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RAP-À-TOILE N° 47 - ( OCTOBRE 2004 )


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Au sommaire de ce quarante-septième envoi

0 - Introduction
1 - MANIFESTE POUR L'ABROGATION DU « CODE DE BONNE CONDUITE DES INTERVENTIONS DES ENTREPRISES EN MILIEU SCOLAIRE »
2 - INVITATION AU RECOUVREMENT DE L'ESPACE PUBLICITAIRE.
3 - APPEL À TOUS LES « CERVEAUX NON DISPONIBLES » - Appel à manifestation - Par l'OFM.
4 - « TOUS LES JOURS JE LAVE MON CERVEAU AVEC LA PUB » - Récit drolatique d'une action de R.A.P.-Belgique.
5 - PUBLICITÉ SUB-LIBIDINALE - L'épanouissement sexuel, arme de neutralisation publicitaire.
6 - " LES BARBOUILLEURS " : LA VAGUE OU L'ÉCUME ? - Critique de la projection du film " Les Barbouilleurs " -
7 - PÉTITION CONTRE LA PUBLICITÉ IMPOSÉE - Par l'association Dignité .
8 - LOGICIELS LIBRES ET PUBLICITÉ.
9 - MÉFAITS PUBLICITAIRES - Musique ou publicité d'attente ?


R.A.P. a pour vocation de faire connaître les diverses approches de la lutte antipublicitaire
sans pour autant adhérer à toutes les opinions et idées d'actions formulées, dont elle laisse la responsabilité à leurs auteurs.


Introduction :

Bonjour à tous,

J'ai reçu cette semaine quatre étudiants qui, pour les besoins de leurs travaux scolaires, souhaitaient mieux connaître le mouvement antipublicitaire. Cet exercice que je pratique assez régulièrement ressemble en général plus à un exposé ou une discussion entre personnes conscientes des agressions publicitaires qu'à un réel débat. Mais cette fois, ils semblaient bien décidés à ne pas s'en laisser compter aussi facilement.
Chacun avait un rôle bien précis : il y avait le poseur de questions, l'observateur, le timide curieux et, l'anti antipub charmant, sensé représenter l'« opinion publique ».
Après que j'aie répondu à des questions générales sur l'association et mon parcours personnel, ce dernier m'a alors demandé en quoi la publicité pouvait gêner qui que ce soit.
Voilà, LA question était posée.
J'ai répondu gaspillage (papier, électricité, appologie...) - ouais bof.
J'ai répondu manipulation (des idées, du comportement...) - et alors ?
J'ai répondu désinformation, pression auprès des médias - tout le monde le sait.
J'ai répondu publicité à l'école - de toutes façons elle est partout
J'ai répondu communication à sens unique - on n'est pas obligé de la regarder
J'ai répondu etc.
Ce récit est évidemment caricatural, les réponses n'étaient pas vraiment formulées ainsi. Monsieur « opinion publique » se faisait volontier l'avocat du diable, par jeu certainement, par provocation sans doute. Cependant nous nous sommes tous trouvés confrontés à ce genre de réactions, avec l'impression que plus rien ne peut choquer personne, que Don Quichotte, même lui, menait un combat plus facile que le notre. L'indifférence croissante de nos contemporains n'est pas un fait du hasard. Elle est savamment orchestrée par un mélange de surinformation et de sollicitations commerciales incessantes, destinées à nous faire oublier que rien n'est inéluctable. Notre rôle est aussi de faire entendre quelques notes discordante dans cette cacophonie médiatique.
Au boulot donc, et pour nous aider, le Groupe Marcuse vient de publier un livre intitulé « De la misère humaine en milieu publicitaire - Comment le monde se meurt de notre mode de vie » aux éditions La Découverte pour « rappeler quelques vérités élémentaires à ceux qui croient encore que la publicité a pour fonction d'informer en s'amusant » et expliquer les fonctions du système publicitaire.


Bonne lecture à tous,

Nelly Ruscassié.

 

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1) MANIFESTE POUR L'ABROGATION DU « CODE DE BONNE CONDUITE DES INTERVENTIONS DES ENTREPRISES EN MILIEU SCOLAIRE ».

Nous, organisations, élus, citoyens, observons avec inquiétude l'intrusion croissante des intérêts privés et marchands dans l'enseignement public, laquelle met à mal le principe constitutionnel de neutralité scolaire.

