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RAP-À-TOILE N° 45 - ( JUILLET 2004 )


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Au sommaire de ce quarante-cinquième envoi

0 - Introduction
1 - TF1, VENDEUR DE TEMPS DE CERVEAU - d'après une déclaration de Patrick Le Lay
2 - RÉVISION DU RLP À PARIS, explications sur le règlement local de publicité - par F. Jourde.
3 -LES ANTIPUB SONT-ILS ANTIDÉMOCRATIQUES : DÉBAT, échange de courriels entre B. Delval et P. Mazy
4 - PALMARES DES EMISSIONS DE CARBONE HEBDOMADAIRES.
5 - PROTÉGER LES ENFANTS DE LA PUBLICITÉ DANS LES ÉCOLES.
6 - SUR LE FRONT DES BOÎTES AUX LETTRES
7 - R.A.P. FÊTE LA MUSIQUE - Discours de M. Blain à propos des afficheurs.
8 - POUR UNE VRAI LOI CONTRE LE SEXISME ET L'HOMOPHOBIE - par F. Montreynaud
9 - SPONSORS ET PARIS-PLAGE : Intervention de Charlotte Nenner au Conseil de Paris le 6 juillet 2004
10 - MÉFAITS PUBLICITAIRES : DÉMARCHAGE TÉLÉPHONIQUE ET DÉRANGEMENT - par P. Dorisons


R.A.P. a pour vocation de faire connaître les diverses approches de la lutte antipublicitaire
sans pour autant adhérer à toutes les opinions et idées d'actions formulées, dont elle laisse la responsabilité à leurs auteurs.


Introduction :

Chers lecteurs,

Une conséquence de la publicité m'est apparue il y a une quinzaine de jours environ. Ce fut une illumination, un flash soudain, l'exemple sous mes yeux des ravages qu'elle peut engendrer.
Venons en au fait.
Après une « dure » (mais oh combien agréable !) journée de travail consacrée à la lutte contre l'agression publicitaire, je prends le bus, ligne 115, pour rentrer dans mes appartements. Comme tous les soirs, je tâche de me faire une petite place entre le cabas de madame, le sac de monsieur, le nez sous l'aisselle de ce jeune homme, pas trop loin d'une barre me permettant une prise en cas de freinage brusque.
Arrêt « Mairie de Montreuil » où une marée humaine attend l'arrivée du 115 :
Une vieille dame, après avoir difficilement atteint la sortie se trouve face à cette vague de voyageurs, la plupart d'entre eux pénétrant dans le bus par les portes arrière. (Pour ceux qui ne connaîtraient pas les coutumes franciliennes, je précise que les portes arrière sont normalement réservées à la descente, la montée s'effectuant par l'avant.)
L'un d'eux, 45-50 ans, visage rougeaud, l'air jovial, l'allure du bon Français d'en-bas pour reprendre une expression désormais commune, n'hésite pas à la bousculer pour monter plus rapidement. La vieille dame ose à juste titre le rappeler à l'ordre : « Vous pourriez laisser les personnes descendre ! »
« Ben, je fais comme tout le monde » lui a-t-il répondu avec un sourire béat, justifiant ainsi son incivilité.
Une fois passée l'irritation, qu'on ne peut s'empêcher de ressentir face à tant de bêtise, ce petit fait en apparence anodin révèle toute l'absurdité de notre société de consommation. « Faire comme tout le monde », c'est bien le message qui nous est asséné à longueur de journée, à coups de spots et d'images publicitaires. Tout est justifiable, tout est permis du moment qu'on fait comme tout le monde. Quelles qu'en soient les conséquences, pour votre porte-monnaie, pour l'environnement, ou pour votre voisin, ne pensez qu'à vous en faisant comme tout le monde !

Ceci ne doit pas nous faire oublier de remercier Stéphane qui a vaillamment remplacé Samuel, notre administrateur de site, parti deux mois en voyage de noces (félicitations !).
Notre système d'envoi de R.A.P.-à-Toile avait fait les frais d'une attaque de pirates nous obligeant à envoyer le numéro 44 à une ancienne liste de diffusion. Je peux adresser ce numéro à quiconque m'en fera la demande.

Trois livres sont sortis ces derniers mois, que nous devons à des membres ou à des proches de R.A.P. :
« De l'idéologie aujourd'hui », de François Brune aux éditions Parangon (mars 2004), 12 euros.
« La désinformation par les mots », de Maurice Pergnier aux éditions du Rocher (juin 2004)
« Casseurs de pub, un pavé dans la gueule de la pub » aux éditions Parangon (juin 2004), 15 euros.

N'oubliez pas de stocker les prospectus reçus dans vos boîtes aux lettres pour l'action nationale de déversement du 11 décembre prochain.
Bonne lecture à tous.

Nelly Ruscassié.

 

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1) TF1, VENDEUR DE TEMPS DE CERVEAU - d'après une déclaration de Patrick Le Lay.

Patrick Le Lay, PDG de TF1, interrogé parmi d'autres patrons dans un ouvrage paru cette année et intitulé "Les dirigeants face au changement" (Editions du Huitième jour, préfacé par Ernest-Antoine Seillière, p. 92-93 - Paris 2004), livre sa conception de la télévision et estime que le métier de TF1 est d'"aider Coca Cola à vendre son produit".
"Il y a beaucoup de façons de parler de la télévision. Mais dans une perspective « business », soyons réalistes : à la base, le métier de TF1, c'est d'aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit".
"Du temps de cerveau"
"Or pour qu'un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible: c'est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c'est du temps de cerveau humain disponible".
"Rien n'est plus difficile que d'obtenir cette disponibilité. C'est là que se trouve le changement permanent. Il faut chercher en permanence les programmes qui marchent, suivre les modes, surfer sur les tendances, dans un contexte où l'information s'accélère, se multiplie et se banalise".
"La télévision, c'est une activité sans mémoire. Si l'on compare cette industrie à celle de l'automobile, par exemple, pour un constructeur d'autos, le processus de création est bien plus lent; et si son véhicule est un succès, il aura au moins le loisir de le savourer. Nous, nous n'en aurons même pas le temps!"
"Tout se joue chaque jour, sur les chiffres d'audience. Nous sommes le seul produit au monde où l'on « connaît » ses clients à la seconde, après un délai de 24 heures."


