RAP

RAP-À-TOILE N° 56 - ( NOVEMBRE 2005 )

R.A.P.-A-TOILE a pour vocation de faire connaître les diverses approches de la lutte antipublicitaire sans pour autant adhérer à toutes les opinions et idées d'actions formulées, dont elle laisse la responsabilité à leurs auteurs. Si vous souhaitez vous exprimer dans nos colonnes, vos articles devront nous être soumis avant le 14 décembre 2005. Si vous désirez recevoir ce bulletin en version pdf (meilleure lisibilité mais fichier plus lourd), en mentionnant « pdf » dans le titre.

Tous les Numéros

Au sommaire de ce cinquante sixième envoi

1 - LA DÉSOBÉISSANCE CIVILE POUR LA PREMIÈRE FOIS DEVANT UN TRIBUNAL PÉNAL – par le Collectif antipub 72 pour la décroissance.
2 - 4eme JOURNÉE DE DÉVERSEMENT DE PROSPECTUS PUBLICITAIRES LE 10 DÉCEMBRE 2005 – par Chiche!, R.A.P. CNIID.
3 -JOURNÉE D'ENVOI DES ENVELOPPES T – par des membres de la Brigade antipub.
4 - 1ere ACTION DES COLLECTIFS DES DÉBOULONNEURS À PARIS ET ROUEN – par Alex Baret et François Vaillant.
5 - POURQUOI NOUS N'AVONS PAS PARTICIPÉ AU FORUM « PUB & CITÉ » DU B.V.P. - par R.A.P.
6 - 2eme ACTION « JONCHÉE » À LA POSTE CONTE LES ÉCRANS PUBLICITAIRES – par R.A.P.
7 - BRÈVE DU MOIS.
8 - L'ASSOCIATION AU JOUR LE JOUR (nouvelle rubrique)



Chères lectrices, chers lecteurs,

La directrice d'un magazine féminin a déclaré le 28 octobre dernier sur une chaîne de radio publique (*) : « Des journaux où il n'y a pas de publicité, cela n'existe que dans les sociétés totalitaires ». Bien que RAP-À-TOILE ne soit qu'un bulletin, il convient qu'il se soumette au jugement d'une personne aussi autorisée. Voici donc, dans un esprit de respect pour le régime démocratique sous lequel nous vivons, un peu de publicité :

R.A.P. vous convie à un repas de soutien à l'association. Celui-ci aura lieu au restaurant associatif la Rôtisserie le mercredi 21 décembre à partir de 19h30. Le prix est libre (prix indicatif : 8 euros) et les végétariens seront bien accueillis. Il s'agit pour nous de récolter quelques deniers afin de faire face aux frais engendrés par tous les projets déjà initiés ou qui le seront dans un futur proche. C'est aussi l'occasion de se rencontrer dans une atmosphère conviviale et nous espérons vous y voir nombreux.

Bonne lecture, Jean-Christophe.

(*) La directrice de « Elle » sur France Inter, dans l'émission Inter-média du 28 octobre 2005 à 11h20.


Les prochains rendez-vous de R.A.P. et de la lutte antipublicitaire :

JEUDI 8 DÉCEMBRE à 20h30 – Orléans : « De l'idéologie publicitaire à la nécessaire décroissance ». Conférence de François Brune. Médiathèque d'Orléans. Entrée libre. Organisée par Attac-Orléans.
SAMEDI 10 DÉCEMBRE à 14h – Dans de nombreuses villes en France: 4ème Journée nationale de déversement de prospectus publicitaires. Lire le point (2).
SAMEDI 10 DÉCEMBRE - Journée d'Envoi des Enveloppes T (JEET). Lire le point (3).
MERCREDI 21 DÉCEMBRE à 19h30 – Paris : repas de soutien à R.A.P. à « La Rôtisserie », 4 rue Ste Marthe, 75010 Paris (M° Colonel Fabien). Menu végétarien (entrée, plat, dessert et boisson). Prix libre (prix indicatif : 8 euros).
VENDREDI 23 DÉCEMBRE à 17h30 – Paris, Rouen, Colomiers : 2ème action des collectifs de déboulonneurs. http://deboulonneurs.org




1) LA DÉSOBÉISSANCE CIVILE POUR LA PREMIÈRE FOIS DEVANT UN TRIBUNAL PÉNAL – par le Collectif antipub 72 pour la décroissance.