Plusieurs circulaires confirment le principe de neutralité de l'école. « En aucun cas et en aucune manière les maîtres et les élèves ne doivent servir directement ou indirectement à aucune publicité commerciale. » (circulaires du 19 novembre 1936, du 16 avril 1952, du 17 décembre 1956, du 8 novembre 1963 et du 3 juillet 1967).
Malgré cela, la publicité et les pratiques commerciales envahissent le système éducatif.

En 2000, Jack Lang, alors ministre de l'Éducation nationale, alerté par l'association ATTAC de l'existence dans les collèges et lycées du jeu boursier, « les Masters de l'économie », organisé par le groupe bancaire CIC dans ces établissements, écrivait avoir été « surpris de découvrir l'importance des actions publicitaires en classe, souvent auprès des élèves du primaire » et déclarait : « Cet état de fait n'est pas acceptable et découle souvent d'une mauvaise information des parents et des enseignants sur la réglementation en vigueur. »
Sous couvert d'empêcher ces pratiques, il publie au Bulletin officiel du ministère de l'Éducation nationale et du ministère de la Recherche n° 14 du 5 avril 2001 un « code de bonne conduite des interventions des entreprises en milieu scolaire » (circulaire n° 2001-053 du 28 mars 2001).
Or, malgré un rappel du principe de neutralité de l'école, ce texte donne aux établissements scolaires la possibilité de conclure des partenariats, officialise la présence de logos sur les mallettes pédagogiques et tolère la publicité sur les outils informatiques. Il remplace en outre la notion de neutralité scolaire par celle de neutralité commerciale, précaution révélatrice d'une volonté de marchandisation de l'école.

Ce code vise en fait à légitimer et développer des pratiques publicitaires, commerciales et idéologiques inacceptables.
C'est ainsi que, loin d'empêcher le jeu* qu'il était censé interdire, il le justifie.
En témoigne la réponse du 20 mars 2003 donnée par le ministère à un courrier lui demandant des éclaircissements sur les partenariats conclus avec le CIC : « De telles conventions s'inscrivent dans le cadre de la circulaire n° 2001-053 du 28 mars 2001 relative au code de bonne conduite des interventions des entreprises en milieu scolaire, qui a fait l'objet d'une publication au Bulletin officiel du ministère de l'Éducation nationale n° 14 du 5 avril 2001. »

À la suite des différentes atteintes au principe constitutionnel de la neutralité scolaire, constatées tant dans les faits que dans les textes, nous persistons dans notre volonté de défense d'une école laïque sur le plan idéologique et commercial.

Nous refusons :
Que les enfants servent de supports à une quelconque opération publicitaire.
Que l'école devienne le porte-parole des entreprises.

Nous demandons :
Le strict respect de la neutralité scolaire, telle qu'entendue dans la note de service n° 99-118 du 9 août 1999 parue au BOEN du 2 septembre 1999 : « Afin de garantir le principe de neutralité de l'école, il ne sera pas donné suite aux sollicitations émanant du secteur privé dont les visées ont généralement un caractère publicitaire et commercial. »

Par conséquent, nous demandons l'abrogation du « code de bonne conduite des interventions des entreprises en milieu scolaire ».

*Ce jeu a été déclaré illégal en juillet 2004 par le tribunal administratif de Cergy-Pontoise qui répondait au recours déposé par un professeur de philosophie, Gilbert Molinier, contre son organisation.

Premiers signataires :
Action Consommation
ATTAC
Casseurs de pub
Le Publiphobe
R.A.P. (Résistance à l'Agression Publicitaire)

Associations, élus, personnalités, merci d'adresser vos signatures dans les meilleurs délais à
Christiane Levilly : christiane.levilly at free.fr ou R.A.P. : 01 43 28 39 21





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2) INVITATION AU RECOUVREMENT DE L'ESPACE PUBLICITAIRE.

NDLR : Un sympathisant attentif nous a transmis cet appel vu sur le site d'Indymedia Paris. Serait-ce le retour des actions qui ont agité le métro parisien durant l'automne dernier ? Nous rappelons que R.A.P. est une association légaliste, et à ce titre n'appelle pas à des actions illégales.


INVITATION AU RECOUVREMENT DE L'ESPACE PUBLICITAIRE
Vendredi 29 octobre 2004 à 20h précises!

Lieux de rendez-vous:
* Saint-Lazare Cour de Rome, devant la bulle.
* République Terre-plein central.
* Nation Sortie ave du Trône.
* Denfert-Rochereau Devant la gare RER.
* Dupleix Devant la station.