Certaines personnes mal intentionnées ont déjà tenté de répandre cette monstrueuse idée qui pourrait déstabiliser la tranquilité moutonnière de notre civilisation du tube cathodique :
Imprimer cette déclaration sur des affichettes ou des tracts et les diffuser à la cantonade.
Utiliser de tous petits morceaux de bande adhésive (si possible repositionnable) afin de l'apposer sur les téléviseurs en vente dans les supermarchés.





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2) RÉVISION DU RLP À PARIS, explications sur le règlement local de publicité - par F. Jourde.

La deuxième réunion pour la révision du RLP, Règlement Local de Publicité, à Paris, a eu lieu à l'Hôtel de Ville le mercredi 16 juin 2004 à partir de 9h00. Cette révision devait résulter d'une série de sept réunions, de fréquence à peu près mensuelle.

La première rencontre entre élus, afficheurs et représentants des usagers, dont Michel Blain pour l'association « Paysages de France » (à voix consultative seulement, cela va de soi...) a eu lieu le jeudi 4 décembre 2003. Un tour de chauffe: les représentants du système publicitaire ont bien évidemment demandé d'emblée un assouplissement général du règlement, les usagers n'ont pu que signaler le nombre considérable de dispositifs publicitaires en infraction par rapport à un règlement local déjà très permissif à leur égard.

Sans explication, le cycle avait été interrompu: la deuxième réunion était initialement prévue pour janvier 2004. Il est fort probable que les défenseurs de l'ordre publicitaire aient obtenu un délai, dans un contexte médiatique défavorable à leurs intérêts, au moment ou 62 individus non-violents étaient assignés par la RATP et Métrobus - filiale de Publicis concessionnaire de l'exploitation de l'espace public géré par la RATP - pour avoir barbouillé des affiches, et seulement des affiches, dans le métro. Précisons au passage que les dommages et intérêts auxquels ont été condamnés 9 de ces 62 individus le 28 avril sont au profit de Métrobus S.A. et non de la RATP, comme cela a été abusivement écrit partout: au total 16800 euros pour Métrobus S.A. (2500 euros par tête pour six individus, 1800 euros in solidum pour trois autres) et 8 euros pour l'établissement public RATP.

Précisons aussi que le domaine public du métro n'est soumis à aucun règlement de publicité (sauf pour les usagers, auxquels toute expression publique est interdite - lisez le règlement sur les quais). Comme le précise Métrobus sur son site internet, "tous les coups de pub sont permis !": pelliculage intégral des stations, des rames, publicités au sol, au plafond, matraquage systématique dans les couloirs, dans les moindres recoins où nos regards souhaiteraient flâner un instant... L'absence de règlement institue de fait un monopole d'expression de la publicité commerciale, au détriment des activités gratuites ou à but non lucratif (arts plastiques, poétiques, vie associative et politique locale) ou encore des petits commerces de quartier, des nombreux petits musées et autres établissements publics qui n'ont pas les moyens de se signaler, même discrètement, dans le métro. Cette situation est-elle tenable dans une capitale culturelle et politique comme Paris ?

Précisons enfin que le RLP de Paris déroge sur de nombreux points à la loi nationale (loi 79-1150 du 29 décembre 1979 et ses divers décrets d'application, code de l'environnement dans ses articles L.581-1 à L.581-45). Par exemple, la loi nationale interdit la présence de toute publicité commerciale dans un rayon de 100 m autour d'un édifice classé et dans son champ de visibilité. Si cette simple prescription était respectée, il n'y aurait aucune publicité notamment dans les 1er, 2e, 3e et 4e arrondissements qui font en totalité partie du site inscrit de Paris. Mais le règlement local institue presque partout des ZPR - Zones de publicité restreinte, longue vie à la novlangue - qui permettent paradoxalement au mobilier urbain, aux panneaux géants sur les palissades de chantier de défigurer notre cadre de vie et de nous rappeler sans cesse à l'idéologie dominante de la consommation forcenée, du tout-voiture et de l'aberrant « kat-kat » urbain. A noter: les bâches, fresques publicitaires et autres valises géantes d'une surface totale supérieure à 16 mètres carrés sont dans tous les cas illégales, de même que les nombreux kiosques à journaux qui arborent impunément plus de 6 mètres carrés de publicité.

Laisserons-nous encore les afficheurs négocier de façon plus ou moins occulte des conventions d'exploitation du domaine public qui nous lieront à eux jusqu'en 2050 ? JCDecaux a déjà obtenu de la Ville de Paris un monopole sur tous les obstacles urbains jusqu'en 2011... C'est signé, entériné, irréversible ! Laisserons-nous nos élus accepter avec laxisme de nouveaux procédés publicitaires audiovisuels, auditifs ou olfactifs ?

Aux armes non-violentes, citoyens ! Que ceux qui le souhaitent pratiquent à titre individuel la désobéissance civile, dans un cadre de non-violence clairement exprimé et assumé dans les confrontations avec les forces de l'ordre anonyme, que les autres rejoignent les associations légalistes Paysages de France et Résistance à l'agression publicitaire. Tout individu ayant un minimum de conscience de la valeur de nos espaces et services publics est concerné : les actions, de toutes sortes, continueront jusqu'à ce que les élus, tant au niveau local que national, aient pris les décisions législatives qui s'imposent.

François Jourde



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3) LES ANTIPUB SONT-ILS ANTIDÉMOCRATIQUES : DÉBAT, échange de courriels entre B. Delval et P. Mazy

NDLR : Le 20 avril 2004, Baptiste DELVAL nous faisait parvenir un courriel dans lequel il nous fait part de son désaccord par rapport au combat antipublicitaire, en faisant un superbe amalgame entre les associations légalistes et les actions de barbouillages. Philippe Mazy, animateur de R.A.P.-Belgique, a pris le temps de répondre à ses divers reproches. Cet échange nous a paru suffisammment intéressant pour le reproduire ci-dessous. Philippe Mazy ayant répondu dans le texte d'origine, nous avons encadré ses propos entre deux lignes pour aider à la compréhension de l'ensemble. Nous avons respecté l'orthographe authentique tout en parsemant le texte de petits signes qui vous permettront de relever d'éventuelles erreurs.

« En prévision de la semaine antipub, aux débats de laquelle je ne pourrai malheureusement pas prendre part, je me permets de vous faire parvenir ma modeste contribution aux questions de l'action antipub, du pouvoir de la pub, et de la liberté de chacun. Le texte qui suit est issu de mon blog personnel.

