RAP

RAP-À-TOILE N° 24 - ( JANVIER 2002 )

si vous souhaitez recevoir les prochains numéros.

Au sommaire de ce vingt-quatrième envoi

Tous les Numéros


0 - Introduction
1 - ACTION PÈRE-NOËL.
2 - MAURICE PERGNIER - Intervention du 20/10/01, dans le cadre de la « Semaine du goût ».
3 - ENTENTE CORDIALE.
4 - COMMENT DEVENIR BARBOUILLEUR ET RETOURNEUR.
5 - PUBLICITÉ AU LYCÉE.
6 - MÉFAITS PUBLICITAIRES.


R.A.P. a pour vocation de faire connaître les diverses approches de la lutte antipublicitaire sans pour autant adhérer à toutes les opinions et idées d'actions formulées, dont elle laisse la responsabilité à leurs auteurs.

Introduction :

Bonjour et bonne année à tous,

Puisque chaque nouvelle année est l'occasion de voeux plus invraisemblables les uns que les autres, faisons celui de voir la publicité commerciale disparaître de l'espace public en 2002. Pour ce faire, nous devons faire circuler nos arguments contre la manipulation publicitaire. Mercredi 30 janvier, nous allons oeuvrer dans ce sens en procédant à l'envoi du prochain numéro de R.A.P.-Échos. Alors, si vous souhaitez agir concrètement à nos côtés, venez nous aider à mettre ces 700 exemplaires sous enveloppe. L'action se situera dans notre local de Vincennes (coordonnées en fin de message) entre 10 heures et 18 heures.
En attendant votre venue, je vous souhaite une bonne lecture.

Nelly.


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1) ACTION PÈRE-NOËL.

Samedi 22 décembre à 15 h, 6 personnes se sont retrouvées place Beaubourg puis devant le BHV pour une action théâtre de rue intitulée : "Le Père-Noël et le publicitaire".
Bouffetou le vilain publicitaire fouettait Père-Noël pour l'inciter à vendre tandis que ce dernier exprimait son désarroi devant le peuple parisien. Les autres protagonistes distribuaient des tracts expliquant l'action.

 

 

2) MAURICE PERGNIER - Intervention du 20 octobre 2001, Cité des Sciences, dans le cadre de la « Semaine du goût ».

Débat organisé par Tocsin, à l'invitation de Pierre-Yves Schneider, sous le titre « La publicité est-elle comestible? ». Public estimé à entre 100 et 200 personnes (très passif, pratiquement aucune question ni débat à la fin).

L'invitation avait été adressée à R.A.P. et je ne m'exprimais pas à titre personnel. L'association a été nommée à plusieurs reprises. Outre moi-même, le débat réunissait : la responsable d'un laboratoire de l'INSERM chargé d'étudier les comportements alimentaires des jeunes ; la directrice d'une agence de publicité ; le chef du service de sécurité alimentaire de Danone (je ne nomme pas ici une marque mais une raison sociale) ; un pédopsychiatre, professeur à l'université de Rennes ; le rédacteur en chef de l'émission "Culture pub" ; et une personnalité (très connue, semble-t-il, dans le cadre de la Cité des Sciences). dont j'ai oublié le nom et la qualité, chargée de tenir le rôle du Candide.

Le thème était : dans quelle mesure la publicité influe-t-elle sur le comportement alimentaire (détestable, semble-t-il) des jeunes ?
Aucune réponse claire n'est ressortie de la discussion, sur ce point qui, d'ailleurs, n'intéresse RAP que très secondairement. Je ferai donc ici seulement le compte-rendu des points portant sur les questions générales liées à la publicité, et plus particulièrement de mes interventions.
Je soulignerai d'abord que, grâce à la qualité de l'animatrice - et aussi, sans nul doute, à celle des intervenants, tous gens de bonne compagnie -, la discussion n'a tourné à aucun moment au pugilat. J'ai choisi le moment de mes interventions et j'ai pu dire tranquillement tout ce que je voulais dire. Il n'est pas inintéressant de noter que le seul intervenant qui ait fait l'éloge de la publicité (particulièrement en direction des enfants), et avec lequel j'ai eu un échange un peu vif a été ... le pédopsychiatre.