Quatre militants du collectif antipub 72 ont été convoqués le jeudi 24 novembre à 14 h devant le tribunal de police au motif de « dégradation à un bien, en l'espèce des panneaux publicitaires à l'aide de graffitis ». Ces « graffitis » sont en réalité du blanc d'Espagne : de la craie s'effaçant dès la moindre pluie.

Le 1er avril 2005, une vingtaine de militants du collectif antipub manceau accompagnés d’un journaliste, détournaient les messages originaux de quatre grands panneaux publicitaires (4m x 3m) :

Sur une pub Auchan : « les prix perdent les pédales », les barbouilleurs inscrivaient au blanc d’Espagne « le consommateur aussi ! ». « Con, sot, mateur » pouvait-on lire également sur un de ces gigantesque panneaux. Mais les forces du (dés-)ordre ont peu d’humour… La BAC (brigade anti-criminalité) arrive alors sur place et prend les identités de l’ensemble des personnes présentes qui reconnaissent les faits, mais seulement 4 personnes sont appelées à comparaître. Les autres participants tentent alors de se rendre au commissariat pour se déclarer eux aussi coupable mais la marée chaussée déclare le dossier clos, dans les mains de la justice…

Deux mois plus tard, les 4 barbouilleurs sont convoqués devant le délégué du procureur pour une composition pénale (arrangement pour ne pas aller devant le tribunal). La justice leur demande 150 € d’amendes chacun (600 € en tout). Les antipubs refusent alors de payer car ils n’ont pas commis de dégradations. Le blanc d’Espagne est physiquement identique à la trace d’une craie sur un tableau noir : elle s’efface du doigt, une simple pluie dissout et entraîne la craie, lavant ainsi le support.

Suite à ce refus, le parquet a décidé de poursuivre devant le tribunal de police les quatre militants antipubs. Ils ont été convoqués le jeudi 24 Novembre à 14 h lors d'une audience publique.

Un compte rendu complet de l'audience sera bientôt disponible sur le site : http://www.antipub72.dynalias.org

Une soirée de soutien au collectif aura lieu le samedi 10 décembre au « Backstage », pour un concert à partir de 21h30 : Bats Ta Via (Alençon) et Militant Sound System (Le Mans).

Contact du collectif :
Tel : 02 43 23 13 20 ou 06 25 51 76 32 (Pierre Gabreau)
Mail : antipub72 at cooperation.net

 

2) 4eme JOURNÉE DE DÉVERSEMENT DE PROSPECTUS PUBLICITAIRES LE 10 DÉCEMBRE 2005 – par Chiche!, R.A.P. CNIID.

À une semaine du jour J, 15 villes aux quatre coins du pays participent à la journée de déversement de prospectus : La Rochelle, Toulouse, Libourne, Montpellier, Rennes, Nantes, Angers, Nancy, Bar-le-Duc, Lille, Bayonne, Strasbourg, Le Mans, Paris et Nemours.

Par cette action, Nous demandons :

- l'adoption d'une loi garantissant le respect des autocollants antipublicitaires comme c'est déjà le cas au Portugal, en Allemagne, à Bruxelles...
- la mise en place d'une taxe obligatoire pour les distributeurs, leur faisant supporter le coût réel du traitement des déchets engendrés.
- un plan national de réduction de ces déchets à la source, sur le modèle de celui en vigueur à Bruxelles.

Cette action est autogérée au niveau local. Les coordonnées précises des lieux de déversement sont disponibles ici :

Pour rappel, le principe de l'action :

1 - stocker ses prospectus
2 - diffuser l'information
3 - déverser le tout sur la place publique le 10 décembre 2005, à l'endroit prévu dans votre ville (les villes participantes et les lieux de déversement sont répertoriés à l'adresse suivante : http://antipub.org/actions/index.php?page=devers_10_12_05

Chaque année, 1 million de tonnes de prospectus atterrissent dans nos boîtes aux lettres. Pour donner un ordre de grandeur, cela équivaut au poids de 100 tours Eiffel. 1 million de tonnes de purs déchets, puisque la plupart ne sont même pas lus et atterrissent, dans le meilleur des cas, à la poubelle.