La publicité est le symbole d'une domination marchande qui nous agresse. Nous vous invitons à y répondre de façon spontanée et créative. Chacun-e est libre de mettre ce qu'il-elle souhaite à la place : espaces de libre expression, oeuvres d'art... Pourquoi enfermer la culture dans des livres et des musées ? Pourquoi ne pas la faire descendre dans le métro et lui faire pénétrer notre quotidien ?

PASSEZ À L'ACTION, N'HESITEZ PAS À NOUS REJOINDRE !

Munissez-vous de marqueurs, de bombes de peintures, de blanc d'espagne, d'affiches, de tracts... vous avez le choix ! Il y a forcément un moyen d'expression qui vous convient.

ENSEMBLE, RÉINVESTISSONS DE SENS L'ESPACE VOUÉ À LA PUBLICITÉ !

Cette invitation émane de la rencontre d'individus-es qui ont envie d'agir ensemble et de transmettre cette envie. Le mouvement s'organise de façon horizontale : chacun-une est responsable et libre de s'exprimer.

Contre le sexisme, contre le capitalisme, contre big brother, contre la manipulation publicitaire...

AMUSEZ-VOUS BIEN ! - trougada at cote.azur.fr - L'HEUREUX TOUR



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3) APPEL À TOUS LES « CERVEAUX NON DISPONIBLES » - Appel à manifestation - Par l'OFM.

MANIFESTATION pour une information libre, de qualité et pluraliste
Rassemblement SAMEDI 6 NOVEMBRE À 14h30 devant le Ministère de la Culture et de la Communication, 3, rue de Valois, Paris 1er - M° Palais-Royal / Musée du Louvre

APPEL À TOUS LES " CERVEAUX NON DISPONIBLES "

Pour dénoncer :

- la concentration des principaux médias - presse, maisons d'édition, distribution et diffusion, chaînes de télévision, radios - aux mains d'un petit nombre de groupes industriels qui, en connivence avec le pouvoir politique, met en danger les libertés publiques ;
- les grands groupes qui vivent souvent des commandes de l'État (ventes d'armes, BTP), alors qu'ils défendent une vision ultralibérale de l'économie, de la culture et des rapports sociaux ;
- l'information et l'édition devenues des "centres de profit", des moyens de diffuser publicité ou propagande au service des marques et des gouvernements ;
- les journaux télévisés, les "Unes" racoleuses - y compris dans les journaux de référence -, les livres et les émissions de divertissement livrés aux publicitaires.

Rendons-nous disponibles pour exiger :

- que le service public audiovisuel, doté de moyens suffisants, devienne un espace au service du public et de la création, pas des annonceurs ;
- que les citoyens s'approprient démocratiquement TF1, vendue en 1987 pour prétendument servir un mieux-disant culturel", et qui, usurpant un canal hertzien et plusieurs chaînes câblées - dont LCI, transformée en agence de lobbying de Bouygues -ne fait que "vendre du temps de cerveau disponible" aux annonceurs ;
- que cessent les discriminations contre les médias libres et indépendants oeuvrant pour la liberté d'expression et la justice sociale, et contre les manipulations de l'information. Que les pouvoirs publics appuient financièrement leur création et leur développement ;
- que les journalistes, créateurs et salariés des médias, disposent du droit réel et garanti d'exercer dignement leur métier.

À CE JOUR, APPELLENT À MANIFESTER AVEC L'OFM :

AC ! (Agir contre le chômage) Ile-de-France, Action pour le Contrat Mondial de l'Eau, Action Critique Médias (ACRIMED) (OFM), Association des cinéastes documentaristes (ADDOC), AG 45 (La Maison des Médias Libres), Altermonde, Les Amis du Monde diplomatique (OFM), Association Altern, Association Faire le jour, Association des femmes journalistes (OFM), Association des journalistes pour la nature et l'écologie (OFM), Association Raisons d'Agir, Association pour la taxation des transactions financières pour lâ??aide aux citoyens (Attac) (OFM), CCAPT (Collectif contre les abus dûs aux psycho-technologies), Centre d'études et d'initiatives de solidarité internationale (CEDETIM), Co-errances, Communication sans frontières, Confédération Nationale des Radios Libres, Coordination des intermittents et des précaires Ile-de-France, Les Etats Généraux de la Culture, Éditions Surréaliste, Fédération CGT de l'Éducation, de la Recherche et de la Culture (FERC CGT), Fédération Européenne des journalistes (FEJ), Fédération des finances - CGT, Fédération Internationale des journalistes (FIJ), Fédération Nationale des Vidéos de Pays et de Quartiers (FNVDPQ) (OFM), Les Pénélopes (OFM), Les Pieds dans le Paf (OFM), Pour Lire Pas Lu (PLPL), Le Rassemblement des auditeurs contre la casse de France Culture, Riv' Nord, Réseau des écoles de citoyens (RECIT), Résistance à l'Agression Publicitaire (RAP), Revue Cassandre, SUD Culture, SUD Éducation, SUD Spectacle, Le Syndicat National des Journalistes (SNJ) (OFM), Le Syndicat National des Journalistes - CGT (SNJ-CGT) (OFM), Le Syndicat National du Trésor - CGT, Union des Familles Laïques (UFAL), Union Nationale des Étudiants de France (UNEF), Union Syndicale G10 Solidaires, Voir & Agir, Zalea TV.