Mes deux interventions principales ont porté sur les points suivants :

1) Le débat s'éternisant (inévitablement) sur le point de savoir si les publicités alimentaires en direction de la jeunesse étaient véridiques ou mensongères, j'ai développé longuement l'idée que les notions de vrai et de faux étaient étrangères à la publicité, que ce n'était pas pour cela que les commerciaux faisaient appel à elle. Que son rôle était de séduire, etc. J'ai ajouté que, bien sûr, il y avait une part d'information, donc de vrai, dans les messages publicitaires (par ex., dans les cas considérés, informations sur la quantité de graisse, de sucre, etc.), mais que cela tenait, d'une part, au fait que le donneur d'ordre n'est pas seulement le commanditaire d'un message publicitaire, mais aussi un industriel (fabricant et commerçant) ayant sa déontologie commerciale; et d'autre part au fait que la cible du message publicitaire est aussi un client ayant ses exigences ; enfin au fait que les pouvoirs publics imposent une certaine transparence. Je concluais donc en disant que l'existence d'une part d'information dans les messages publicitaires était le résultat d'un compromis entre ces divers impératifs.
À ma grande surprise, la directrice d'agence de publicité déclara qu'elle était d'accord avec moi, que les questions de véracité et de fausseté de l'information ne faisaient pas partie de la problématique des publicitaires... Le chef du service de sécurité alimentaire de Danone expliqua que son service était souvent en conflit avec le service marketing qui déformait les présentations faites des produits à des fins publicitaires.

2) L'animatrice m'ayant demandé de dire si notre association était radicalement hostile à la publicité en tant que telle, ou seulement à ses « abus », je fis à peu près la réponse suivante, que je donne en détail, car l'argumentaire peut servir à d'autres en de semblables circonstances :
« Si je vous demandais : êtes-vous contre les vaches ? la question n'aurait pour vous aucun sens et vous ne répondriez pas. En revanche, si en sortant de ce bâtiment, vous mettiez le pied dans une bouse de vache, la question commencerait d'avoir une pertinence. Si, un peu plus loin, vous tombiez sur un troupeau de vaches, puis qu'en voulant sortir votre voiture du parking deux vaches vous bouchaient le passage, vous commenceriez d'avoir une sérieuse opinion sur les vaches... Bref, on ne peut pas dissocier la question du qualitatif et celle du quantitatif. Tant que la publicité tenait une place limitée dans l'espace social et dans la communication, personne n'était tenté de s'interroger sur sa nocivité intrinsèque. Ce n'est que dans la mesure où elle envahit tous les secteurs de la communication et tout l'espace social qu'on est amené à s'interroger et à dénoncer son caractère totalitaire (non seulement dans son omniprésence mais dans sa nature même ) ».

Il s'ensuivit différents propos des autres intervenants sur l'envahissement publicitaire. Je rapporterai seulement celui du chef de service de chez Danone qui dit (micro ouvert) : « Je ne regarde presque pas la télévision, parce que je ne supporte pas cette omniprésence de la publicité. » Seul le pédopsychiatre continuait de défendre les bienfaits de la publicité et même ceux de la « séduction », dont j'avais dit qu'elle était le moteur unique des messages publicitaires. Il fut le seul à partir sans me saluer. Ça ne s'invente pas !


Maurice Pergnier, janvier 2002

 


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3) ENTENTE CORDIALE.