Nous en payons la production dans le prix de nos achats, le retraitement via les taxes locales et le prix écologique par la dégradation de la biosphère : forêts débitées en montagnes de papier au mépris de la biodiversité, pollution des eaux et des sols due aux adjuvants chimiques utilisés, pollution atmosphérique due au transport, etc.

Et que dire de la pollution mentale ! Que l'on habite un patelin ou une mégapole, personne n'est épargné par le système publicitaire et son cortège d'agressions psychiques.

L'action est légale et déclarée à l'avance. Le jour dit, chacun-e amène son tas de prospectus collectés les mois précédents et le déverse sur place. C'est l'occasion de rencontrer du monde, de tisser des liens entre personnes de différents horizons et surtout de conscientiser le plus grand nombre sur l'impasse de la société du gaspillage, maintenue et renforcée par le système publicitaire.

Pour tout renseignement, vous pouvez contacter :

Jean-Christophe à R.A.P. : contact[at]antipub.org et 01 43 28 39 21
Florence au CNIID : info[at]cniid.org et 01 55 78 28 65
David à Chiche ! : david[at]chicheweb.org et 01 40 37 10 12


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3) JOURNÉE D'ENVOI DES ENVELOPPES T – par des membres de la Brigade antipub.

JEET est l'acronyme de Journée d'Envoi des Envelopppes T. Une enveloppe T est une enveloppe de retour gratuit qui est offerte dans les diverses publicités reçues chez soi.
La JEET est une action de détournement du système publicitaire, non violente et légale Il s'agit de renvoyer massivement ces enveloppes à leur expéditeur. Ainsi, nous espérons montrer notre mécontentement face à l'envahissement publicitaire et au gâchis écologique généré par celui-ci.

La JEET est née d'un collectif de militants anti-publicitaires se retrouvant autour d'un site internet : les Brigades Anti-Pub (http://www.bap.propagande.org)

Cette action se mène chez soi, avec une expédition à la boîte aux lettres la plus proche environ une fois tous les six mois.

La date de la prochaine JEET a été fixée au 10/12/2005.

Comment faire ?
Quand vous recevez une publicité adressée à votre nom contenant une enveloppe de réponse (qu'elle nécessite ou non un affranchissement), découpez toute information personnelle (numéro de client, d'identification, nom, adresse, ...etc.) de la publicité. Ensuite, inscrivez l'adresse de ce site (http://www.jeet.ouvaton.org) sur cette publicité anonymée avant de la glisser dans l'enveloppe réponse (vous pouvez également rajouter des messages militants de votre choix).
À noter que s'il s'agit d'une enveloppe à affranchir, vous devez barrer l'emplacement du timbre et inscrire à côté la mention "port dû" afin d'être en conformité avec la loi.
Conservez cette enveloppe jusqu'à la date de la prochaine JEET. Le jour prévu, glissez vos enveloppes ainsi préparées dans la boîte aux lettres de La Poste la plus proche de votre domicile.

Plus d'informations sur cette action à l'adresse suivante : http://www.jeet.ouvaton.org


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4) 1ere ACTION DES COLLECTIFS DES DÉBOULONNEURS À PARIS ET ROUEN – par Alex Baret et François Vaillant.

- Compte rendu de l'action de Paris le 25 novembre 2005 par Alex Baret :

Bien que confiants, nous sommes plein d’incertitude quant au nombre de personnes à retrouver sur place : l’heure retenue tombe pendant les heures de bureau (beaucoup ne pourront pas se rendre au rendez vous) et il a neigé une heure et demi avant (froid, humidité et circulation difficile ne sont guère des facteurs incitatifs…). Le lieu a été décidé quelques jours auparavant et seulement annoncé au dernier moment par contacts directs (amis, personnes s’étant déclarées intéressées au préalable après qu’elles aient eu vent du concept et du jour de l’action, journalistes).

17h30. Nous nous retrouvons à l’angle de la rue Drouot et du boulevard Montmartre dans le 9e arrondissement de Paris.

