R.A.P. a pour vocation de faire connaître les diverses
approches de la lutte antipublicitaire
sans pour autant adhérer à toutes les opinions et idées
d'actions formulées, dont elle laisse la responsabilité à
leurs auteurs.
Introduction :
Chers lectrices et lecteurs,
Dans ce numéro 50 de RAP-A-TOILE, nous vous proposons de participer
concrètement à deux actions dont R.A.P. est partie prenante et
que nous avions évoqué dans le numéro précédent.
Il s’agit des barbouillages au grand jour par des moyens non-dégradants
(lire la présentation et les modalités page 2) et de l’envoi d’un
courrier à vos présidents de Conseils régionaux et généraux
leur demandant de s’engager à refuser la publicité sur les murs
des collèges et lycées (lire page 4). Nous vous proposons également
une vue d'ensemble (pour autant non-exhaustive) de l'actualité concernant
R.A.P et la lutte antipublicitaire en général.
Nouveau permanent de l’association depuis la fin du mois de janvier, j'espère
pouvoir apporter ma modeste contribution au recul de la publicité et
à la lutte pour plus d'autonomie dans nos vies.
Je tiens à remercier Nelly qui m’a passé le témoin de la
meilleure façon afin que je démarre dans de bonnes conditions.
Et un grand merci aussi à Arthur Lutz qui a sacrifié son samedi
pour installer une nouvelle distribution et les logiciels libres derniers cris
sur la machine du local.
1) GROUPES LOCAUX D'ACTION ET MANIFESTE “POUR REMETTRE LA
PUBLICITE A SA PLACE” - par François J.
A Paris, le groupe local d'action "pour remettre la publicité à
sa place" a procédé à des barbouillages au grand jour
les 14 décembre, 7 janvier et 2 février passés.
Dorénavant, les actions auront lieu le quatrième vendredi du mois,
à 18h. Nous vous appelons à constituer un groupe local et à
agir de concert dans un esprit de non-violence. Au programme : barbouillage
non dégradant au blanc d'Espagne, emballages, suspensions... L'essentiel
tient dans la revendication commune, et la répétition de l'action
tant que nous n'aurons pas obtenu gain de cause : prenez contacts avec vos élus
locaux, ville, département, région, faites signer le manifeste
(voir ci-dessous) à des personnalités !
Voici le manifeste que nous appelons à signer à Paris. Prenez
le même, modifiez-le selon vos sensibilités, comme vous voudrez...
mais agissez avec nous !
Coordination sur le site de la BAP, manifeste téléchargeable. http://www.bap.propagande.org/
Pour plus d'informations : François 01 43 38 33 69
Manifeste du groupe local d'action parisien « pour remettre la
publicité à sa place » :
Puisque l'affichage publicitaire envahit de plus en plus nos espaces publics,
sans nous laisser la possibilité de lui échapper : affiches lumineuses,
animées, trop grandes, trop denses et répétitives ;
puisque l'affichage publicitaire consomme des quantités honteuses de
papiers, de plastiques, d'encres et d'électricité, alors que nous
sommes à l'heure des économies d'énergie et de ressources
pour protéger l'avenir de notre planète ;
puisque l'affichage publicitaire n'épargne ni les abords des écoles
ni les monuments historiques et encore moins nos transports en commun, ciblant
nos plus jeunes enfants et enlaidissant nos paysages urbains et ruraux, nous
matraquant sans relâche ;
je demande aux pouvoirs publics de réagir, d'instaurer et appliquer
des lois et règlements pour réduire l'insoutenable pression publicitaire
que nous subissons, sans libre arbitre, dans nos espaces publics ;
je considère que les dispositions applicables aujourd'hui à l'affichage
associatif constituent le bon objectif à atteindre pour tous les types
d'affichage, et dans tous les espaces publics : au plus 50 cm x 70 cm par affiche,
dans des dispositifs ni lumineux ni animés : cela existe aussi pour l'affichage
des spectacles dans le métro parisien.
Je m'engage à soutenir, jusqu'à me porter témoin devant
qui de droit, les auteurs d'actions de barbouillage, tant qu'elles et ils :
–agiront dans un esprit de non-violence;
–emploieront des moyens sans danger ni pour eux-mêmes ni pour les autres;
–ne commettront pas de dégradations ;
–agiront au grand jour et en se portant nominalement, collectivement responsables
;
–récidiveront périodiquement jusqu'à obtenir gain de cause
;
A retourner à : Semilla, 60 rue de la Fontaine au Roi, 75011 Paris
Je signe le manifeste du groupe local d'action « pour remettre la publicité
à sa place ».