Ci-dessous, à la suite de l'implantation de panneaux publicitaires type préenseignes 4X3 pour le compte de la société GEMO à Pontivy, un exemplaire de la "lettre qui tue", nouvelle arme qui sera désormais distribuée à titre personnel à tous les voisins du malotru et du malfaisant qui s'est laissé aller à défigurer tout l'environnement visuel de la commune qui l'héberge. Cette lettre n'a d'autre ambition que de participer à l'amélioration des relations entre voisins.
G. Bourbon


Madame, Monsieur,

Un nouveau panneau publicitaire vient d'être implanté dans votre quartier!


- Vous pouvez estimer qu'il participe à l'embellissement de votre cadre de vie.
- Vous pouvez estimer qu'il participe à l'enlaidissement de votre cadre de vie.
- Vous pouvez ne pas avoir d'avis.

- Vous pouvez vous féliciter que votre avis ait été sollicité.
- Vous pouvez regretter de ne pas avoir été consulté.
- Vous pouvez ne pas avoir d'avis.

- Vous pouvez considérer qu'il s'agit d'un avantage.
- Vous pouvez considérer qu'il s'agit d'un désavantage.
- Vous pouvez ne pas avoir d'avis.

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La publicité extérieure vue par ses professionnels en 1995 (1) (contribution de l'Union de la publicité extérieure au CD-Rom du Ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement "Publicité et cadre de vie"):

- 200 000 supports grand format (affiches 4X3)
- 100 000 faces de mobilier urbain
- 55 000 faces dans les métros
- 20 000 faces dans les gares
- 53 000 faces sur les bus
- 34 000 supports de petits formats dans le métro.
- 250 dispositifs lumineux.

(Source : Publicité, enseignes et préenseignes. La loi du 29/12/79 et ses textes d'application. Ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement).

(1) Ces chiffres sont, bien entendu, fluctuants.

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En France, la part représentée dans le marché publicitaire par l'affichage proprement dit atteignait en 1996 (2) 11,7% pour : 8,4% en Grande Bretagne, 8,3% en Allemagne, 3,3% aux États Unis et 2,6% en Italie .

(Source Le médiagraphe 1998-1999 CESP éd.Et IREP Le marché publicitaire français étude 1996 cité par Publicité enseignes et préenseignes. La loi du 29/12/79 et ses textes d'application. Ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement).

(2) Ces chiffres sont, bien entendu, fluctuants.


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Définition de la laideur par Philippe Val :

"La laideur, c'est le décor de la barbarie. La laideur anesthésie l'intelligence, étouffe insidieusement la joie de vivre, pourrit lentement nos facultés d'émerveillement, nous transforme en carpettes intellectuelles, en 'mous du bulbe', en grignoteurs de tranxène."


Définition de la beauté selon le dictionnaire Quillet de la langue française:

"Qualité de ce qui plaît et remplit d'admiration; qualité de ce qui charme par une certaine perfection"

 

 


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4) COMMENT DEVENIR BARBOUILLEUR ET RETOURNEUR.

Voici ci-dessous le témoignage que nous a fait parvenir un sympathisant de l'association :

Je commence à barbouiller tout seul suite aux actions « Au grand jour » d'YG. Son action m'a permis de dépasser mon blocage face à cet interdit. La transgression s'est muée en soulagement, en plaisir, et aujourd'hui en mission civique alliant la revendication et le côté ludique. J'ose enfin m'attaquer aux affiches publicitaires papier du métro et de la rue.
Je suis rapidement rejoint par une amie qui a elle-même sauté le pas en nous voyant en pleine action « Au grand jour ». Ce fut une sorte de bouleversement émotionnel que de nous voir nous en prendre de manière décidée à cet ordre publicitaire, cet ordre auquel personne n'ose répondre et que l'on subit souvent dans une souffrance silencieuse quand on se croit isolé et donc marginal.
Mon amie et moi répondons alors à la publicité (plutôt la « privatité ») en détournant son message, en démystifiant, en soulignant les travers et les absurdités que le système publicitaire et l'idéologie de consommation engendrent au détriment de l'environnement et de nos humanités et au mépris de la responsabilité, de la liberté et du Sens. Tandis que j'écris des messages-slogans en cherchant une efficacité dans la formule, elle s'exprime plus longuement, librement, plus humainement, en prenant tout son temps. A l'aide d'un marqueur, d'abord en cachette - la nuit - puis de plus en plus ouvertement, puis en recherchant le dialogue et la réaction des gens, mon amie et moi commençons à parcourir délibérément des rues à la recherche de supports publicitaires (aubettes, sucettes, 4x3...).
Nous obtenons des réactions à travers des rencontres : des gens qui s'arrêtent pour lire, étonnés, séduits voire conquis. Les discussions qui en découlent sont chaleureuses et encourageantes. Plusieurs nous demandent nos marqueurs pour écrire également quelque chose ! Certains nous demandent nos contacts pour rejoindre notre lutte.

