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RAP-À-TOILE N° 46 - ( SEPTEMBRE 2004 )


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Au sommaire de ce quarante-sixième envoi

0 - Introduction
1 - LE JEU « LES MASTERS DE L'ÉCONOMIE » JUGÉ ILLÉGAL
2 - JOURNÉE NATIONALE DE DÉVERSEMENT DE PROSPECTUS PUBLICITAIRES - LE 11 DÉCEMBRE 2004.
3 - NOUVELLE VICTOIRE DE PAYSAGES DE FRANCE.
4 - APPEL DU 18 JUIN 2004 DE L'OFM CONTRE LA CONCENTRATION ET LA MAINMISE FINANCIÈRE SUR LES MÉDIAS.
5 - LE MODÈLE AMÉRICAIN - Les entreprises dans les écoles américaines - par L. Urnaueur.
6 - SOMMES-NOUS DES VACHES A LAIT ?
7 - L'AFFICHAGE NUIT GRAVEMENT À LA PAIX SOCIALE .
8 - MÉFAITS PUBLICITAIRES - Sponsorat olympique d'Athènes à Paris - par N. Ruscassié


R.A.P. a pour vocation de faire connaître les diverses approches de la lutte antipublicitaire
sans pour autant adhérer à toutes les opinions et idées d'actions formulées, dont elle laisse la responsabilité à leurs auteurs.


Introduction :

Chers lecteurs,

L'impossible n'existe pas dans le monde de la publicité.
Après avoir envahi nos villes de panneaux plus hideux les uns que les autres, inondé nos boîtes à lettres et nos boîtes à mel de propositions pas vraiment décentes, nos télécopieurs de suggestions en tout genre, nos écoles de distributeurs de boissons et autres support, après avoir ensaché nos bus et métros aux couleurs de diverses marques, c'est à présent nos cours d'eau qui sont atteint par ce mal publicitaire. Un fabriquant de voitures n'a en effet rien trouvé de mieux que de présenter sa nouvelle voiture en l'exposant sur une sorte de radeau posé sur la Loire (photos disponibles sur demande). Rappelons que la vallée de la Loire est maintenant classée au Patrimoine mondial de l'Unesco, mais cela, nous le savons, ne pèse rien sur la décision lorsqu'il s'agit de faire un « coup » publicitaire, l'Himalaya n'a-t-il pas été repeint aux couleurs d'une marque de boissons gazeuses ?
Il est plus que temps de réagir, à titre individuel ou collectif à cette déferlante de messages commerciaux. Nous espérons qu'une fois encore, ce numéro de R.A.P.-à-Toile, à défaut de vous donner des solutions à tous les problèmes posés par la publicité, vous aidera dans votre combat quotidien contre ce fléau et permettra à la plupart d'entre vous d'appréhender un peu mieux les enjeux de la propagande commerciale à laquelle nous sommes quotidiennement soumis.

Bonne lecture à tous.

Nelly Ruscassié.

 

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1) LE JEU « LES MASTERS DE L'ÉCONOMIE » JUGÉ ILLÉGAL.

Une étape supplémentaire dans la lutte contre la marchandisation de l'école vient d'être franchie. C'est en effet une grande victoire que vient de remporter Gilbert Molinier (1), professeur de philosophie au lycée Auguste Blanqui de Saint-Ouen. Il avait déposé en 2000 un recours auprès du Tribunal administratif afin d'annuler la décision prise par le proviseur du lycée où il enseigne d'autoriser la banque « Crédit industriel et commercial » à organiser un jeu-concours « Les Masters de l'économie », déjà connu des lecteurs de R.A.P.-à-toile, dans l'enceinte de son établissement. (Pour plus d'informations : http://www.molinier.org)