Soulagement : une centaine de personnes est là, avec des carnets, des appareils photos et des caméras (j’ai pu repérer au moins France 3 Idf, le Parisien, l’AFP, la Vie). Retrouvailles avec les têtes connues... Au bout de 10 minutes, nous nous rendons au lieu de l'action : 3 panneaux déroulants et lumineux sous verre, sur une (fausse ?) palissade de chantier. Le trottoir est large et la centaine de personnes peut s’étaler avec aise…

Presque aussitôt, nous passons à l’action. Un escabeau devant le premier panneau. La bonne humeur est là, le public applaudit généreusement en suivant l’évolution de nos inscriptions… Les journalistes n’en perdent pas une miette…

Les 6 barbouilleurs agissent de concert. Sont inscrits sur les panneaux : « Publicité = violence », « Pollution visuelle », « Halte au matraquage + 50cm par 70cm »

Une fois ces « non-violences urbaines » commises (selon l'expression d'Y. Gradis), notre association de bienfaiteurs installe un tabouret et invite qui veut à prendre la parole… Femmes et hommes de tout âge se succèdent pour s’exprimer librement, avec plus ou moins de coffre.
De nombreux sujets sont abordés : les conséquences environnementales et l’énergie dévorée par les panneaux (1 seul panneau déroulant rétroéclairé consomme à l’année autant qu’un foyer de 4 personnes), la dégradation de l'image des femmes, le sexisme et son exploitation commerciale, les rapports nord sud nécessaires à notre société de consommation, l’aliénation mentale y compris par la société de travail, les médias tributaires des entreprises et de l’industrie qui deviennent intouchables, l’individualisme, etc.
Mais on rappelle aussi les principes de la désobéissance civile et la nécessité du recours à ce type d'action face à l’inertie des pouvoirs publics ou la distinction fondamentale entre tag et inscription, l’importance du rôle que tient le public qui fait exister l’action…
Le président de R.A.P. (Résistance à l'agression publicitaire) affirme le soutien moral de son association au collectif des déboulonneurs, malgré l'impossibilité de pour celle-ci d'y participer du fait de son statut légaliste. Les différentes formes de lutte doivent être considérées comme complémentaires, pas comme concurrentes ou opposées.
La police arrive : policiers à pied à qui l'on explique que nous sommes non-violents, qu’il n’y aura aucune résistance et que oui, il a bien dégradation… Puis « véhicule-cowboy », puis un autre. Ils n’interviennent pas et nous observent circonspects. Nous leur adressons un message par haut parleur en leur souhaitant la bienvenue, disant qu’ils font leur travail et nous le nôtre, que nous sommes là pour nous faire arrêter et même avoir un procès… Quelqu’un les remercie même d’avoir une « attitude presque aussi digne que la nôtre » ! Devant leur non-réaction, nous préférons prendre les devants (on ne sait jamais s’ils nous plaquaient au sol, une fois tout le monde dispersé…). Nous demandons aux personnes qui ne font pas partie du Collectif de s’écarter pour faire un couloir dégagé qui nous conduise jusqu’aux policiers. Devant les panneaux que nous venons de barbouiller, nous sortons nos cartes d’identités que nous brandissons, et après une pause, ou « la »la pause pose (car nous profitons des objectifs qui mitraillent !), nous avançons calmement jusqu’à eux pour les leur remettre. Ils ne veulent pas prendre nos cartes. Nous attendons et puis décidons d’entamer une chanson à l’unisson.

Sur l’air du « déserteur » de Boris Vian, nous chantons les premières strophes du « barbouilleur ». Ils ne veulent pas nous arrêter ni relever nos identités… Mais que fait la police !? Alors, nous décidons d’ordonner la dispersion de cette manifestation non-déclarée, en partant en groupe pour ne pas laisser les barbouilleurs seuls, en annonçant un lieu de retrouvailles dans le 11e arrondissement.
Tout le monde est satisfait de l’action, y compris des personnes totalement novices quant à la lutte antipublicitare ou quant à l’action de désobéissance civile…

Mais un petit rebondissement a lieu, puisqu’à la sortie du métro St Maur (à côté de « la passerelle », lieu fort convivial auquel nous nous rendons), 3 cars de C.R.S sont postés. Les R.G. téléphonent et suivent les groupes pour voir où ils se rendent. Devant notre « inaction » (boire, manger, discuter), ils finiront par rapatrier leurs unités ¾ d’heure après. L’« état de démence » avec « couvre-fous », a bien été proclamé, comme le dit la Brigade Activiste des Clowns…


- Compte rendu de l'action de Rouen le 27 novembre, par François Vaillant :

