RAP


RAP-À-TOILE N° 50 - ( FEVRIER 2005 )


si vous souhaitez recevoir les prochains numéros.


Tous les Numéros

Au sommaire de ce quarante-huitième envoi

0 - Introduction
1 - GROUPES LOCAUX D'ACTION ET MANIFESTE “POUR REMETTRE LA PUBLICITE A SA PLACE” - par François J.
2 - CAMPAGNE: « PAS DE PUBLICITE SUR LES MURS DES COLLEGES ET LYCEES » - par Pierre Nicolas
3 -CHRISTOPHE LAMBERT, GARDE CHIOURME PUBLICITAIRE ET ARTISTE DE L'AUTO MISE EN SCENE - par Thomas Guéret
4 - ACTION OURS POLAIRES: TROP DE PUB POUR TROP DE VOITURES - par RAP-Belgique
5 - OCCUPATION DU BUREAU DE VERIFICATION DE LA PUBLICITE (BVP) - par les Publicidaires
6 - FAUSSE MANIFESTATION A BUT PUBLICITAIRE - témoignage d’Alex Khadavali
7 - BREVES!


R.A.P. a pour vocation de faire connaître les diverses approches de la lutte antipublicitaire
sans pour autant adhérer à toutes les opinions et idées d'actions formulées, dont elle laisse la responsabilité à leurs auteurs.


Introduction :

Chers lectrices et lecteurs,

Dans ce numéro 50 de RAP-A-TOILE, nous vous proposons de participer concrètement à deux actions dont R.A.P. est partie prenante et que nous avions évoqué dans le numéro précédent. Il s’agit des barbouillages au grand jour par des moyens non-dégradants (lire la présentation et les modalités page 2) et de l’envoi d’un courrier à vos présidents de Conseils régionaux et généraux leur demandant de s’engager à refuser la publicité sur les murs des collèges et lycées (lire page 4). Nous vous proposons également une vue d'ensemble (pour autant non-exhaustive) de l'actualité concernant R.A.P et la lutte antipublicitaire en général.
Nouveau permanent de l’association depuis la fin du mois de janvier, j'espère pouvoir apporter ma modeste contribution au recul de la publicité et à la lutte pour plus d'autonomie dans nos vies.
Je tiens à remercier Nelly qui m’a passé le témoin de la meilleure façon afin que je démarre dans de bonnes conditions. Et un grand merci aussi à Arthur Lutz qui a sacrifié son samedi pour installer une nouvelle distribution et les logiciels libres derniers cris sur la machine du local.

Bonne lecture,

Jean-Christophe.

 Haut de la page


1) GROUPES LOCAUX D'ACTION ET MANIFESTE “POUR REMETTRE LA PUBLICITE A SA PLACE” - par François J.


A Paris, le groupe local d'action "pour remettre la publicité à sa place" a procédé à des barbouillages au grand jour les 14 décembre, 7 janvier et 2 février passés.
Dorénavant, les actions auront lieu le quatrième vendredi du mois, à 18h. Nous vous appelons à constituer un groupe local et à agir de concert dans un esprit de non-violence. Au programme : barbouillage non dégradant au blanc d'Espagne, emballages, suspensions... L'essentiel tient dans la revendication commune, et la répétition de l'action tant que nous n'aurons pas obtenu gain de cause : prenez contacts avec vos élus locaux, ville, département, région, faites signer le manifeste (voir ci-dessous) à des personnalités !

Voici le manifeste que nous appelons à signer à Paris. Prenez le même, modifiez-le selon vos sensibilités, comme vous voudrez... mais agissez avec nous !