Faites entendre votre voix !



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4) « TOUS LES JOURS JE LAVE MON CERVEAU AVEC LA PUB » - Récit drolatique d'une action de R.A.P.-Belgique - Par Philippe Mazy.

Petite action express de R.A.P.-Belgique ce vendredi 1 octobre à 17h30.

La scène :

Vitrine de ClearChannel, le croisement Boulevard général Jacques et du Boulevard du Triomphe nous offre souvent du spectacle publicitaire.
En ce moment, une scène a été montée devant une pub pour une poudre à laver.
Sur cette scène, une militante pro-lessive attire le regard du passant en sortant d'une machine à laver géante son linge éclatant, qu'elle brandit ensuite fièrement - preuve irréfutable de l'efficacité de la marque - avant d'aller l'accrocher sur un fil.
Au travers du hublot de la machine, un feu d'artifice de lumières colorées souligne le travail acharné (mais doux) de la poudre sur les fibres.
Enfin, notre militante pro-lessive fait un tour de manège brandissant à bout de bras l'objet de toutes les convoitises.

L'occasion idéale :

Il n'en faut évidemment pas plus pour donner une bonne occasion aux militants antipub de passer à l'action.
Une banderolle cartonnée (100% recyclée et recyclable) est confectionnée et notre fameux slogan "Tous les jours je lave mon cerveau avec la pub" (100% recyclé et recyclable) y est dessiné.
Sept d'entre nous descendront sur les lieux ce vendredi avec le matériel.

Une inquiétude légitime :

Devant ce soudain assaut, notre militante pro-lessive s'écrie: "Ah bon, carrément ?"...
"Hello, nous sommes les zantipubs, on vient vous tenir compagnie", nous déployons alors la banderolle juste sous la scène.
La demoiselle téléphone à son patron: "...non, ils n'ont pas l'air agressifs...", "...mais ça devient difficile de
travailler..."
Visiblement elle reçoit l'instruction de continuer son show comme si de rien n'était.

Le découragement inévitable :

Pendant que notre militante pro-lessive tente de surmonter son désarroi en brandissant son paquet, nous l'imitons - en forçant un peu les traits - et brandissons nous aussi notre panneau "antipub.be" ;o)
C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase de son amertume. Elle se confie alors à l'un d'entre nous : "Avant, j'avais l'air conne, mais maintenant j'ai l'air plus conne que conne !", et elle remballe son linge.
Tout en tirant une tête d'enterrement, elle plie bagage, tire l'échelle et disparaît dans les coulisses où une camionette lui sert d'abri.

Trop cruel ?

Photos de l'action sur http://www.antipub.be/articles/70

Philippe Mazy

 


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5) PUBLICITÉ SUB-LIBIDINALE - L'épanouissement sexuel, arme de neutralisation publicitaire - Par Jocelyn Patinel.

Vous n'êtes pas sans avoir remarqué que la publicité à massivement recours aux ressorts libidinaux (ayant traits aux désirs et pulsions sexuelles). Elle procède en associant l'objet qu'elle vante au corps de la femme (ex : une demi pêche et une paire de fesses), en associant la possession de l'objet et la séduction d'une femme très érotisée (un classique de la publicité pour les automobiles ou pour les parfums pour homme) ou plus simplement en alléchant le spectateur masculin avec une femme dénudée, quelque soit le produit qui finit par apparaître.
La spectatrice est elle invitée à s'identifier à un modèle stéréotypé de femme séduisante, qu'elle jalousera et cherchera à imiter.
Nous savons que pour induire un acte d'achat la publicité doit induire chez celui ou celle qui la regarde (ou l'écoute) un sentiment de frustration.

Nous savons aussi depuis Freud que dans notre société patriarcale, la répression de la sexualité est un fait général.