Nom : Prénom : Date : Signature :
En qualité de (10 mots maximum) :
J'autorise le groupe local à communiquer mes noms et qualités
à la presse : OUI NON
Je laisse un moyen de me contacter (adresse postale, numéro de téléphone
fixe, adresse électronique) pour information ou participation à
l'organisation et aux actions du groupe local :
2) CAMPAGNE: « PAS DE PUBLICITE SUR LES MURS DES COLLEGES
ET LYCEES » - par Pierre Nicolas
En plus de la campagne pour l'abrogation du « Code de bonne conduite
des entreprises en milieu scolaire » (que R.A.P
anime avec d'autres associations; voir notre site à la rubrique “Campagnes”),
R.A.P. lance une autre opération sur le front du respect du principe
de laïcité dans les établissements scolaires : Pas
de Publicité sur les murs de nos collèges et lycées.
Cette action trouve son origine dans la lettre suivante, expédiée
au nouveau président du Conseil général de la Drôme
en mai 2004.
Des contrats signés par des conseils régionaux pour faire installer
des panneaux publicitaires dans certains établissements (cf. Lycée
professionnel public Jean Guéhenno à Vannes) ont été
les prémices d'un phénomène ayant pour but de faire dépendre
une partie du fonctionnement des établissements de certains financements
privés ... et donc de créer un lien de soumission qui n'a pas
lieu d'exister dans le service public.
Je vous serais reconnaissant de me préciser au plus vite si cette dérive
publicitaire risque de toucher, sous votre autorité, des établissements
scolaires de votre département.
Avec mes salutations et l'espoir de votre réponse,
Pierre NICOLAS
Et sa réponse:
dossier suivi par JM CORNU réf. JMC/VK le 1er juin 2004.
Monsieur,
J'ai bien reçu votre courriel du 5 mai dernier attirant mon attention
sur les contrats signés par des Conseils généraux afin
d'implanter des panneaux publicitaires dans des établissements et m'interrogeant
sur l'éventualité de telles pratiques dans les collèges
de la Drôme.
Je peux d'ores et déjà vous rassurer en vous indiquant que sous
ma présidence, je n'envisage pas d'autoriser la mise en oeuvre d'opérations
semblables dans l'enceinte des collèges publics de la Drôme
Je vous prie de croire ...
Le Président du Conseil général Didier GUILLAUME
La démarche fut simple et cette réponse très encourageante.
L'objectif de R.A.P. est maintenant d'interpeller localement tous les Conseils
généraux et régionaux de France.
Nous vous sollicitons donc, cher lecteur de RAP-A-TOILE, pour que vous obteniez
des Présidents de vos Conseils régional et général
(Les conseils régionaux sont responsables des lycées, les conseils
généraux étant compétents pour les collèges)
une opposition ferme à cette dérive publicitaire.
Une simple lettre de votre part (comme la mienne ci-dessus) peut amener les
élus à prendre position.
Pour toute information, pour confirmer votre démarche et faire parvenir
vos réponses, contactez Pierre NICOLAS, coordinateur
de R.A.P. pour cette action citoyenne. Courriel: prNico
at aol.com ou 04 75 40 64 75.
3) CHRISTOPHE LAMBERT, GARDE CHIOURME PUBLICITAIRE ET ARTISTE DE L'AUTO MISE
EN SCENE - Thomas Guéret
Au début de cette année 2005, j'ai eu la chance insigne de pouvoir
participer à un débat sur la publicité organisé
par une école de commerce prestigieuse. Pardon pour le pléonasme.
Était aussi invité, parmi les quatre "pro-pub" qu'on
m'opposa ce soir là, le non moins prestigieux, M. Christophe
Lambert, ci-devant directeur de Publicis Conseil, que je rencontrai
pour la première fois physiquement mais qui s'était déjà
illustré publiquement pour son humanisme un an plus tôt (1).
Le public était composé de près de quatre-vingt étudiants
acquis de manière écrasante à la cause publicitaire. Pourtant,
lors de ma première intervention, où je tentais de démontrer
que l'agression publicitaire n'était pas le fait de quelques dérives
isolées comme on entendait nous le faire croire, mais bel et bien d'un
système sciemment organisé pour mettre au pas la société
et contrôler les esprits, quelques personnes dans la salle ont applaudi.