Le 1er juillet 2004, le tribunal administratif de Cergy-Pontoise a déclaré illégale l'autorisation de ce jeu.
Extraits du jugement :
« Considérant que ce jeu n'a pu se dérouler dans l'établissement sans l'accord au moins verbal du chef d'établissement ; que ce jeu qui avait clairement des objectifs publicitaires et commerciaux pour la banque organisatrice tombait sous le coup de la prohibition des initiatives de nature publicitaire, commerciale, politique ou confessionnelle figurant au règlement intérieur de l'établissement ; qu'il contrevenait également au principe de neutralité de l'école rappelé par de nombreuses circulaires et notes de service émanant du ministre de l'éducation nationale ; qu'enfin, son organisation aurait dû être autorisée par le conseil d'administration de l'établissement, qui, aux termes de l'article L. 421-4 du code de l'éducation, « règle, par ses délibérations, les affaires de l'établissement » ; que, pour tous ces motifs, la décision prise par le proviseur du lycée Auguste Blanqui d'autoriser le déroulement de ce jeu dans l'établissement est illégale et doit, donc, être annulée. »

Ce jugement vient confirmer ce que nous dénonçons depuis longtemps : la violation du principe de neutralité scolaire !

Violation encouragée, faut-il le rappeler, par le " Code de bonne conduite des interventions des entreprises en milieu scolaire ", circulaire n°2001-053 du 28 mars 2001, publiée au BOEN n°14 du 5 avril 2001, dont R.A.P., ATTAC et Casseurs de Pub notamment demandent l'abrogation.

(1) Auteur de " La gestion des stocks lycéens- idéologies, pratiques scolaires et interdit de penser " (L'Harmattan, 1999)





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2) JOURNÉE NATIONALE DE DÉVERSEMENT DE PROSPECTUS PUBLICITAIRES - LE 11 DÉCEMBRE 2004.

Le 11 décembre 2004, BAP, Chiche!, Le CNIID, R.A.P. et de nombreuses autres associations et individus, appellent à une nouvelle journée nationale de déversement de prospectus publicitaires dans toutes les villes de France.
Dénonçons le scandale de ces 40 kg de prospectus déposés chaque année dans chacune de nos boîtes aux lettres : gaspillage, pollution et envahissement, dont nous payons les coûts de production - dans le prix nos achats - et de traitement des déchets - dans le montant de nos taxes locales.

Parce que nous refusons notamment :
- Le gaspillage (d'énergie et des matières premières utilisées pour des
prospectus souvent jetés sans même avoir été regardés)
- La pollution (accroissement du volume des déchets)
- Le mépris de notre liberté (notre refus de la publicité, indiqué par un autocollant apposé sur notre boîte aux lettres, est peu respecté)

Nous demandons aux pouvoirs publics :
- L'adoption d'une loi garantissant le respect des autocollants antipublicitaires comme c'est déjà le cas au Portugal, en Allemagne, à Bruxelles,...
- La mise en place d'une taxe pour les distributeurs, leur faisant supporter le coût réel du traitement des déchets engendrés.


Quelques chiffres :

- 110 millions d'euros par an en retraitement des prospectus
- 18 milliards d'imprimés sans adresse distribués chaque année dans les boîtes aux lettres en France
- soit 1 million de tonnes dont 85% de publicité et 15 % de journaux gratuits.

Source Ademe

Si 5 % des Français faisaient le choix de ne plus recevoir d'imprimés publicitaires, ce seraient 40 000 tonnes de papier épargnées soit 4 fois le poids de la tour Eiffel.

Jusqu'au 11 décembre, diffusez l'information !
- Gardez tous les prospectus reçus
- Le 11 décembre, passez devant l'un des points de déversement et déposez votre contribution

Si vous souhaitez organiser ou participer à un déversement dans votre ville, prenez contact avec nous. Nous tenons à votre disposition un protocole d'action, un argumentaire, une affiche, un tract, un modèle de déclaration de manifestation,...
Renseignements :
BAP : http://bap.propagande.org- CNIID : 01 55 78 28 67 - R.A.P. : 01 43 28 39 21



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3) NOUVELLE VICTOIRE DE PAYSAGES DE FRANCE.

