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RAP-À-TOILE N° 31 - ( NOVEMBRE 2002 )

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Au sommaire de ce trente et unième envoi

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0 - Introduction
1 - La publicité, un outil devenu fléau - Pourquoi et comment lutter contre elle.
2 - ON EST MIEUX QUAND ON A TOU.
3 - POURQUOI ET COMMENT L'ÉDUCATION INTÉRESSE-T-ELLE UN NOMBRE CROISSANT D'ACTEURS PRIVÉS ?
4 - LETTRE À MONSIEUR AILLAGON, MINISTRE DE LA CULTURE.
5 - CAMPAGNE CONTRE LES JOUETS SEXISTES.
6 - MÉFAITS PUBLICITAIRES.


R.A.P. a pour vocation de faire connaître les diverses approches de la lutte antipublicitaire sans pour autant adhérer à toutes les opinions et idées d'actions formulées, dont elle laisse la responsabilité à leurs auteurs.

Introduction :

Bonjour à tous,

Nombreux sont ceux qui se sont inquiétés de ne pas voir d'action de R.A.P. pour la « Journée sans achat ». Certains nous ont appelés la veille ou le matin même, nous ont laissé des messages (vocaux ou électroniques) pour connaître le lieu de notre action, s'étonnant de n'obtenir aucune réponse de notre part. L'interrogation était bien légitime pour ceux qui nous connaissent depuis quelques années car pas une fois R.A.P. n'avait loupé ce rendez-vous. Que s'est-il donc passé cette année ? Lors de la réunion mensuelle de l'association, seulement deux personnes ont affirmé pouvoir être présentes à cette action. Face à cette faible mobilisation, rien n'a été organisé à Paris. Tant pis pour ceux qui nous ont appelé à la dernière minute, ils auront compris qu'une action se prévoit à l'avance. Notons tout de même une bonne mobilisation générale pour cette journée avec un spectacle organisé par Casseurs de Pub à Strasbourg et une action à Lyon organisée par R.A.P.-Lyon. Pour ne pas renouveler ce raté avec l'action père-noël, contactez-nous dès aujourd'hui si vous souhaitez y participer. Enfin, notre cher président Thomas Guéret a été interviewé sur le site du sauvageon (www.lesauvageon.org), n'hésitez pas à lire cet entretien pour tout savoir sur R.A.P.

Nelly.


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1) La publicité, un outil devenu fléau - Pourquoi et comment lutter contre elle.

I - Quelques idées générales

(A) - Ce n¹est pas la publicité en tant que telle qui pose problème, mais l¹agression publicitaire. Il faut bien avoir à l¹esprit que dénoncer « la publicité » (y compris dans le présent exposé) constitue un abus de langage. (B) - La publicité, qui devait n¹être qu¹un outil économique, est devenue le décor de nos vies quotidiennes. (C) - À force d¹être présente, la publicité pénètre jusqu¹à notre vie intérieure qu¹elle encombre de faux besoins et de fausses valeurs. On peut même parler d¹une véritable idéologie imposée, ou plutôt insinuée, par une authentique propagande. (D) - Tous les défauts de la publicité peuvent être classés dans deux grandes catégories : violence et manipulation. Tout message ou procédé publicitaire est plus ou moins violent, plus ou moins manipulateur. La publicité idéale serait celle qui ne serait ni violente ni manipulatrice. Il en est qui se rapprochent de cet idéal. (E) - L¹imagerie publicitaire, toute d¹humour, de tendresse, de charme et de gaieté, sème le doute dans les esprits, instaure le soupçon généralisé, noie peu à peu l¹ensemble de la population dans une indifférence inconsciente, source d¹égoïsme. Elle sème la confusion et anesthésie les consciences. Censément lumineuse et instructive, elle constitue, en réalité, une forme d¹obscurantisme. (F) - Dans une civilisation productiviste, économiste, comme la nôtre, il ne faut pas attendre du pouvoir politique, quel qu¹il soit (de droite ou de gauche), qu¹il réduise la place de la publicité. C¹est de la population que doit venir la réaction, au sens profond du terme. (G) - Le citoyen peut beaucoup en matière de lutte antipublicitaire, mais il risque aussi de gaspiller beaucoup de temps et d¹énergie en s¹attardant sur des fronts où la bataille est perdue d¹avance.