Ma diatribe introductive à peine terminée, M. Lambert
prit le micro et pointa du doigt la direction d'où étaient venus
les applaudissements : "J'en ai entendu quelques-uns qui on applaudi par
ici. Mais, dites, vous savez où vous êtes, ici ? Vous savez qui
seront vos employeurs à la sortie de cette école ? Vous avez une
idée de qui vous payera, de comment vous gagnerez votre vie ?".
J'ai bien entendu marqué mon indignation devant une intimidation aussi
grossière. Il n'empêche que plus un seul applaudissement n'a rendu
écho à mes paroles au cours des deux heures de débat qui
ont suivi. M. Lambert a en revanche été souvent
applaudi, et notamment lors de sa sortie de scène, bien orchestrée
quelques minutes avant celle des autres.
Tiens, en y repensant, il était également arrivé opportunément
un peu en retard et avait déjà reçu des applaudissements
auxquels les autres n'avaient pas eu droit. Nul doute non plus que la sortie
de l'artiste, probablement commandée par la nécessité d'aller
se faire applaudir ailleurs, ne s'est que fortuitement produite au moment où
j'exprimais les conclusions que je tirais de ce débat.
J'avais voulu ma conclusion à l'image de ce débat : qu'elle illustre
la façon dont on met en minorité la contestation antipublicitaire
dans la société comme ce soir là. Je lisais pour cela la
question que l'IFOP avait posée en 1985 aux français
pour démontrer qu'ils approuvaient majoritairement la coupure publicitaire
à la télévision (2). Je pensais le sujet suffisamment d'importance
et l'exemple suffisamment saisissant pour capter un instant l'attention du public,
lorsque les applaudissements saluant la sortie du Grand Publicitaire retentirent
et me firent comprendre à quel point je ne croyais pas si bien réussir
à conclure dans la tonalité de la soirée.
Au bout du compte, au delà de l'épuisement consécutif
à cette soirée sous pression, elle-même suivant une longue
journée de travail, je ressens la satisfaction d'avoir donné un
peu de fil à retordre à tous ces braves gens. Qu'ils imaginent
un peu que tout ne leur est pas toujours dû et que le paradigme publicitaire
a aussi des limites dont certaines – sait-on jamais ? – on déjà
pu être dépassées...
Thomas Guéret
(1) Le 23 décembre 2003, alors que rugissait l'écho médiatique
des "recouvrements d'affiches" dans le métro parisien, FR3
diffusa lors de son journal national du soir un reportage qui présentait,
entre autres : les "barbouillages" eux-mêmes ; une réunion
et l'action Père Noël de R.A.P., bien identifiée
comme association légaliste ; et l'avis sur la question de Monsieur
Lambert : « D'abord c'est un mouvement archi minoritaire, on
est en train de parler de groupuscule, on n'est pas en train de parler ni de
mouvement, ni d'association, etc.» La journaliste avait quant à
elle rapporté que pour Publicis, « les antipubs sont avant tout
des ratés ». Mais elle n'avait pas choisi de diffuser cette partie
là de ses entretiens avec les publicitaires.
(2) "La publicité est une des ressources financières qui
permettent à la télévision d'acheter des films. Si vous
aviez le choix, quelle solution préféreriez-vous:
-Voir un film entrecoupé d'un entracte publicitaire? (46%)
-Ne pas voir du tout ce film? (43%)"
(Sondage IFOP-Télé 7 jours, octobre 1985, commenté
dans Les médias pensent comme moi, p.40)
4) ACTION OURS POLAIRES – TROP DE PUBLICITE POUR TROP DE VOITURES - RAP-Belgique.
Ce mercredi 16 février, jour de l'entrée en vigueur du protocole
de Kyoto, L’association R.A.P. a mené plusieurs actions
de sensibilisation à Bruxelles.
Déguisés en ours polaires, des membres de l'association ont manifesté
l’inquiétude que suscite l'incroyable pression publicitaire en faveur
des modes de déplacement les plus polluants, à savoir l'automobile
et l'avion. Inquiétude renforcée également par l'utilisation
abusive et mensongère d'arguments écologiques par certains annonceurs.
Alors que de nombreuses voix (notamment celle d'Hubert Reeves, voir annexe)
s'élèvent pour souligner la responsabilité majeure des
publicitaires quant à l'avenir de la vie sur la Terre, très peu
de mesures sont prises par nos gouvernements pour tenter de diminuer la -mauvaise-
influence qu'exercent les puissants annonceurs dans l'espace public.
