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RAP-À-TOILE N° 32 - ( DÉCEMBRE 2002 )

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Au sommaire de ce trente deuxième envoi

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0 - Introduction
1 - LA GRÈVE DU PÈRE-NOËL.
2 - LA COMPLAINTE DU PÈRE-NOËL.
3 - DÉBOIRES DANS UN GRAND MAGASIN.
4 - LA PUBLICITÉ VA-T-ELLE DÉSERTER LE « PETIT ROBINSON » ?
5 - MÉFAITS PUBLICITAIRES.


R.A.P. a pour vocation de faire connaître les diverses approches de la lutte antipublicitaire sans pour autant adhérer à toutes les opinions et idées d'actions formulées, dont elle laisse la responsabilité à leurs auteurs.

Introduction :

Bonjour à tous,

« C'est Noël ! », au moins vous ne pourrez pas dire que vous avez été prévenus. C'est Noël donc et à moins d'être aveugles, sourds et de ne pas lire Rap-à-Toile, vous le savez tous et ce n'est pas parce que nous sommes des résistants à l'agression publicitaires que nous devrions faire comme si cela n'existait pas. Au contraire, l'agression publicitaire est plus que jamais présente dans ces périodes de fêtes et d'achats inconsidérés, c'est pourquoi ce numéro traite largement de l'actualité festive de ce début d'hiver. Que cela ne vous empêche pas de passer une très bonne fin d'année. Pour ma part, je retourne dans ma province natale et ne serai de retour que le 6 janvier 2003. D'ici là, vous pouvez toujours laisser des messages sur le répondeur ou par courrier électronique.

Bonne lecture,

Nelly.


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1) LA GRÈVE DU PÈRE-NOËL.

Certains croient que le Père-Noël se prête volontiers aux jeux des publicitaires qui s'évertuent à le mettre dans des situations ubuesques voire ridicules dans le seul but de vendre. Et cela était vrai pendant longtemps. Ce cher vieux bonhomme s'était laissé persuader que l'amour se mesurait au nombre de cadeaux offerts pendant les fêtes de fin d'année. Il a découvert la supercherie en voyant les enfants de pays pauvres remplacer ses lutins dans ses ateliers de fabrication de jouets. Le Père-Noël a alors décidé de se rebeller contre l'exploitation commerciale de sa fête et de se mettre en grève.

VENEZ L'AIDER À PROUVER AU MONDE ENTIER QU'IL N'EST PAS QU'UN PANTIN PUBLICITAIRE.

Jeudi 19 décembre à 18 h 30 sortie du métro Cour St Émilion, rue François Truffaut.

 

 

2) LA COMPLAINTE DU PÈRE-NOËL.

R.A.P.-Lyon fera samedi 21 décembre 2002 sa première action Père Noël. Pour l'occasion, les résistants Lyonnais ont écrit le texte ci-dessous »