Coordination sur le site de la BAP, manifeste téléchargeable.
http://www.bap.propagande.org/
Pour plus d'informations : François 01 43 38 33 69

Manifeste du groupe local d'action parisien « pour remettre la publicité à sa place » :

Puisque l'affichage publicitaire envahit de plus en plus nos espaces publics, sans nous laisser la possibilité de lui échapper : affiches lumineuses, animées, trop grandes, trop denses et répétitives ;

puisque l'affichage publicitaire consomme des quantités honteuses de papiers, de plastiques, d'encres et d'électricité, alors que nous sommes à l'heure des économies d'énergie et de ressources pour protéger l'avenir de notre planète ;

puisque l'affichage publicitaire n'épargne ni les abords des écoles ni les monuments historiques et encore moins nos transports en commun, ciblant nos plus jeunes enfants et enlaidissant nos paysages urbains et ruraux, nous matraquant sans relâche ;

je demande aux pouvoirs publics de réagir, d'instaurer et appliquer des lois et règlements pour réduire l'insoutenable pression publicitaire que nous subissons, sans libre arbitre, dans nos espaces publics ;

je considère que les dispositions applicables aujourd'hui à l'affichage associatif constituent le bon objectif à atteindre pour tous les types d'affichage, et dans tous les espaces publics : au plus 50 cm x 70 cm par affiche, dans des dispositifs ni lumineux ni animés : cela existe aussi pour l'affichage des spectacles dans le métro parisien.

Je m'engage à soutenir, jusqu'à me porter témoin devant qui de droit, les auteurs d'actions de barbouillage, tant qu'elles et ils :
–agiront dans un esprit de non-violence;
–emploieront des moyens sans danger ni pour eux-mêmes ni pour les autres;
–ne commettront pas de dégradations ;
–agiront au grand jour et en se portant nominalement, collectivement responsables ;
–récidiveront périodiquement jusqu'à obtenir gain de cause ;

A retourner à : Semilla, 60 rue de la Fontaine au Roi, 75011 Paris

Je signe le manifeste du groupe local d'action « pour remettre la publicité à sa place ».

Nom : Prénom : Date : Signature :
En qualité de (10 mots maximum) :

J'autorise le groupe local à communiquer mes noms et qualités à la presse : OUI NON

Je laisse un moyen de me contacter (adresse postale, numéro de téléphone fixe, adresse électronique) pour information ou participation à l'organisation et aux actions du groupe local :




Haut de la page


 

2) CAMPAGNE: « PAS DE PUBLICITE SUR LES MURS DES COLLEGES ET LYCEES » - par Pierre Nicolas

En plus de la campagne pour l'abrogation du « Code de bonne conduite des entreprises en milieu scolaire » (que R.A.P anime avec d'autres associations; voir notre site à la rubrique “Campagnes”), R.A.P. lance une autre opération sur le front du respect du principe de laïcité dans les établissements scolaires : Pas de Publicité sur les murs de nos collèges et lycées.

Cette action trouve son origine dans la lettre suivante, expédiée au nouveau président du Conseil général de la Drôme en mai 2004.

Des contrats signés par des conseils régionaux pour faire installer des panneaux publicitaires dans certains établissements (cf. Lycée professionnel public Jean Guéhenno à Vannes) ont été les prémices d'un phénomène ayant pour but de faire dépendre une partie du fonctionnement des établissements de certains financements privés ... et donc de créer un lien de soumission qui n'a pas lieu d'exister dans le service public.

Je vous serais reconnaissant de me préciser au plus vite si cette dérive publicitaire risque de toucher, sous votre autorité, des établissements scolaires de votre département.

Avec mes salutations et l'espoir de votre réponse,
Pierre NICOLAS

Et sa réponse:

dossier suivi par JM CORNU réf. JMC/VK le 1er juin 2004.

Monsieur,

J'ai bien reçu votre courriel du 5 mai dernier attirant mon attention sur les contrats signés par des Conseils généraux afin d'implanter des panneaux publicitaires dans des établissements et m'interrogeant sur l'éventualité de telles pratiques dans les collèges de la Drôme.

Je peux d'ores et déjà vous rassurer en vous indiquant que sous ma présidence, je n'envisage pas d'autoriser la mise en oeuvre d'opérations semblables dans l'enceinte des collèges publics de la Drôme

Je vous prie de croire ...
Le Président du Conseil général Didier GUILLAUME


La démarche fut simple et cette réponse très encourageante. L'objectif de R.A.P. est maintenant d'interpeller localement tous les Conseils généraux et régionaux de France.