Parcours des ours:
- 8:00 h - Manif en bordure de la E411 (dans les embouteillages matinaux),
devant le grand concessionnaire "Smart" (une bagnole finalement fort
polluante puisque le plus "écologique" des modèle ne
comporte que deux place et consomme tout de même 4.5 l de diesel au 100
km, bien réglée)
- 9:30h - Manif Boulevard général Jacques en dessous d'un panneau
publicitaire 36m² ClearChannel pour petite voiture.
- 11:00 - Visite au cabinet de Madame la Ministre Freya Van den Bossche
- 14:00 - Manif sous un panneau publicitaire 36m² de Decaux pour une bagnole
4x4
- 15:00 - Visite au Forum Ecolo « Kyoto 1…puis 2: une chance pas une contrainte
»
Les ours polaires, du moins leurs porte-parole du moment, ont donc entamé
un parcours périlleux dans les arcanes du système pour y déceler
les leviers principaux à actionner pour stopper la machine infernale
de la propagande.
Leurs premières recherches les ont conduit à apprendre qu’en
application de l’article 29 de la loi du 14 juillet 1991 sur les pratiques du
commerce et sur l’information et la protection du consommateur, un arrêté
royal du 13 janvier 1995 a créé la Commission pour l’étiquetage
et la publicité écologique (CEPE) au sein du Conseil
de la Consommation (Ministère des affaires économiques).
Cette Commission a élaboré un assez bon code de la publicité
écologique (CPE).
Par ces dispositions, l’autorité publique voulait éviter d’une
part que les consommateurs soucieux de l’environnement ne soient trompés
par des actions publicitaires qui se fondent sur des arguments écologiques
mensongers et voulait donner, d’autre part, aux producteurs des directives claires
afin d’indiquer les limites dans lesquelles cette argumentation écologique
est autorisée pour faire la publicité de leurs produits.
Cette Commission a choisi de recourir à - et c'est là que cela
se gâte - l’autorégulation avec un rôle central dévolu
au Jury d’Éthique Publicitaire (JEP) pour son contrôle.
Comme prévu, cette option a fait l’objet de deux évaluations après
l’application du code. La dernière évaluation date de mars 2001.
Le dernier avis date de septembre 2002 (1). Que s’est-il passé depuis?
Les ours de RAP ont alors été poser leurs questions
à Monsieur Dejemeppe, actuel directeur de la «
Cellule stratégique consommation et télécommunications
» au cabinet de la Ministre Freya Van Den Bossche, qui
a eu l'amabilité de bien les recevoir.
- Que soit mis en fonction un organe de contrôle (paritaire) doté
de pouvoirs contraignants.
- Que le code de la publicité écologique qui a été
élaboré par la CEPE soit d’application et obligatoire.
- Que des sanctions pénales soient prises en cas d’infraction, mais
aussi des sanctions alternatives telles que leur publication dans la presse
ou que la diffusion de « contre-campagne publicitaire » ou «
droit de réponse » soit accordés aux parties lésées
(par exemple les associations de défense de l’environnement)
-Que les publicitaires soumettent à cet organe de contrôle leurs
projets de campagne, avant leur diffusion dans l’espace public, et que ces projets
soient analysés selon les principes qui prévalent en matière
d’enquête publique (lorsque quelqu’un désire construire quelque
chose qui peut d’une manière ou d’une autre affecter le voisinage).
Le miracle n'a bien sûr pas eu lieu. La création d'un nouvel organe
de contrôle n'est pas à l'ordre du jour.
Vérifier la pub avant sa diffusion dans l'espace public semble relever
de l'hérésie pure et simple... et il n'y a que des ours pour imaginer
que des procédures d'une telle "lourdeur" puissent voir le
jour.
La Ministre fera présentement confiance à la bonne volonté
affichée par les professionnels du secteur de réformer le JEP.
Néanmoins la Ministre veillera à ce que la composition du nouveau
Jury soit réellement paritaire. Ah!
Le problème récurrent qui consiste à juger bon nombre
de plaintes alors que les campagnes sont terminées ne trouvera pas de
réponse de si tôt.
