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R.A.P.-A-TOILE n°40 (NOVEMBRE 2003)

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Au sommaire de ce quarantiéme envoi :

 

Tout d'abord un peu de réclame : le 5ème dossier anti-publicitaire de Casseurs de Pub est en kiosque ! Pour 4 euros... c'est le nirvana antipublicitaire : à ne pas rater !

Au sommaire du présent envoi :

1 - VAGUE DE PUBLIPHOBIE DANS LE MÉTRO PARISIEN - Communiqué de presse du 20 octobre 2003 - par R.A.P.
2 - APPEL AU RECOUVREMENT D'ESPACES PUBLICITAIRES - Action prévue le 28 novembre 2003 - Par le collectif Stopub.
3 - « LA PUB VÉHICULE UN MESSAGE POLLUANT » - Lancement de la campagne, communiqué de presse du 4 novembre 2003 - Par Agir pour l'environnement.
4 - NOTRE LYCÉE N'EST PAS À VENDRE - Des lycéens refusent de voir leur établissement envahi par des affiches publicitaires - Par Jules Hugot, Agnès Perrais et Vidya Sethupathy.
5 - LA PUBLICITÉ GÉANTE DU PONT DE SAINT-CLOUD ENFIN DÉMANTELÉE - Communiqué de presse du 3 novembre 2003 - Par Paysages de France
6 - HYSTÉRIQUE - La maladie des « Publiphobes » - Par Vincent Cheynet
7 - LA POSTE AVEC UN GRAND « P » COMME PUBLICITÉ - Par Michel Blain
8 - MÉFAITS PUBLICITAIRES - Et si nous nettoyions vraiment la nature ? - Par Patrick Godeau

 

Introduction :

Bonjour à tous,

Pas de panique, nous ne vous avons pas rayé de la liste des heureux destinataires de R.A.P.-à-Toile, nous avons juste pris du retard dans son expédition. Nelly, notre valeureuse permanente est partie de manière subite autant qu'anticipée et non prévue en congé maternité pour cause de fatigue. Comme nous souhaitons tous qu'elle nous prépare dans les meilleures conditions un(e) petit(e) humaniste - avec une pointe de publiphobie ce serait parfait -, nous ne lui en tenons pas grief, bien au contraire : tous nos voeux l'accompagnent pour ces derniers mois de grossesse et pour l'accueil du bébé. C'est Samuel Landon, déjà administrateur du site de l'association, qui reprend le flambeau en tant que permanent pour les quatre prochains mois. A cette occasion, les permanences téléphoniques sont modifiées : lundi, mardi, jeudi et vendredi de 10h à 13h. Nous espérons que vous jubilerez à la lecture des articles édités ci-dessous et qui témoignent d'une grande activité antipublicitaire sur notre territoire. Du dernier succès de Paysages de france (§5) aux actions d'envergures menées dans le métro parisien par quelques centaines d'individus de tous horizons (§1 et 2) en passant par la mobilisation de lycéens demandant le retrait de toute publicité dans leur établissement (§4) et le lancement de la campagne « La pub véhicule un message polluant » (§3), la réappropriation de l'espace public par les différentes couches de la population semble être plus que jamais à l'ordre du jour. R.A.P. a été mise en cause par la régie publicitaire des transports parisiens (dénommée "Métrobus") qui a déposé une plainte contre X suite aux agissements sus-mentionnés et semble prête à faire rapidement l'amalgame entre R.A.P. et les usagers en colère. Du coup, nous lançons un appel au peuple antipublicitaire : nous avons besoin de votre aide pour renforcer notre action et pour renflouer les caisses en prévision d'un éventuel procès. Pour un peu, on dirait presque que le "grand soir" antipublicitaire approche : on aura en tout cas jamais autant parlé de nous dans les médias, et la contestation prend chaque jour un peu plus d'ampleur. A nous de savoir canaliser toutes les énergies pour faire enfin éclater au grand jour le scandale des abus de la publicité. Nous comptons sur votre soutien.

Salutations antipublicitaires,

Thomas Guéret, Président de RAP (sur la base d'un message initial de Nelly)

PS : Vous trouverez toutes les informations sur les modalités d'adhésion ou de soutien en fin de message.