II - Quelques fronts de lutte

(H) - La voie publique : l¹affichage (ou publicité extérieure), tel qu¹il est pratiqué, constitue l¹agression majeure, dans la mesure où il touche tout le monde. Si la lutte antipublicitaire devait se dérouler sur un seul front, ce serait celui-là. (I) - Les boîtes aux lettres : une microagression, mais aussi lancinante qu¹une nuée d¹insectes. (J) - Les établissements scolaires : les jeunes sont méthodiquement cernés par la publicité, au moyen d¹un matériel pédagogique fourni par les marques, d¹affiches apposées à l¹intérieur des établissements ; ils sont aussi accueillis à la sortie par d¹autres jeunes que les industriels ont gratuitement habillés de leur marque pour qu¹ils aillent à leur tour contaminer les autres. (K) - Le cinéma : la publicité a largement pris la place du court métrage qui, jusqu¹aux années 1970, précédait le long métrage. Par ailleurs, la publicité s¹insinue aujourd¹hui, presque systématiquement, à l¹intérieur des films : les gens de cinéma (producteurs, réalisateurs, acteursS) touchent de grosses sommes pour glisser des marques dans le décor, voire dans la bouche des personnages (publicité clandestine). (L) - La télévision : ce n¹est pas un front de lutte, mais plutôt une très haute muraille de forteresse, lisse et inexpugnable, sur laquelle on ne peut que glisser. La publicité n¹est pas un parasite de la télévision, elle en est l¹apothéose. L¹outil télévision était prédestiné au matraquage et à la manipulation. La publicité, c¹est ce que la télévision sait faire de mieux.

III - Action civique (ce que chacun peut faire)