Les ours ont néanmoins souligné que le JEP existait
depuis 30 ans (trente !) et que le caractère préventif de l'autorégulation
ne semblait pas fonctionner. Ce n'est pas l'avis de leur interlocuteur qui estime
que la situation a bien évolué, selon lui: les cas d'abus en matière
d'éthique sont devenus très minoritaires et les publicitaires
se montrent dans l'ensemble assez responsables.
En ce qui concerne le Code de la publicité écologique, il semble
que celui-ci soit toujours d'application et que nos plaintes au Ministère
sont bel et bien traitées en fonction de ce code. Aah, enfin une bonne
nouvelle !
Par ailleurs, Monsieur Dejemeppe s'est montré étonné que
le CSA ait débouté notre plainte en ne tenant
aucun compte du CPE. De plus, aucun grand annonceur (tel que
Fiat) ne peut ignorer l'existence du CPE.
Chic, on va rigoler alors !
Sur le fond, bien sûr, les ours n'ont pas été entendus.
Ils craignent évidemment plus que tout que la réforme du JEP telle
qu'elle se profile ne contribue à légitimer la propagande surconsumériste
dans l'espace public, et par voie de conséquence la normalisation de
comportements destructeurs.
Cependant, l'existence des ours de RAP et de leurs préoccupations
ont été notées une première fois en haut lieu, ce
qui n'était pas le cas jusqu'à présent.
Documentaire:
Réforme du Jury d’éthique publicitaire (JEP)
[équivalent du BVP français] ou clônage
de la bête ?
Créé par les publicitaires eux-mêmes, cet organe d’autorégulation
travaille depuis une bonne trentaine d’années (depuis 1974). Malgré
cette longue période de rodage pendant laquelle le Jury a traité
un nombre considérable de plaintes, force est de constater que les pubards,
dont les impératifs du métier sont de «frapper» toujours
plus, toujours plus fort afin de laisser des marques indélébiles
dans l'être de leurs cibles, ne peuvent s’autoréguler, ni donner
au mot «éthique» le même sens que la plupart des citoyens
lui donne.
Par nature, la publicité est anti-éthique, car il lui faut surprendre
sans cesse, susciter l’émotion, provoquer, voire choquer une population
valorisée seulement comme cible potentielle et qui, la plupart du temps,
préférerait être laissée en paix... et donc ne pas
avoir à se défendre par rapport à toutes ces sollicitations
parfois violentes.
On peut comprendre le souci des professionnels du secteur de vouloir s'autoréguler
eux-même afin d’éviter que les pouvoirs publics interviennent.
Comme les pubards sont des experts en manipulation, ça dure depuis trente
ans. En fait, c’est donc un peu comme si on laissait aux dealers de drogue le
soin de réguler le marché.
Fin du documentaire.
La stratégie des ours:
Sachant que les ours de RAP devront se battre longtemps pour
que l'idée qu'il y va de l'intérêt de tous, et particulièrement
de celui des générations futures, que la publicité commerciale
disparaisse de l'espace public, notre champ d'action actuel se réduit
malheureusement à pousser à un contrôle renforcé
du secteur publicitaire. Tout ce qui peut renforcer la prise de conscience que
la pub ne pourra jamais être éthique (tant qu'elle ne réintègre
pas l'espace commercial et son rôle initial d'information aux consommateurs
qui la demandent) peut sembler bon à prendre. Dotés de réels
pouvoirs de plus en plus contraignants, un organe de contrôle peut tuer
l'essence même de la pub telle qu'elle se pratique aujourd'hui.
C'est bien ce que les ours de RAP veulent. Les pubards craignent
comme la peste la fin de leur précieuse autorégulation, car ils
savent pertinemment bien que cela signerait l'arrêt de mort de leur beau
métier. Ils veulent pouvoir continuer délibérément
à violer notre inconscient, et s'insinuer en nous pour y graver leurs
dangereuses inepties.
Certains parmi les ours craignent de contribuer malgré tout à
légitimer le système en poussant à sa régulation.
C'est effectivement un risque. Nous le faisons aujourd'hui sachant qu'une majorité
des ours estiment qu'il faut, avant de s'engager dans des actions plus radicales
(le temps presse), prouver – si cela devait être le cas – que les démarches
légales ne conduisent à rien.
Carnet de route:
Une action comme celle-ci représente, vous vous en doutez, un investissement
important en temps, en fonds et en énergie. Malgré un communiqué
de presse suivi de nombreux contacts directs avec les journalistes radio, télé
et presse, le bilan médiatique est assez pauvre: un bon article dans
"Le Soir" et un interview à la RTBF
radio. Aucune télé n'a daigné envoyer une caméra
à un de nos quatre rendez-vous de la journée. Un seul journal
a accepté de publier l'info.