 

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1 - VAGUE DE PUBLIPHOBIE DANS LE MÉTRO PARISIEN

COMMUNIQUÉ DE PRESSE 20 octobre 2003

Le vendredi 17 octobre 2003, plusieurs centaines de barbouilleurs se sont retrouvés dans le métro pour s'en prendre aux affiches publicitaires. L'association R.A.P., qui décline toute responsabilité quant à cet événement, va engager des actions de mobilisation des citoyens contre l'agression publicitaire dans le métro.

C'est un mouvement de grande ampleur, très organisé, parfaitement non-violent, qui a eu lieu dans le métro vendredi 17 octobre au soir, entre 19h et minuit. Selon le quotidien Libération(1), des personnes de divers horizons, intermittents, profs, étudiants ou chômeurs ont répondu à un appel par l'internet et se sont réunies pour s'en prendre à la publicité, symbole de la « marchandisation du monde ». Ils étaient plus de trois cent s'il on en croit le site internet(2) d'où est parti le mot d'ordre. Répartis en groupes de trente à quarante personnes, les barbouilleurs ont détourné, recouvert, barbouillé, arraché des centaines d'affiches et le résultat de leur défoulement antipublicitaire était encore visible lundi 20 octobre sur une partie importante du réseau intra-muros de la R.A.T.P.

Depuis 11 ans déjà, l'association R.A.P. dénonce l'augmentation perpétuelle de la pression publicitaire dans notre société, notamment dans le métro. L'abrutissement y atteint des limites insupportables. Chaque station est l'occasion d'asséner des dizaines de messages ; les couloirs, les portes, les tourniquets, et aujourd'hui les véhicules eux-mêmes, les bouches de métro, les marches d'escaliers, les sols parfois, sont utilisés pour chasser toujours plus loin l'attention et l'intimité de l'usager. En 1998 déjà, l'association obtenait gain de cause contre les autobus intégralement recouverts de publicité que la R.A.T.P. avait tenté d'imposer à l'occasion de la coupe du monde de foutue balle. Nous avions organisé à l'époque des jonchées(3) dans ces autobus. Une carte pétition avait été distribuée, à envoyer au ministre des transports. Des actions similaires seront lancées dès cette semaine pour répondre au ras-le-bol exprimé par les barbouilleurs.

R.A.P. dénonce l'augmentation perpétuelle de la pression publicitaire dans le métro. R.A.P. demande l'engagement immédiat de la R.A.T.P. et la S.N.C.F. pour le « déminage » des réseaux métro, R.E.R. et banlieue(4). Aux usagers en colère, R.A.P. apporte son soutien moral, et propose des actions légales de protestation contre la publicité(5).

(1) http://www.liberation.fr/page.php?Article=150892 et http://www.liberation.fr/page.php?Article=150893 (2) http://stopub.ouvaton.org (3) Jonchée : action de résistance non-violente consistant à s'allonger par terre pour marquer sa désaprobation. (4) POUR COMMENCER : division par deux du nombre d'affiches en un an, doublement des stations "belles et sans publicité", suppression de la publicité rétro éclairée, de la publicité couvrant les vitres des véhicules, des panneaux déroulants équipant les bouches du métro, des écrans animés, de la diffusion de radios commerciales sur les quais et dans les gares de banlieue. (5) Courrier type à envoyer à la RATP, lien vers les responsables des lignes, vers les associations d'usagers, relation des mouvements de résistance et de ras-le-bol.

Depuis cette action d'usagers en colère le 17 octobre, plusieurs autres actions ont eu lieu, dont une nouvelle de très grande ampleur le 7 novembre. Quelques jours auparavant, la régie publicitaire Métrobus mettait en cause R.A.P. par voie d'huissier, lui intimant l'ordre de cesser toute participation directe ou indirecte à l'appel à recouvrement d'affiches, et de fournir les coordonnées des responsables de cet appel. R.A.P. a répondu officiellement en expliquant qu'elle n'était en rien liée à l'organisation de ces actions et qu'elle n'avait pas connaissance de l'identité de ses organisateurs... L'association a également publié un nouveau communiqué de presse pour dénoncer la pression exercée par les publicitaires qui préfèrent la recherche de boucs émissaires à une remise en cause de leurs pratiques lobotomisantes. Affaire à suivre.