Le froid, l'humidité, la foule indifférente... les regards blasés, consternés, mi-amusés ou, pire, transparents. Je me sens seul, si seul en cette veille de Noël. Et pourtant, le père Noël c'est moi ! J'ai commencé ma carrière au moyen âge en tant que saint Nicholas, puis sous le pseudonyme de Santa Claus pour devenir le père Noël que vous connaissez, je représentais quelque chose d'humain, de chaleureux, de réconfortant, de gentil, d'honnête, de surprenant voire même de convivial. Aujourd'hui aussi, sauf que ce n'est plus si simple. Noël s'est propagé à travers le monde mais s'est perdu au fil du temps. Il a fallu "coller" à l'époque, devenir "cool" et "intéressant". Le sourire ne suffit plus, les dents doivent être blanches, mon manteau a pris la couleur d'une célèbre marque de boissons, je loue mon image à d'autres firmes pour rester dans les esprits. De recherché, je suis devenu omniprésent. Comment faire autrement ? ce qui est à la mode se démode, je suis plus qu'une mode pourtant. Les adultes ne voient plus en moi qu'une résurgence ringarde de leur passé, les enfants voient avec intérêt se profiler ma silhouette. Alors je fais un effort et je tente de correspondre à ce que sont les valeurs d'aujourd'hui: je porte des chaussures de sports griffées pour l'autonomie, je me maquille parce que je le vaux bien, je suis sponsorisé par le crédit mutuel parce qu'ensemble on est plus fort, je chatte sur le net pour le convivialité, je mange des hamburgers pour la simplicité et je suis pro-nucléaire pour la chaleur. Dur. Dur de se voir dans un miroir quand on a vendu ses rêves. Que suis-je devenu ? un support promotionnel, ciblé sur les 6-14 et les 18-30 au second degré par des équipes marketing de jeunes loups inconscients. Aujourd'hui est un jour spécial, des gamins des cités ignorées, les banlieues, m'ont coursé dans la rue. J'ai bien tenté de fuir, mais mes responsabilités m'ont rattrapé, les enfants aussi. Ils m'ont demandé pourquoi. Pourquoi tu es triste ? Pourquoi tu n'y crois plus ? Pourquoi vivre sans rêves ? Pourquoi vendre n'importe quoi ? Pourquoi participer à ça ? Que penses-tu de la phrase: "Aujourd'hui on croit que ce qui ne se vend pas n'a pas de valeur, alors que ça n'a pas de prix !" ? Coincé, accablé de tant de mansuétude... je craque. Je pleure, le Père Noël pleure. Et je parle, du monde devenu fou, des gens toujours insatisfaits, des enfants agressifs, des marchands avides, des irresponsables qui acceptent de n'être que des consommateurs, de l'humanité qui la perd, justement, son humanité. Je parle de MOI. Car je suis cette humanité, je suis vous. Je matérialise vos centres d'intérêts, je n'existe que parce que vous me faites exister. Et aujourd'hui ce n'est plus une vie, c'est un suicide. Cette perspective m'effraie, je ne voulais pas la voir en face, les enfants m'y ont obligé. Pourtant. Aujourd'hui. Le fait d'en parler, de mettre des mots sur des malaises, de partager mes sentiments, me rend plus fort. Parce que partout des gens résistent, vivent, rient, pleurent et s'épanouissent, je veux VIVRE. Lorsque vous éteignez la télé et expérimentez vos capacités physiques, émotionnelles, lorsque vous privilégiez l'échange plutôt que la domination, lorsque votre regard brille d'ambition plutôt que de convoitise? Alors là, oui, je VIS. Je redeviens ce que je n'ai jamais cessé d'être, un être humain, un philosophe, un poète, un ami.

A bientôt.

Le Père Noël


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3) DÉBOIRES DANS UN GRAND MAGASIN.