Vingt-cinq personnes se sont retrouvées comme prévu, à 16h précises, à la station de taxi de la gare de Rouen. A 16h30, à 500 m de la gare, François Vaillant monte sur un grand escabeau pour inscrire "Pub = violence" sur le panneau déroulant de la place Cauchoise. Des orateurs prennent alors la parole sur un tabouret pour expliquer cette action non-violente de désobéissance civile et pourquoi le Collectif des déboulonneurs s'insurge contre l'invasion publicitaire. Pendant ce temps-là, trois personnes font une jonglerie colorée avec des quilles. Alors que le barbouilleur finit d'inscrire " Pub = ", il sent que son escabeau tangue. Il aperçoit alors un homme en civil, avec un brassard "Police" au bras. Il sent également un autre policier monter sur l'escabeau, à 2,50 m de haut. Le barbouilleur leur lance alors un joyeux " une seconde, je termine". Et François Vaillant d'inscrire alors sur le panneau un rapide petit "violence". Au final, 1/3 seulement du panneau a été barbouillé, mais l'inscription est cependant bien visible : " Pub = violence"

Le barbouilleur, après avoir pris le temps de répondre à une journaliste et un preneur d'images de France3, se laisse embarquer dans une berline banalisée. Tour cela se déroule avec courtoisie. Tout s'est bien passé au commissariat. François Vaillant ressort du commissariat à 18h30. Il n'y est resté qu'une heure trente environ. Le barbouilleur raconte :

" Je n'ai eu affaire qu'à des policiers courtois, mais très fatigués ! Dans ma déposition, c'est truffé de "Je n'ai rien à déclarer". Le plus rigolo est que le policier qui a enregistré ma déposition, que j'ai signée après deux lectures très attentives, me demandait régulièrement l'orthographe de certains mots, parce que je lui avais dit auparavant que je ne signerais une déposition que si elle ne comportait aucune faute d'orthographe !

Pourquoi 3 ( ou 4 ?) policiers en civils étaient là à 16h30, près du dispositif publicitaire déroulant ? Dans la voiture de luxe banalisée qui m'a conduit à l'Hôtel de police, rive gauche, un "climat de confiance s'est vite établi", mais je restais prudent et peu bavard. Là, j'ai appris que la police n'a eu qu'à lire Paris-Normandie de samedi-dimanche pour apprendre qu'un barbouilleur, François Vaillant, d'un Collectif récemment créé, allait passer à l'action au " centre ville de Rouen, à 16h30, ce dimanche". Donc, dès 16h, cette voiture banalisée a commencé à sillonner le centre ville.

Elle arrive à la gare, et ces policiers en civils voient un escabeau au pied d'un arbre et quelques personnes. Et eux de continuer à raconter : "l'un de nous descend et vous entend dire que le barbouillage aura lieu à 16h30 place Cauchoise. Notre voiture est alors partie s'y garer et l'un a suivi votre bande à 30 mètres de distance. Vous y alliez avec vos amis". On connaît la suite...

J'attends l'article de Paris-Normandie de demain lundi, mais je vais téléphoner au journaliste contacté pour lui signifier que l'embargo n'a pas été respecté. Mon intention n'est pas de l'engueuler, ce qui ne servirait à rien, mais je vais lui mettre les points sur les i pour les prochaines fois.

Le clou, lorsque j'ai attendu au violon 45 minutes le temps d'attente avant l'audition pour la déposition, un policier m'a donné le Paris-Normandie de samedi-dimanche avec l'article (pas une brève !) concernant notre action de barbouillage, et citant fort bien le 4 pages des déboulonneurs. Avant de quitter le commissariat, j'ai demandé si je pouvais emporter ce journal, il y a eu concertation..., et ils me l'ont offert ! En final de cet article de 1000 signes environ, figure en gras : "Renseignements auprès du collectif des déboulonneurs, 24 rue Louis Blanc, 75010; par email : deboulonneurs(at)no-log.org "!

Je n'ai pas vu ce soir le reportage sur FR3. Il vient de passer, me disent des amis, en ouverture du JT de FR3 Normandie de ce dimanche 27 novembre. Il semble être assez fabuleux. Prise de vue de notre groupe en rond à la gare, puis arrivée du groupe place Cauchoise, puis début du barbouillage en altitude, scène de jonglage, prise de vues et de son des personnes en train de parler sur un tabouret, embarquement par la police, mais surtout avec d'excellents commentaires. Il semble que FR3 ait très bien fait son travail. Je vais les remercier. D'autant plus qu'il y est dit que nous étions "plusieurs dizaines d'antipub réunis pour cette action non-violente ", alors que nous n'étions que 25.