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2 - APPEL AU RECOUVREMENT D'ESPACES PUBLICITAIRES

NDLR : Un nouvel appel à une action du genre de celle décrite ci-dessus nous est parvenu il y a quelques jours. Nous le reproduisons ci-dessous intégralement pour votre information.

Rappel : R.A.P. n'appelle pas ses membres et contacts à participer à ces actions illégales. Il n'est toutefois pas inutile de préciser qu'y assister en tant qu'observateur n'est pas répréhensible en soi.

Renseignements sur http://stopub.tk

Prochaine action : vendredi 28 novembre 2003 à 19h00

Rendez-vous : St LAZARE : Cour du havre REPUBLIQUE : Sortie métro terre-plein central Pl. ITALIE : Face ciné Grand Ecran BASTILLE : Terre-plein Bd Richard-Lenoir MONTPARNASSE : Sortie gare, à côté du manège NATION : Face au café "Le canon de la Nation" GARE DE L'EST : Devant le couvent des Récollets

APPEL AU RECOUVREMENT D'ESPACES PUBLICITAIRES

"NOUS, enseignant(e)s, chômeurs(ses), chercheurs(es), intermittent(e)s, personnel de santé, archéologues, précaires, fonctionnaires, étudiant(e)s, architectes, urbanistes, informaticiens, etc. lançons solennellement un appel à un acte de légitime défense.

En France, la dégradation généralisée de la protection sociale, la décentralisation annoncée à l'Éducation Nationale, la réforme des retraites, les réformes à venir de la Sécurité sociale, les suppressions d'emplois dans les Ministères font partie de ce dépeçage systématique de nos « biens communs ». L'école sera livrée aux marchands, la médecine deviendra « à plusieurs vitesses », le vivant propriété intellectuelle des multinationales, la culture calibrée pour un public formaté,... Les principes qui fondent notre société, égalité, droits sociaux, vont disparaître progressivement parce qu'ils sont considérés par l'OMC comme des obstacles au commerce.

Face à cette main-mise annoncée sur nos services publics, nous déclarons publiquement que nous allons attaquer le carburant de cette marchandisation : la publicité. Elle envahit nos espaces publics, la rue, les métros, la télévision. Elle est partout, sur nos vêtements, sur nos murs, sur notre petit écran. Résistons avec des moyens créatifs, pacifiques et légitimes. Nous nous proposons de recouvrir systématiquement les panneaux publicitaires de nos villes et de nos campagnes, sans endommager l'environnement, mais au contraire en les réinvestissant de sens, en créant la surprise.

Retrouvons-nous en petits groupes de dix à vingt personnes, en plusieurs endroits des villes et des villages ; rencontrons nous pour nous réapproprier l'espace public par un geste collectif et joyeux de protestation face à la privatisation du monde.

Nous appelons toutes et tous à venir nous rejoindre dans ce combat contre la marchandisation des esprits, de la culture et du monde."

CONSIGNES :

Action non violente et joyeuse !!

Nous n'agissons pas dans la clandestinité, mais EN ASSUMANT NOTRE DEMARCHE. Ayons le rapport le plus convivial possible avec les usagers du métro et les forces de l'ordre, en expliquant la légitimité, en dialoguant pour dissiper les peurs, non-compréhensions, ou hostilité des passants.

Ne nous attaquons qu'aux publicités, MAIS SURTOUT PAS AUX SUPPORTS, ENCADREMENTS, ET MOBILIERS. Attention aux passants, aux risques de dégoulinades, ne nous exposons pas à des poursuites pour DEGRADATIONS.

Restons toujours calmes ! Ne nous séparons JAMAIS. Evitons les initiatives solitaires et improvisations.

En cas de dérapage (éléments incontrôlés violents...), ne cautionnons pas, ne suivons pas. Rassemblons nous autour du problème, restons courtois, tentons la médiation. Chacun est responsable de lui-même et sait qu'il encourt des risques (bien que modérés), mais n'est pas là pour raisonner des personnes extérieures qui se greffent à l'action (perte de temps et conflit qui dégénère).