Nous vous sollicitons donc, cher lecteur de RAP-A-TOILE, pour que vous obteniez des Présidents de vos Conseils régional et général (Les conseils régionaux sont responsables des lycées, les conseils généraux étant compétents pour les collèges) une opposition ferme à cette dérive publicitaire.
Une simple lettre de votre part (comme la mienne ci-dessus) peut amener les élus à prendre position.

Pour toute information, pour confirmer votre démarche et faire parvenir vos réponses, contactez Pierre NICOLAS, coordinateur de R.A.P. pour cette action citoyenne. Courriel: prNico at aol.com ou 04 75 40 64 75.




Haut de la page

3) CHRISTOPHE LAMBERT, GARDE CHIOURME PUBLICITAIRE ET ARTISTE DE L'AUTO MISE EN SCENE - Thomas Guéret

Au début de cette année 2005, j'ai eu la chance insigne de pouvoir participer à un débat sur la publicité organisé par une école de commerce prestigieuse. Pardon pour le pléonasme.
Était aussi invité, parmi les quatre "pro-pub" qu'on m'opposa ce soir là, le non moins prestigieux, M. Christophe Lambert, ci-devant directeur de Publicis Conseil, que je rencontrai pour la première fois physiquement mais qui s'était déjà illustré publiquement pour son humanisme un an plus tôt (1).

Le public était composé de près de quatre-vingt étudiants acquis de manière écrasante à la cause publicitaire. Pourtant, lors de ma première intervention, où je tentais de démontrer que l'agression publicitaire n'était pas le fait de quelques dérives isolées comme on entendait nous le faire croire, mais bel et bien d'un système sciemment organisé pour mettre au pas la société et contrôler les esprits, quelques personnes dans la salle ont applaudi.

Ma diatribe introductive à peine terminée, M. Lambert prit le micro et pointa du doigt la direction d'où étaient venus les applaudissements : "J'en ai entendu quelques-uns qui on applaudi par ici. Mais, dites, vous savez où vous êtes, ici ? Vous savez qui seront vos employeurs à la sortie de cette école ? Vous avez une idée de qui vous payera, de comment vous gagnerez votre vie ?".

J'ai bien entendu marqué mon indignation devant une intimidation aussi grossière. Il n'empêche que plus un seul applaudissement n'a rendu écho à mes paroles au cours des deux heures de débat qui ont suivi. M. Lambert a en revanche été souvent applaudi, et notamment lors de sa sortie de scène, bien orchestrée quelques minutes avant celle des autres.

Tiens, en y repensant, il était également arrivé opportunément un peu en retard et avait déjà reçu des applaudissements auxquels les autres n'avaient pas eu droit. Nul doute non plus que la sortie de l'artiste, probablement commandée par la nécessité d'aller se faire applaudir ailleurs, ne s'est que fortuitement produite au moment où j'exprimais les conclusions que je tirais de ce débat.

J'avais voulu ma conclusion à l'image de ce débat : qu'elle illustre la façon dont on met en minorité la contestation antipublicitaire dans la société comme ce soir là. Je lisais pour cela la question que l'IFOP avait posée en 1985 aux français pour démontrer qu'ils approuvaient majoritairement la coupure publicitaire à la télévision (2). Je pensais le sujet suffisamment d'importance et l'exemple suffisamment saisissant pour capter un instant l'attention du public, lorsque les applaudissements saluant la sortie du Grand Publicitaire retentirent et me firent comprendre à quel point je ne croyais pas si bien réussir à conclure dans la tonalité de la soirée.

Au bout du compte, au delà de l'épuisement consécutif à cette soirée sous pression, elle-même suivant une longue journée de travail, je ressens la satisfaction d'avoir donné un peu de fil à retordre à tous ces braves gens. Qu'ils imaginent un peu que tout ne leur est pas toujours dû et que le paradigme publicitaire a aussi des limites dont certaines – sait-on jamais ? – on déjà pu être dépassées...

