé par des entreprises à des établissements scolaires]
a connu une expansion sans précédent au cours des années
1990. Au cours des dix dernières années, en effet, le volume des
activités et des programmes scolaires parrainés par des entreprises
privées a augmenté de 248 % » (p. 125)
« les contrats d'exclusivité entre les établissements scolaires
et les fabricants de boissons gazeuses ont connu une augmentation phénoménale
de 1384% » (p. 126)
« Si les établissements scolaires de Colorado Springs arrivent
à vendre au moins soixante-dix mille produits Coca-Cola par an, ils recevront
8,4 millions de dollars sur dix ans, et plus s'ils dépassent leur quota
» (pp. 126-127)
« La colonisation publicitaire de l'espace scolaire, qu'il s'agisse des
tableaux d'affichage, des toitures, des murs ou des manuels eux-mêmes,
a augmenté de 539 % » (p. 128)
« Les entreprises savent également désormais qu'elles peuvent
atteindre leur cible en « parrainant » du matériel éducatif.
Cette pratique a également connu une augmentation hallucinante de 1875%
depuis 1990. » (p. 129)
« Le marketing électronique, qui consiste pour une entreprise à
fournir à des établissements scolaires des programmes ou du matériel
en échange du droit de diffuser leur marque auprès des élèves,
a augmenté de 139% ». (p. 130)
« Chaque jour, dans près de douze mille salles de classe, huit
millions d'élèves regardent le programme d'information et de publicité
de Channel One. Ce qui veut dire que ces enfants passent l'équivalent
de six jours de classe complets par an à regarder Channel One, et ce
dans 40% des collèges et des lycées américains. Et quel
volume de publicité absorbent-ils au lieu d'étudier ? L'équivalent
d'une journée par an. Une opération qui coûte aux contribuables
plus de 1,8 milliard de dollars.
(...) Sur les douze minutes de programme quotidien de Channel One, seuls 20%
sont consacrés à des thèmes politiques, économiques,
sociaux ou culturels. Tout le reste est constitué par la publicité,
le sport, la météo, divers sujets annexes et la propagande de
la chaîne elle-même.
Channel One est diffusé de façon disproportionnée dans
les établissements scolaires des quartiers défavorisés,
à savoir précisément là où le budget consacré
à l'éducation est le plus faible et où il y a le moins
de ressources pour acheter des manuels scolaires et autres matériels
éducatifs. A partir du moment où ce type de district scolaire
bénéficie des largesses intéressées du secteur privé,
la négligence de l'Etat en matière de financement de l'éducation
n'est même plus mise en question. » (pp. 130-131)
Pour ceux qui ont encore le courage de lire la suite (quelques exemples
intéressants)
« On a vu des enseignants montrer à leurs élèves
une vidéo publicitaire de Shell qui leur explique que la meilleure façon
de connaître les beautés de la nature est de la sillonner en 4
x 4 après avoir rempli votre réservoir à la station Shell
la plus proche.
Exxon Mobil offre des cours sur la faune exubérante du détroit
du Prince-William, site du désastre écologique pétrolier
provoqué par le naufrage de l'Exxon Valdez. »
[NB personnelle : à quand une vidéo sur la magnifique faune de
la côte Atlantique parrainée par Total et offerte gracieusement
aux profs de S.V.T. ?]
« Un manuel de mathématiques de CE2 propose aux enfants, entre
autres exercices de calcul, de compter les Tootsie Rolls, une espèce
de Carambar. Un cours parrainé par la marque de chocolat Hershey's et
intitulé « The Chocolate Dream Machine » propose des leçons
de maths, de sciences naturelles, de géographie et,... de nutrition.
» (p. 129)
« Pizza Hut a lancé un programme pour encourager les enfants à
lire, « Book-t ! ». Quand ceux-ci ont accompli leur volume mensuel
de lecture, ils reçoivent un certificat qui leur donne droit à
une pizza. Le gérant du point de vente félicite personnellement
les gagnants et leur distribue un autocollant et le certificat. Pizza Hut propose
aux directeurs d'école d'afficher une liste d'honneur « Pizza Hut
Book It ! » dans leur établissement pour que tout le mode puisse
la contempler.