Ecrivez votre NOM et prénom sur des petits papiers (à garder sur vous) pour les lâcher en cas d'arrestation, afin que l'on puisse vous retrouver rapidement avec des renforts juridiques et organiser rapidement une défense et une solidarité !

Le collectif Stopub

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3 - « LA PUB VÉHICULE UN MESSAGE POLLUANT »

-Communiqué de presse du 4 novembre 2003-

Lancement de la campagne « La pub véhicule un message polluant.! » http://www.anti4x4.net

Publicité pour la climatisation et les 4x4 : ça suffit ! ! !

Paris, le 04 novembre 2003 : À l'occasion du lancement de la campagne « La publicité véhicule un message polluant. ! », Agir pour l'Environnement en partenariat avec Attac, Greenpeace, le R.A.C., Paysages de France, R.A.P., la Fnaut, les Amis de la Terre, Casseurs de pub, la Ligue de l'enseignement, Action Consommation. a interpellé les ministres des Transports, de l'Écologie et le secrétaire d'état à la Consommation afin qu'ils s'attachent à rapidement interdire les publicités au contenu délibérément anti-écologique.

Alors que le dérèglement climatique fait déjà ressentir ses effets catastrophiques partout sur la planète, la publicité prolonge cette spirale infernale en vantant les mérites de 4x4 à usage urbain, surpuissants et climatisés, dont la consommation croît aussi vite que le nombre de panneaux publicitaires affectés à leur promotion.

Afin de lutter efficacement contre le dérèglement climatique, une information claire relative aux consommations et aux émissions de C0² et fluides frigorigènes hydrofluorocarbones par le biais d'un étiquetage précis (de A à G) doit être apposée sur tous les véhicules et publicités afférentes. Ces informations doivent intégrer les consommations moyennes en milieu urbain, climatisation en fonctionnement, de façon à ne pas minorer l'impact de telle ou telle option énergétivore. À partir de cet étiquetage, une taxe dissuasive proportionnelle aux émissions de gaz à effet de serre, type vignette, devra frapper les véhicules classés dans les catégories D, E, F et G.

L'ensemble des véhicules à quatre roues motrices doivent immédiatement être surtaxés et interdits des centres urbains. Les dix 4x4 les plus vendus en France émettent en moyenne 350g de CO² par kilomètre. En fin de vie, les 75.000 véhicules à quatre roues motrices vendus en 2003 auront rejeté plus de 5 millions de tonnes de CO² dans notre atmosphère ! La climatisation, qui équipe d'ores et déjà 3 véhicules sur 4, risque d'induire une augmentation supplémentaire de 35% de la consommation en zone urbaine. Le laisser-faire actuel du Gouvernement est inconséquent et reflète un véritable double langage que les associations dénoncent ! Quand la maison brûle, il est irresponsable de jeter de l'essence sur les flammes en espérant éteindre l'incendie.

Les partenaires de la campagne « La pub véhicule un message polluant. ! » réclament la publication immédiate du décret (prévu à l'article L.224-1 du Code de l'Environnement) prévoyant " les conditions de limitation de la publicité ou des campagnes d'informations commerciales relatives à l'énergie ou à des biens consommateurs d'énergie lorsqu'elles sont de nature à favoriser la consommation d'énergie". Ce décret devrait être publié depuis plus de 8 ans ! ! !

Cette campagne est constituée d'un quatre pages et de cartes postales à envoyer aux Ministres des Transports, de l'Écologie et au Secrétaire d'État à la Consommation. Elle est éditée à 60.000 exemplaires qui seront diffusés dans les réseaux associatifs d'ici la fin de l'année.

Plus d'infos : http://www.agirpourlenvironnement.org/campagnes/c17.htm Télécharger les documents de campagnes : ici

Agir pour l'Environnement en partenariat avec Attac, Greenpeace, le RAC, Paysages de France, RAP, la Fnaut, les Amis de la Terre, Casseurs de pub, la Ligue de l'enseignement, Action Consommation, Mountain Wilderness, ARSMB, À l'écoute de la nature, Le Publiphobe, EKWO

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4 - Notre lycée n'est pas à vendre !