Je regrette de ne pas avoir eu le temps de terminer correctement mon barbouillage, mais, en repassant ce soir devant le panneau barbouillé, j'ai vu que l'inscription est cependant lisible. Elle sera probablement effacée par Decoco (2 CO !!) à la première heure demain lundi. Peu importe, c'est la présence des médias qui a surtout compté, et là ce fut bon sur toute la ligne, me semble-t-il.

Je demeure très sensible au fait que nous étions 25 acteurs " Le barbouilleur fait l'action, les spectateurs font l'événement". Ô combien c'est vrai. Parmi ces 25 personnes, beaucoup participaient pour la première fois à une action antipub non-violente de désobéissance civile. La venue de 4 amis du Collectif des déboulonneurs de Paris, présents à Rouen dès 16h, m'a littéralement dopé. Qu'ils en soient chaleureusement remerciés.

 

5) POURQUOI NOUS N'AVONS PAS PARTICIPÉ AU FORUM « PUB & CITÉ » DU B.V.P. - par R.A.P.

Le mercedi 16 novembre, le Bureau de vérification de la publicité (BVP) organisait un forum nommé « Pub & Cité » sur le thème : « Violences, agressivité, incivilités...dans la publicité ». R.A.P. était invité à participer à ce Forum au côté d'une dizaine d'autres associations et d'une quinzaine de professionnels du secteur. Nous avons refusé et avons expliqué nos raisons par un courrier aux autres associations invitées. Le tract distribué à l'entrée du forum à une centaine d'exemplaires et reproduit ci-dessous en reprend les arguments essentiels :

Pourquoi nous ne participons pas au forum Pub & Cité du BVP ?

Nous considérons qu'un débat sur la publicité organisé par le B.V.P. est un débat tronqué dès le départ :
Le « Bureau de vérification de la publicité, Association des professionnels pour une publicité responsable » est une association regroupant des agences publicitaires, des annonceurs, et des « supports » (chaînes de télévision, presse, afficheurs, etc.). Il s'agit d'un organisme de droit privé créé par et pour ceux qui ont des intérêts dans la publicité. Un organisme de vérification de la publicité formé par ceux-là mêmes qui sont les auteurs de ce qui doit être évalué ne peut être que juge et partie. Le B.V.P. est donc pour nous totalement illégitime dans les fonctions qu'il prétend assumer.

Le fonctionnement du BVP est basé sur un postulat qui profite uniquement aux publicitaires, annonceurs et média :
Sur le site Internet du B.V.P., on peut lire « Adhérer au BVP c'est s'engager volontairement à jouer la carte de l'autodiscipline ». Son but est d'éviter à tout prix l’adoption de nouveaux textes législatifs, qui, selon lui, entraveraient la créativité publicitaire. Le B.V.P. a donc travaillé sur des « recommandations » de bonne conduite qui restent largement inappliquées et d’ailleurs n'engagent que ceux qui y croient. En outre, le B.V.P. n'a aucun pouvoir contraignant. Il n’émet que des avis consultatifs sur les campagnes publicitaires à venir, en cours, ou déjà diffusées. Seuls les spots télé doivent être soumis systématiquement à l'avis du BVP avant diffusion. Concernant l’affichage dans l'espace public par exemple, la sacro-sainte « liberté d'expression publicitaire » est totale. La « liberté de réception » des usagers de l'espace public, est, quant à elle, ignorée.