Tout en continuant les barbouillages, nous passons à une étape suivante en retirant les affiches sous cadre plastique aimanté. En utilisant le support papier au dos, nous pouvons écrire des messages réfléchis, humoristiques, sensibles, faire des dessins en toute sécurité (dans un espace privé, chez soi, chez quelqu'un). Dessins, textes courts, thèse copieuse : tout est bon pour interpeller, rendre complice les gens et les sensibiliser à travers un autre son de cloche. Cette technique a de nombreux avantages : elle diminue le risque puisqu'on ne reste pas sur le lieu du forfait, elle ne dégrade pas le matériel et le contenant et elle incite les autres à s'approprier un espace d'expression pour citoyens qui n'existe pas pour l'heure. Mon amie est restée plusieurs semaines à Montpellier et a rallié énormément de monde au combat antipublicitaire et à son action de résistance. Nous y avons sévi tous deux ainsi qu'à Toulouse et à Paris. À Toulouse, après avoir récupéré les affiches, nous commençons à réécrire dans un bar, ce qui suscite rapidement un intérêt autour de nous. Une fois que nous avons expliqué nos motivations, certains demandent à écrire. Un atelier d'« écriture civique à substituer à la pub » se crée donc spontanément! Une fois les messages écrits, il ne reste plus qu'à les réinstaller dans les affiches-cadres de pub (en récupérant au passage de nouvelles feuilles de pub à réutiliser plus tard).
Après la dernière action « Au grand jour », nous nous retrouvons un petit groupe de 8 personnes aussi motivées que joyeuses. Nous prenons d'assaut (à coup de nombreux et explicites messages et détournements) les stations Porte de Vanves, Invalides et République (y compris les couloirs) : les réactions des gens ne sont jamais hostiles, car les messages écrits les touchent et ils comprenent notre action. Le fait de ne pas agir dans la clandestinité, d'assumer notre acte et d'expliquer notre motivation, de détailler nos parcours, de proposer un possible à l'Homme auquel la société mercantile s'oppose, et de parler sincèrement et ouvertement, ne peut que toucher et conquérir les gens. Dans le métro, mon amie commence à s'adresser à la foule en brandissant une des affiches de femmes nues récemment exposées pour des magazines. Quand elle demande s'il est normal qu'on soit matraqués d'affiches aussi dégradantes ou que les enfants les aient à hauteur de vue quand ils entrent dans une boulangerie, les gens nous répondent silencieusement, mais en rougissant : les gens sont d'accord avec nous sur le fait de réagir.

Quand nous arrachons la pub suspendue dans les rames de métro, les gens nous regardent interloqués. Si nous leur disons, par exemple, que la pub fait mal aux yeux, qu'on les en soulage et qu'on peut réutiliser le papier pour écrire ou dessiner, ils rigolent et acquiescent. Quand nous les réutilisons et les réaccrochons du côté papier avec un ruban, avec un message recto verso contre l'anonymat, contre la pub, mais pour la création, les gens restent médusés. Le décalage que constitue le fait d'accrocher une petite affiche manuscrite qui parle aux gens avec gentillesse et avec du sens est prodigieux ! Après que nous l'avons fait, un jeune en doudoune se lève spontanément vers nous et nous demande avec sincérité et détermination comment on pourrait lui enlever le logo qui est cousu dans son dos !
Lorsqu'on accroche des messages humanistes sur de petites planches de bois (réutilisation de boîtes de camembert) suspendues à un arbre par un ruban, cet acte opère comme un charme. Les gens prennent une bouffée d'air.