Thomas Guéret

(1) Le 23 décembre 2003, alors que rugissait l'écho médiatique des "recouvrements d'affiches" dans le métro parisien, FR3 diffusa lors de son journal national du soir un reportage qui présentait, entre autres : les "barbouillages" eux-mêmes ; une réunion et l'action Père Noël de R.A.P., bien identifiée comme association légaliste ; et l'avis sur la question de Monsieur Lambert : « D'abord c'est un mouvement archi minoritaire, on est en train de parler de groupuscule, on n'est pas en train de parler ni de mouvement, ni d'association, etc.» La journaliste avait quant à elle rapporté que pour Publicis, « les antipubs sont avant tout des ratés ». Mais elle n'avait pas choisi de diffuser cette partie là de ses entretiens avec les publicitaires.
(2) "La publicité est une des ressources financières qui permettent à la télévision d'acheter des films. Si vous aviez le choix, quelle solution préféreriez-vous:
-Voir un film entrecoupé d'un entracte publicitaire? (46%)
-Ne pas voir du tout ce film? (43%)"
(Sondage IFOP-Télé 7 jours, octobre 1985, commenté dans Les médias pensent comme moi, p.40)




Haut de la page


 

4) ACTION OURS POLAIRES – TROP DE PUBLICITE POUR TROP DE VOITURES - RAP-Belgique.

Ce mercredi 16 février, jour de l'entrée en vigueur du protocole de Kyoto, L’association R.A.P. a mené plusieurs actions de sensibilisation à Bruxelles.

Déguisés en ours polaires, des membres de l'association ont manifesté l’inquiétude que suscite l'incroyable pression publicitaire en faveur des modes de déplacement les plus polluants, à savoir l'automobile et l'avion. Inquiétude renforcée également par l'utilisation abusive et mensongère d'arguments écologiques par certains annonceurs.
Alors que de nombreuses voix (notamment celle d'Hubert Reeves, voir annexe) s'élèvent pour souligner la responsabilité majeure des publicitaires quant à l'avenir de la vie sur la Terre, très peu de mesures sont prises par nos gouvernements pour tenter de diminuer la -mauvaise- influence qu'exercent les puissants annonceurs dans l'espace public.

Parcours des ours:

- 8:00 h - Manif en bordure de la E411 (dans les embouteillages matinaux), devant le grand concessionnaire "Smart" (une bagnole finalement fort polluante puisque le plus "écologique" des modèle ne comporte que deux place et consomme tout de même 4.5 l de diesel au 100 km, bien réglée)
- 9:30h - Manif Boulevard général Jacques en dessous d'un panneau publicitaire 36m² ClearChannel pour petite voiture.
- 11:00 - Visite au cabinet de Madame la Ministre Freya Van den Bossche
- 14:00 - Manif sous un panneau publicitaire 36m² de Decaux pour une bagnole 4x4
- 15:00 - Visite au Forum Ecolo « Kyoto 1…puis 2: une chance pas une contrainte »

Les ours polaires, du moins leurs porte-parole du moment, ont donc entamé un parcours périlleux dans les arcanes du système pour y déceler les leviers principaux à actionner pour stopper la machine infernale de la propagande.

Leurs premières recherches les ont conduit à apprendre qu’en application de l’article 29 de la loi du 14 juillet 1991 sur les pratiques du commerce et sur l’information et la protection du consommateur, un arrêté royal du 13 janvier 1995 a créé la Commission pour l’étiquetage et la publicité écologique (CEPE) au sein du Conseil de la Consommation (Ministère des affaires économiques).

Cette Commission a élaboré un assez bon code de la publicité écologique (CPE).
Par ces dispositions, l’autorité publique voulait éviter d’une part que les consommateurs soucieux de l’environnement ne soient trompés par des actions publicitaires qui se fondent sur des arguments écologiques mensongers et voulait donner, d’autre part, aux producteurs des directives claires afin d’indiquer les limites dans lesquelles cette argumentation écologique est autorisée pour faire la publicité de leurs produits.