Le 11 février 2002, le conseil d'administration du lycée vote à dix voix contre deux, avec neuf abstentions, l'autorisation d'implantation de six panneaux qui, comme s'y est engagée Mme Jardin, devaient seulement permettre l'« affichage d'expositions et/ou de manifestations culturelles ». Il est visible que ces panneaux n'ont pas de but informatif. Ce sont les affiches de films que l'on voit partout ailleurs que l'on retrouve dans Hélène Boucher. Aucun lycéen n'ignore la sortie de Matrix, cependant les murs du réfectoire la lui rappellent tous les jours de la semaine. Quel est donc le sens de ces panneaux ? Un tel matraquage ne diffère en rien des affiches publicitaires des stations de métro. Car il ne s'agit plus, malgré l'engagement pris par Mme le proviseur, d'annonce d'expos ou de manifestation culturelles.

L'administration se plairait peut-être à jouer sur l'ambiguïté du terme « culture ». Mais la couverture de la revue Première, quelle que soit sa valeur par ailleurs, fait d'abord partie du domaine commercial. Si une exposition présente des oeuvres d'art, un magazine ne présente que de l'information, et cette information représente le capital d'une entreprise, à but lucratif avoué. C'est donc exclusivement à la publicité que sont réservés ces panneaux. Cette publicité rapporte, c'est pourquoi elle est dangereuse. Ceux qui soutiennent qu'elle représente un bienfait financier pour l'établissement font une erreur grossière. A court terme, chaque panneau rapporte 150 euros par an au lycée. Mais à long terme, soit le lycée rapporte, soit il n'existe plus. Il est évident que ces publicités doivent inciter à la consommation, sinon il ne se trouverait pas d'entreprise pour les financer. Mais si le lycée utilise l'argent que rapporte ces panneaux, il en devient dépendant. On sait jusqu'où peut aller la dépendance d'une éducation nationale à des entreprises commerciales : aux État-Unis, les enfants apprennent à lire dans des manuels offerts par Nike ou Coca-cola, qui par cette « aide » financière peuvent se permettre de les éduquer à la consommation de leurs produits. Quand tous les lycéens porteront-ils de magnifiques uniformes publicitaires, mais gratuits, pour Gap ou Adidas ? Ce n'est qu'une étape suivante, qui relève du même principe que d'accepter l'affichage de publicités pour améliorer les comptes de notre lycée. Si le lycée Hélène Boucher a l'ambition de former une élite, se targue d'excellents résultats au bac et se fixe pour objectif de préparer aussi ses élèves à l'enseignement supérieur, comment accepter d'en faire des consommateurs dociles ? Pourquoi étudier la Révolution française en histoire, pourquoi parler de la démocratie en ECJS, pourquoi analyser la rhétorique de l'image en philo, pourquoi enfin parler encore et toujours d'esprit critique ? A peine sortons-nous de ces cours qu'apparaît sur notre passage l'affiche pédagogique de Bruce tout-puissant. Est-ce l'avis de nos profs, que Spiderman, American Pie 2, Riders, Sex Academy participent à la formation qu'ils nous donnent ? Qui ne dit mot consent... Mais sont-ils au courant ? Sur les six panneaux d'affichages que compte notre lycée, un seul est en permanence occupé par des publicités pour des expositions et des musées. Ce panneau est - comme par hasard - situé dans le couloir de l'intendance, bien en vue de tous les professeurs. A quelle occasion un prof pourrait-il remarquer le panneau que tout lycéen voit plusieurs fois par jour ? Il se trouve justement au bas de l'escalier, au niveau de la cour, là où ils n'ont théoriquement jamais besoin de passer. Comment les profs peuvent-ils deviner qu'à chaque repas pris à la cantine, tout élève ne peut manquer de croiser une affiche, puisqu'il y en a devant et derrière lui ? La société qui pose ces affiches ne laisse pas leur emplacement au hasard, mais fait une publicité ciblée : les films à (très) grand public pour les élèves et les expositions pour les professeurs. Pourtant il serait possible d'informer les élèves de manifestations culturelles peu connues, mais ce n'est semble-t-il pas la visée de ces panneaux. Cette publicité a fortement intérêt à ne pas se présenter comme telle, parce qu'elle n'a aucune légitimité dans notre lycée. Il nous a été systématiquement refusé l'accès aux comptes-rendus des conseils d'administrations ainsi qu'au contrat avec l'afficheur, alors que légalement*i, ces documents doivent être accessibles à tous. Cette publicité ne doit manifestement pas être contestée, précisément parce qu'elle est contestable. Personne ne nous a informé de l'affichage de cette publicité, parce qu'on ne tient pas à demander notre avis et qu'on compte sur notre passivité. C'est pourquoi une pétition adressée à Mme le proviseur a été lancée, avant que l'Éducation nationale soit soumise à l'économie de marché. Nous remercions par avance tous ceux qui en seront signataires.