"La suppression de l'activité sexuelle des enfants et des adolescents est le mécanisme de base qui produit les structures caractérielles adaptées à l'asservissement politique, idéologique, économique [...] La répression de la sexualité [...] rend l'enfant appréhensif, timide, obéissant, craintif devant l'autorité, ''gentil'', ''tranquille'' ; elle paralyse ses tendances rebelles, parce que la rébellion est associée avec l'angoisse ; elle provoque, en inhibant la curiosité sexuelle de l'enfant, un obscurcissement général de son sens critique et de ses facultés mentales." Wilhelm Reich.

La répression sexuelle, cause essentielle des névroses, produit des individus cuirassés, généralement peu aptes à l'autonomie, ayant besoin d'être pris en charge, aisément influençables et favorise ainsi la soumission, la manipulation et l'exploitation de ces individus. Ce sont ces caractéristiques qui permettent au capitalisme, système fondé sur l'exploitation de l'homme par l'homme, de prospérer.

La frustration sexuelle généralisée amène les individus à rechercher compulsivement des compensations dans d'autres domaines et notamment dans la possession et la consommation de biens matériels. C'est bien pour cela que la publicité sollicite constamment cette frustration sexuelle.
Si l'épanouissement sexuel était la règle, il est bien certain que les marchands de rêves publicitaires et de produits inutiles pourraient, eux, aller se rhabiller !

De plus la vulnérabilité psychique des individus sexuellement réprimés renforce tout naturellement les effets des techniques de manipulation mentale (la publicité) ainsi que les phénomènes d'identification à une masse (la mode).

La psychanalyse politique s'est donné pour tâche d'élucider les inter-relations qui existent entre la structure psychique des individus et les structures sociales et politiques.

Jocelyn Patinel, président du Mouvement International pour une Écologie Libidinale (M.I.E.L.)
Courriel : info at ecologielibidinale.org
Site Internet : http://www.ecologielibidinale.org



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6) " LES BARBOUILLEURS " : LA VAGUE OU L'ÉCUME ? - Critique de la projection du film " Les Barbouilleurs " - Par Adeline Beving.

Tous les jours ou presque, R.A.P. est assiégée par des étudiants avides de croquer, sythétiser, théoriser le mouvement antipublicitaire. Point positif : l'identité de l'association et du mouvement commence ainsi à se propager via le réseau universitaire. Point moins positif, cet intérêt pour R.A.P. semble, comme l'intérêt qui lui est porté par les médias, un phénomène aussi soudain que superficiel. Ainsi la couverture théorique dont bénéficie RAP actuellement se contente d'une lecture très simpliste de la problématique du mouvement, comme le montre le reportage " Les Barbouilleurs ", réalisé par une élèvé de l'école de journalisme ISCAP de Paris, diffusé le 8 juin 2004 dans cet établissement et lors de l'assemblée générale de l'association RAP. (NDLR : le point de vue exposé dans cet article est un avis personnel, la plupart des militants qui ont vu ce film n'en ont pas fait la même analyse.)


17h15, dans une école de journalisme privée du dixième arrondissement de Paris où doit être diffusé le documentaire d'une étudiante portant sur les mouvements anti-pub.
La séance est prévue à 17h30 ; à l'heure dite pourtant défilent sur l'écran des personnages riant, riant, très tristes et très gais, qui malgré ce que laisserait à penser cette description n'ont rien à voir avec des militants casseurs de pub. Il s'agit en fait d'un reportage sur les enfants autistes.
A la fin de la séance, l'étudiante-réalisatrice vient présenter son projet. La discussion commence à s'essouffler lorsqu'une voix surgit du dernier rang : " j'ai trouvé votre travail très mauvais [...] du voyeurisme.[...] Je ne suis resté que parce-qu'il fait plus frais ici qu'à l'extérieur, et qu'il y avait des sièges de libre. " Tollé. Yvan Gradis (membre actif et fondateur de R.A.P.) a parlé. Dès lors les rétorques fusent, les conversations s'emmêlent, le dialogue (cher Platon) est lancé, bien que finalement rattrapé par les contraintes horaire. " c'était trop consensuel, je déteste le consensus ", déclarera plus tard le coupable.
Début du reportage " Les Barbouilleurs ", sur des images de la manifestation lancée via Internet en octobre 2003. S'ensuit la présentation des principaux mouvements antipubs et de leurs représentants (R.A.P., La Meute, paysages de France, occupent l'écran...). Gros plan sur le rassemblement qui a provoqué l'arrestation des " 62 assignés ", puis sur les assignés eux-mêmes et leurs avocats. De là, focalisation sur les individus : des militants, mais aussi des membres du " camp adverse " (deux publicitaires dans leur cadre de travail). Conclusion sur fond de Déserteur revu et corrigé par les soins d'Y.Gradis, et entonné par une bande de jeunes militants, que l'on voyait auparavant tapisser les murs du métro d'une grande charte de bonne conduite publicitaire et morale.
Applaudissements. " A mon avis le meilleur documentaire sur les anti-pubs qui existe à l'heure actuelle " . Un jugement autrement plus positif que le précédent, M.Gradis ! Voyons voir comment ce reportage a pu satisfaire un esprit si critique.