(1) - Si le facteur s¹obstine à déposer des prospectus chez vous malgré votre refus exprimé, redéposer ces prospectus dans les boîtes jaunes ou dans celles des bureaux de poste. (2) - Ne jamais ouvrir un courrier publicitaire ; le renvoyer à l¹expéditeur après avoir rayé votre nom et marqué « refusé » (ou « décédé », ou « NPAI ») sur l¹enveloppe. (3) - Si votre immeuble est protégé par un code d¹accès que des distributeurs de prospectus violent régulièrement à l¹aide d¹un passe-partout, arrêter l¹un de ces distributeurs (en vous faisant éventuellement aider par des voisins), appeler la police et porter plainte contre son employeur et lui pour violation de domicile (cf. jugement de la cour d¹appel de Versailles du 7 mai 2002, disponible auprès des associations antipublicitaires). (4) - Si votre journal préféré a l¹habitude de piéger ses lecteurs en insérant les placards publicitaires au milieu des articles, écrire au directeur pour lui demander de bien vouloir regrouper toute la publicité à la fin du journal, pour que les lecteurs qui en ont besoin puissent aller la consulter sans que les autres soient dérangés. S¹il refuse ou ne répond pas, réfléchir pour savoir si la gêne occasionnée par ces pièges publicitaires est plus ou moins importante que le besoin que vous avez de l¹information contenue dans le journal, et prendre une décision en conséquence. (5) - Retourner les sacs en plastique que vous donnent les commerçants à la caisse. (6) - Si un barbouillage collectif et non-violent d¹affiches publicitaires est organisé dans votre région, y emmener votre famille, vos amis, vos animaux, pour faire nombre aux yeux de la presse. (7) - Si vous apprenez qu¹un barbouilleur d¹affiches non-violent passe en procès loin de chez vous, manifester votre solidarité en écrivant à la presse, au gouvernement et à la justice que vous considérez son acte comme légitime. (8) - Si vous êtes patient et « délateur » dans l¹âme, faire tomber les panneaux publicitaires par la voie légale, grâce à la méthode « Paysages de France » (c¹est amusant, voire passionnant, mais légèrement absorbant). (9) - Pour les parents, acheter à vos enfants du matériel scolaire neutre, quitte à les inciter à le décorer suivant leur propre imagination (par exemple, recouvrir un classeur d¹un dessin fait de leur main et le protéger par du plastique transparent). (10) - Pour les professeurs, interdire aux élèves le matériel publicitaire (en prévenant le chef d¹établissement avant l¹été, pour qu¹il prévienne à son tour les nouveaux parents d¹élève). (11) - Au cinéma, ne pas se sentir obligé de regarder la publicité avant le film (les paupières, ça permet de fermer les yeux, les vertèbres cervicales de baisser la tête, les doigts de se boucher les oreilles). Si une publicité clandestine survient dans le film, selon les circonstances, soit le faire remarquer à son voisin pour l¹instruire, soit quitter la salle en protestant à haute voix. (12) - Vérifier que l¹on ne porte aucune marque (aussi petite soit-elle) à l¹extérieur de ses vêtements, et se moquer (gentiment) des gens que l¹on croise et qui n¹ont pas pris la même précaution. (13) - Utiliser les noms communs plutôt que les marques pour désigner les objets quotidiens : « stylo à billeS ruban adhésifS correcteur (liquide)S papillon (adhésif)S cyclomoteurS voitureS prêt-à-mangerS sodaS ». (14) - Dresser la liste de ses besoins avant de faire ses courses, et s¹'y tenir. (15) - Quand un marchand de cuisines ou de fenêtres vous dérange par téléphone pour vous vendre sa camelote (si ce n¹était pas de la camelote, il n¹aurait pas besoin de vous déranger), accepter le rendez-vous qu¹il vous propose. Quand il sonne à votre porte au jour et à l¹heure fixés, faire semblant de dormir. S¹il vous rappelle plus tard, lui expliquer que vous êtes amnésique et que vous avez oublié le rendez-vous. Entretemps, vous n¹avez plus besoin de sa cuisine, ce qui est votre droit. (16) - Boycotter la télévision, cette « bouche d¹aliénation » (comme on dit « bouche d¹aération »), en méditant ceci : « On n¹a pas la télévision, elle vous a. » (17) - Signer les pétitions diffusées par R.A.P. (« Non à la publicité au cinéma, oui au court métrage », « Pas de publicité dans ma boîte aux lettres ») et Paysages de France (« On nous vole nos paysages ! »).

IV - Action politique (ce que les pouvoirs publics peuvent faire)

(18) - Obliger les distributeurs de prospectus à respecter les boîtes aux lettres des récalcitrants (comme en Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas, au Portugal, en SuisseS). (19) - Prélever une taxe sur la fabrication de prospectus afin que le retraitement de ces déchets ne lèse pas le contribuable. (20) - Inviter les associations antipublicitaires et de défense de l¹environnement à participer, au même titre que les afficheurs, à la rédaction d¹une nouvelle loi réglementant les emplacements des panneaux.

(21) - Consacrer plus d¹argent à l¹instruction publique pour éviter que les industriels ne fourguent leur matériel « gratuit » dans les établissements scolaires au risque d¹accentuer le caractère naturellement moutonnier des jeunes. En cas d¹insuffisance budgétaire, s¹abstenir, par exemple, de construire un énième sous-marin nucléaire. (22) - Télévision : rien. Ce génial outil de gouvernement des âmes est trop précieux pour la classe politique dans son ensemble, laquelle ne fera rien pour en changer radicalement le fonctionnement.

Yvan Gradis

*Les idées répertoriées dans le présent document n¹émanent pas toutes des associations antipublicitaires. Seul Yvan Gradis en assume l¹entière responsabilité.

 

 

2) ON EST MIEUX QUAND ON A TOUT.