COMMUNIQUÉ DE PRESSE
(23 septembre 2004)

L'association « Paysages de France » fait démonter les enseignes en infraction d'un hôtel Formule 1.
Il aura fallu plus de trois ans pour que le Code de l'environnement soit enfin pris en compte.
Aujourd'hui, l'association veut aller plus loin.

Les faits :

25 juin 2001 : « Paysages de France » entame des démarches en vue de faire démonter ou mettre en conformité les enseignes d'un hôtel Formule 1 situé dans la commune de Le Fontanil (Isère).

21 mars 2001 et 22 mai 2002 : « Paysages de France » saisit la direction de Formule 1 (groupe ACCOR), pour un hôtel situé dans la commune de Nemours (Seine-et-Marne). L'association ne recevra jamais de réponse.

22 août 2003 : la situation n'ayant pas évolué, notamment en Isère, « Paysages de France » saisit le tribunal administratif de Grenoble.

27 août 2004 : le dépôt de cette requête n'ayant pas, non plus, fait évoluer la situation, l'association fait savoir qu'elle évalue désormais ses dommages à 10 % du montant théorique de l'astreinte due par le contrevenant depuis la démarche de l'association, soit dix pour cent de 579 664, 80 euros.

30 août 2004 : le préfet de l'Isère prend un arrêté donnant 15 jours au contrevenant pour se mettre en règle.

13 septembre 2004 : début du démontage. D'ores et déjà tous les dispositifs sur toiture et l'inscription de l'enseigne scellée au sol ont disparu.

Perspectives :
Compte tenu de l'impact des hôtels Formule 1 sur l'environnement, « Paysages de France » estime qu'au-delà de la seule mise en conformité des enseignes, une véritable réflexion doit être engagée sur l'aspect architectural et l'insertion paysagère de ces constructions.

Paysages de France

Association agréée au plan national au titre du Code de l¹environnement
Tél. & tcp. : 04 76 03 23 75
paysagesdefrance at free.fr - http://paysagesdefrance.free.fr
CONTACT PRESSE 06 72 98 94 89
Le paysage, ça nous regarde



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4) APPEL DU 18 JUIN 2004 DE L'OFM CONTRE LA CONCENTRATION ET LA MAINMISE FINANCIÈRE SUR LES MÉDIAS.

NDLR : ATTENTION ! ATTENTION !
Dassault, Lagardère, Seillière, Bouygues & compagnie ne veulent pas seulement beaucoup d'argent, ils veulent être sûrs de pouvoir le conserver pour eux seuls. Asphyxier les esprits pour museler la contestation fait donc partie de leur programme et pour y parvenir, ils s'emparent actuellement de toute l'activité culturelle nationale...
Ceci est à mettre en parallèle avec les agissements du Groupe Clear Channel, dénoncés par nos amis belges (cf. http://www.antipub.be)

Communiqué

L'Observatoire français des médias a lancé le 17 juin au soir un "Appel du 18 juin contre la concentration et la mainmise financière sur les médias".

Cet appel a reçu le soutien des syndicats de journalistes SNJ, SNJ-CGT, CFDT Radio-Télé, des associations Action Critique Médias (ACRIMED), Amis du Monde Diplomatique, Association des journalistes pour la nature et l'écologie, Association des journalistes professionnels de Belgique, ATTAC, Les Pénélopes, Les Pieds dans le Paf, Union des familles laïques (UFAL).

La pétition est proposée à la signature en ligne sur http://www.observatoire-medias.info/article202.html
Les signatures seront aussi recueillies par courriel à : petition at observatoire-medias.infoou par courrier.

________________________

Appel du 18 juin 2004
de l'Observatoire français des médias contre la concentration et la mainmise financière sur les médias

Aujourd'hui, 18 juin 2004, est un triste jour pour l'indépendance des moyens d'information, de communication et d'éducation.