On ne critique pas le système publicitaire, et encore moins la sacro-sainte
bagnole, sans en être véritablement sanctionné.
5) - OCCUPATION DU BUREAU DE VERIFICATION DE LA PUBLICITE (BVP) - les Publicidaires.
Un nouveau groupe antipublicitaire vient de voir le jour. Il nous a fait parvenir
le compte rendu suivant de son action. Certains à R.A.P.
regrettent le caractère un peu isolé de cette action et auraient
préféré que ses auteurs oeuvrent d'abord à montrer
les limites du BVP avant d'en demander la dissolution. Mais
a-t-on encore vraiment des doutes sur le rôle de paravent (ou de parafoudre)
que joue cet organisme pour la protection du système publicitaire ?
Le 11 février 2005, 13 personnes ont occupé le Bureau
deVérification de la Publicité (BVP) pour demander sa
dissolution. Malgré notre calme et notre ouverture au dialogue, les cadres
du BVP n'ont su nous répondre que par leur arrogance et leur condescendance.
L'agressivité de ces personnes a culminé avec l'arrivé
de Monsieur Besnaïnou, le directeur, qui a refusé
de recevoir le groupe.
Nous sommes donc sortis après plus de 2 heures d'occupation sous escorte
policière. Comme le dit si bien M. Besnaïnou :
"La pub, vous savez où je vous la mets !"
Nos revendications sont exposées dans le tract ci-dessous:
Frapper sans heurter(1), c'est toujours frapper !
Les frappes, même chirurgicales, provoquent des dégâts collatéraux.
Ainsi la publicité heurte tous ceux qui considèrent que leur espace
de vie, public et privé, n'est pas une terre à coloniser par le
pouvoir marchand.
La stratégie de l'armada publicitaire consiste à promouvoir des
modes de vie destructeurs pour la santé et l'environnement, à
instrumentaliser les corps pour manipuler les esprits, et in fine à imposer
la pub comme vecteur obligé de tout lien social. A quelles fins? Simplement
la satisfaction des annonceurs: les grandes entreprises, les personnalités
et institutions de pouvoir. La publicité ne donne le droit de s'exprimer
qu'aux nantis. La liberté d'expression est vendue!
Le Bureau de Vérification de la Publicité (BVP),
association de publicitaires pour les publicitaires, est à la fois juge
et partie. Quelle légitimité possible dans ces conditions? L'autodiscipline
revendiquée par le BVP n'est qu'une farce, son avis étant consultatif
pour les professionnels de la pub. Le BVP "vérifie",
après coup, les publicités sur des critères issus d'une
Charte de bonne conduite bidon (2). Les pubs sexistes et celles qui visent les
enfants sont parfois réprimandées (car trop agressive, la pub
se nuit à elle-même) mais le rôle du BVP
ne va pas plus loin. Il sert au contraire à l'accréditation du
consumérisme, de l'idéologie de croissance et de la manipulation.
Le BVP n'existe que pour justifier la publicité, en lui donnant un semblant
d'éthique.
Le BVP donne bonne conscience au système publicitaire, nous demandons
la dissolution de cette entité-alibi. publicidaires at no-log.org
(1) Allusion au livre du président du Bureau de Vérification de
la Publicité :Teyssier J- P.,Frapper sans heurter.Quelle
éthique pour la publicité ?,Armand Collin,2004.
(2) Cette charte d'autodiscipline a été élaborée
en 2004 au niveau européen au sein de l'Alliance européenne pour
l'éthique en publicité (http://www.easa-alliance.org)dont
le BVP est membre.
6) - FAUSSE MANIFESTATION A BUT PUBLICITAIRE:
témoignage d'Alex Khadavali.
Peut-être avez-vous remarqué (il-elle-s font tout pour) la dernière
publicité pour une marque de trains que je ne citerai pas, sur le thème
« égalité jeunes-vieux : -50% pour tout le monde »...
Ces ordures, non content-e-s de jouer sur un style pictural « révolutionnaire
» (voyez l'affiche avec une jeune et une vieille alignées de profil,
le regard perdu dans la béatitude d'un avenir radieux, le tout sur fond
rouge-mauve) envahissent également l'espace public tri-dimensionnel en
organisant de fausses manifestations...