Les fidèles de R.A.P. et Casseurs de Pub connaissent déjà son nom, mais connaissent-ils son travail ? Laetitia Carton, administratrice de R.A.P. et relais de R.A.P.-Auvergne est aussi une artiste plasticienne de talent. Son thème favori depuis 5 ans ? ... La dénonciation de l'omniprésence publicitaire et de la culture d'entreprise, ...évidemment. L'espace d'art contemporain, rue du Montparnasse à Paris, accueille sa dernière exposition « On est mieux quand on a tout », depuis le 7 novembre jusqu'au 21 décembre 2002. C'est l'occasion pour Laetitia de plonger ses visiteurs dans une atmosphère étouffante et inquiétante créée par les messages publicitaires. Deux salles composent cette exposition. Dans la première, des vidéos, des lettres écrites à des dirigeants de multinationales et une collection de faire-part de mariages d'entreprises. Dans la seconde, rien. Rien que des mots ! Un mois et demi d'enregistrement de messages publicitaires radios et télévisuels sont la matière première de cette pièce. Fidèlement, Laetitia les a retranscrits au feutre sur les murs, dans tous les coins, le plus haut que sa petite taille le lui permettait, dévoilant ainsi une vision à sa mesure. L'univers de cette artiste est drôle et désespéré. Avec une naïveté désarmante elle semble nous dire toute l'absurdité de ce monde publicitaire. Comme si elle hésitait entre le rire et une profonde tristesse, elle nous laisse démunis face à son oeuvre. On a mal aux yeux, à l'estomac, à la tête ; le vertige nous envahit, perte d'équilibre, tête qui tourne. Mais on sourit, on jubile, et on voudrait que les publivores se rendent dans ce lieu pour qu'ils comprennent, enfin, les effets de la publicité.

Nelly Ruscassié

Laetitia CARTON, « ON EST MIEUX QUAND ON A TOUT », jusqu'au 21 décembre 2002 à l'Espace d'art contemporain, 55, rue du Montparnasse, 75014 Paris. Exposition ouverte du mardi au samedi de 12 h à 19 h.


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3) POURQUOI ET COMMENT L'ÉDUCATION INTÉRESSE-T-ELLE UN NOMBRE CROISSANT D'ACTEURS PRIVÉS ?

Compte rendu de la conférence du 20 novembre 2002 sur le thème « Pourquoi et comment l'éducation intéresse-t-elle un nombre croissant d'acteurs privés ?»

Lieu : Parc des expositions, porte de Versailles

Etaient présents :Régine TASSI d'ATTAC éducation Jean-Claude DAIGNEY, directeur de l'Union nationale des Maisons Familiales rurales Bernard BELLOC de Conférence des Présidents d'Universités de France Guillaume DUVAL, rédacteur en chef adjoint de « Alternatives Economiques » et médiateur de la conférence