Avec nos compagnons, nous avons arpenté les rues au hasard et retiré les pubs-inserts croisées en chemin. Nous avons profité de la tranquillité du premier étage d'un restaurant pour le transformer en atelier et faire connaissance. Nous avons utilisé le verso des pubs pour y inscrire idées, messages, sans formalité aucune. Après nous être défoulés, nous nous sommes redonné rendez-vous un autre jour pour remplacer les pubs par nos messages et dessins. Après les retrouvailles dans un bar, nous avons fait une tournée pour réinstaller la trentaine d'affiches vierges réécrites ou repeintes par nos soins, tout en barbouillant à droite à gauche. Nous avons parfois utilisé de la colle afin que la feuille ne soit pas enlevée trop facilement, même si cette action peut prêter à la controverse. La soirée s'est superbement déroulée.

Ce qui m'étonne le plus, c'est de voir l'unanimité des réactions que nous provoquons : au moins de l'enthousiasme, et jamais d'hostilité.
Cependant, il convient de rappeler que les commerçants (boulangeries, librairies, laveries, bars, brasseries, épiciers etc.) ne sont que payés en bons pour chaque affiche posée (par un employé de la société d'insert) qu'ils convertissent à la fin de l'année en objet de leur choix parmi un catalogue d'une centrale (un four à micro-ondes par exemple) mais qu'ils doivent veiller à ce que l'affiche soit maintenue à sa place.
Il m'est arrivé une fois qu'un commerçant, alerté par le bruit que je faisais (au moment de retirer l'affiche) sorte, mi-étonné, mi-inquisiteur : « Vous étiez en train de piquer les affiches ? » Pris de court par la surprise : « Ben non. -Ah. Vous étiez en train de les mettre ? - Ben oui. -Ah bon, bonsoir » et il se renferme dans son magasin. Pas très fier, je suis quand même parti avec mes deux affiches sous le bras, sans oser me retourner.
Il faut savoir que certaines affiches (notamment celles avec des femmes séduisantes et dénudées, ou celles qui présentent une esthétique ou un film appréciés) sont volées, si besoin en cassant le verre de l'aubette ou de la sucette.
Nous avons eu une réaction plus véhémente d'un tenancier de bar qui a pris en flagrant délit mon amie. Depuis l'intérieur de son bar, énervé, il nous a sommés de remettre l'affiche en place, en nous traitant de fous. Mon amie a désarmé son agressivité en l'incitant à relativiser, tout en obéissant. Il était vraisemblablement plus surpris et dépassé qu'on s'attaque à « ses » affiches qu'à la publicité, et ce, plus par réflexe de protection et de conservation que par réflexion destinée à protéger la publicité. En dehors de ces deux incidents, nous n'avons eu aucune réaction qui n'allait pas dans notre sens.

Devant le succès de ces opérations « retournement » (d'affiche et de situation), nous avons décidé d'en faire dans différents quartiers (bourgeois ou populaires) plusieurs fois par mois. Il faut s'approprier des espaces de création et d'expression, puisqu'on ne nous les donne pas et qu'ils sont réservés qu'à la seule publicité. Cette action permet de le faire sans dégradation. Ces actions simples à la portée de tous peuvent se propager car elles sont simples et engendrent peu de risques, en même temps qu'elles marquent les esprits. Nous avons aussi appris que la relation au « public » dans une action est fondamentale et qu'avec de la pédagogie et de la gentillesse, les gens nous soutiennent dans cette cause quels que soient leur age, sexe, couleur et milieu.

Alex B.