Jules Hugot, Agnès Perrais, Vidya Sethupathy

*Ce que dit la loi :

Une loi interdisant formellement toute forme de publicité dans les établissements scolaires était en vigueur depuis 1936, elle avait été réaffirmée en 1952 et en 1976. Puis Jack Lang, socialiste, a été nommé ministre de l'Éducation nationale. C'est à lui que l'on doit le « Code de bonne conduite des entreprises en milieu scolaire » - porte ouverte à toutes les dérives - et les différentes interprétations que l'on peut faire en ce qui concerne le droit de faire rentrer la publicité dans les établissements scolaires. Nous sommes aujourd'hui privés de texte catégorique. Cependant, voici les textes en vigueur qui peuvent être interprétés comme des interdictions de la publicité dans les établissements scolaires : Chapitre III, 4 du Code de bonne conduite des entreprises en milieu scolaire : « Tout partenariat entre un établissement scolaire et une entreprise [?] poursuit nécessairement une finalité pédagogique » Étant donné la présence de classes préparatoires au sein de la cité scolaire, l'article L141-6 du Code de l'éducation est applicable : « Le service public de l'enseignement supérieur est laïque et indépendant de toute entreprise [?] économique [?] ; il tend à l'objectivité du savoir ».

Voici le texte de la pétition adressée à Mme Jardin :

Madame le Proviseur du Lycée-Collège Hélène Boucher,

Alors que notre environnement est en permanence agressé par la présence toujours plus importante de publicités, notre conception de l'école nous laisse espérer que demain celle-ci restera un terrain vierge de tout démarchage commercial et bien un lieu de formation de l'esprit critique des futurs citoyens que sont les élèves, ce qui est sa vocation première.

La présence de publicités au sein de la cité scolaire Hélène Boucher constitue une grave atteinte à la neutralité du service public. Quels arguments peuvent bien justifier l'affichage de publicités pour des films comme Spiderman, Bruce tout puissant ou encore American Pie 2 dans un établissement scolaire ? Il n'en existe aucun de valable à nos yeux. De plus nous tenons à vous rappeler votre engagement lors du Conseil d'Administration du 18 juin 2002 à dénoncer le contrat avec la société gestionnaire des panneaux: « si l'on ne [pouvait] obtenir le seul affichage des seules expositions et/ou manifestations culturelles ». Vous aviez alors assuré que cette mesure serait mise en application au plus vite. Nous considérons que le non-respect de cette décision constitue une atteinte à la démocratie au sein de l'établissement.

C'est pourquoi nous, élèves, parents d'élèves, professeurs et personnels de la cité-scolaire Hélène Boucher, vous demandons de faire en sorte que seules les affiches de musées, d'expositions ou de films d'art et d'essai soient présentes dans l'enceinte de l'établissement ; et le cas échéant de faire retirer l'ensemble des panneaux d'affichages publicitaires dans les plus brefs délais. Veuillez agréer, madame, l'expression de nos salutations distinguées.