Les questions de la violence dans la publicité ne peuvent être traitées correctement dans le cadre de ce forum car :
- il est animé par une journaliste de télévision chargée de faire discuter quelques cas concrets de publicités, avec le risque d'enfermer le débat dans une forme de spectacle où l'on provoquera les parties prenantes au sujet d’exemples choisis de publicités controversées.
- la séance commencera par la présentation d'un sondage. Comment pourrait-on ensuite émettre des critiques allant dans le sens opposé d’une enquête qui, étant commandée par le B.V.P. (donc par les publicitaires), ne présentera certainement pas des résultats dérangeants pour ces commanditaires ?
- le colloque se tient un jour ouvrable pendant les heures de travail, et la participation du public au forum se fait sur invitation (on peut toutefois solliciter une invitation sur le site du B.V.P.). Dans ces conditions, rien de plus facile pour les publicitaires de remplir la salle avec des employés d’agences de publicité, journalistes amis et sympathisants divers...
- de même, les questions de l’assemblée ont du être soumises au préalable au B.V.P. sur son site internet. Pour nous, il s'agit tout simplement d'une forme de censure. On peut s’attendre à ce que toutes les questions qui dérangent soient soigneusement évitées (pourquoi nous soumettre à de tels volumes de publicité, quelle idéologie se cache derrière la publicité, quel modèle économique et social la publicité sert-elle, etc.) .

Pour toutes ces raisons, nous pensons que le forum « Pub & Cité » peut être assimilé à un piège des manipulateurs de l’opinion que sont les publicitaires. Si un contrôle efficace de la publicité devait être mis en place, il faudrait à tout le moins le confier à une instance réellement indépendante du pouvoir économique et qui ne rejette pas a priori l’usage de l’outil réglementaire pour encadrer la profession de publicitaire. L’autodiscipline doit certainement avoir sa place, mais rien ne justifie qu’elle occupe toute la place.

 

 

6) 2eme ACTION « JONCHÉE » À LA POSTE CONTE LES ÉCRANS PUBLICITAIRES – par R.A.P.

Voici le communiqué envoyé à la presse au lendemain de l'action :

Le 7 novembre 2005, entre 18h30 et 19h00, quinze personnes ont procédé à une jonchée dans les locaux du bureau de poste de la rue Balard (XVe) à Paris. Par cette action symbolique consistant à s'allonger sur le sol dans le calme, ces personnes ont montré leur profond désaccord avec la nouvelle trouvaille de la Poste : rentabiliser les files d'attente de ses bureaux par la disposition d'écrans plasma publicitaires à destination des usagers.

Depuis août 2005, ce bureau de poste, comme une dizaine d'autres en France, est équipé d'écrans plasma diffusant de la publicité commerciale, ainsi que des séquences à caractère ludique ou informatif.

Ce dispositif publicitaire dans les locaux de la Poste va à l'encontre de la mission de service public attendue de cet organisme. Les usagers, transformés malgré eux en clients, ne sont-ils donc pour la Poste que des individus conditionnables à souhait dans le seul but d'augmenter la rentabilité ? On peut le penser car le dispositif “écrans plasma publicitaires” devrait se généraliser bientôt dans de nombreux bureaux, contrairement à l'ouverture de nouveaux guichets.

Par cette action, nous répétons notre demande déjà faite le 27 septembre lors d'une action similaire au bureau de poste du Bd de Bonne Nouvelle:

- le retrait des écrans publicitaires déjà installés et l'abandon total de ce projet
- une vraie solution au problème des files d'attente: l'ouverture de nouveaux guichets.

Nous n'accepterons jamais que les usagers des services publics soient réduits à du temps de cerveau à la disposition des publicitaires.


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7) BRÈVE DU MOIS.

- Un sondage montre la “publiphobie” des français – par JC Vandevelde

Un sondage TNS-SOFRES publié le 17 novembre sur le thème : “L'image de la publicité auprès des français” contient des chiffres éloquents :
Les publiphobes sont désormais plus nombreux (43 % des personnes interrogées) que les publiphiles en France (37 % des personnes interrogées)
61 % des personnes interrogées n'aiment pas la publicité dans la rue. 48 % ne l'aiment pas dans la presse. 69 % ne l'aiment pas à la télévision et 59 % ne l'aiment pas sur internet.

Les résultats de l'enquête sont accessibles à l'adresse suivante :
http://www.tns-sofres.com/etudes/pol/171105_imagepub_r.htm

Mais pendant ce temps, sur France Inter (Rue des Entrepreneurs, samedi 26 novembre au matin), on pouvait entendre un discours pro-publicitaire des plus éclairés : un intervenant annonçait que les publiphobes ne représentaient que 20% de la population française... Combien de temps les médias vont-ils continuer ainsi à mentir sur la réalité de notre société et du ras-le-bol des citoyens contre la publicité ?