 

5) PUBLICITÉ AU LYCÉE

Dans le cadre de la Fête de la science, mon lycée organisait dans le hall d'entrée une exposition sur la génétique, dont toutes les planches étaient en fait réalisées par des entreprises privées, ce qui n'était pas explicitement mentionné ni à l'entrée de cette exposition, ni sur tous les dépliants présentant la manifestation. Le proviseur reçut donc la lettre suivante :

Cyril RONFORT
Étudiant en classe de ...
13, bd Joseph-Girod
63000 CLERMONT-FERRAND

à

Madame le Proviseur du lycée B.-P***
63 000 CLERMONT-FERRAND

Clermont-Ferrand, le 22 octobre 2001

Madame,

Comme vous le savez, à l'occasion de la Fête de la science, une exposition a eu lieu pendant toute la semaine dernière dans le hall d'entrée du lycée. Celle-ci était présentée sur le programme fourni par le lycée, et diffusé notamment auprès des élèves, comme une exposition ayant pour thème la génétique.

En visitant cette exposition, j'ai effectivement pu constater que de nombreuses planches retraçaient l'histoire de cette discipline scientifique.
Toutefois, chacune de ces planches portait, en bas et en gros caractères, le nom de la société réalisatrice de ces documents. Cette mention soulève un certain nombre de problèmes. Pour commencer, il vient tout naturellement à l'esprit que ces planches, réalisées non pas par un organisme public, mais par une société privée, dont le but est la recherche du profit, n'ont pu l'être que si elles pouvaient amener une contrepartie financière à ladite société : autrement dit, on peut supposer qu'elles étaient plus destinées à faire la promotion d'un groupe industriel qu'à informer de manière objective le public. Car le deuxième problème soulevé est effectivement celui de l'objectivité : ce groupe étant, entre autres, une société de biotechnologies, l'histoire de la génétique lui apparaît non pas comme une avancée de la recherche positive pour l'humanité, mais avant tout comme une avancée scientifique source de bénéfices.

Il y avait cependant beaucoup plus grave. En effet, d'autres planches étaient entièrement consacrées, ouvertement cette fois, à la promotion d'une autre entreprise de biotechnologies. Le problème n'est plus ici celui de l'objectivité de l'information ou de la présence abusive des marques dans le milieu scolaire (ce dernier problème ayant d'ailleurs très bien pu être résolu en masquant sur chaque planche le nom et le logo de l'entreprise) ; il s'agit directement de la présence de ces planches, qui était déplacée à double titre. D'une part, celles-ci, relevant plus de la publicité que de l'information, n'avaient pas leur place dans un établissement d'enseignement public ; d'autre part, elles convenaient mal dans le cadre de la Fête de la science, étant plutôt destinées à une exposition pour le congrès des entreprises techno-scientifiques.

Je me permets donc de vous exprimer mon mécontentement, car j'estime que, de par vos fonctions, vous auriez dû vous opposer à l'organisation de cette manifestation telle qu'elle l'a été. Il me semble qu'il serait souhaitable qu'à l'avenir, les entreprises privées ne bénéficient pas ainsi dans l'établissement d'un espace offert gratuitement au sein duquel elles peuvent librement étaler leur publicité.

Faisant confiance à votre vigilance, je vous prie d'agréer, Madame, l'expression de mes salutations distinguées.