La firme du fabricant d'armes Dassault est autorisée par l'Union européenne à prendre le contrôle de 70 publications dont Le Figaro, L'Express et un tiers de la presse quotidienne régionale, auparavant détenues par le groupe Hersant.
Un autre fabricant d'armes, Lagardère, déjà à la tête d'un empire dans la presse, l'édition, la distribution et l'audiovisuel s'est emparé, il y a peu, du pôle édition de Vivendi Universal, créant ainsi une situation de quasi monopole avec l'assentiment du gouvernement français.
C'est finalement le holding financier Wendel, dont le président, Ernest-Antoine Seillière, est aussi celui du MEDEF, qui vient de s'emparer d'Editis, deuxième groupe français et éditeur d'une très grande part des dictionnaires et des manuels scolaires.
L'association voulue par le gouvernement Raffarin entre TF1 et les chaînes de télévision publiques en vue de créer CII, la Chaîne d'Information Internationale, financée par des fonds publics mais dirigée par le groupe de B.T.P. Bouygues, est en passe d'être acceptée par la Commission de l'Union européenne.
Enfin, une nouvelle loi adoptée le 3 juin vient d'assouplir les règles anti-concentration, notamment en ce qui concerne les autorisations d'émission des télévisions régionales.

Sans cesse, le contrôle de quelques firmes sur le journalisme et la communication parvient à s'étendre, sans susciter la
réaction appropriée de quelque autorité ou pouvoir.
Sans cesse, la stratégie de mainmise du pouvoir politique sur les moyens d'information renforce les moyens de diffusion des doctrines les plus favorables aux intérêts financiers.

La liberté d'expression est une composante essentielle des libertés publiques.
Le droit à une information de qualité, à des conditions de travail des journalistes conformes aux impératifs de leur métier et à un traitement équilibré et honnête de l'actualité et des débats publics est un combat que doivent soutenir les
démocraties.
Nous appelons à l'action de tous et à l'engagement des forces politiques pour défendre le droit à une information libre et pluraliste.

--

Christian Pradié,
Secrétaire général adjoint.

Observatoire Français des Médias
3, avenue Stephen Pichon
75013 Paris

Tél. : 01.53.94.96.70
Fax : 01.53.94.96.76
Mél : christian.pradie at observatoire-medias.info

 


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5) LE MODÈLE AMÉRICAIN - Les entreprises dans les écoles américaines - par L. Urnaueur.

Informations tirées de Mike contre-attaque (éditions La Découverte) de Michael Moore, journaliste, scénariste, acteur, producteur et réalisateur, reconnu par ses pairs, puisqu'il vient de recevoir un César (et a été très applaudi pendant la remise du prix) et un Oscar (cérémonie pendant laquelle il s'est fait particulièrement remarquer, après une bruyante diatribe contre George W. Bush en pleine guerre d'Irak !?)

Aux Etats-Unis, quarante-quatre millions de personnes ont un niveau de lecture et d'écriture tout juste équivalent à ceux d'un élève de CM1.
Un Américain adulte consacre en moyenne 99 heures par an à la lecture contre 1460 heures de télévision. (p. 107)

« Récemment, on a effectué un test de connaissance auprès de 556 étudiants de niveau maîtrise de cinquante-cinq universités américaines prestigieuses (donc y compris Harvard, Yale et Stanford). Les questions posées étaient définies comme relevant du « niveau bac » . Il y avait 34 questions. Ces étudiants d'élite ne purent répondre correctement qu'à 53% des questions, et un seul d'entre eux donna toutes les réponses.
40% des étudiants ne connaissaient pas les dates approximatives de la guerre de Sécession, alors même qu'on leur donnait le choix entre les réponses suivantes : a) entre 1750 et 1800 ; b) entre 1800 et 1850 ; c) entre 1850 et 1900 ; d) entre 1900 et 1950 ; e) après1950.
Les deux questions qui ont obtenu les meilleures réponses étaient : « Qui est Snoop Doggy Dog ? » (98% de bonnes réponses) et « Qui sont Beavis et Butt-head ? » (99% de bonnes réponses) » (p. 109)