" En recouvrant cette expression citoyenne, la publicité prouvera son caractère anti-démocratique "

Voilà ce qu'on pouvait lire sur une série de panneaux 4x3 de la rue du Faubourg Saint-Antoine, pour peu qu'on en prenne la peine.

Je vous propose, en cette ère de haine anti-publicitaire (sic) exacerbée, d'analyer (sic) un peu cette phrase qui, sous ses airs anodins, résume assez bien le discours global des casseurs de pubs.

" En recouvrant cette expression citoyenne, la publicité prouvera son caractère anti-démocratique "

Voilà les trois points essentiels de cette phrase.

Ce tag sauvage se vante donc d'être une expression citoyenne. Que penser donc du fait que ce graffiti, sous ses airs de "bonne intention citoyenne", porte atteinte à un bien privé ?
Il s'attaque à un support proposé par une entreprise d'affichage, ainsi qu'à l'affiche qui y est apposée par un annonceur ayant payé pour ce service. L'afficheur et l'annonceur sont ici deux personnes qui n'ont aucun lien direct avec l'Etat ou même la Ville Paris (sic), et donc, ne peuvent être considérés comme un espace d'expression public, gratuit et libre. La pub n'a pas pour vocation de permettre l'expression de chacun*. (*tout comme elle n'a pas pour but ni pour effet de l'empêcher.)

Ainsi, cette "expression citoyenne" ne peut, a priori, et avant même de prêter attention à la teneur de son message, être considérée comme un acte civique, puisqu'il est hors-la-loi. Et je ne parlerai même pas pour le moment de légitimité.

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PM - Nous ne contestons nullement l'atteinte à un bien privé. Mais contrairement aux « taggers » qui respectent la pub qu'ils apprécient et dont ils adoptent les méthodes, le militant dont vous incriminez l'expression limite son champ d'action à l'affiche publicitaire. Nous considérons qu'il s'agit bien ici d'une expression citoyenne car cette action s'inscrit dans le cadre d'une lutte contre une oppression, son but est politique. Lorsque la loi favorise exclusivement les puissants au détriment du peuple, il est un temps où ce dernier se voit amené à la contester et à l'enfreindre.

Par son pouvoir d'achat qui n'a aucun équivalent dans le champ citoyen, les multinationales publicitaires s'emparent du moindre espace de « communication » possible qu'elles revendront à prix d'or à ceux qui ont les moyens de les louer. Ainsi le citoyen, ou même les associations de citoyens, ne trouvent que difficilement de la place (légale) pour s'exprimer sans devoir s'aquitter d'une « taxe à l'expression » tout à fait prohibitive.

Si autrefois il était possible aux militants politiques de s'adresser aux autres citoyens, notamment par voie d'affichage, dans le paysage actuel c'est devenu quasiment impossible.

L'accès aux médias, qui appartiennent eux aussi à de grands groupes financiers, dépend pour les militants du « spectacle » qu'ils peuvent offrir. Si leur action est illégale il y a de forte chances pour qu'un écho médiatique soit assuré. Telle est la triste loi médiatique aujourd'hui.

Vous remarquerez à ce sujet qu'en dix ans d'existence une association légaliste comme R.A.P. compte bien moins d'articles de presse que ceux engendrés par deux ou trois actions de barbouillage illégal dans le métro ; et ce n'est pas faute d'accomplir un important travail.

A moins de considérer que les minorités ont toujours tort, il faut corriger la loi et permettre un accès plus équitable à la communication.

Allons, Monsieur Delval, trouvez-vous sain pour une démocratie qu'une partie de la population soit réduite au silence parce qu'une autre partie - finalement assez minoritaire - s'est accaparé les moyens de faire tellement de bruit qu'on n'entend plus qu'elle ?
Or, la partie de la population que la pub incommode est supérieure en nombre, et de loin, à celle qui en vit.
Trouvez-vous vraiment sain qu'une entreprise quelconque puisse investir l'espace public et y faire des dizaines de milliers de fois plus de bruit que tous les citoyens réunis ?
Franchement, je ne trouve pas cela très sain et je m'étonne (que dis-je, je suis littéralement scié !) de vous voir montrer du doigt comme l'oeuvre d'inciviques hors-la-loi ce tout petit graffiti, au ton poli, apposé sur l'un des centaines de millions d'écrans géants qui « égayent » nos paysages à longueur d'années.

Non, Monsieur Delval, nous sommes tous embarqués sur la même galère et des règles de bienséance élémentaires se doivent d'être enfin appliquées. Nous en avons marre de ce tapage. Si nous devions faire autant de bruit que les publicitaires, le monde en perdrait certainement l'ouïe. Il est bien plus sage de baisser le volume afin qu'on puisse s'entendre.

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« La manière dont est évoquée "la publicité" dans ce tag est tout à fait révélatrice de l'image que l'on essaie de faire passer de ce média. On essaie d'en faire une sorte de Big Brother, de toute puissance (sic) malsaine qui veut nous agresser et nuire à notre santé morale (je ne l'invente pas, bien d'autres graffitis se font le relais de ce genre d'idées). " LA publicité" n'existe pas en tant que telle, et les anti-pubs (sic) me donnent vraiment l'impression de se battre contre des moulins. Leur véritable ennemi (s'il en est un), est à chercher ailleurs que dans cette idée abstraite de force publicitaire.

Qui veulent-ils dénoncer ?
L'afficheur qui envahit l'espace urbain ?
L'annonceur qui chercherait à nous vendre ce dont on ne veut pas ?
Le pubard qui a pondu une idée de merde ?
Ou le directeur artistique qui a réalisé l'annonce comme un pied ?

"LA publicité est un terme générique qui voudrait dénoncer tous ceux-là à la fois, mais l'attaque est trop systématique pour être justifiée.

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PM - Loin de nous l'idée de « complot » ou d'orchestration de la manipulation par tous les acteurs publicitaires réunis. Mais nous remarquons une conjonction d'intérêts qui finalement aboutit au même résultat. Il existe de nombreux points communs entre la plupart des messages publicitaires. Les valeurs que prône la publicité en général sont celles de leur principaux commanditaires, c'est-à-dire les grandes transnationales. À leur service, la publicité est devenue propagande, c'est-à-dire un bourrage de crâne (ou matraquage) destiné à modifier en profondeur les comportements de nos contemporains. Ce n'est pas juste nous vendre quelque chose que veulent ces multinationales, c'est bien plus que ça : elles veulent façonner un « homme nouveau » selon le modèle qui convient à leurs prospectives et à leur soif inextinguible de croissance et d'argent.