Cette Commission a choisi de recourir à - et c'est là que cela se gâte - l’autorégulation avec un rôle central dévolu au Jury d’Éthique Publicitaire (JEP) pour son contrôle.
Comme prévu, cette option a fait l’objet de deux évaluations après l’application du code. La dernière évaluation date de mars 2001. Le dernier avis date de septembre 2002 (1). Que s’est-il passé depuis?
Les ours de RAP ont alors été poser leurs questions à Monsieur Dejemeppe, actuel directeur de la « Cellule stratégique consommation et télécommunications » au cabinet de la Ministre Freya Van Den Bossche, qui a eu l'amabilité de bien les recevoir.

(1) Les documents issus des travaux de la CEPE sont toujours disponibles sur le site du SPF économie, à l’adresse : http://mineco.fgov.be/protection_consumer/councils/consumption/commission_fr_02.htm
Une dernière mise à jour a été effectué le 15/10/2004.


Les ours ont demandé si il était possible:

- Que soit mis en fonction un organe de contrôle (paritaire) doté de pouvoirs contraignants.

- Que le code de la publicité écologique qui a été élaboré par la CEPE soit d’application et obligatoire.

- Que des sanctions pénales soient prises en cas d’infraction, mais aussi des sanctions alternatives telles que leur publication dans la presse ou que la diffusion de « contre-campagne publicitaire » ou « droit de réponse » soit accordés aux parties lésées (par exemple les associations de défense de l’environnement)

-Que les publicitaires soumettent à cet organe de contrôle leurs projets de campagne, avant leur diffusion dans l’espace public, et que ces projets soient analysés selon les principes qui prévalent en matière d’enquête publique (lorsque quelqu’un désire construire quelque chose qui peut d’une manière ou d’une autre affecter le voisinage).


Le miracle n'a bien sûr pas eu lieu. La création d'un nouvel organe de contrôle n'est pas à l'ordre du jour.

Vérifier la pub avant sa diffusion dans l'espace public semble relever de l'hérésie pure et simple... et il n'y a que des ours pour imaginer que des procédures d'une telle "lourdeur" puissent voir le jour.
La Ministre fera présentement confiance à la bonne volonté affichée par les professionnels du secteur de réformer le JEP. Néanmoins la Ministre veillera à ce que la composition du nouveau Jury soit réellement paritaire. Ah!

Le problème récurrent qui consiste à juger bon nombre de plaintes alors que les campagnes sont terminées ne trouvera pas de réponse de si tôt.

Les ours ont néanmoins souligné que le JEP existait depuis 30 ans (trente !) et que le caractère préventif de l'autorégulation ne semblait pas fonctionner. Ce n'est pas l'avis de leur interlocuteur qui estime que la situation a bien évolué, selon lui: les cas d'abus en matière d'éthique sont devenus très minoritaires et les publicitaires se montrent dans l'ensemble assez responsables.

En ce qui concerne le Code de la publicité écologique, il semble que celui-ci soit toujours d'application et que nos plaintes au Ministère sont bel et bien traitées en fonction de ce code. Aah, enfin une bonne nouvelle !
Par ailleurs, Monsieur Dejemeppe s'est montré étonné que le CSA ait débouté notre plainte en ne tenant aucun compte du CPE. De plus, aucun grand annonceur (tel que Fiat) ne peut ignorer l'existence du CPE. Chic, on va rigoler alors !

Sur le fond, bien sûr, les ours n'ont pas été entendus. Ils craignent évidemment plus que tout que la réforme du JEP telle qu'elle se profile ne contribue à légitimer la propagande surconsumériste dans l'espace public, et par voie de conséquence la normalisation de comportements destructeurs.
Cependant, l'existence des ours de RAP et de leurs préoccupations ont été notées une première fois en haut lieu, ce qui n'était pas le cas jusqu'à présent.

Documentaire:

Réforme du Jury d’éthique publicitaire (JEP) [équivalent du BVP français] ou clônage de la bête ?