« Quelle priorité accordons-nous à l'éducation dans ce pays ? Oh, bien sûr, elle est sans doute budgétée quelque part entre l'inspection du travail et l'hygiène alimentaire. Les individus qui veillent quotidiennement à l'éducation de nos enfants gagnent en moyenne 41 351 dollars par an. Un congressiste dont le seul souci est de savoir quel représentant du lobby du tabac va l'inviter à dîner ce soir gagne 145 000 dollars. »
« La pénurie de professeurs est si forte aux Etats-Unis que certains districts scolaires doivent recruter des enseignants à l'étranger. Tout récemment, à Chicago, on a dû embaucher des profs originaires de vingt-huit pays différents, dont la Chine, la France et la Hongrie. A New York, lors de la prochaine rentrée, sept mille enseignants seront partis en retraite, et 60% de leurs remplaçants ne seront pas des professeurs certifiés. » (p. 119)

Une nouvelle forme de partenariat avec l'entreprise ?

« D'après les chiffres recueillis par le Centre pour l'analyse de l'intrusion commerciale dans le système éducatif (sic) (CACE), la forme de prodigalité désintéressée [de l'argent versé par des entreprises à des établissements scolaires] a connu une expansion sans précédent au cours des années 1990. Au cours des dix dernières années, en effet, le volume des activités et des programmes scolaires parrainés par des entreprises privées a augmenté de 248 % » (p. 125)
« les contrats d'exclusivité entre les établissements scolaires et les fabricants de boissons gazeuses ont connu une augmentation phénoménale de 1384% » (p. 126)
« Si les établissements scolaires de Colorado Springs arrivent à vendre au moins soixante-dix mille produits Coca-Cola par an, ils recevront 8,4 millions de dollars sur dix ans, et plus s'ils dépassent leur quota » (pp. 126-127)
« La colonisation publicitaire de l'espace scolaire, qu'il s'agisse des tableaux d'affichage, des toitures, des murs ou des manuels eux-mêmes, a augmenté de 539 % » (p. 128)

« Les entreprises savent également désormais qu'elles peuvent atteindre leur cible en « parrainant » du matériel éducatif. Cette pratique a également connu une augmentation hallucinante de 1875% depuis 1990. » (p. 129)
« Le marketing électronique, qui consiste pour une entreprise à fournir à des établissements scolaires des programmes ou du matériel en échange du droit de diffuser leur marque auprès des élèves, a augmenté de 139% ». (p. 130)

« Chaque jour, dans près de douze mille salles de classe, huit millions d'élèves regardent le programme d'information et de publicité de Channel One. Ce qui veut dire que ces enfants passent l'équivalent de six jours de classe complets par an à regarder Channel One, et ce dans 40% des collèges et des lycées américains. Et quel volume de publicité absorbent-ils au lieu d'étudier ? L'équivalent d'une journée par an. Une opération qui coûte aux contribuables plus de 1,8 milliard de dollars.
(...) Sur les douze minutes de programme quotidien de Channel One, seuls 20% sont consacrés à des thèmes politiques, économiques, sociaux ou culturels. Tout le reste est constitué par la publicité, le sport, la météo, divers sujets annexes et la propagande de la chaîne elle-même.
Channel One est diffusé de façon disproportionnée dans les établissements scolaires des quartiers défavorisés, à savoir précisément là où le budget consacré à l'éducation est le plus faible et où il y a le moins de ressources pour acheter des manuels scolaires et autres matériels éducatifs. A partir du moment où ce type de district scolaire bénéficie des largesses intéressées du secteur privé, la négligence de l'Etat en matière de financement de l'éducation n'est même plus mise en question. » (pp. 130-131)

Pour ceux qui ont encore le courage de lire la suite (quelques exemples intéressants)