General Mills et Campbell's Soup ont trouvé encore mieux. Au lieu de
distribuer gratuitement des cadeaux, ils récompensent les établissements
scolaires qui encouragent les parents à acheter leurs produits. Dans
le cadre du programme « Box Tops for Education », les écoles
reçoivent dix pour cents pour chaque logo de boîte de céréales
qu'elles récupèrent, et peuvent ainsi gagner jusqu'à dix
mille dollars. Cela fait cent mille produits supplémentaires vendus pous
General Mills. Le programme « Labels for Education » de Campbell's
Soup est à peu près du même acabit. Il se fait fort d' «
offrir aux enfants américains de l'équipement scolaire GRATUIT
! ». Chaque établissement scolaire peut gagner un ordinateur Apple
iMac contre 94 950 étiquettes de boîtes de conserve de soupe Campbell.
Campbell propose un objectif indicatif d'une étiquette par jour et par
élève. Avec cinq étiquettes par semaine et par enfant,
il vous suffit de cinq cent vingt-huit élèves pour gagner votre
ordinateur en une année scolaire. » (pp. 125-126)
QU'EST-CE QU'ON ATTEND ?? DÉPÊCHONS-NOUS D'EN FAIRE AUTANT, SANS
QUOI, LOGIQUE DE LA GLOBALISATION CONCURRENTIELLE AIDANT, NOUS NE SERONS BIENTÔT
PLUS COMPÉTITIFS FACE À D'AUTRES PAYS.
VITE, VITE ! IL Y A URGENCE : IL EN VA DE L'AVENIR (ÉCONOMIQUE) DE LA
FRANCE, DE L'EUROPE ET DE CELUI DE NOS ENFANTS ! ! !
RELEVONS CE FORMIDABLE DÉFI DE LA CROISSANCE DU XXI ÈME SIÈCLE
: MANGEONS DE LA SOUPE CAMPBELL (CELA NOUS FERA MIEUX AVALER CERTAINES PILLULES
!..)
6) SOMMES-NOUS DES VACHES A LAIT ? - Témoignage
d'une usagère du métro parisien sur une nouvelle forme de publicité
23 avril 2004, 11 heures 30 environs, sur la ligne 3, station Réaumur-Sébastopol.
Deux jeunes gens entrent dans le wagon du métro et commencent à
poser des affiches sur les espaces réservés aux consignes de sécurité
placées des deux côtés du wagon. Il s'agit d'une pub pour
des emprunts.
Je suis suffoquée, je les vois déployer tranquillement leurs
deux affiches d'une compagnie d'assurance et les poser dans les espaces réservés
à la communication RATP.
Puis ils se tournent vers les voyageurs et, un par un, leur demandent gentiment
s'ils préfèrent l'affiche de droite ou celle de gauche.
Je n'en crois pas mes yeux : ils sont en train d'utiliser l'espace public et
les voyageurs d'un train pour faire leurs sondages marketing. Et en plus sur
des panneaux de sécurité !
Je les interpelle à haute voix, je leur demande s'ils ont demandé
aux voyageurs s'ils étaient d'accord, et si la RATP
les a autorisés. Ils disent qu'il n'y à rien de mal.
Pour ma part oui, je le dis ouvertement : « on est déjà
assez harcelés par des pubs que nous n'avons pas sollicitées,
et en plus on vient nous imposer des sondages pour une compagnie d'assurance
» je le leur dit fort et tout net :
« Les anti- pub, on les met en prison parce qu'ils ont dit ce qu'ils pensaient
[ndlr : il n'y a pour l'heure aucun antipub en prison, mais les barbouilleurs
du métro ont eu a payer de lourdes amendes à Métrobus],
puis on vient nous emm... avec des pubs pour des emprunts pour que ceux qui,
comme moi sont au chômage, soient encore plus endettés ».
Ils ne disent plus rien, ils descendent. Un jeune homme me murmure à
l'oreille : « enfin ! Vous êtes la seule qui ait eu le courage !
». Oui mais pourquoi personne ne réagit ? De quoi ont-ils peur
?
Je n'en veux pas aux deux jeunes, quelqu'un les y a envoyés.
Mais quand même, qu'est-ce que cela veut dire ? Ont-ils été
envoyés par une école de commerce ?
Cela semble improbable d'autant plus qu'ils ne l'ont pas dit et que c'est illégal,
mais alors c'est la boîte d'assurances ? De quel droit ?
Les agences de marketing qui font des sondages dans la rue, au moins, ils demandent
aux gens s'il sont d'accord.
Une dernière hypothèse me vient à l'esprit : est-ce un
ballon d'essai ? Quelqu'un veut-il tester si l'on peut utiliser les usagers
des transports comme des vaches à lait et leur imposer des sondages,
pour lesquels des boîtes perçoivent une rémunération
?