Ces nouveaux dominants peuvent se permettre une diffusion massive de messages normatifs (des centaines de millions de messages tout au long de l'année) destinés à saper toutes les valeurs qui pourraient nuire à leur buts, comme par exemple la solidarité.

La pub prône principalement (presque exclusivement) des valeurs dégradantes, celles qui autrefois étaient désignées comme les "sept péchés capitaux": égoïsme, paresse, jalousie, avidité, gourmandise, luxure, orgueil... valeurs qui ne peuvent que rendre malheureux ceux et celles qui les adoptent.
Normal : le but des publicitaires est bien de nous rendre malheureux, car c'est dans cet état que nous consommons le plus (recherche de compensations). Une autre conséquence de l'adoption de ces valeurs est de nous isoler. En effet, qui voudrait se lier d'amitié avec un hyper égoïste, jaloux, envieux et paresseux ? La stratégie n'est pas neuve: diviser pour régner a toujours été la tactique de base de tous les dominants.

On peut donc remarquer que, si les publicitaires n'ont pas d'entente secrète et ne planifient pas ensemble le conditionnement des esprits, leur action conjuguée aboutit aux mêmes effets que la propagande diffusée dans les régimes totalitaires : omniprésence du même type de discours à l'exclusion des autres, pas d'espace prévu pour la contradiction, dissimulation des buts réels (la propagande ne fonctionne que si elle n'est pas ressentie comme telle), promotion massive d'une idéologie (croissance infinie, individualisme, surconsommation, etc.), c'est-à-dire une action politique.

Par ailleurs, dans un régime qui voudrait rester démocratique, personne ne trouverait anormal que s'exprime, notamment dans la rue, une contestation du pouvoir en place. Or, aujourd'hui le pouvoir réel, c'est-à-dire celui d'influer sur l'évolution de la société, semble appartenir davantage aux transnationales qu'aux politiques bien trop souvent démissionnaires et ayant, contrairement aux premiers, une vision à court terme (limitée à la durée de leur mandat).

La pub étant le vecteur d'expression principal des nouveaux dominants, il est normal d'exprimer la contestation à la source. C'est ainsi que la publicité, détournée de son sens initial (celui de fournir une information commerciale disponible et non imposée), est naturellement devenue la cible de tous ceux qui veulent combattre la mise en place de la domination néolibérale. La propagande étant une des armes de guerre les plus efficace, quoi de plus normal que de tenter de la saboter, notamment en diffusant une contre-propagande, là-où-ça-se-passe ?

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« Je m'amuse beaucoup, enfin, quand j'apprends que la publicité serait "anti-démocratique". Passons sur la faute d'orthographe (on se dispensera du trait d'union). En gros, les individus qui diffusent ce message prétendent que la communication publicitaire est de nature à empêcher les citoyens (ou du moins, va à l'encontre du principe selon lequel chacun est libre) d'exercer la souveraineté qui leur est accordée par la doctrine politique en vigueur actuellement.

Je sais, ce n'est pas ce qu'ils veulent dire en premier lieu. Mettons nous (sic) à leur portée (puisqu'eux (sic) le font avec difficulté), et abordons le débat dans le sens où la publicité serait un média qui vise à nuire à notre aptitude à penser, exprimer nos idées et même agir. Pire, la pub voudrait nous manipuler, pour diriger notre pensée, notre liberté d'expression et nos agissements.

Je citerai à ce titre Patrice Chevallier, directeur d'agence: "le premier message de la publicité, c'est que c'est de la publicité. [...] Le but préalablement annoncé de la publicité représente son extrême difficulté, celle d'obtenir de la crédibilité.
Et il y a en même temps, dans cette finalité dévoilée, une impossibilité de manipuler qui lui donne ses lettres de noblesse au fur et à mesure que le monde de l'informtion (sic) perd de sa transparence.
Si je veux aujourd'hui manipuler, je n'utilise pas, et pour cause, la publicité, mais les techniques de l'information [...]"

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PM - L'un n'empêche pas l'autre.

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« Ainsi, pour prendre franchement parti, je dirai que les véritables antidémocrates sont les antipubs, qui souhaiteraient qu'on interdise aux annonceurs de communiquer sur leur(s) offre(s).

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PM - Faux. Les antipubs ne veulent pas interdire aux annonceurs de communiquer, ils veulent que la pub disparaisse de l'espace public où elle n'a rien à faire et réintègre les espaces commerciaux où elle pourrait être à sa place. Ils veulent que la pub soit une information commerciale disponible et non plus imposée (à grande échelle).

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« Un peu d'histoire-fiction: il n'est pas difficile d'imaginer qu'un jour, poussant à l'extrême leurs théories, les casseurs de pubs s'en prennent à des personnes arborant de manière un peu trop ostentatoire un sweat-shirt orné du logo Airness, un sac Louis Vuitton, ou bien une poche en plastique venant de la Fnac. Car en effet, ces marques nous sont imposées quotidiennement dans la rue, dans le métro, au travail, par les gens qui nous entourent. Cette forme de communication n'est pas à proprement parler agressive, elle n'est certes pas sollicitée, mais ne nous enfermons pas dans un totalitarisme "no-logesque".

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PM - Si les marques incitent les gens à porter leur uniforme, les antipubs peuvent inciter à la créativité personnelle. Il n'y a pas de totalitarisme dans ces objectifs-là. Nous n'irons jamais agresser personne qui arbore un logo de marque.

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« De la même sorte, cet immeuble dont l'architecture a mal vieilli, ou bien qui est tout simplement laid, mais dont la vue m'est imposée quotidiennement: vais-je aller le sacager (sic) ? le faire sauter ? ou bien, si je suis plus modéré, vais-je aller en réclamer la destruction auprès de son propriétaire ?

Cette racaille dont l'arrogance m'agace, cette vieille femme perruquée avec son manteau de fourrure, cet homo qui roule des fesses et parle avec une voix haut-perchée... m'en prendrai-je à eux sous prétexte qu'ils envahissent mon espace et nuisent à ma tranquilité (sic) ?

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PM - La comparaison ne semble pas très judicieuse. Un bâtiment, ce n'est pas une ville uniforme, la vieille femme avec son manteau de fourrure, il n'y en a que quelques-unes et je peux passer une année complète sans en rencontrer. Par contre, si une multinationale fait une campagne arrogante mettant en scène un « phénomène » que je trouve déplaisant, je ne passerai pas une semaine sans devoir en subir des centaines de reproductions. Voilà où est la « nuance ».

