RAP

 

From: Cyril R.
To: Gerard.Unger at metrobus.fr
Sent: Tuesday, January 06, 2004 10:00 PM
Subject: À l'attention de M. Gérard UNGER


Monsieur le Président - Directeur général,

Militant antipublicitaire de longue date, à titre personnel et dans le cadre de plusieurs associations légalistes ayant pignon sur rue, et bien que ne participant pas aux actions de barbouillage commises depuis quelques semaines dans le métro ou ailleurs, je n'en suis pas moins avec une attention toute particulière vos déboires avec les "vandales" commettant des "dégradations" (pour reprendre vos termes) sur les affiches du métro parisien, répondant régulièrement à un appel lancé depuis un site internet.

Il y a quelques semaines, au cours d'un débat télévisé sur Canal+ avec M. Christian Blachas à vos côtés et mon collègue M. Yvan Gradis comme "adversaire", vous avez évoqué la défense du service public. En effet, selon vous, le montant desdites dégradations (montant qui, soit dit en passant, est sujet à de fortes variations saisonnières, allant de 450 000 à 1 million d'euros selon vos différentes déclarations... et selon votre humeur ?) se reporte en grande partie dans la colonne des pertes et profits du budget de la RATP, causant ainsi un préjudice certain à cet organisme.

Je pense pouvoir vous répondre avec certitude que, précisément, vous ne devez pas utiliser très souvent - pour ne pas dire jamais - le "service public" des transports en commun parisiens ; sinon, il est probable que vous conviendriez vous-même le premier que le matraquage publicitaire indescriptible auquel sont soumis les usagers est véritablement insupportable. Vous êtes néanmoins bien placé pour savoir que la publicité, après avoir envahi à peu près tout l'espace visuel des couloirs et quais du métro, du sol au plafond en passant par les murs, les rames de métro, les tourniquets et les contremarches des escaliers (j'en oublie sûrement), devient à présent sonore et même olfactive (brillante invention de vos confrères de Clear Channel).

Il me semblerait donc judicieux, de votre part, de ne plus avoir recours à l'argument fallacieux de la défense du service public pour défendre vos intérêts privés, mercantiles et égoïstes, et de laisser sur ce point les usagers s'exprimer - qu'il s'agisse des quelques centaines de barbouilleurs/déchireurs/arracheurs/colleurs, qui sont aussi et avant tout des usagers, que des centaines de milliers d'usagers quotidiens du métro, qui se trouvent, par définition, quotidiennement agressés mais restent passifs (pour l'instant). On pourrait ajouter ceux qui, comme moi, luttent contre la publicité en restant dans la plus stricte légalité.

Par ailleurs, vous n'êtes certainement pas sans savoir qu'en France, l'installation de dispositifs publicitaires est soumise à un ensemble de règles, définies par le Code de l'environnement. Cette réglementation, particulièrement laxiste, n'en est pas moins quotidiennement bafouée par les sociétés d'affichage. Vous êtes incontestablement spécialiste en matière de dégradation... du paysage et plus généralement du cadre de vie - même si la publicité dans le métro bénéficie semble-t-il d'un vide juridique complet, qu'il serait grand temps de combler.

Les "délinquants" et les "vandales" ne sont pas ceux que l'on croit.

Veuillez croire, Monsieur le Président - Directeur général, à l'assurance de ma considération distinguée.

Cyril R.
Résistance à l'Agression Publicitaire
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