« On a vu des enseignants montrer à leurs élèves une vidéo publicitaire de Shell qui leur explique que la meilleure façon de connaître les beautés de la nature est de la sillonner en 4 x 4 après avoir rempli votre réservoir à la station Shell la plus proche.
Exxon Mobil offre des cours sur la faune exubérante du détroit du Prince-William, site du désastre écologique pétrolier provoqué par le naufrage de l'Exxon Valdez. »
[NB personnelle : à quand une vidéo sur la magnifique faune de la côte Atlantique parrainée par Total et offerte gracieusement aux profs de S.V.T. ?]
« Un manuel de mathématiques de CE2 propose aux enfants, entre autres exercices de calcul, de compter les Tootsie Rolls, une espèce de Carambar. Un cours parrainé par la marque de chocolat Hershey's et intitulé « The Chocolate Dream Machine » propose des leçons de maths, de sciences naturelles, de géographie et,... de nutrition. » (p. 129)

« Pizza Hut a lancé un programme pour encourager les enfants à lire, « Book-t ! ». Quand ceux-ci ont accompli leur volume mensuel de lecture, ils reçoivent un certificat qui leur donne droit à une pizza. Le gérant du point de vente félicite personnellement les gagnants et leur distribue un autocollant et le certificat. Pizza Hut propose aux directeurs d'école d'afficher une liste d'honneur « Pizza Hut Book It ! » dans leur établissement pour que tout le mode puisse la contempler.
General Mills et Campbell's Soup ont trouvé encore mieux. Au lieu de distribuer gratuitement des cadeaux, ils récompensent les établissements scolaires qui encouragent les parents à acheter leurs produits. Dans le cadre du programme « Box Tops for Education », les écoles reçoivent dix pour cents pour chaque logo de boîte de céréales qu'elles récupèrent, et peuvent ainsi gagner jusqu'à dix mille dollars. Cela fait cent mille produits supplémentaires vendus pous General Mills. Le programme « Labels for Education » de Campbell's Soup est à peu près du même acabit. Il se fait fort d' « offrir aux enfants américains de l'équipement scolaire GRATUIT ! ». Chaque établissement scolaire peut gagner un ordinateur Apple iMac contre 94 950 étiquettes de boîtes de conserve de soupe Campbell. Campbell propose un objectif indicatif d'une étiquette par jour et par élève. Avec cinq étiquettes par semaine et par enfant, il vous suffit de cinq cent vingt-huit élèves pour gagner votre ordinateur en une année scolaire. » (pp. 125-126)

QU'EST-CE QU'ON ATTEND ?? DÉPÊCHONS-NOUS D'EN FAIRE AUTANT, SANS QUOI, LOGIQUE DE LA GLOBALISATION CONCURRENTIELLE AIDANT, NOUS NE SERONS BIENTÔT PLUS COMPÉTITIFS FACE À D'AUTRES PAYS.
VITE, VITE ! IL Y A URGENCE : IL EN VA DE L'AVENIR (ÉCONOMIQUE) DE LA FRANCE, DE L'EUROPE ET DE CELUI DE NOS ENFANTS ! ! !
RELEVONS CE FORMIDABLE DÉFI DE LA CROISSANCE DU XXI ÈME SIÈCLE : MANGEONS DE LA SOUPE CAMPBELL (CELA NOUS FERA MIEUX AVALER CERTAINES PILLULES !..)

Laurent Urnaueur



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6) SOMMES-NOUS DES VACHES A LAIT ? - Témoignage d'une usagère du métro parisien sur une nouvelle forme de publicité

23 avril 2004, 11 heures 30 environs, sur la ligne 3, station Réaumur-Sébastopol. Deux jeunes gens entrent dans le wagon du métro et commencent à poser des affiches sur les espaces réservés aux consignes de sécurité placées des deux côtés du wagon. Il s'agit d'une pub pour des emprunts.