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« Nous sommes chaque jour assaillis par des images et des bruits que nous ne sollicitons pas, et la pub n'en constitue qu'une partie.
Certes, elle est très souvent laide, inintéressante, parfois réductrice... Mais l'attitude et la démarche des antipubs pour moi se résument en une phrase que l'on a répondu (sic) à cet article: "je trouve que ma liberté est plus grande que la prétendue nécessité de me vendre des jean's, du yaourt ou des vacances à grandes lapées de colle et d'affiche. »

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PM - L'illusion de la liberté fait partie du conditionnement. Cette prétendue liberté se résume à bien peu de chose. Nos choix véritables se limitent souvent au choix entre tel et tel produit, mais les choix fondamentaux portant sur le type de société à venir sont de plus en plus inaccessibles. La pub, en effet, nous baigne dans une illusion d'euphorie et de gaieté, mais cet écran souriant et mielleux ne résiste pas longtemps à l'analyse.
Derrière les affiches et les spots speedés, on trouve une autre réalité bien moins onirique : conditions de travail lamentables, des files de milliers de candidats pour le moindre poste de travail, des logements au prix exorbitant, de la nourriture industrielle à des prix fous, des déserts affectifs, des millions de solitudes, une grosse consommation de drogues dures, une dévastation du patrimoine naturel, j'en passe et des meilleures.
Ma liberté est grande, mais les contraintes deviennent insoutenables.

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« Voilà où se trouve (sic) deux gros points du problème: nous nous retrouvons tous dans une idée de souveraineté de nous-même , le moi, je (sic) est devenu un art de vivre (qui finalement appartient surtout à une nouvelle catégorie sociale, les comblés, qui constituent pour l'essentiel le mouvement des antipubs).

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PM - Ah oui ? Voulez-vous troquer votre salaire contre le mien ?

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« Deuxièmement, on confère (une fois de plus) à la pub des vertus presque magiques (et même de magie noire) qui nous font acheter, consommer, dépenser, dilapider... Je maintiens ma position sur le fait que la pub ne nuit en rien à notre liberté d'acheter ou pas. Du moins pas à la mienne, et il ne me semble pas que je sois supérieur à la moyenne de nos concitoyens.

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PM - Je connais peu de gens qui admettent être manipulés, c'est bien trop humiliant. Pourtant la pub fonctionne, les annonceurs ont les yeux braqués sur les chiffres. Si ça ne fonctionnait pas, ça ce saurait !

Je connais aussi des consommateurs d'héroïne (et des fumeurs) qui affirment avoir le contrôle sur leur consommation, mais en réalité jamais il ne tentent de mettre leur croyance à l'épreuve. Essayez de réduire votre consommation et nous en reparlerons. Mais peut-être estimerez-vous cela inutile, car vous êtes sûr de vous.

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« Je vous laisse chacun face à vos idées, votre conscience, votre propre jugement. Toute cette littérature ne fera pas changer d'avis les gentils antipubs, ne fera que conforter les idées de certains innocents communicants, et sera approuvée ou réfutée par tous ceux qui ont encore besoin de se faire leur propre avis. Je n'en demande pas plus.

*tout comme elle n'a pas pour but ni pour effet de l'empêcher.

Il est d'autres questions que j'aurais aimé prendre le temps de traiter, tout comme la légitimité ou non de l'inculpation de 62 inculpé-e-s antipubs, ou bien encore la question (certes différente) de l'abolition des transports payants, mais il me semble que le texte qui précède est déjà suffisament (sic) long et dense pour ne pas monopoliser davantage votre énergie et votre attention.


Merci pour le temps que vous aurez bien voulu consacrer à la lecture de ce message.

Cordialement,


M. Baptiste DELVAL »

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Bien à vous,

Philippe MAZY



 

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4) PALMARES DES EMISSIONS DE CARBONE HEBDOMADAIRES ou la promotion de la pollution automobile par les grands hebdos - par RAGA (Résistance à l'Agression Automobile).

Version pdf et détails : http://raga.ouvaton.org/inventaire/serre/PALMARES06_04.pdf

Éditions hebdomadaires autour du 1er juin

(1) Densit de publicit automobile (pages de pub / nombre de pages total)
(2) Consommation moyenne (l/100 km cycle mixte)
(3) missions moyennes de CO2 (g/km)

Paris Match
(1) 6,80%
(2) 11
(3) 276,3
Télérama
(1) 7,20%
(2) 8,8
(3) 215,6
Nouvel Observateur
(1) 8,00%
(2) 8,4
(3) 204,2
L'Express
(1) 3,33%
(2) 8,7
(3) 212,8
Le Point
(1) 2,53%
(2) 7,9
(3) 202
Courrier International
(1) 4,40%
(2) 7,5
(3) 188,3
VSD
(1) 3,70%
(2) 7,2
(3) 175
Marianne
(1) 0,00%
(2) 0
(3) 0

Le secteur des transports est responsable d'environ un tiers des émissions nationales de CO2 (principal gaz à effet de serre) d'origine humaine. Ce secteur, en plus d'être le plus gros émetteur, est aussi celui dont la croissance des émissions a été la plus rapide (+ 21% en 12 ans) et 80% de l'augmentation annuelle des émissions de CO2 en 2003 lui est imputable.

La voiture individuelle, avec 45% des émissions du secteur est la première responsable devant les poids lourds (21%).

Dans ce contexte il est totalement irresponsable et inacceptable de laisser les constructeurs automobiles et leurs relais médiatiques faire une promotion massive de véhicules massivement polluants ; sur les huit hebdomadaires étudiés, sept consacrent de 2,5% à 8% de leurs pages à la promotion automobile et la moyenne des émissions par hebdomadaire s'étend de 175 à 215 gCO2/km alors même que l'ADEME a recensé 135 modèles de toutes tailles émettant moins de 120 g/km sur le marché en 2003.

Sur les 38 réclames étudiées, 16 véhicules émettent plus de 200g/km et 4 plus de 300g/km !

Marianne se distingue en ne faisant aucune promotion pour l'automobile.

En vertu du Code de l'Environnement (article L 224-1), la promotion de tels véhicules émettant plus de 120gCO2/km représente une incitation à la pollution et au gaspillage d'énergie qui doit être interdite.