1re intervention : Régine Tassi (RT) Attac éducation Les entreprises privées s'introduisent de façon insidieuse au sein du service public et plus particulièrement de l'éducation, portant ainsi atteinte au principe de neutralité cher au système démocratique républicain ainsi qu'aux valeurs traditionnellement imparties à l'Éducation nationale. Les moyens employés par ces opérateurs privés pour infiltrer cette institution publique sont multiples et variés : 1- Tout d'abord par le biais de la publicité sous diverses formes : a) sous couvert de journées thématiques (hygiène, environnement...) dites de « sensibilisation » donnant lieu à de pseudo discours pédagogiques dispensés par divers opérateurs privés ayant un lien plus ou moins évident avec le sujet (Hygiène dentaire : Colgate ; respect de l'environnement : Total Fina Elf (!) ; apprentissage du boursicotage : Banque CIC...) b) de par un contenu des ouvrages scolaires de plus en plus marchand c) de par le financement de divers services type ramassage scolaire ou constructions par diverses sociétés privées. 2- Par le biais de l'internet avec le système d'aide aux devoirs en ligne (cf. « education.com du groupe Vivendi Universal) et des nouvelles technologies permettant aux entreprises d'accroître considérablement leurs profits 3- Par l'offre de cours à domicile par des sociétés privées (cf. Acadomia) aux moyens importants. Cela implique que : - le principe de neutralité est totalement inexistant puisque ces sociétés, poursuivant des objectifs d'opérateurs privés fondés sur le profit, ne peuvent tenir un discours objectif et véhiculent par ailleurs les valeurs d'une idéologie néolibérale - le principe égalité des chances prôné par le système républicain est loin d'être respecté, seuls ceux qui en ont les moyens peuvent bénéficier des nouvelles technologies au service de l'éducation et/ou de cours à domicile ou dans des établissements privés vers lesquels tendent de plus en plus à s'orienter certaines familles. Ce constat traduit nécessairement un dysfonctionnement du système éducatif français et une réelle menace à son encontre. RT se pose alors la question des raisons d'une telle dérive, et en dégage quatre facteurs : 1 - une perception utilitariste de l'éducation par les opérateurs privés due au fait que pour eux, l'éducation se résume à un marché énorme puisque représentant plus de 1000 milliards d'euros et autant de possibilités d'enrichissement 2 - la question encore floue de l'AGCS (Accord Général sur le Commerce des Services ) tendant vers l'ouverture progressive des marchés publics à la concurrence 3 - un désinvestissement significatif de l'Etat quant à l'insuffisance des fonds impartis à l'éducation entraînant ainsi une collaboration presque inévitable entre établissements publics et entreprises privées, le plus souvent sous forme de partenariats 4 - une régionalisation croissante avec comme corollaire une redistribution des pouvoirs s'appuyant souvent sur la publicité et des partenariats peu clairs avec les entreprises privées Ces dérives sont préoccupantes pour l'avenir de la démocratie (plus d'égalité ni de neutralité...) tendant à se diriger vers une pensée unique. Attac se constitue en observatoire et continue de se pencher sur cette question de marchandisation de l'Éducation nationale tout en préconisant la vigilance quant à ces diverses formes d'intrusion.

3e intervention : Bernard Belloc (BB), Conférence des Présidents d'Université En axant son intervention sur l'intrusion du secteur privé dans le secondaire, plus particulièrement en matière de recherche et de formation, BB s'attache d'abord à recadrer les 2 genres d'interventions du secteur privé dans le public : 1 - le privé-partenaire (sponsoring d'événements...) Il peut aboutir à un certain équilibre par le biais d'une convention dont le contenu aura préalablement été débattu par les deux secteurs. 2 - le privé-acteur. Il représente un vrai danger quant au respect des valeurs d'une éducation démocratique. En effet, les entreprises poursuivent des objectifs d'acteurs privés (profit) avec tout ce que cela implique de potentielles dérives. Les raisons de l'intrusion croissante du secteur privé au sein de l'école sont entre autres liées au fait que le service public ne tiendrait pas compte des nouvelles données relatives à la demande, l'environnement et les technologies, et, en terme d'enseignement, ne pourrait donc y pourvoir efficacement. De plus, cette nouvelle demande est plus à même d'être satisfaite par le secteur privé qui en est généralement l'instigateur, comme c'est le cas par exemple pour les formations continues qui restent à 95 % assurées par des acteurs privés (une heure de formation par internet pour les enseignants, n'étant pas considérée comme statutaire). On en revient donc encore à une déficience du service public qui, malgré sa validité, manque cruellement de fonds, de structures, de méthodes et reste décidément obsolète. Pour faire reculer l'intervention d'opérateurs privés, l'État devrait : 1 - assurer une meilleure formation des maîtres aux nouvelles technologies et aux secteurs de l'information et de la communication. Ceci leur permettrait une connaissance et une compréhension de ce nouvel environnement de plus en plus nécessaire et la formation des élèves à un esprit critique vis à vis de ce qui les entoure. Le service public pourrait ainsi regagner une certaine crédibilité auprès de ses acteurs, détracteurs et concurrents... 2 - établir un contrôle interne efficace du service public quant à son aptitude à répondre aux nouvelles évolutions, au même titre que le secteur privé. 3 - définir plus clairement les objectifs à atteindre. Tous ces points nécessiteraient bien sûr un investissement financier conséquent de la part de l'État. Le secteur public pourrait ainsi avoir une idée plus précise de l'évolution du monde actuel, et devenir lui-même acteur de débats le concernant (cf.l'Accord Général sur le Commerce des Services...) Le danger ne relèverait donc pas tant de l'intervention du privé en lui-même - son intervention pouvant s'avérer bénéfique si contrôlée (voire nécessaire dans le contexte actuel, l'éducation nationale ne disposant pas de moyens suffisants) - mais de la sclérose, de l'obsolescence de l'Éducation nationale ainsi que de son absence probante d'objectifs.