Selon le Canard enchaîné, Hervé Brossard, président de l'Association des agences-conseils en communication (l’un des lobbies de la pub), aurait déclaré qu'il était temps de créer au sein du gouvernement « un ministère de la Publicité ». C’est vrai, pauvres publicitaires, n’avoir que le ministère « de la culture et de la communication » pour les défendre contre les foules furieuses, même s’il leur est entièrement acquis, ce n’est pas une vie !



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8) L'ASSOCIATION AU JOUR LE JOUR (nouvelle rubrique)

Cette nouvelle rubrique a pour but de vous faire connaître les différentes interventions que des membres de R.A.P. effectuent auprès du public (actions, rencontres, conférences, tables de presse) ou des média (entretiens, reportages). Il s'agit donc d'une liste des différentes « sorties » « de l'association dans l'espace public durant le mois. Concernant les média, nous essayons dans la mesure du possible d'obtenir du journaliste une copie de l'enregistrement ou de l'article en question. Néanmoins, nous devons parfois enregistrer nous-mêmes l'émission pour en garder une trace. Toute aide est bien-sûr la bienvenue pour faciliter cette tâche. Parfois, des articles parlant de nous échappent à notre vigilance : vous êtes donc invités à nous signaler tout passage média dont vous êtes témoin (préciser le média, la date et éventuellement l’heure, la page ou l’émission concernée et toute autre information utile).

2 novembre 05 : « 60 millions de consommateurs », novembre 2005 p. 11. « La publicité pour faire fondre les files d'attente » (sur les écrans publicitaires dans les bureaux de poste).
3 novembre : Radio « Fréquence Paris Plurielle » (Région parisienne), émission "zoom écologie" sur les actions de R.A.P. Avec David Sterboul.
7 novembre : Réunion à la Mairie de Paris concernant le Règlement local de publicité.
7 novembre : Action à la Poste du 27, rue Balard contre les écrans plasma publicitaires. 15 personnes présentes.
8 novembre : Intervention de J-C Oubbadia au Mk2 Beaubourg pour l'avant-première de « Un rêve tchèque ».
9 novembre : Conférence organisée par R.A.P. à l'AGECA (Paris). "Publicitaires et marchands, hors de l'école" avec N. Hirtt, F..Brune., P. Nicolas, Ch. Levilly, T. Guéret.
14 novembre : Radio libertaire (Paris) dans l'émission « Le monde merveilleux du travail ". Intervention sur le thème "la récupération du mouvement syndical par par la pub avec J-C. Vandevelde
16 novembre : Forum ""Pub & Cité"" du BVP". Tractage de 100 tracts à l'entrée.
17 novembre : table de presse au procès des « 9 de Guyancourt » à Versailles. (Préciser de quoi il s’agit)
18 novembre : Intervention de J-C Vandevelde dans le cadre des "Savoirs partagés » avec les "antipub" à Aubagne (Marseille). Echange avec 30 personnes (lycéens et adultes) sur les questions de publicité et de surconsommation.
18 novembre : "La Provence" , p. 3. "Matraquage publicitaire: la résistance s'organise".
22 novembre : 20h15-20h30. RFI "Pour ou contre la pub ? » Alex Baret face au publicitaire Franck Tapiro.
24 novembre : 22h. France Inter. Emission « l'instant bleu » sur la Journée sans achat avec François Brune.
24 novembre : 4 barbouilleurs devant le tribunal de police du Mans. Des membres de R.A.P. font le déplacement depuis Paris pour les soutenir.
25 novembre : Conférence de F. Brune à Avignon sur l'influence de la publicité.
26 novembre : Articles de Libération et du Parisien relatant l'action du Collectif des déboulonneurs du 25 novembre à laquelle des membres de R.A.P. ont assisté.
02 décembre : 22h30. France Culture. "Subversion, crème et bazooka vol.1 et 2". Reportage avec extraits de l'action du 7/11 à la Poste.

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Tél. & tcp. 04 76 03 23 75
http://paysagesdefrance.free.fr

- Le Publiphobe, association concurrente de R.A.P.
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B.P. 20012, 94211 La Varenne-Saint-Hilaire Cedex; Tél. 01 41 81 69 17; Tcp. 01 42 83 45 01
http://www.indesens.org/publiphobe/le_publiphobe.htm

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96, rue Le Lorrain, 1080 Bruxelles; Tél. 02 / 426 91 91;
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