____________________________________________________

Au cours de l'entretien qui suivit la réception de cette lettre par la principale intéressée, il apparut d'abord que celle-ci, tout comme ses deux adjoints et les deux professeurs de biologie instigateurs de la manifestation, n'avait rien compris à ma démarche, croyant d'abord à un règlement de compte personnel avec les étudiants en classes de Math. Sup. Bio et Math. Spé. Bio (auxquels était destinée cette exposition), puis à une attaque dirigée contre la société fournissant les planches (pourquoi dès lors me serais-je donné tant de mal à NE PAS citer le nom de cette entreprise ?).
Je passe sur les arguments imbéciles qui m'ont ensuite été sortis (en d'autres termes, on m'a par exemple expliqué que cette exposition était faite pour ne pas être vue...) ; la démarche de cacher le nom de l'entreprise sur les planches a quant à elle été qualifiée de "jésuite" par un des adjoints, qui avait précédemment insinué que ma conduite était digne de celle d'un "ayatollah" (notez au passage que ces deux termes sont assez contradictoires !).
On m'a aussi accusé de vouloir établir une sorte d'"idéologie unique" au sein du lycée (celle de l'Éducation nationale) ; il faut toutefois constater que nous n'avons en échange qu'une autre idéologie unique, celle des entreprises.
Un autre argument a été celui du manque de moyens : l'INRA, autre "partenaire" de la manifestation, n'a fourni qu'une poignée de posters, et le lycée n'a pas les moyens de réaliser les planches... Une question tout de même : lorsque l'Éducation nationale, d'ici quelques années, n'aura plus les moyens de payer les professeurs, les cadres et ingénieurs des sociétés transnationales viendront-ils assurer, aux frais de l'entreprise, les cours de sciences naturelles ?
Ma démarche n'a cependant pas été inutile, car ma lettre sera lue au conseil d'administration, qui avait donné son accord à l'organisation de cette exposition (approuvée également par le recteur). J'attends de connaître les réactions...


Cyril Ronfort

 

 

6) MÉFAITS PUBLICITAIRES.

La nouveauté sur la Toile, les pubs sonores !!! Encore une intrusion dans la vie des citoyens !!!
Vous butinez tranquillement, et passant sur un site à connexions élevées, vous entendez "garçon, un café SVP" Oh stupeur kesskeC !? Il y a quelqu'un chez moi (au bureau, dans la salle...) ! Vite, je regarde, d'où vient ce son ?
De la bannière pub, bien évidemment !!!
Au secours, laissez-moi surfer tranquillement ! je ne veux pas vous entendre et je ne pense pas tout le temps à couper le son avant de me connecter !!!

La FéeC


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INFORMATIONS DIVERSES

Toutes les informations que vous venez de lire sont publiques, nous vous invitons à les transmettre à toute personne susceptible d'être intéressée : faites circuler !.

Pour tout renseignement (envoi d'un exemplaire de R.A.P.-Échos, notre publication papier, adhésion, etc.) merci de prendre contact avec : R.A.P. (Résistance à l'agression publicitaire) 53, rue Jean-Moulin, 94300 Vincennes tél. : 01 43 28 39 21 (tcp. : 01 58 64 02 93) Adhésion : 15 euros Adhésion petit budget : 7,50 euros Abonnement à R.A.P.-Échos : 5 euros.

Notre permanente assure la permanence téléphonique lundi, mardi et jeudi de 10 h à 13 h (on pourra également nous joindre en dehors de ces horaires, sans certitude de présence toutefois). Réunions mensuelles : calendrier au début de ce message, renseignements supplémentaires au 01 43 28 39 21 ou à contact at antipub.org.

Coordonnées utiles :

Casseurs de pub 11, place Croix-Pâquet 69001 Lyon Tél. 04 72 00 09 82 - Tcp. 04 77 41 18 16 http://www.antipub.org/

Paysages de France (association qui lutte notamment contre l'affichage publicitaire envahissant) MNEI 5, place Bir-Hakeim, 38000 Grenoble Tél. & tcp. 04 76 03 23 75 http://paysagesdefrance.free.fr

Le Publiphobe, association concurrente de R.A.P. (diffusion d'une feuille sporadique par abonnement) B.P. 20012, 94211 La Varenne-Saint-Hilaire Cedex Tél. 01 41 81 69 17 Tcp. 01 42 83 45 01

R.A.P. Belgique 96, rue Le Lorrain, 1080 Bruxelles Tél. 02 / 426 91 91 http://www.antipub.be

Brisons nos chaînes Chez Publico 145, rue Amelot, 75011 PARIS.

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