Interventions du public : -« L'esprit critique s'acquiert au primaire et nullement au secondaire »

-« Les avancées en matière médicale ne seraient pas ce qu'elles sont aujourd'hui s'il n'y avait pas une compétition dictée par la loi du marché (...) Le service privé avance là où le service public fait défaut, c'est certain. » -« L'intervention d'acteurs privés n'est pas un mal. Elle permet par exemple de « ventiler » les cours et de sortir du cours magistral ordinaire qui peut s'avérer lassant. » -« Est-ce pour développer l'esprit critique des étudiants que des affiches publicitaires sont palcardées dans les universités ? Où y trouvent-ils leur intérêt ? » Réponse de Bernard Bulloc : « Je n'ai pas d'opinion concernant l'affichage publicitaire. »

BILAN : Beaucoup de bruits pour rien...

La salle restera donc sur sa faim, ainsi en aura-t-on décidé. Pas d'alternatives laissées par l'économique Guillaume Duval, ayant eu cependant le mérite d'animer une table ronde totalement bancale. Ainsi, le choix des intervenants semblait complètement arbitraire, à l'exception de Régine Tassi dont l'intervention ne soulevait que timidement et sans trop d'entrain les vraies dérives de tels procédés. M. Bernard Belloc, bien qu'excellent orateur, n'a brassé que du vent avec, et c'est à souligner, de très beaux effets de manche. Quant à l'intervention de M. Jean-Claude Daigney, malgré de fervents efforts pour intéresser l'auditoire à une structure alternative « ni publique, ni privée » dont les tenants et aboutissants resteront à jamais obscurs, elle ne sera volontairement pas retranscrite dans « Rap à toile ». Bilan : une militante peu motivée, un motivé inutile, et un inutile grandiloquent... Peut-être préféreraient-ils débattre de privé en privé.

Maëva Casti


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4) LETTRE À MONSIEUR AILLAGON, MINISTRE DE LA CULTURE.

Monsieur Jean-Jacques Aillagon Ministre de la Culture Ministère de la Culture 3, rue de Valois 75001 Paris

le 16 novembre 2002

Monsieur le Ministre,

Dans son édition du 15 novembre 2002, le journal "Le Monde" fait état du rapport ayant pour but de bannir la violence à la télévision. Ce rapport élaboré par Mme Blandine Kriegel propose, entre autre, de modifier l'écriture de l'article 227-4 du code de procédure pénal de façon à le doter "d'une incrimination plus étroite donc plus raisonnable et plus applicable". Si tel est le cas, il faudra nécessairement un certain temps avant que les propositions faites par la mission d'évaluation aient force de loi. Il restera ensuite à les faire appliquer?

On peut se demander pourquoi ce qui risque de devenir possible en matière de violence à la télévision mais qui va exiger un aménagement de la loi, n'est pas encore possible en matière de publicité clandestine alors que les textes qui la régissent sont déjà anciens.

Selon les termes de l'article 9 du décret 92-280 du 27 mars 1992 modifié par le décret 2001-1331 2001-12-28 art 2 JORF 29 décembre 2001 pris en application du°1 de l'article 27 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 relatif aux obligations des éditeurs de services en matière de publicité, de parrainage et de télé-achat "La publicité clandestine est interdite. Pour l'application de présent décret, constitue une publicité clandestine la présentation verbale ou visuelle de marchandises ou d'un prestataire de services dans des programmes lorsque cette présentation est faite dans un but publicitaire".