Ce mercredi soir, je passais à Bastille à la hauteur de la rue
St Paul, quand j'ai aperçu un groupe d'une vingtaine de gen-te-s avec
des pancartes à la main, comme une petite manif... premier truc louche
: il-elle-s avaient tou-te-s le même blouson... mais bon, il aurait pu
s'agir du personnel en grève de tel ou tel magasin. Bin non, c'était
des mercenaires du capital défilant en chantant des chansons à
la gloire de cette marque de trains, avec des panneaux du style "-50% pour
tous"...
Le spectacle ne cesse de progresser, n'est-il pas ?
- Le Mans : 14 heures de garde à vue pour deux antipubs.
Le 2 février dernier, au Mans, 30 panneaux publicitaires ont été
joyeusement recouverts par des militants anti-publicitaires. La police a arrêté
deux des barbouilleurs, qui ont passé 14 heures en garde à vue.
Les deux étudiants risquent 15000 euros d'amende pour « dégradation
de biens privés en réunion ».
Pour les soutenir : antipub72 at
cooperation.net
– Nouveau guide de la Commission Nationale de l'Informatique et des
Libertés (CNIL)
La CNIL édite un guide intitulé "Halte
aux publicités", dans lequel elle explique comment ne plus recevoir
de pubs adressées (que ce soit par téléphone, courrier,
mail, SMS...) en s'appuyant notamment sur l'article L. 34-5 du code des postes
et communications électroniques qui, depuis l'été dernier,
rend le spam (et la technique de l'option de sortie) illégal. L'option
de sortie est une technique d'inscription d'office sur les listes de diffusion,
c'est-à-dire que vous devez vous désincrire volontairement pour
ne pas être envahi par la publicité. On y trouve également
des lettres types pour demander la suppression de données personnelles
ou pour porter plainte. Téléchargement gratuit à cette
adresse: http://www.cnil.fr/fileadmin/documents/La_CNIL/publications/CNIL-Guide-marketing.pdf
Ou écrire à la CNIL : 21, rue St-Guillaume 75340
Paris cedex 7; Tél : 01 53 73 22 22
– L'UNICEF comme alibi du système publicitaire! - Merci
à Cyril Ronfort pour l'info.
« L'afficheur Clear Channel et l'UNICEF
organisent un concours sur la création de la future campagne d'affichage
de l'UNICEF sur le thème du SIDA qui touche particulièrement
les enfants et les jeunes du monde entier » (extrait du communiqué
de presse de Clear Channel du 8 février). Le 3ème
partenaire, qui n'est pas cité dans le communiqué, est Campaign,
revue anglophone de publicitaires. Et bien, donateurs de l'UNICEF,
vous savez où va votre argent ! Et les barbouilleurs seront désormais
tenus pour personnellement responsables de la transmission du virus du Sida
!
Toutes les informations que vous venez de lire sont publiques, nous vous invitons
à les transmettre à toute personne susceptible d'être intéressée
: faites circuler !
Si vous souhaitez vous exprimer dans nos colonnes, vos articles devront nous
être soumis avant le 10 mars 2005.
Pour tout renseignement (envoi d'un exemplaire de R.A.P.-Échos, notre
publication papier, adhésion, etc.) merci de prendre contact avec : R.A.P. (Résistance à l'agression publicitaire)
53, rue Jean-Moulin, 94300 Vincennes
tél. : 01 43 28 39 21 (tcp. : 01 58 64 02 93)
Adhésion : 15 euros
Adhésion petit budget : 7,50 euros
Abonnement à R.A.P.-Échos : 5 euros.
Notre permanente assure la permanence téléphonique lundi, mardi
et jeudi de 10 h à 13 h (on pourra également nous joindre en dehors
de ces horaires, sans certitude de présence toutefois).
Réunions mensuelles : calendrier au début de ce message, renseignements
supplémentaires au 01 43 28 39 21 ou à contact
at antipub.org.
Paysages de France
(association qui lutte notamment contre l'affichage publicitaire envahissant)
MNEI
5, place Bir-Hakeim, 38000 Grenoble
Tél. & tcp. 04 76 03 23 75 http://paysagesdefrance.free.fr
Le Publiphobe, association concurrente de R.A.P.
(diffusion d'une feuille sporadique par abonnement)
B.P. 20012, 94211 La Varenne-Saint-Hilaire Cedex
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Tcp. 01 42 83 45 01
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