J-15, un cerf chantant les bienfaits d'un abonnement aux chaînes câblées me rappelle qu'il est tant de penser à : 1) ne plus m'endormir devant la télé lorsqu'un cervidé brame sa dépendance publicitaire sous peine de devenir cardiaque 2)éteindre ma télé quand je sens que je m'endors afin d'éviter une dépense inutile d'énergie 3) tiens, c'est bientôt Noël, faudrait peut-être que je pense à faire des cadeaux, non ? Ce 3ème point m'amène à une remarque des plus étonnante bien que dénuée de tout intérêt... un réflexe pavlovien peut être déclenché par l'intermédiaire (certes d'une cloche, à Pâques par exemple, mais aussi) d'un cerf, directement ou indirectement d'ailleurs. Me voilà donc munie de mon sac à dos, sorte de hotte providentielle, d'où sortiront les cadeaux tant désirés et mon argent du mois... et soudain, glacée par le froid, je cède... j'opte pour un magasin tout en un : les Galeries Farfouillettes. A l'entrée du magasin, un vigile me regarde, un sourire narquois plaqué sur le visage d'un air de dire « Bienvenue dans l'arène, petit gladiateur des temps modernes ! » (c'est fou ce qu'un simple sourire peut évoquer !...) et moi de lui répondre « Ave Caesar, morituri te salutant ! ». Me voici donc dans les entrailles de la bête... Mes pieds n'ont pas foulé le sol que déjà ma tête bourdonne et résonne de ce brouhaha incessant s'élevant de tous les étages, rayons, cabines d'essayage, cafés... oui, je suis définitivement bien entrée dans l'arène. Luttant contre l'envie de rebrousser chemin, j'avance... Mon premier adversaire : une vendeuse liftée me vantant les mérites d'une nouvelle crème de renommée mondiale à l'Alphabetatetragamma quelque chose aux effets « miraculeux » pour mon petit être si perfectible. Merci, sans façon, le résultat ne me semble pas vraiment probant... j'esquive. Je décide alors d'agir méthodiquement, voyons, bifurquons vers le rayon homme... après avoir fait tomber 2 chapeaux, écrasé le pied d'une vieille dame en détresse, m'être confondue en excuse pendant près de 2 minutes tout en dissertant sur « le monde qu'il y a dans ces magasins à cette période de l'année », poussé le chariot qui masquait le « plan » du magasin, je parviens enfin à entr'apercevoir le numéro de l'étage où je dois me rendre : c'est le 2ème. Je me faufile entre un petit garçon en pleurs dans les bras de sa mère débordée, et une victime de la mode toute « enlunettée ». 2ème étage. En guise de costumes-cravates, je me retrouve face à un ours en peluche géant qu'une dizaine de gamins maltraitent... soit, je me dirige vers une vendeuse qui m'indique avec la chaleur d'une porte de prison, qu'exceptionnellement, le rayon se trouve au 4ème étage. Arrivée sur les lieux, je manque de glisser sur une boule de Noël qui traînait là, mais réussis à me rattraper grâce à un mannequin endimanché, sous l'oeil réprobateur d'un caissier à la mine patibulaire. J'avance. Nonchalamment, je regarde le prix d'une chemise bleue toute simple, et bondis en le découvrant en me demandant s'il s'agit bien du prix en euros. Je continue mon périple, entre le 2ième passé au 4ème, le 3ème au 5ème... puis, après être rentrée dans le Père-Noël, je déclare forfait en maudissant ces cerfs fanatiques sans qui je ne serais jamais venue ici. Me revoici au Rez-de-Chaussée. A ma grande surprise, des caméras suivent les pérégrinations d'un homme noyé dans la foule, se battant entre les perches de son et les poignées de mains. Enfin, accrochée à une branche du sapin géant trônant en plein milieu du magasin, je parviens à distinguer le personnage, petit bonhomme brun et notable ministre médiatique « flânant » à ses courses de Noël. Non, décidément, ce n'est pas mon jour et indirectement, pas celui de mes proches qui, à cause de cerfs, du froid, d'une vendeuse liftée, de 2 chapeaux, d'une vieille dame, d'un caddie, d'un ours en peluche géant, d'une vendeuse psychorigide, d'une boule de Noël, du Père-Noël et d'un ministre (absurde, n'est-il pas ?), n'auront rien dans leurs petits souliers, enfin, une autre fois, dans un autre lieu dont le nom ne sera pas placardé sur tous les murs, sous-sols et écrans français, peut-être?

M. Casti


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4) LA PUBLICITÉ VA-T-ELLE DÉSERTER LE « PETIT ROBINSON » ?