Créé par les publicitaires eux-mêmes, cet organe d’autorégulation travaille depuis une bonne trentaine d’années (depuis 1974). Malgré cette longue période de rodage pendant laquelle le Jury a traité un nombre considérable de plaintes, force est de constater que les pubards, dont les impératifs du métier sont de «frapper» toujours plus, toujours plus fort afin de laisser des marques indélébiles dans l'être de leurs cibles, ne peuvent s’autoréguler, ni donner au mot «éthique» le même sens que la plupart des citoyens lui donne.
Par nature, la publicité est anti-éthique, car il lui faut surprendre sans cesse, susciter l’émotion, provoquer, voire choquer une population valorisée seulement comme cible potentielle et qui, la plupart du temps, préférerait être laissée en paix... et donc ne pas avoir à se défendre par rapport à toutes ces sollicitations parfois violentes.

On peut comprendre le souci des professionnels du secteur de vouloir s'autoréguler eux-même afin d’éviter que les pouvoirs publics interviennent. Comme les pubards sont des experts en manipulation, ça dure depuis trente ans. En fait, c’est donc un peu comme si on laissait aux dealers de drogue le soin de réguler le marché.

Fin du documentaire.


La stratégie des ours:

Sachant que les ours de RAP devront se battre longtemps pour que l'idée qu'il y va de l'intérêt de tous, et particulièrement de celui des générations futures, que la publicité commerciale disparaisse de l'espace public, notre champ d'action actuel se réduit malheureusement à pousser à un contrôle renforcé du secteur publicitaire. Tout ce qui peut renforcer la prise de conscience que la pub ne pourra jamais être éthique (tant qu'elle ne réintègre pas l'espace commercial et son rôle initial d'information aux consommateurs qui la demandent) peut sembler bon à prendre. Dotés de réels pouvoirs de plus en plus contraignants, un organe de contrôle peut tuer l'essence même de la pub telle qu'elle se pratique aujourd'hui.
C'est bien ce que les ours de RAP veulent. Les pubards craignent comme la peste la fin de leur précieuse autorégulation, car ils savent pertinemment bien que cela signerait l'arrêt de mort de leur beau métier. Ils veulent pouvoir continuer délibérément à violer notre inconscient, et s'insinuer en nous pour y graver leurs dangereuses inepties.

Certains parmi les ours craignent de contribuer malgré tout à légitimer le système en poussant à sa régulation. C'est effectivement un risque. Nous le faisons aujourd'hui sachant qu'une majorité des ours estiment qu'il faut, avant de s'engager dans des actions plus radicales (le temps presse), prouver – si cela devait être le cas – que les démarches légales ne conduisent à rien.

Carnet de route:

Une action comme celle-ci représente, vous vous en doutez, un investissement important en temps, en fonds et en énergie. Malgré un communiqué de presse suivi de nombreux contacts directs avec les journalistes radio, télé et presse, le bilan médiatique est assez pauvre: un bon article dans "Le Soir" et un interview à la RTBF radio. Aucune télé n'a daigné envoyer une caméra à un de nos quatre rendez-vous de la journée. Un seul journal a accepté de publier l'info.
On ne critique pas le système publicitaire, et encore moins la sacro-sainte bagnole, sans en être véritablement sanctionné.

A suivre...





Haut de la page


 

5) - OCCUPATION DU BUREAU DE VERIFICATION DE LA PUBLICITE (BVP) - les Publicidaires.


Un nouveau groupe antipublicitaire vient de voir le jour. Il nous a fait parvenir le compte rendu suivant de son action. Certains à R.A.P. regrettent le caractère un peu isolé de cette action et auraient préféré que ses auteurs oeuvrent d'abord à montrer les limites du BVP avant d'en demander la dissolution. Mais a-t-on encore vraiment des doutes sur le rôle de paravent (ou de parafoudre) que joue cet organisme pour la protection du système publicitaire ?