Au cours de ce film, le mouvement antipub apparaît dans sa pluralité, le reportage étant fondé sur une énumération des différentes structures militante. Malgré sa diversité, le groupe offre une image cohérente et soudée, de telle sorte que les actions de grandes ampleurs prennent un aspect festif, un rassemblement de copains, rythmé par des chants, caractérisé par l'entraide comme le traduit cette image d'un militant faisant la courte-échelle à un autre pour qu'il puisse mieux " graffiter " une affiche. Tout est vif et rythmé : le montage, la musique et bien sûr les acteurs, tous jeunes. Bien sûr, bien que ce soit le cas pour la grande majorité d'entre eux, ils n'ont pas tous vingt ans, en apparence du moins. Car le film nivelle les générations, les adultes sont présentés sans ambages, sans marque particulière de respect ou d'admiration des aînés (car rappelons-le, la réalisatrice a tout au plus 25 ans). Ainsi Yvan Gradis, premier intervenant du tournage, apparaît à l'écran marchant dans la rue, la caméra à ses trousses. Soudain il trébuche et tombe presque à cause d'un chevalet publicitaire posé sur le trottoir. Par son discours protestataire énergique et ses actions de la même envergure, même le plus âgé des interviewés, un des administrateurs de RAP en l'occurrence, fait figure de faux vieux.
L'objectivité du reportage repose sur l'intervention de deux membres du " camp adverse ", en l'occurrence deux publicitaires. Les deux sont interrogés sur leur lieu de travail. Le premier, quand il parle, adopte des poses de mannequin et est filmé comme tel. Il nous explique qu'il est pour la cause anti-publicitaire, mais que par ailleurs il ne voit pas pourquoi il ne pourrait pas faire son métier. Le second se présente en défaveur du mouvement anti-pub, du moins jusqu'à ce que la journaliste lui explique en quoi il consiste. Finalement, poussés dans leurs retranchements, tous deux se rabattent sur l'argument imparable : ce n'est pas ma faute si les gens ne sont pas capable d'avoir d'esprit critique quand ils regardent une publicité ! A leur service apparaît en creux un autre arme contre le monde anti-publicitaire : le système judiciaire, auquel il est fait allusion au cours du procès des 62. Rationnel, froid, il apparaît aux antipodes de cet univers militant idéal fait de dessins, de chants et de jeunes poètes. Nous sommes donc en présence de deux mondes que tout oppose ; entre eux, le vide, l'incompréhension totale. Un embryon de solution est pourtant proposé par le reportage: un collectif essayant de " vaincre la pub par ses propres armes ", en publiant des fausses réclames subversives. Cependant nous ignorons ce qu'il advient de cette initiative et la tentative dialectique est avortée. Enfin, il apparaît que toute source externe au mouvement, le citoyen lambda, le consommateur anonyme, est exclue de cette couverture médiatique : nous sommes donc amenés de nous demander quelle était la visée de ce reportage. Se voulait-il restreint aux anti-pubs, placés hors de tout champ de force ? Mais dans ce cas à quoi servait l'intervention des publicitaires, sinon de faire-valoir aux militants ?
Car en effet, ce qui ressort en fin d'analyse, c'est que le reportage nous offre un point de vue catégoriquement favorable au mouvement anti-pub, sans remise en question plus profonde que celle effectuée par deux publicitaires potiches. En outre la présentation du mouvement revêt un caractère intégralement mélioratif du point de vue symbolique : dynamisme, jeunesse, courage, gaieté, une impression positive encore accrue par le mouvement saccadé de la caméra, la vivacité des couleurs et le rythme enlevé de la bande son... Par contraste avec la rationalisation déshumanisée du monde judiciaire et économique. Manichéisme ? Idéalisation ? Est-ce que ces procédés ne vous rappellent pas vaguement quelquechose ? Et plus généralement, qu'est-ce à dire de l'absence quasi-totale de contextualisation historique idéologique ou autre du mouvement ? Aucun ancrage, nous sommes dans l'éphémère, nous nageons dans de " l'écume de réel " selon l'expression de J.C.Oubbadia ; je vais dire un gros mot : nous sommes dans la mode. En y regardant à deux fois, ce documentaire ne fait figure de rien d'autre que d'une très bonne publicité pour un produit en vogue : la protestation anti-publicitaire.
Ca y est, cette fois c'est moi qui ai jeté le pavé dans la marre du consensus.