Le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel chargé de cette tâche rappelle régulièrement aux différentes chaînes que la publicité clandestine est interdite. Il leur demande de 'flouter' les marques qui apparaissent à l'écran en dehors des plages prévues à cet effet et de ne pas en citer délibérément. Pourriez-vous veiller à ce que la législation soit complètement respectée et que le 'floutage' soit étendu aux images sportives et en particulier aux marques qui louent des emplacements autour des stades et des terrains de sport entre autre ? Compte tenu du débordement publicitaire auquel nous assistons dans ce domaine, le floutage tel qu'il est pratiqué actuellement semble plus relever d'une interprétation sélective de la loi que de son total respect. Cette liberté prise avec la législation inquiète le citoyen que je suis. Y aurait-il plusieurs types de publicité clandestine ? Une publicité clandestine floutable et une autre non-floutable ? Aurais-je mal interprété les textes la régissant ? Que deviendra le rapport Kriegel s'il est appliqué de la sorte ?

Comptant sur vos éclaircissements ou sur votre diligence à faire appliquer la législation républicaine, je vous prie d'agréer, Monsieur le Ministre, l'expression de mes sentiments respectueux.

Gérald BOURBON

 

 

5) CAMPAGNE CONTRE LES JOUETS SEXISTES .

Du 14 au 22 décembre 2002 (pour le programme, voir ci-dessous)

Quoi de plus anodin qu'un enfant qui joue avec ses cadeaux de Noël ? Qui ne s'est jamais extasié en voyant une petite fille déballer sa Barbie, ou un petit garçon découvrir son Action Man ?

Pourtant, ces situations ne sont en rien anodines, car les jouets dont disposent les enfants influent sur leur vision du monde et les préparent déjà à leur vie future. Aujourd'hui, 80 % des tâches ménagères sont effectuées par les femmes, et 2 millions de femmes en France sont battues par leur conjoint. Dès le plus jeune âge, on conditionne les petits garçons à la violence (armes, gants de boxe...), à la technique (voitures, trains...), à la science (petit chimiste...), à la compétition (circuits auto, baby-foot...). Les petites filles sont quant à elles préparées à un futur rôle de mère (on les habitue à s'occuper de leurs poupées dès le plus jeune âge), de ménagères (par le biais des dînettes, d'aspirateurs miniatures...), ou d'objets de désir (panoplies de maquillage, poupées ultra-minces...). On apprend aux petits garçons à être dominants (par la force, la technique, la compétition) et aux petites filles à être dominées : consignées aux tâches ménagères, elles doivent toujours avoir une apparence soignée pour plaire aux garçons.

Les valeurs véhiculées par les jeux dits " masculins " sont celles que la société d'aujourd'hui met en avant (esprit d'aventure et de compétition, penchant pour la technique, etc.), à la différence des jeux dits " féminins ". Garçons et filles doivent se conformer à des normes imposées et socialement hiérarchisées : on apprend aux garçons la domination et aux filles la passivité et la soumission.

Si, heureusement, la société d'aujourd'hui n'est pas toujours aussi sombre que le suggère ce tableau - certaines femmes refusent de se cantonner à un rôle de mère et d'épouse et tous les hommes ne battent pas leur compagne (même si quasiment tous ont eu des jeux guerriers dans leur enfance) - c'est parce que des femmes et des hommes s'élèvent contre ces modèles. Aujourd'hui les jouets et surtout la façon dont ils sont proposés aux enfants (et aux adultes) continuent à refléter et à encourager cette répartition sexiste des rôles entre des femmes que l'on désire dociles et soumises, et des hommes qui ne doivent trouver leur identité qu'en tant qu'individus protecteurs et virils.

Contre les fantasmes sexistes des catalogues de jouets, refusons les normes inégalitaires et n'offrons plus de cadeaux stéréotypés. Proposons un véritable choix à nos enfants : pour les filles comme pour les garçons, vive les jeux de coopération, les poupées et les poupons (qui ne soient ni anorexiques ni surmusclés), les jeux de construction et d'éveil, les albums sans clichés sexistes !