Le 11 février 2005, 13 personnes ont occupé le Bureau deVérification de la Publicité (BVP) pour demander sa dissolution. Malgré notre calme et notre ouverture au dialogue, les cadres du BVP n'ont su nous répondre que par leur arrogance et leur condescendance. L'agressivité de ces personnes a culminé avec l'arrivé de Monsieur Besnaïnou, le directeur, qui a refusé de recevoir le groupe.
Nous sommes donc sortis après plus de 2 heures d'occupation sous escorte policière. Comme le dit si bien M. Besnaïnou : "La pub, vous savez où je vous la mets !"

Nos revendications sont exposées dans le tract ci-dessous:


Frapper sans heurter(1), c'est toujours frapper !

Les frappes, même chirurgicales, provoquent des dégâts collatéraux. Ainsi la publicité heurte tous ceux qui considèrent que leur espace de vie, public et privé, n'est pas une terre à coloniser par le pouvoir marchand.
La stratégie de l'armada publicitaire consiste à promouvoir des modes de vie destructeurs pour la santé et l'environnement, à instrumentaliser les corps pour manipuler les esprits, et in fine à imposer la pub comme vecteur obligé de tout lien social. A quelles fins? Simplement la satisfaction des annonceurs: les grandes entreprises, les personnalités et institutions de pouvoir. La publicité ne donne le droit de s'exprimer qu'aux nantis. La liberté d'expression est vendue!
Le Bureau de Vérification de la Publicité (BVP), association de publicitaires pour les publicitaires, est à la fois juge et partie. Quelle légitimité possible dans ces conditions? L'autodiscipline revendiquée par le BVP n'est qu'une farce, son avis étant consultatif pour les professionnels de la pub. Le BVP "vérifie", après coup, les publicités sur des critères issus d'une Charte de bonne conduite bidon (2). Les pubs sexistes et celles qui visent les enfants sont parfois réprimandées (car trop agressive, la pub se nuit à elle-même) mais le rôle du BVP ne va pas plus loin. Il sert au contraire à l'accréditation du consumérisme, de l'idéologie de croissance et de la manipulation. Le BVP n'existe que pour justifier la publicité, en lui donnant un semblant d'éthique.
Le BVP donne bonne conscience au système publicitaire, nous demandons la dissolution de cette entité-alibi.
publicidaires at no-log.org
(1) Allusion au livre du président du Bureau de Vérification de la Publicité :Teyssier J- P.,Frapper sans heurter.Quelle éthique pour la publicité ?,Armand Collin,2004.
(2) Cette charte d'autodiscipline a été élaborée en 2004 au niveau européen au sein de l'Alliance européenne pour l'éthique en publicité (http://www.easa-alliance.org)dont le BVP est membre.






Haut de la page


 

6) - FAUSSE MANIFESTATION A BUT PUBLICITAIRE: témoignage d'Alex Khadavali.

Peut-être avez-vous remarqué (il-elle-s font tout pour) la dernière publicité pour une marque de trains que je ne citerai pas, sur le thème « égalité jeunes-vieux : -50% pour tout le monde »... Ces ordures, non content-e-s de jouer sur un style pictural « révolutionnaire » (voyez l'affiche avec une jeune et une vieille alignées de profil, le regard perdu dans la béatitude d'un avenir radieux, le tout sur fond rouge-mauve) envahissent également l'espace public tri-dimensionnel en organisant de fausses manifestations...
Ce mercredi soir, je passais à Bastille à la hauteur de la rue St Paul, quand j'ai aperçu un groupe d'une vingtaine de gen-te-s avec des pancartes à la main, comme une petite manif... premier truc louche : il-elle-s avaient tou-te-s le même blouson... mais bon, il aurait pu s'agir du personnel en grève de tel ou tel magasin. Bin non, c'était des mercenaires du capital défilant en chantant des chansons à la gloire de cette marque de trains, avec des panneaux du style "-50% pour tous"...
Le spectacle ne cesse de progresser, n'est-il pas ?




Haut de la page

 

7) BREVES!