Adeline Beving


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7) PÉTITION CONTRE LA PUBLICITÉ IMPOSÉE - Par l'association Dignité.

Cette pétition a été lancée par l'association Dignité.

Elle est soutenue par :
Casseurs de Pub
L'équipe du site alternatif "antimarques.com"
Ecoparis
Le décrypteur de messages publicitaires
Le front de libération des panneaux publicitaires

Imprimez-la et renvoyez-la à :
Association Dignité, 8, rue du Terrage, 75010 PARIS

______________________________________

La pollution publicitaire ne cesse d'envahir l'espace citoyen (métro, bus, médias, boîtes aux lettres, trottoirs...), urbain, rural ou encore périurbain, tandis qu'aucune action légale ne semble pouvoir vraiment l'enrayer. Revendiquant un droit de réponse face à ce matraquage quotidien, et dénonçant la publicité comme une forme de harcèlement moral, nous demandons l'ouverture d'un débat la concernant. Nous demandons le droit de refuser la propagande commerciale. Cette pétition s'adresse à toutes les personnes qui en ont assez de subir l'invasion publicitaire.

Nom - Prénom - Adresse - Signature
________________________________________

Sachez également qu'un petit livret peut être téléchargé ici : http://adems.free.fr/pub/petition.htm (855 ko). Ce livret, rédigé par Le décrypteur de messages publicitaires, est indépendant de la pétition (même si ils vont dans le même sens.)

Une version courte du livret (150 ko) est également disponible... pour ceux qui ont une connexion lente. Cette version comprend tout le texte du livret, mais pas les images de couverture.

 

8) LOGICIELS LIBRES ET PUBLICITÉ - lettre ouverte à la rédaction du Monde Diplomatique - Par des membres du groupe logiciels libres d'Attac, ainsi que d'autres membres et sympatisants de cette association.

Lettre ouverte à la rédaction du Monde Diplomatique.


Nous sommes des adhérents d'Attac, et nous avons créé au sein de cette association le groupe "logiciels libres" dont la vocation est de promouvoir l'utilisation des logiciels libres au sein d'Attac et, surtout, de réfléchir aux alternatives que ce mouvement apporte à la marchandisation croissante des biens immatériels.

Nous sommes aussi, comme de nombreux adhérents d'Attac, lecteurs du Monde diplomatique, que nous apprécions pour la pertinence de ses analyses. Chaque mois, nous puisons dans cette publication à la fois l'information et l'énergie nécessaires à notre action altermondialiste.

Hélas! nous venons d'y trouver, par deux fois, matière à découragement et à interrogation. Être dans le même bateau ne suffit pas, si certains donnent des coups de rames à contresens. L'édifice soigneusement peaufiné s'en trouve alors fragilisé, les volontés des militants sapées.

Nous faisons allusion ici à l'encart publicitaire pour la multinationale Microsoft, inséré par deux fois dans le Monde diplomatique (numéros de mars 2004 et avril 2004). Il n'est tout simplement pas pensable que des énergies se mobilisent au sein d'Attac en faveur du logiciel libre, alors que dans le même temps, l'organe de presse le plus proche d'Attac ouvre ses colonnes à la multinationale Microsoft. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle nous attendons du Monde Diplomatique non pas une explication, qui serait, on ose l'espérer, en rapport avec l'équilibre financier du journal, mais un abandon pur et simple de toute publicité pour le plus puissant et le plus dangereux opposant à la cause du logiciel libre.

Une autre informatique est possible, elle est déjà présente parmi nous, elle ne demande qu'à être soutenue, pas combattue.

Copie de cette lettre sera envoyée aux associations ou médias suivants :
AFUL, APRIL, Le Monde, RAP, Casseurs de pub, Politis, Charlie-Hebdo, PLPL, Acrymed, OFM, Planette-Linux, Linux Pratique.