Je ne voudrais surtout pas causer des ennuis à des jeunes qui aurait
fait cela de leur initiative, mais je suis allée consulter le site de
la boîte :
Le nom, le logo et les couleurs sont les mêmes que sur l'affiche. En
outre les deux jeunes gens sont montés dans la station Réaumur-Sébastopol
et l'agence se situe dans la rue Réaumur...
Il ne serait peut-être pas inutile de se renseigner sur cette affaire.
Marie-Noelle BOTTE, Animatrice " environnement
- cadre de vie ", Association Initiatives-Environnement
à Marie-Christine LA........ Pantin
Paris, le 25 fevrier 2004
Madame,
Dans la cadre de mon travail auprès des jeunes de la résidence
de La Dhuys à Clichy\Bois, en zone dite ³sensible, je suis amenée
à susciter une prise de conscience et de responsabilité citoyenne
au cadre de vie / espace collectif.
Dans ce contexte, j¹ai appris par Madame (...) que vous aviez pris la
décision de faire supprimer les deux grands panneaux publicitaires qui
bouchent l'entrée de la résidence, masquant les deux marronniers
et s'imposant dans la vie quotidienne de ses habitants. Je tiens à vous
féliciter vivement de cette décision qui ne pourra qu'encourager
et soutenir le travail de fond que nous engageons sur le terrain.
En effet, planter des fleurs pour agrémenter la résidence peut
paraître assez futile face à ces placards de provocations à
la consommation auprès d'une population déjà en difficulté.
Ces affiches publicitaires ne font qu'enlaidir le paysage urbain des cités,
et aggraver de façon éhontée un climat social difficile
: des images grotesques ne font que renforcer la violence, les clivages religieux,
le sexisme, la frustration, etc.
Il est difficile d'inculquer aux jeunes des valeurs de respect de l'environnement
dans un environnement si peux respectueux justement.
Bravo et merci pour votre décision.
Je vous prie de croire Madame en l'expression de mes salutations respectueuses,
Les jeux olympiques d'Athènes ont été le théâtre
d'une débauche et d'un totalitarisme publicitaire sans précédent.
Les spectateurs, qui payent le prix d'entrèe pour assister à ces
rencontres, ont dû obéir à plusieurs règles imposées
par les sponsors sous peine d'amende. En voici quelques exemples tirés
de la liste officielle exhaustive des "objets et comportement défendus
sur les sites olympiques" sur http://www.athens2004.com/fr/specAdviceRestricted
- Hampes de drapeaux, logos, parapluies ouverts dans les zones des places assises,
articles (t-shirts, chapeaux, sacs, etc.) qui portent la marque des entreprises
concurrentes des partenaires.
- eau, boissons alcoolisées ou non
- Nourriture (sauf si nécessaire pour des raisons médicales prouvées)
Les seules boissons autorisées étant celles sponsorisant les
JO, vendues sur place.
Paris est candidate aux JO de 2012, et le fait savoir à l'ensemble des
franciliens à grand renfort d'oriflammes et d'énormes affiches
couvertes de logos de sponsors.
Son ambition affichée : favoriser « la transformation des mentalités
et des comportements des acteurs de la société française,
jusqu'à en faire de véritables « Citoyens Olympiques »
(http://www.parisjo2012.fr/fr/jo2012/motivation/index.jsp)
Toutes les informations que vous venez de lire sont publiques, nous vous invitons
à les transmettre à toute personne susceptible d'être intéressée
: faites circuler !
Pour tout renseignement (envoi d'un exemplaire de R.A.P.-Échos, notre
publication papier, adhésion, etc.) merci de prendre contact avec : R.A.P. (Résistance à l'agression publicitaire)
53, rue Jean-Moulin, 94300 Vincennes
tél. : 01 43 28 39 21 (tcp. : 01 58 64 02 93)
Adhésion : 15 euros
Adhésion petit budget : 7,50 euros
Abonnement à R.A.P.-Échos : 5 euros.
Notre permanente assure la permanence téléphonique lundi, mardi
et jeudi de 10 h à 13 h (on pourra également nous joindre en dehors
de ces horaires, sans certitude de présence toutefois).
Réunions mensuelles : calendrier au début de ce message, renseignements
supplémentaires au 01 43 28 39 21 ou à contact
at antipub.org.
Paysages de France
(association qui lutte notamment contre l'affichage publicitaire envahissant)
MNEI
5, place Bir-Hakeim, 38000 Grenoble
Tél. & tcp. 04 76 03 23 75 http://paysagesdefrance.free.fr
Le Publiphobe, association concurrente de R.A.P.
(diffusion d'une feuille sporadique par abonnement)
B.P. 20012, 94211 La Varenne-Saint-Hilaire Cedex
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