- Le Mans : 14 heures de garde à vue pour deux antipubs.
Le 2 février dernier, au Mans, 30 panneaux publicitaires ont été joyeusement recouverts par des militants anti-publicitaires. La police a arrêté deux des barbouilleurs, qui ont passé 14 heures en garde à vue. Les deux étudiants risquent 15000 euros d'amende pour « dégradation de biens privés en réunion ».
Pour les soutenir : antipub72 at cooperation.net

– Nouveau guide de la Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés (CNIL)

La CNIL édite un guide intitulé "Halte aux publicités", dans lequel elle explique comment ne plus recevoir de pubs adressées (que ce soit par téléphone, courrier, mail, SMS...) en s'appuyant notamment sur l'article L. 34-5 du code des postes et communications électroniques qui, depuis l'été dernier, rend le spam (et la technique de l'option de sortie) illégal. L'option de sortie est une technique d'inscription d'office sur les listes de diffusion, c'est-à-dire que vous devez vous désincrire volontairement pour ne pas être envahi par la publicité. On y trouve également des lettres types pour demander la suppression de données personnelles ou pour porter plainte. Téléchargement gratuit à cette adresse: http://www.cnil.fr/fileadmin/documents/La_CNIL/publications/CNIL-Guide-marketing.pdf
Ou écrire à la CNIL : 21, rue St-Guillaume 75340 Paris cedex 7; Tél : 01 53 73 22 22

L'UNICEF comme alibi du système publicitaire! - Merci à Cyril Ronfort pour l'info.

« L'afficheur Clear Channel et l'UNICEF organisent un concours sur la création de la future campagne d'affichage de l'UNICEF sur le thème du SIDA qui touche particulièrement les enfants et les jeunes du monde entier » (extrait du communiqué de presse de Clear Channel du 8 février). Le 3ème partenaire, qui n'est pas cité dans le communiqué, est Campaign, revue anglophone de publicitaires. Et bien, donateurs de l'UNICEF, vous savez où va votre argent ! Et les barbouilleurs seront désormais tenus pour personnellement responsables de la transmission du virus du Sida !


Haut de la page


 


INFORMATIONS DIVERSES

Toutes les informations que vous venez de lire sont publiques, nous vous invitons à les transmettre à toute personne susceptible d'être intéressée : faites circuler !

Si vous souhaitez vous exprimer dans nos colonnes, vos articles devront nous être soumis avant le 10 mars 2005.

Pour tout renseignement (envoi d'un exemplaire de R.A.P.-Échos, notre publication papier, adhésion, etc.) merci de prendre contact avec :
R.A.P. (Résistance à l'agression publicitaire)
53, rue Jean-Moulin, 94300 Vincennes
tél. : 01 43 28 39 21 (tcp. : 01 58 64 02 93)
Adhésion : 15 euros
Adhésion petit budget : 7,50 euros
Abonnement à R.A.P.-Échos : 5 euros.

Notre permanente assure la permanence téléphonique lundi, mardi et jeudi de 10 h à 13 h (on pourra également nous joindre en dehors de ces horaires, sans certitude de présence toutefois).
Réunions mensuelles : calendrier au début de ce message, renseignements supplémentaires au 01 43 28 39 21 ou à contact at antipub.org.

Coordonnées utiles :

Casseurs de pub
11, place Croix-Pâquet 69001 Lyon
Tél. 04 72 00 09 82 - Tcp. 04 77 41 18 16
http://www.antipub.org/

Paysages de France
(association qui lutte notamment contre l'affichage publicitaire envahissant)
MNEI
5, place Bir-Hakeim, 38000 Grenoble
Tél. & tcp. 04 76 03 23 75
http://paysagesdefrance.free.fr

Le Publiphobe, association concurrente de R.A.P.
(diffusion d'une feuille sporadique par abonnement)
B.P. 20012, 94211 La Varenne-Saint-Hilaire Cedex
Tél. 01 41 81 69 17
Tcp. 01 42 83 45 01

R.A.P. Belgique
96, rue Le Lorrain, 1080 Bruxelles
Tél. 02 / 426 91 91
http://www.antipub.be

Brisons nos chaînes
Chez Publico
145, rue Amelot, 75011 PARIS.

 

Haut de la page