Je suis suffoquée, je les vois déployer tranquillement leurs deux affiches d'une compagnie d'assurance et les poser dans les espaces réservés à la communication RATP.

Puis ils se tournent vers les voyageurs et, un par un, leur demandent gentiment s'ils préfèrent l'affiche de droite ou celle de gauche.

Je n'en crois pas mes yeux : ils sont en train d'utiliser l'espace public et les voyageurs d'un train pour faire leurs sondages marketing. Et en plus sur des panneaux de sécurité !

Je les interpelle à haute voix, je leur demande s'ils ont demandé aux voyageurs s'ils étaient d'accord, et si la RATP les a autorisés. Ils disent qu'il n'y à rien de mal.

Pour ma part oui, je le dis ouvertement : « on est déjà assez harcelés par des pubs que nous n'avons pas sollicitées, et en plus on vient nous imposer des sondages pour une compagnie d'assurance » je le leur dit fort et tout net :
« Les anti- pub, on les met en prison parce qu'ils ont dit ce qu'ils pensaient [ndlr : il n'y a pour l'heure aucun antipub en prison, mais les barbouilleurs du métro ont eu a payer de lourdes amendes à Métrobus], puis on vient nous emm... avec des pubs pour des emprunts pour que ceux qui, comme moi sont au chômage, soient encore plus endettés ».

Ils ne disent plus rien, ils descendent. Un jeune homme me murmure à l'oreille : « enfin ! Vous êtes la seule qui ait eu le courage ! ». Oui mais pourquoi personne ne réagit ? De quoi ont-ils peur ?

Je n'en veux pas aux deux jeunes, quelqu'un les y a envoyés.

Mais quand même, qu'est-ce que cela veut dire ? Ont-ils été envoyés par une école de commerce ?

Cela semble improbable d'autant plus qu'ils ne l'ont pas dit et que c'est illégal, mais alors c'est la boîte d'assurances ? De quel droit ?

Les agences de marketing qui font des sondages dans la rue, au moins, ils demandent aux gens s'il sont d'accord.

Une dernière hypothèse me vient à l'esprit : est-ce un ballon d'essai ? Quelqu'un veut-il tester si l'on peut utiliser les usagers des transports comme des vaches à lait et leur imposer des sondages, pour lesquels des boîtes perçoivent une rémunération ?

Je ne voudrais surtout pas causer des ennuis à des jeunes qui aurait fait cela de leur initiative, mais je suis allée consulter le site de la boîte :

Empruntis, votre courtier bancassurance. Credit immobilier, credit ...

Le nom, le logo et les couleurs sont les mêmes que sur l'affiche. En outre les deux jeunes gens sont montés dans la station Réaumur-Sébastopol et l'agence se situe dans la rue Réaumur...

Il ne serait peut-être pas inutile de se renseigner sur cette affaire.

Salutations fraternelles



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7) DES MAUX PUBLICITAIRES.

Marie-Noelle BOTTE, Animatrice " environnement - cadre de vie ", Association Initiatives-Environnement

à Marie-Christine LA........ Pantin

Paris, le 25 fevrier 2004

Madame,

Dans la cadre de mon travail auprès des jeunes de la résidence de La Dhuys à Clichy\Bois, en zone dite ³sensible, je suis amenée à susciter une prise de conscience et de responsabilité citoyenne au cadre de vie / espace collectif.

Dans ce contexte, j¹ai appris par Madame (...) que vous aviez pris la décision de faire supprimer les deux grands panneaux publicitaires qui bouchent l'entrée de la résidence, masquant les deux marronniers et s'imposant dans la vie quotidienne de ses habitants. Je tiens à vous féliciter vivement de cette décision qui ne pourra qu'encourager et soutenir le travail de fond que nous engageons sur le terrain.