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5 - LA PUBLICITÉ GÉANTE DU PONT DE SAINT-CLOUD ENFIN DÉMANTELÉE

COMMUNIQUÉ DE PRESSE (3/11/2003)

La société "Défi France" (n° 1 mondial de la publicité lumineuse, groupe Clear Channel / Dauphin) contre laquelle un arrêté de mise en demeure avait été pris, le 2 avril 2003, par J.-P. FOURCADE, maire de Boulogne-Billancourt et ancien ministre des Finances, suite aux multiples démarches de l'association Paysages de France, a fini par céder.

Commencé lundi 27 octobre 2003, le démontage était achevé jeudi 30 octobre, juste avant la Toussaint...

- En août 2002, "Défi France" avait demandé 100 000 euros à Paysages de France au prétexte que l'association avait dénoncé les agissements de cette société (infractions au Code de l'environnement dont plusieurs avaient été constatées par des agents assermentés de l'État.)

- Le 6 janvier 2003, le tribunal correctionnel de Grenoble condamnait "Défi France" à verser 17 000 euros à Paysages de France... "Défi France" devait immédiatement faire appel.

- Le 17 octobre 2003, soit dix jours avant le démontage de la publicité de Boulogne, le P.D.G. de "Défi France" expliquait au président de la cour d'appel de Grenoble... qu'il avait déjeuné avec le maire de Moscou, accompagné le président de la République à Pékin et... que la publicité précitée avait été démontée !

- À Montrouge, Défi France fait également l'objet d'un arrêté de mise en demeure de la part du maire depuis le 30 septembre 2003. Le P.D.G. de Défi France ayant laissé entendre dans Le Parisien du lundi 17 octobre qu'il n'obtempérerait pas, Paysages de France vient de demander à Michel DELPUECH, préfet des Hauts-de-Seine, de faire exécuter d'office les travaux de démontage conformément aux dispositions de l'article L. 581-31 du Code de l'environnement..

Paysages de France Association agréée au plan national au titre du Code de l'environnement Tél. & tcp. : 04 76 03 23 75 - paysagesdefrance at free.fr - http://paysagesdefrance.free.fr

CONTACT PRESSE 06 72 98 94 89

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6 - HYSTÉRIQUE

"Il y a des propositions hystériques faites par des députés, et nous serons très vigilants pour éviter tout projet de loi supplémentaire" M. Devarrieux, président du jury du Grand Prix de l'affichage, qui s'est tenu du 16 au 19 octobre à Fès, au Maroc. Le Monde, 20/10/03

Tiens, "hystérique", cela ne vous rappelle rien ?

"C'est le propre des régimes totalitaires que de chercher à psychiatriser leurs dissidents. Après la révolution de 1917 en Russie, Lénine utilisa largement cette pratique (qu'il n'a pas inventée), en commençant à interner ses opposants dans les asiles. Maria Spiridonova fut la première victime de la répression psychiatrique bolchevique. En 1919, un tribunal décréta son état « maladif et hystérique ». Maria Spiridonova dénonçait en fait le caractère tyrannique de la politique de Lénine et l'extermination des koulaks, paysans propriétaires... La publicité raffole de ce fonctionnement. Elle a ainsi inventé le terme « publiphobe », mot désignant les personnes qui ne l'aiment pas. Sachant qu'une « phobie » est une pathologie mentale, l'opposant à l'« idéologie publicitaire » (lequel ne célèbre pas la consommation) est systématiquement décrit comme un névrosé."*

* Extrait de Ubunaesque ! De Vincent Cheynet, Éditions de la Mése, 3 euros

Vincent Cheynet

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7 - LA POSTE AVEC UN GRAND « P » COMME PUBLICITÉ