- Emissions de CO2

Paris Match arrive largement en tête des émissions de dioxyde de carbone avec une moyenne de 276,3 g/km sur 7 publicités. Cette performance est due à la promotion de véhicules particulièrement sales dont la Mercedes Classe E (310g/km), le Subaru Forester (328g/km) et surtout le Land Rover Dicovery3 qui présente le plus fort taux d?émissions du palmarès avec 397g/km, ce qui est proche des 400g/km du G500 Mercedes, véhicule le plus polluant du marché. Land Rover avec Audi sont par ailleurs les seuls annonceurs du palmarès qui n'affichent pas leurs consommations et émissions...

(ndlr : ont-ils plus honte des émissions de leurs voitures que d'enfreindre la loi qui impose l'affichage de cette information sur les publicités automobiles ?)

Sur les six hebdomadaires étudiés, seuls Paris Match et Le Point (avec la Volvo XC90 ; 309g/km) osent présenter des véhicules émettant plus de 300 g de CO2 au kilomètre.

Cinq journaux présentent un taux d'émissions compris entre 190 et 215 g/km : Télérama, Le Nouvel Observateur, L'Express, Le Point et Courrier International.

Enfin VSD se démarque avec un taux d'émissions moyen de 175 g/km et aucun véhicule n'émettant plus de 200g de CO2 par kilomètre.


- Densité de publicité automobile

Mention spéciale pour le Nouvel Observateur qui n'offre pas moins de douze pages de publicité automobile sur un total de 150 pages soit une densité de 8%.

On trouve juste derrière Télérama avec huit pages dans sa partie magazine (111 pages) soit 7,2% et bien sur Paris Match avec 9 pages soit 6%.

Les quatre autres hebdomadaires se tiennent avec environ 3 à 4% de publicité automobile, la moins grande densité étant obtenue par Le Point avec 2,53%.


RAGA - Résistance à l'Agression Automobile - http://raga.ouvaton.org/

Et aussi : http://www.agirpourlenvironnement.org- http://www.anti4x4.net

 


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5) PROTÉGER LES ENFANTS DE LA PUBLICITÉ DANS LES ÉCOLES - par les élèves de l'école primaire de Saint-Michel-de-Double.

Samedi 5 juin 2004, 16 élèves de l'école primaire de Saint-Michel-de-Double (Dordogne) ont fait une proposition de loi « Visant à protéger les enfants de la publicité dans les écoles », reproduite ci-dessous, au 11e Parlement des Enfants. Le 24 mai 2004, ils s'étaient déjà illustrés dans la lutte contre les agressions publicitaires en froissant puis déversant, au pied d'un marronnier d'une place de Saint-Astier, 30 kg de prospectus collectés pendant trois mois dans leurs boîtes aux lettres.

Exposé des motifs :

Mesdames, Messieurs,

Aujourd'hui la publicité est partout :
télévision ; radio ; journaux ; magazines ; affiches devant les écoles ; internet ; cinéma.
Nous avons constaté qu'il y avait beaucoup de publicité pour les enfants, notamment en période de Noël. En France, au moins 3 millions d'enfants sont la cible de la publicité.

Or nous en craignons les conséquences sur la santé :
l'obésité ; l'alcoolisme ; le tabagisme
ainsi que sur l'environnement :
la destruction du paysage ; l'augmentation des déchets
Aussi, la publicité est créatrice d'inégalités entre les enfants.

C'est pourquoi nous présentons ce projet de loi, afin de tenter de protéger les enfants de la publicité dans les écoles.

Proposition de loi

Article 1er
Les activités pédagogiques effectuées dans la classe ou hors de la classe (visites) ne doivent pas présenter le nom de l'entreprise.

Article 2
Les panneaux publicitaires ne doivent pas se trouver à moins de 300m des écoles.

Article 3
Il est interdit de mettre des affiches publicitaires, ou portant le nom d'une marque, dans la classe.

Article 4
La distribution d'échantillons ou de tracts publicitaires est interdite à la sortie des écoles.



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6) SUR LE FRONT DES BOÎTES AUX LETTRES : Projet de loi déposé au 11e Parlement des Enfants, déversement de prospectus et autocollant du Ministère de l'Écologie - par Nelly Ruscassié

Juin fut un mois faste en matière de lutte contre les publicités non désirées dans les boîtes aux lettres. Jugez-en vous-même :

- Samedi 5 juin 2004, plusieurs militants antipublicitaires se sont réunis devant la Mairie du XIXe pour déverser les prospectus reçus dans leurs boîtes aux lettres les semaines précédant l'action. Entre 14h et 17h, 2,5 à 3 tonnes de papier ont été entassées. Des actions similaires ont eu lieu à Tours, Rouen, Amiens, Lille, Limoge.
Une nouvelle action nationale de déversement de prospectus est prévue le 11 décembre 2004, à l'appel de R.A.P., Chiche, BAP, le CNIID (Centre National d'Information Indépendante sur les Déchets), Casseurs de Pub, ...

- Mercredi 16 juin 2004 : le Ministre de l'écologie, Serge Lepeltier, a annoncé la création d'un autocollant stop publicité à apposer sur sa boîte aux lettres dans le cadre de la semaine du développement durable et de la réduction des déchets à la source. Un million d'étiquettes vertes et blanches portant l'inscription «L'abus de prospectus est dangereux pour ma planète... Merci d'épargner ma boîte aux lettres» ont été imprimées. Cette initiative est à saluer, même si on peut regretter le manque de lisibilité de ces autocollants et l'absence de législation garantissant le respect de notre refus de publicité par les distributeurs. Serge Lepeltier a cependant précisé qu'en cas de non-respect des autocollants, une loi pourrait être votée en 2005.
Promesse en l'air ou véritable engagement ? C'est à nous de concrétiser ces paroles en dénonçant auprès du ministère concerné tout dépôt de prospectus non désiré dans nos boîtes aux lettres.


Nelly Ruscassié


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7) R.A.P. FÊTE LA MUSIQUE - Discours de M. Blain à propos des afficheurs.

R.A.P. a tenu un stand lors de la fête de la musique et a appelé tout musicien à venir jouer dans ce lieu et toute personne à s'exprimer sur la publicité. Nous retranscrivons ci-dessous le discours qu'à fait Michel Blain, responsable de « Paysages de France » en Île-de-France, à cette occasion.


« La musique que nous fêtons ici ce soir est l'expression même du respect : Respect des autres et de la diversité des cultures musicales. Il y a pourtant des gens qui veulent uniformiser nos cultures et nos modes de consommation : Ce sont les afficheurs !

Et pour parvenir à leurs fins, ils ne respectent rien !