Samedi 14 décembre - à partir de 19H Restaurant de soutien à la campagne contre les jouets sexistes Menu végétarien à 8 euros La Rôtisserie, 4 rue Sainte-Marthe, 75010 Paris, M° Belleville

Jeudi 19 décembre - 19H15 Débat sur les jouets sexistes en présence de Serge Chaumier, sociologue à l'université de Bourgogne 27 rue Saint Guillaume, 75007 Paris M° Sèvres-Babylone, Rue du Bac ou Saint Germain Amphithéâtre Chapsal

Samedi 21 décembre - 14H Manifestation festive contre les jouets sexistes RdV devant la Samaritaine Sortie M° Pont Neuf

Dimanche 22 décembre - 13H30 Action festive contre les jouets sexistes (venir habillé-e en couleurs vives) RdV place du Châtelet, M° Châtelet

Et durant toute la campagne : Distributions de catalogues antisexistes devant les magasins de jouets (demandez-en aux associations organisatrices)

Collectif Contre le Publisexisme 145 rue Amelot, 75011 Paris contact au 06.98.92.78.65 contrelepublisexisme at samizdat.net

Mix-Cité 224 bd Voltaire, 75011 Paris 06.17.12.52.61 http://www.mix-cite.org
contact at mix-cite.org

Les Sciences Potiches se Rebellent 27 rue Saint Guillaume, 75007 Paris http://www.spsronline.org
sciencespotichesserebellent at yahoo.fr

 

6) MÉFAITS PUBLICITAIRES .

Nous avons été alertés par plusieurs adhérents de l'apparition d'une nouvelle forme de publicité. Quelques entrées de métro parisien ont été totalement recouvertes par d'énormes baches jaunes censées représenter les téléphones mobiles d'une marque bien connue. Nous recherchons tout visuel et toute information complémentaire sur le sujet.


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INFORMATIONS DIVERSES

Toutes les informations que vous venez de lire sont publiques, nous vous invitons à les transmettre à toute personne susceptible d'être intéressée : faites circuler !.

Pour tout renseignement (envoi d'un exemplaire de R.A.P.-Échos, notre publication papier, adhésion, etc.) merci de prendre contact avec : R.A.P. (Résistance à l'agression publicitaire) 53, rue Jean-Moulin, 94300 Vincennes tél. : 01 43 28 39 21 (tcp. : 01 58 64 02 93) Adhésion : 15 euros Adhésion petit budget : 7,50 euros Abonnement à R.A.P.-Échos : 5 euros.

Notre permanente assure la permanence téléphonique lundi, mardi et jeudi de 10 h à 13 h (on pourra également nous joindre en dehors de ces horaires, sans certitude de présence toutefois). Réunions mensuelles : calendrier au début de ce message, renseignements supplémentaires au 01 43 28 39 21 ou à contact at antipub.org.

Coordonnées utiles :

Casseurs de pub 11, place Croix-Pâquet 69001 Lyon Tél. 04 72 00 09 82 - Tcp. 04 77 41 18 16 http://www.antipub.org/

Paysages de France (association qui lutte notamment contre l'affichage publicitaire envahissant) MNEI 5, place Bir-Hakeim, 38000 Grenoble Tél. & tcp. 04 76 03 23 75 http://paysagesdefrance.free.fr

Le Publiphobe, association concurrente de R.A.P. (diffusion d'une feuille sporadique par abonnement) B.P. 20012, 94211 La Varenne-Saint-Hilaire Cedex Tél. 01 41 81 69 17 Tcp. 01 42 83 45 01

R.A.P. Belgique 96, rue Le Lorrain, 1080 Bruxelles Tél. 02 / 426 91 91 http://www.antipub.be

Brisons nos chaînes Chez Publico 145, rue Amelot, 75011 PARIS.

http://www.bap.propagande.org/

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