Si votre boîte aux lettres déborde de publicité, si pour retrouver votre courrier vous êtes obligé de feuilleter et de triller des liasses de publicités, parlez-en d'abord à votre facteur... En effet, nos braves facteurs, outre la distribution de la moindre carte postale jusque dans les coins les plus reculés de France, se sont vu confier au fil des ans une autre mission de la plus haute importance : distribuer la publicité ! Et la publicité, ça pèse lourd : lourd dans la sacoche du facteur (voir sur notre site : dans le thème Agir/ lien resister/ sous-rubrique boîte aux lettres), lourd dans votre boîte aux lettres, lourd dans votre bac à papier si comme tant d'autres vous participez au tri sélectif. Lourd sur votre feuille d'impôt car vous financez l'élimination des déchets. Lourd surtout en terme d'investissements et d'intérêts financiers en jeu. Et là, c'est d'intérêts privés qu'il s'agit. La Poste, en effet, service public (en théorie), a créé en 1987 une filiale (privée) appelée "Médiaposte". Cette filiale de droit privé, spécialiste du "géomarketing" (si vous habitez en Lozère, on ne vous fera pas de publicité pour des voiliers ! ), se présente aujourd'hui comme le chef de file en matière de publicité non adressée, avec 37 % de part de marché. Elle est fière de ses "performances" : 7 milliards d'imprimés distribués chaque année et 800 millions de publicités "ciblées" par an ! Pour se donner les moyens de sa politique de "communication" (vous ne le saviez pas ? les publicitaires sont des "communicants" ! ), elle a investi dans un immense centre d'exploitation à Bonneuil-sur-Marne en banlieue parisienne. Et, au bout de la chaîne, qui garnit votre boîte aux lettres

? Gagné ! Le facteur ! Soyons honnête, il n'est pas le seul, d'autres sociétés, bien privées cette fois, exploitant des travailleurs (leur statut mériterait d'être examiné) qu'elles font arpenter les rues sac au dos. Il paraît même (mais personne n'a jamais vu ça, à part, évidemment, quelques hallucinés! ) que certaines de ces sociétés donneraient à leurs employés des passes permettant à ces derniers de s'introduire illégalement dans les immeubles (non, vraiment, ça ne s'est jamais vu!). Pour en revenir à la Poste, force est de constater que la frontière entre service public et mercantilisme est de plus en plus ténue. Des faits : * Le réseau de télécommunication édifié durant des décennies avec l'effort de la nation (il y avait même un ministère attaché à cette tâche) a été rétrocédé, au nom de la libre concurrence, au privé (France Télécom), pour le plus grand bonheur des actionnaires. * La décoration intérieure des bureaux de poste les fait de plus en plus ressembler à des supermarchés (ces grosses machines à vous "gogo-iser"). Dès le seuil franchi, le regard subit une flopée d'affiches racoleuses, de bandes dessinées, de mobiles, de guirlandes... Tout un attirail aussi agressif qu'infantilisant. On y trouve même de la publicité pour des produits concurrents de la Poste (SFR, Bouygues). Jusqu'aux timbres eux-mêmes qui sont mis à contribution: le service "communication" de la Poste (on y revient) a trouvé intelligent l'année dernière d'en faire imprimer une série spéciale consacrée à... Halloween ! Si ça continue, Loana (ndlr : avant-dernière starlette à la mode) viendra signer ses autographes dans les bureaux de poste.

Michel Blain

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8 - MÉFAITS PUBLICITAIRES

Les magasins Leclerc organisaient le mois dernier une opération promotionnelle sous couvert d'écologie, baptisée "Nettoyons la nature". Pourquoi ne pas y participer l'année prochaine en poussant le concept un peu plus loin, et par exemple nettoyer les panneaux publicitaires envahissants, les affiches de pub en plastique que Leclerc met maintenant sur tous ses charriots, et même sur les réglettes "client suivant", sans compter la pollution sonore... Qu'en pensez-vous?

Patrick Godeau

NDLR : Paysages de France, association-soeur de RAP en matière de lutte contre l'affichage publicitaire, est investie de longue date dans la lutte contre cette campagne pseudo-écologiste.

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INFORMATIONS DIVERSES

 

Toutes les informations que vous venez de lire sont publiques, nous vous invitons à les transmettre à toute personne susceptible d'être intéressée : faites circuler !.

Pour tout renseignement (envoi d'un exemplaire de R.A.P.-Échos, notre publication papier, adhésion, etc.) merci de prendre contact avec : R.A.P. (Résistance à l'agression publicitaire) 53, rue Jean-Moulin, 94300 Vincennes tél. : 01 43 28 39 21 (tcp. : 01 58 64 02 93) Adhésion : 15 euros Adhésion petit budget : 7,50 euros Abonnement à R.A.P.-Échos : 5 euros.

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