En effet, planter des fleurs pour agrémenter la résidence peut paraître assez futile face à ces placards de provocations à la consommation auprès d'une population déjà en difficulté. Ces affiches publicitaires ne font qu'enlaidir le paysage urbain des cités, et aggraver de façon éhontée un climat social difficile : des images grotesques ne font que renforcer la violence, les clivages religieux, le sexisme, la frustration, etc.
Il est difficile d'inculquer aux jeunes des valeurs de respect de l'environnement dans un environnement si peux respectueux justement.

Bravo et merci pour votre décision.
Je vous prie de croire Madame en l'expression de mes salutations respectueuses,

Marie-Noelle BOTTE

Photos disposnibles sur demande.


 

8) MÉFAITS PUBLICITAIRES.

Les jeux olympiques d'Athènes ont été le théâtre d'une débauche et d'un totalitarisme publicitaire sans précédent.
Les spectateurs, qui payent le prix d'entrèe pour assister à ces rencontres, ont dû obéir à plusieurs règles imposées par les sponsors sous peine d'amende. En voici quelques exemples tirés de la liste officielle exhaustive des "objets et comportement défendus sur les sites olympiques" sur http://www.athens2004.com/fr/specAdviceRestricted

- Hampes de drapeaux, logos, parapluies ouverts dans les zones des places assises, articles (t-shirts, chapeaux, sacs, etc.) qui portent la marque des entreprises concurrentes des partenaires.
- eau, boissons alcoolisées ou non
- Nourriture (sauf si nécessaire pour des raisons médicales prouvées)

Les seules boissons autorisées étant celles sponsorisant les JO, vendues sur place.

Paris est candidate aux JO de 2012, et le fait savoir à l'ensemble des franciliens à grand renfort d'oriflammes et d'énormes affiches couvertes de logos de sponsors.
Son ambition affichée : favoriser « la transformation des mentalités et des comportements des acteurs de la société française, jusqu'à en faire de véritables « Citoyens Olympiques » (http://www.parisjo2012.fr/fr/jo2012/motivation/index.jsp)

Inquiétant n'est-ce pas ?

Nelly Ruscassié



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INFORMATIONS DIVERSES

Toutes les informations que vous venez de lire sont publiques, nous vous invitons à les transmettre à toute personne susceptible d'être intéressée : faites circuler !

Pour tout renseignement (envoi d'un exemplaire de R.A.P.-Échos, notre publication papier, adhésion, etc.) merci de prendre contact avec :
R.A.P. (Résistance à l'agression publicitaire)
53, rue Jean-Moulin, 94300 Vincennes
tél. : 01 43 28 39 21 (tcp. : 01 58 64 02 93)
Adhésion : 15 euros
Adhésion petit budget : 7,50 euros
Abonnement à R.A.P.-Échos : 5 euros.

Notre permanente assure la permanence téléphonique lundi, mardi et jeudi de 10 h à 13 h (on pourra également nous joindre en dehors de ces horaires, sans certitude de présence toutefois).
Réunions mensuelles : calendrier au début de ce message, renseignements supplémentaires au 01 43 28 39 21 ou à contact at antipub.org.

Coordonnées utiles :

Casseurs de pub
11, place Croix-Pâquet 69001 Lyon
Tél. 04 72 00 09 82 - Tcp. 04 77 41 18 16
http://www.antipub.org/

Paysages de France
(association qui lutte notamment contre l'affichage publicitaire envahissant)
MNEI
5, place Bir-Hakeim, 38000 Grenoble
Tél. & tcp. 04 76 03 23 75
http://paysagesdefrance.free.fr

Le Publiphobe, association concurrente de R.A.P.
(diffusion d'une feuille sporadique par abonnement)
B.P. 20012, 94211 La Varenne-Saint-Hilaire Cedex
Tél. 01 41 81 69 17
Tcp. 01 42 83 45 01

R.A.P. Belgique
96, rue Le Lorrain, 1080 Bruxelles
Tél. 02 / 426 91 91
http://www.antipub.be

Brisons nos chaînes
Chez Publico
145, rue Amelot, 75011 PARIS.

 

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