Ils ne respectent pas nos campagnes : De nombreux dispositifs sont implantés hors agglomération.
Ils ne respectent pas les Parcs Naturels Régionaux.
Ils ne respectent pas les monuments historiques ; on en a un exemple en ce moment même devant la tour Saint Jacques
Ils ne respectent pas la dignité humaine : Les femmes ne sont que des faire-valoir (femmes objets, nunuches ou fantasmes sexuels), les hommes à leur tour ne sont pas oubliés.
Ils ne respectent pas la décence la plus élémentaire en déshabillant ostensiblement les femmes et les hommes.
Ils ne respectent pas la législation réglementant l'affichage : contrairement à ce que l'on pourrait croire, on ne peut pas installer des affiches n'importe où, n'importe comment. Les publicitaires n'en ont cure. Notre association relève régulièrement des infractions au code de l'environnement.
Ils ne respectent pas les mises en demeure des pouvoirs publics : De temps en temps des fonctionnaires finissent sous la pression par rédiger des constats d'infraction et des mises en demeure qui restent lettre morte.
Ils ne respectent pas les décisions de justice. On en a un exemple actuellement à Levallois Perret où une publicité lumineuse condamnée par le tribunal administratif est toujours en place !
Ils ne respectent pas les Règlements Locaux de Publicité : à Charenton le Pont, à Sainte Geneviève des Bois et même à Paris des dispositifs illégaux sont toujours en place.
Ils ne respectent pas la sécurité routière en implantant leurs dispositifs de façon à détourner
l'attention des conducteurs.
Ils ne respectent pas les actuelles campagnes visant à économiser l'énergie : les publicités de nos jours sont éclairées et mobiles.
Ils ne respectent pas votre quartier (vous en avez des exemple ici)

Et il faudrait en plus que nous les respections ? »


 

8) POUR UNE VRAI LOI CONTRE LE SEXISME ET L'HOMOPHOBIE - par F. Montreynaud

Le conseil des ministres a approuvé le 23 juin 2004 un projet de loi contre les propos discriminatoires sexistes et homophobes. Quand cette loi sera votée, les responsables de publicités sexistes pourront être poursuivis pour provocation à la discrimination, à la haine et à la violence sexiste et/ou homophobe.
On peut aussi espérer que l'autodiscipline et/ou la peur du gendarme produiront enfin leurs effets, car les publicitaires auront toute liberté pour exprimer leur inventivité à l'intérieur du nouveau cadre posé par la loi.

Depuis que j'ai lancé, le 8 mars 1999, le mouvement des Chiennes de garde contre les insultes sexistes, puis, en septembre 2000, La Meute contre la publicité sexiste, des dizaines de milliers de personnes ont signé les Manifestes demandant au gouvernement français le vote d'une loi antisexiste.
Pour la première fois en cinq ans, une réponse concrète, positive, mais partielle est apportée par les pouvoirs publics.
En effet, le projet de loi opère une distinction injustifiable entre sexisme et homophobie. Seules la diffamation et les injures homophobes seront pénalisées, mais pas celles qui sont uniquement sexistes.

La Meute demande que le législateur traite le sexisme à l'égal de l'homophobie.

La Meute (4 054 membres à ce jour) s'associe au texte par lequel l'association Chiennes de garde lance un appel au gouvernement et aux élus « pour une vraie loi antisexiste, pour une loi juste ». Cet appel a déjà été signé par de nombreuses personnes et associations. Vous pouvez vous joindre à elles à titre individuel en le signant sur le site http://chiennesdegarde.org/article.php3?id_article=323

J'ai cofondé l'association Chiennes de garde en septembre 1999 : celle-ci aura donc bientôt les cinq années d'existence qui lui donneront la capacité de saisir la justice pour des discriminations sexistes.
La Meute n'est pas une association, mais un réseau. En près de quatre années, nos actions ont contribué à l'évolution des mentalités.
Nous avons accompli un travail pédagogique en dialoguant avec des milliers de personnes dans des lieux publics au sujet de publicités sexistes. De nombreux médias ont rendu compte de nos manifestions dans la rue, relayant nos analyses et nos demandes.
Nous sommes intervenus auprès d'annonceurs, nous avons obtenu le retrait de publicités et la modification de campagnes. Nous constatons que les annonceurs et les publicitaires ont pris acte de notre existence, mais que les publicités sexistes continuent.

Si quelque chose a changé en France, à la fois dans l'opinion publique et chez les responsables politiques, c'est en grande partie grâce à nous. Restons vigilant-es ! Il faut maintenant faire aboutir notre demande d'une loi juste, et poursuivre notre travail pédagogique jusqu'à ce que l'esprit de la loi passe dans les faits. Pour obtenir le respect, ensemble, continuons à dire NON à la publicité sexiste !

 

Avis ! Le service gouvernemental qui recueille les réclamations concernant des publicités sexistes diffusées en France a changé de localisation :
par téléphone : 01 55 55 49 50 (en laissant un message sur un répondeur)
par courriel : pubsexiste at cab.parite.gouv.fr
par la poste : Ministère de la Parité et de l'Égalité professionnelle, 8, avenue de Ségur, 75007 Paris (précisez sur l'enveloppe 'publicité sexiste')
Je vous invite à l'utiliser. Merci d'envoyer une copie de votre message à La Meute, pour le site.

À bientôt !
Florence Montreynaud

La Meute contre la publicité sexiste
Maison des femmes, 163, rue de Charenton, 75012 Paris
site : http://lameute.org.free.fr

Pour vous joindre à un autre réseau féministe, qui organise des actions dans d'autres domaines, signez le
Manifeste "Encore féministes !" sur le site http://encorefeministes.free.fr



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9) SPONSORS ET PARIS-PLAGE : Intervention de Charlotte Nenner au Conseil de Paris le 6 juillet 2004

NDLR : DE NOMBREUSES MARQUES CITEES DANS L'ARTICLE ONT ETE SUPPRIMEES ET REMPLACEES ENTRE CROCHETS PAR [MARQUE DE TEL TYPE DE PRODUIT]

Intervention de Charlotte Nenner au Conseil de Paris le 6 juillet 2004

Le grand succès populaire de Paris-Plage est désormais incontestable.
C'est une belle illustration des bienfaits d'une ré appropriation des voies sur berges de la Seine, abandonnées le reste de l'année, sauf les dimanches, au tout-automobile. Nous nous réjouissons donc du lancement de Paris Plage 2004 qui nous n'en doutons pas aura le même succès que les précédentes éditions.