Les signataires suivants, membres du groupe logiciels libres d'Attac :
Alain Reinhardt, Bruno Campana, Serge Gardien, François Delatre, Denis Hakenholz, Jean-Claude Caty, Francis Blanchet, Rosaire Amore, Maurice Latapie, Pierre Ponthus.

Les signataires suivants, membres d'Attac :
Jean-Michel Dariosecq, Eric Dalevaux, Jean-Marc Fiorese, Jacques Dachary, Olivier Marti, Jean Claude Favier, Daniel David, Franca Galasso, Jacques Renard, Jean-Yves Sage, Georges Audras, Jean Bourdoncle, César Huerta, Jean-Marc Tagliafferri, Yvette Krolikowski, Yannick Chenevoy, Benoit Deschamps, Abrami Prawerman, Gilles Frison, Eric Fontanillas, Danielle Arrieu-Almarcha, Gilles Pansu, Martin Clavey, Paul-Henri Audin, Jacques de Félice, Marion Robert, Jean-Pierre Loubet, Denis Vergès, Bernard Cornier, Jean-Jacques Taurines, Philippe Pauly, François Riether, Yves Bordes, Yves Roux, Danielle Lobut, Pascal Garrioux, Pierre Korzec.

Les signataires suivants, sympathisants :

Thomas de Grenier de Latour, Henry Santolini, Marie-Line Clément, Anthoni Bouille, François Josserand, Mathieu Rousseau, François Mauduit, Franck Dhainaut, Marlène Delfau, Frédéric Brault, Claude Kintzig, Nicole Roger, Jean-Pascal Bochet, Béatrice Matrot, Jocelyne Allegraud, Jean-Pierre Leguil, Lydie Descourvières, Georges Pons, Jérôme Prior, Corrine Delmas, André Luppi, Geneviève Thiébaut, François Louvel, Jean-Pierre Morin, Pierre Boissière, Alain Gris, Pierre Belot.

Sur la Toile :
- http://www.framasoft.net/
- http://www.april.org/
- http://www.www.aful.org/
- http://www.homme-moderne.org/plpl/
- http://www.politis.fr/
- http://www.attac.org/indexfr/index.html, http://www.france.attac.org/

 

9) MÉFAITS PUBLICITAIRES.

Attention, attention ! Téléphoner, même depuis un téléphone fixe, peut-être dangereux pour le cerveau. Dans certains endroits, la « musique d'attente » aurait été remplacée par des publicités. Une sympathisante l'a déjà constaté en appelant un expert comptable. Si vous aussi, vous êtes mis en attente publicitaire, n'hésitez-pas à à exprimer votre mécontentement auprès de la société coupable et à nous en informer.



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INFORMATIONS DIVERSES

Toutes les informations que vous venez de lire sont publiques, nous vous invitons à les transmettre à toute personne susceptible d'être intéressée : faites circuler !

Pour tout renseignement (envoi d'un exemplaire de R.A.P.-Échos, notre publication papier, adhésion, etc.) merci de prendre contact avec :
R.A.P. (Résistance à l'agression publicitaire)
53, rue Jean-Moulin, 94300 Vincennes
tél. : 01 43 28 39 21 (tcp. : 01 58 64 02 93)
Adhésion : 15 euros
Adhésion petit budget : 7,50 euros
Abonnement à R.A.P.-Échos : 5 euros.

Notre permanente assure la permanence téléphonique lundi, mardi et jeudi de 10 h à 13 h (on pourra également nous joindre en dehors de ces horaires, sans certitude de présence toutefois).
Réunions mensuelles : calendrier au début de ce message, renseignements supplémentaires au 01 43 28 39 21 ou à contact at antipub.org.

Coordonnées utiles :

Casseurs de pub
11, place Croix-Pâquet 69001 Lyon
Tél. 04 72 00 09 82 - Tcp. 04 77 41 18 16
http://www.antipub.org/

Paysages de France
(association qui lutte notamment contre l'affichage publicitaire envahissant)
MNEI
5, place Bir-Hakeim, 38000 Grenoble
Tél. & tcp. 04 76 03 23 75
http://paysagesdefrance.free.fr

Le Publiphobe, association concurrente de R.A.P.
(diffusion d'une feuille sporadique par abonnement)
B.P. 20012, 94211 La Varenne-Saint-Hilaire Cedex
Tél. 01 41 81 69 17
Tcp. 01 42 83 45 01

R.A.P. Belgique
96, rue Le Lorrain, 1080 Bruxelles
Tél. 02 / 426 91 91
http://www.antipub.be

Brisons nos chaînes
Chez Publico
145, rue Amelot, 75011 PARIS.

 

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