Le 16 octobre dernier, avant même que 44 pétitionnaires du quartier du « Petit Robinson » dans la ville de l'Ha-les-Roses (94), ne protestent auprès de leur maire contre l'implantation d'un disgracieux panneau publicitaire (excusez le pléonasme ! ) le 20 novembre, des mesures avaient déjà été prises par ce dernier en faveur de ses administrés, auprès de l'afficheur Dauphin et de la propriétaire de l'emplacement du panneau. Mieux. Non content de « partager tout à fait leur démarche » au point de l'anticiper, Patrick Sève, le dit Maire, propose de prendre des mesures sur le long terme, un « règlement local de publicité » interdisant une implantation anarchique de celle-ci. De plus, ce même maire s'engage à rendre le paysage urbain plus esthétique et fonctionnel de par la mise en place de travaux d'aménagements à divers endroits de sa localité. Il se propose entre autre de masquer des palissades jugées inesthétiques (espérons qu'il ne s'agira pas d'un masque publicitaire !). Et pour ceux qui penseraient que tout ceci n'est que paroles en l'air, et que par ces temps hivernaux, un fonctionnaire municipal ne va pas mettre son nez dehors, qu'ils se détrompent... M. le Maire est aussi un bon communicant et, accompagné de la présidente du comité de quartier, s'est rendu (avec son nez, dehors donc) 6 jours après dans ce quartier à la rencontre des commerçants afin de leur exposer ces divers projets. Bref, que pourrait-on reprocher au roi Sève tenant tête à un puissant Dauphin ?... Le seul mécontentement auquel il aurait à faire face serait peut-être celui de ses administrés qui verront qui verront peut-être augmenter leurs impôts si M. le Maire programme trop vite ses travaux. Mais gageons qu'en bon gestionnaire, il évitera ce piège et montrera qu'on peut ménager la qualité de vie de sa cité sans ruiner ses administrés, en limitant notamment l'impact de l'affichage publicitaire

M.Casti

 

 

 

5) MÉFAITS PUBLICITAIRES .

Les marchands de journaux exagèrent !

On observe en ce moment une accélération très nette de la pression publicitaire qu'exercent les échoppes de vente de journaux et magazines.

Il s'agit notamment des kiosques qui sont équipés presque systématiquement aujourd'hui de panneaux publicitaires rétro éclairés à la gloire de magazines dont les couvertures ne sont pas des exemples du meilleur goût. De plus en plus nombreux sont ceux qui sont en plus défilants et sollicitent encore plus gravement l'attention du badaud... ou du conducteur ! A ce titre, la disposition des kiosque sur les trottoirs en renforce énormément la visibilité pour les automobilistes et l'impact en terme de sécurité routière.

Cela ne s'arrête pas là : nombre de marchand de journaux disposant de magasins (par opposition aux kiosques disposés sur les trottoirs) n'hésitent pas à s'armer d'un véritable arsenal d'agression du passant : ce sont des chevalets toujours plus nombreux et toujours plus grands, des volets qu'on ouvre à la perpendiculaire sur le trottoir, et qui là aussi grandissent sans cesse et viennent à flirter avec la taille des affiches de type "sucettes" !

Au total, l'effet est désastreux : perspectives urbaines saccagées, tranquillité de l'esprit perturbée, insécurité routière croissante, encombrement des trottoirs, ambiance hyper sexualisée et incitation à la violence n'éloignent-ils pas les marchands de journaux de l'idéal d'humanisme qu'on pourrait attendre de ceux qui devraient avant tout être les vecteur d'une presse libre qui serait le ferment de l'esprit critique et de la démocratie ? Vous objecterez que là aussi, il y a beaucoup à redire. Qu'à cela ne tienne, nous pourrons parler de la presse à l'occasion d'un prochain numéro.

Thomas GUÉRET


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INFORMATIONS DIVERSES

Toutes les informations que vous venez de lire sont publiques, nous vous invitons à les transmettre à toute personne susceptible d'être intéressée : faites circuler !.

Pour tout renseignement (envoi d'un exemplaire de R.A.P.-Échos, notre publication papier, adhésion, etc.) merci de prendre contact avec : R.A.P. (Résistance à l'agression publicitaire) 53, rue Jean-Moulin, 94300 Vincennes tél. : 01 43 28 39 21 (tcp. : 01 58 64 02 93) Adhésion : 15 euros Adhésion petit budget : 7,50 euros Abonnement à R.A.P.-Échos : 5 euros.

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