Néanmoins, nous nous inquiétons de la place grandissante des partenaires-sponsors dans le financement de Paris Plage et sur les lieux mêmes de la manifestation.

Les conventions passées avec 15 entreprises montrent combien le recours aux sponsors est devenu non pas un apport complémentaire, mais bien le principal et majeur apport financier de l'opération. L'apport des sponsors est de 1 378 640 euros pour un bugdet de 1 590 170 euros, soit plus de 86% du budget de Paris Plage.

Certains pourront bien évidemment se réjouir de voir l'argent du contribuable ainsi « sauvegardé ». Mais il faut cesser de considérer la publicité comme de l'argent facile, qui tombe du ciel. La publicité, ce sont bien évidemment les consommateurs qui la payent in fine.
Et l'importante participation d'entreprises au financement d'opérations municipales ne va pas sans risques, ni sans contreparties, surtout avec une telle proportion argent public / argent privé.

Premier risque : l'atteinte à l'indépendance
On se doute bien que la liberté de ton et les orientations peuvent être influencées par les partenaires, qui peuvent devenir envahissants. Et quelle capacité de critique et de distance pourrons-nous avoir vis-à-vis de ces entreprises ? Si une d'entres elles s'illustre pour ses forts rejets en gaz à effet de serre (un cimentier), ou si l'autre décide de fermer brutalement un de ses magasins, mettant sur le carreau des dizaines d'employés ? Que dira la Ville ? Sans garde-fous et avec une part trop importante dans le financement, l'indépendance de la ville est mise à mal.

Deuxième risque : l'envahissement publicitaire
Les sponsors s'imposent et les contreparties publicitaires sont de plus en plus visibles. La place des logos à Paris Plage risque de transformer cette belle fête en foire commerciale. C'est aussi une forme de privatisation de l'espace public qui pose problème, surtout lorsqu'elle se déroule au mépris des zones de publicité interdites.

Troisième risque : le fourvoiement d'un service public en opération commerciale
Sans vigilance ni garde-fous, la publicité et les partenariats envahiront petit à petit les services publics et même la sphère démocratique : on risque de voir un jour « cet affichage municipal a été
réalisé avec l'aide de [nom d'une société d'affichage publicitaire] », "Cette crèche a été réalisée avec le concours de [marque de couche-culotte] », « Ce conseil de Paris vous est offert part le dentifrice tartempion »,...
Cela vous paraît incroyable et impossible ?
Il faut être lucide et savoir réagir, car, de plus en plus les limites du champs publicitaire sont franchies, comme on peut le voir avec la publicité à l'école.

Ce phénomène ne concerne pas uniquement Paris Plage mais un grand nombre d'opérations menées par la Ville. Derniers exemples en date : la diffusion des matchs de l'Euro sur le Parvis de l'Hôtel de Ville, sponsorisée par [marque de téléphonie mobile], avec un écran géant diffusant de la pub toute la journée, l'apéritif servi sur le parvis aux Parisiens le mois dernier grâce à [marque de restauration rapide], des banderoles de soutien à la candidature de Paris aux JO 2012 garnies de logos sur les frontons des mairies, les rubans [marque de chaussures et vêtements de sport] pour les accréditations du festival Paris-Cinéma ...

La Ville de Paris doit-elle continuer à s'engager dans cette voie au risque de faire perdre leur âme auxdites manifestations, en les livrant même partiellement à la loi du marketing et du marché ?

Il est important de réagir et de lancer enfin une réflexion d'ensemble sur le recours au sponsoring par la Ville pour l'organisation d'évènements et sur la place des partenaires au sein desdites manifestations



 

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10) MÉFAITS PUBLICITAIRES : DÉMARCHAGE TÉLÉPHONIQUE ET DÉRANGEMENT - par P. Dorison

Pour lutter contre le démarchage téléphonique (cuisines, fenêtres, etc.) voici ce que je fais : je prends systématiquement rendez-vous et quand la personne vient je lui dis (ou je lui laisse un mot si je suis absent) : "vous m'avez dérangé, je vous ai dérangé, nous sommes quittes !". À en juger par la réaction de mes "invités" je touche là où ça fait mal et je crois que si seulement 10% des personnes persécutées par le démarchage téléphonique agissaient comme moi, ledit démarchage ne serait plus rentable pour ses utilisateurs.
Si vous avez un moyen de promouvoir ma méthode (je dis ma méthode, mais peut-être ne suis-je pas le seul à procéder ainsi) allez-y. Plus ils se déplaceront pour rien, moins ils nous casseront les pieds.
Merci de votre attention.

Pierre DORISON



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INFORMATIONS DIVERSES

Toutes les informations que vous venez de lire sont publiques, nous vous invitons à les transmettre à toute personne susceptible d'être intéressée : faites circuler !

Pour tout renseignement (envoi d'un exemplaire de R.A.P.-Échos, notre publication papier, adhésion, etc.) merci de prendre contact avec :
R.A.P. (Résistance à l'agression publicitaire)
53, rue Jean-Moulin, 94300 Vincennes
tél. : 01 43 28 39 21 (tcp. : 01 58 64 02 93)
Adhésion : 15 euros
Adhésion petit budget : 7,50 euros
Abonnement à R.A.P.-Échos : 5 euros.

Notre permanente assure la permanence téléphonique lundi, mardi et jeudi de 10 h à 13 h (on pourra également nous joindre en dehors de ces horaires, sans certitude de présence toutefois).
Réunions mensuelles : calendrier au début de ce message, renseignements supplémentaires au 01 43 28 39 21 ou à contact at antipub.org.

Coordonnées utiles :

Casseurs de pub
11, place Croix-Pâquet 69001 Lyon
Tél. 04 72 00 09 82 - Tcp. 04 77 41 18 16
http://www.antipub.org/

Paysages de France
(association qui lutte notamment contre l'affichage publicitaire envahissant)
MNEI
5, place Bir-Hakeim, 38000 Grenoble
Tél. & tcp. 04 76 03 23 75
http://paysagesdefrance.free.fr

Le Publiphobe, association concurrente de R.A.P.
(diffusion d'une feuille sporadique par abonnement)
B.P. 20012, 94211 La Varenne-Saint-Hilaire Cedex
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Tcp. 01 42 83 45 01

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96, rue Le Lorrain, 1080 Bruxelles
Tél. 02 / 426 91 91
http://www.antipub.be

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145, rue Amelot, 75011 PARIS.

 

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